Maison rustique du XIXe siècle/éd. 1844/Livre 3/ch. 3

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Texte établi par Jacques Alexandre Bixiola librairie agricole (Tome secondp. 237-252).
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Chapitre iii. — Chirurgie.

* Sommaire des sections de ce chapitre *
Sect. 1re . 
De ce qu’il convient de faire avant les opérations
 238
§ 1er . 
Moyens de contenir les animaux debout. 
 ib.
1° 
Comment on attache un animal. 
 ib.
2° 
Comment on tient un animal debout non attaché. 
 239
3° 
Comment on empêche l’animal de voir. 
 ib.
4° 
Comment on empêche l’animal de mordre ou de frapper. 
 ib.
§ 2. 
Moyens de torture prores à détourner l’attention de l’animal. 
 241
§ 3. 
Moyens de contenir les animaux dans l’espèce bovine. 
 242
§ 4. 
Moyens d’abattre les animaux et de les fixer quand ils sont abattus. 
 243
Sect. 2. 
Objets nécessaires à l’exécution d’une opération. 
 245
§ 1er . 
Moyens d’arrêter les hémorragies résultant de la blessure des vaisseaux. 
 ib.
§ 2. 
Des pansemens, matières, règles et instruments. 
 247
§ 3. 
Temps élémentaires des opérations. 
 ib.
Sect. 3. 
De la saignée. 
 250
§ 1er . 
De la saignée dans le cheval. 
 ib.
§ 2. 
De la saignée dans l’espèce bovine. 
 254
§ 3. 
De la saignée sur l’espèce bovine. 
 255
§ 4. 
De la saignée dans le porc. 
 256
§ 5. 
Accidens qui peuvent survenir avant ou après la saignée. 
 ib.
Sect. 4. 
Des sétons à mèche, à rouelle, trochique. 
 257
§ 1er . 
Du séton dans l’espèce du cheval. 
 ib.
§ 2. 
Du séton dans l’espèce bovine. 
 259
§ 3. 
Du séton dans l’espèce du mouton et du porc. 
 260
§ 4. 
Accidents qui peuvent suivre l’application des sétons. 
 ib.
Sect. 5. 
De la castration. 
 ib.
§ 1er . 
De la castration du cheval et des accidents qu’elle détermine. 
 ib.
§ 2. 
De la castration du taureau. 
 265
§ 3. 
De la castration du bélier. 
 266
§ 4. 
De la castration du verrat. 
 267
§ 5. 
De la castration des femelles, truies, vaches, brebis, etc. 
 ib.
Sect. 6. 
Cautérisation. 
 269
Sect. 7. 
Clavélisation. 
 273
Sect. 8. 
Amputation de la queue. 
 276
Sect. 9. 
Opération de la queue à l’anglaise. 
 277
Sect. 10. 
De la trachéotomie. 
 279
Sect. 11. 
De la ponction du rumen. 
 281
Sect. 12. 
Des soins et opérations que nécessite l’accouchement laborieux ou contre nature. 
 283
§ 1er . 
Part laborieux. 
 ib.
§ 2. 
Part contre nature. 
 284
A. 
Fausse position du fœtus
 ib.
B. 
Obstacles apportés à l’accouchement par le délivre
 285
C. 
Obstacles dépendant de la conformation vicieuse du fœtus
 ib.
D. 
Obstacles dépendant de la conformation vicieuse de la mère
 ib.
Sect. 13. 
De la délivrance. 
 ib.
Sect. 14. 
Renversement et réduction du vagin et de la matrice. 
 286

On désigne sous le nom de chirurgie ou de médecine opératoire, la partie de la médecine générale qui traite de l’étude des opérations. — Le mot opération exprime l’action de la main seule ou armée d’instrumens sur le corps des animaux, dans le but, soit de prévenir, pallier ou guérir des maladies, soit de mieux approprier certains d’entre eux aux services ou usages auxquels ils sont destinés, soit de leur procurer un embellissement de fantaisie. — Ainsi, par exemple, c’est pour prévenir des maladies qui pourraient se développer, qu’on pratique la saignée sur la plupart des chevaux qui sont au vert depuis plusieurs jours. — C’est pour j)allier une maladie qu’on pratique la trachéotomie sur des chevaux, dans les cavités nasales desquels il existe des obstacles au libre passage de l’air ; dans ce cas, en effet, on n’agit pas sur cet obstacle qui est la maladie véritable ; on la laisse subsister parce qu’on ne peut la faire disparaître : mais on la pallie en faisant cesser celui de ses effets (la gêne ou l’impossibilité du passage de l’air) qui ne pourrait se prolonger sans danger pour la santé ou la vie de l’animal. — Quant aux opérations qui ont pour but de guérir, elles constituent le plus grand nombre : ainsi, on pratique la cautérisation pour guérir les mollettes et les vessigons ; on fait l’extraction du cartilage latéral de l’os du pied chez le cheval, pour faire disparaître la carie de ce cartilage ; on fait la ponction de la panse des ruminans pour guérir la météorisation simple, etc.... — Certaines opérations ont jiour résultat de rendre les animaux plus propres à certains senices ou usages : la castration est souvent pratiquée à cet effet. Il est certains chevaux, par exemple, qui sont tellement indociles, que cette opération devient nécessaire pour les adoucir, les rendre moins dangereux et permettre de les employer ; tandis que sur un grand nombre d’animaux, elle est mise en pratique, seulement pour les disposer à l’engraissement. — Eufin, j’ai dit encore que, dans quelques cas, on ne se proposait, eu pratiquant une opération, que de donner aux animaux un embellissement de fantaisie : tel est le but de l’opération de la queue à l’anglaise ; tel est aussi celui de l’amputation des oreilles sur certains chiens.

On a|)pelle maladies chirurgicales, les maladies dont l’unique ou le principal nioven dtt traitement est une opération spéciale et directe, dont l’étude ne peut, par conséquent, être isolée sans inconvénient de celle de la maladie qui la réclame. C’est ainsi qu’on ne peut traiter séparément de la maladie appelée javart cartilagineux, et de l’excision du cartilage latéral qui en constitue le principal moyen thérapeutique.

Mais, pour traiter avec des détails suffisans de toutes les opérations et maladies chirui’gicales dans les animaux domestiques, il faudrait disposer d’un cadre bien autrement étendu que celui dans lequel il m’a été prescrit de me renfermer.

Pour ne développer même que ce qui est strictement utile à connaître sur toutes ces matières, il faudrait des volumes, et je ne puis disposer que de quelques pages. C’est que les éditeurs de la Maison rustique ont bien compris, suivant moi, ce que devait. être leur publication. Destinée principalement, sinon exclusivement, à des cultivateurs, à des propriétaires ruraux, cet ouvrage ne devait admettre que dans des limites très-resserrées tout ce qui était de nature à n’être pas parfaitement compris, tout ce qui, dès-lors, ne pouvait, sans inconvénient, être mis en pratique ou dirigé dans son exécution par des agriculteurs.

Mon intention n’est donc pas de faire ici un traité de médecine opératoire à l’usage des vétérinaires, mais seulement de donner à ce sujet aux cultivateurs les notions qui meparaissentst le plus utiles et le plus aisément applicable En effet, il existe quelques maladies assez fréquentes, dont les syniptômes sont assez expressifs et assez faciles à saisir, pour qu’elles puissent être reconnues par les cultivateurs ; dont les premières indications chirurgicales sont assez simples pour pouvoir être comprises et bien remplies par eux, en l’absence du vétérinaire.

Ce que je me propose seulement dans cet article, c’est de rappeler d’abord et très-brièvement certaines grandes règles générales qui peuvent servir de base dans la pratique des opérations les plus fréquentes elles plus simples ; c’est de faire coniiailic les |)récaulions principales qu’ondoit prendrcclans l’exécution des pansemens ; c’est ensuite de parler avec un peu plus de détails, mais cependant avec toute la concision possible, des opérations urgentes qu’un cultivateur peut se trouver dans la nécessité de pratiquer lui-même ; c’est enfin de d« ?crire avec brièveté, parmi les maladies chirurgicales, celles sur lesquelles il peut être utile qu’un propriétaire d’animaux possède quelques connaissances, ne fût-ce que pour les prévenir quand il en connaîtra bien les causes, et pour en préparer ou commencer le traitement quand elles se seront déclarées. Quant à l’ordre de mes descriptions, je traiterai :

1° De la manière de contenir les animaux à opérer ;
2° Des règles générales dans la préparation et l’exécution des opérations ;
3° Des règles les plus importantes des pansemens applicables aux plaies produites par des accidents ou des opérations ;
4° Des temps élémentaires des opérations ;
5° De celles des opérations dont je croirai la connaissance utile aux propriétaires ruraux ;
6° Enfin, de quelques maladies chirurgicales qui sont, à mes yeux, dans le même cas.

Avant d’aller plus loin, je rappellerai ici que, pour peu qu’une opération doive être longue, douloureuse, ou exposer l’animal à perdre beaucoup de sang, celui-ci doit y être préparé par un ou plusieurs jours de diète, suivant son âge, son degré d’irritabilité, et la force plus ou moins grande de sa constitution. Quant à la préparation des parties sur lesquelles l’opération doit être pratiquée, j’en parlerai lorsque je traiterai en particulier de celles des opérations avant lesquelles elle peut être utile.

Section Ire. — De ce qu’il convient de faire avant les opérations.

C’est un vieil adage en chirurgie, que, pour être bien faite, une opération doit être pratiquée avec sûreté, promptitude et dextérité (tutò citò et jucundè). Mais de ces conditions, la plus importante c’est la sûreté ; car au lieu de s’entendre seulement, comme en chirurgie humaine, dans l’intérêt du malade (et c’est déjà un puissant intérêt), elle doit s’appliquer aussi, en chirurgie vétérinaire, à l’opérateur lui-même. En effet, indépendamment des mesures qu’il doit prendre pour préparer l’exécution facile et sûre d’une opération, celui-ci doit, en même temps, n’oublier aucune précaution pour sa sûreté personnelle, exposé qu’il est à être à chaque instant blessé ou tué par les animaux qu’il opère. Les exemples de pareils accidens ne manqueraient malheureusement pas, pour prouver qu’on ne saurait être trop prudent pour les prévenir.

La première précaution à prendre pour rendre une opération plus facile et plus sûre, et aussi pour éviter d’être blessé, c’est d’attacher, fixer debout, ou maintenir couché, suivant le besoin, l’animal qu’on veut opérer. On prévient encore ou diminue la fréquence des mouvemens auxquels il se livre, en mettant eu usage certains moyens de torture plus ou moins énergiques ou puissans, et qui, sans être dangereux pour l’animal, ont l’avantage de l’occuper, de le distraire, et de détourner ainsi son attention de l’opération elle-même.

[3:1:1]
§ Ier. — Moyens de contenir les animaux debout.

Quand l'opération qu’on se propose de pratiquer est peu douloureuse, peu longue, et que l’animal à opérer est doux et peu irritable, il n’est pas nécessaire de le coucher : Il est plus expéditif et sans danger de l’opérer debout. Dans ce cas, ou peut l’attacher à un mur, à un arbre ou poteau, ou bien le faire tenir par un aide sans l’attacher. (Il est bien clair que je n’entends parler ici que des grands animaux domestiques, les petits étant tellement faciles à contenir, qu’il n’est besoin que d’un peu de force et d’intelligence pour les assujettir pendant le temps, ordinairement très-court, des opérations qu’on pratique sur eux.)

Comment on attache un animal.

Comme on doit toujours supposer que l’animal le plus docile cherchera à s’échapper quand il sentira l’atteinte d’un instrument, et qu’alors il pourrait pendant ces mouvemens briser les liens qui le retiennent, un premier soin à avoir avant d’attacher l’animal, est de s’assurer qu’il a un licol et une longe assez solides pour résister aux efforts qu’il pourra faire ; et au besoin, de lui en mettre de plus forts pour le moment de l’opération. Bien qu’un bon licol ordinaire suffise dans la plupart des cas, les vétérinaires ont habituellement chez eux un licol de force, c’est-à-dire un licol beaucoup plus fort qu’un licol ordinaire, et pouvant, au moyen des boucles dont il est garni à la muserole et sur les montans, être agrandi ou rapetissé pour être adapté à des têtes de toutes les dimensions. Ce licol porte une longe en corde. La longe en corde est en effet bien préférable à la longe en cuir ; les nœuds de celle-ci étant généralement plus difficiles à défaire, surtout quand elle est mouillée : or, il est quelquefois nécessaire de pouvoir instantanément détacher un animal qui est tombé en se défendant et ne peut se relever. C’est pour cette raison aussi qu’on prescrit de ne jamais attacher l’animal que par un nœud coulant facile à défaire. Je n’ai pas besoin de dire, que quand il s’agit d’un cheval, on doit se garder de l’attacher avec une bride ou bridon, ou avec la longe passée dans la bouche ou sur le nez. Il est arrivé plus d’une fois que des chevaux ainsi attachés se sont fracturé la mâchoire inférieure, ou blessés plus ou moins grièvement, en se jetant violemment en arrière pendant l’opération. On n’a pas ces accidens à craindre pour les bêtes bovines, dont la longe embrasse la base des cornes.

Autant que possible, on choisit pour y attacher les animaux un lieu dont le terrain ne soit pas glissant. On évite ainsi qu’ils ne tombent pendant les mouvemens auxquels ils peuvent se livrer.

Il est plus commode de les attacher à un poteau ou arbre, attendu l’impossibilité où ils sont alors, en se tournant à droite ou à gauche, de serrer l’opérateur contre le mur. Aussi, lorsqu’on opère sur les bêtes bovines, on les laisse quelquefois attachées au joug. Lorsqu’on a à pratiquer une opération sur les parties antérieures du tronc, il faut, pour empêcher l’animal de se cabrer et de frapper avec les pieds de devant, attacher la tête le plus bas possible. Lors, au contraire, qu’on veut Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/253 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/254 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/255 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/256 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/257 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/258 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/259 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/260 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/261 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/262 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/263 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/264 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/265 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/266 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/267 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/268 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/269 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/270 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/271 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/272 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/273 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/274 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/275 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/276 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/277 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/278 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/279 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/280 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/281 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/282 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/283 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/284 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/285 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/286 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/287 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/288 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/289 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/290 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/291 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/292 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/293 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/294 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/295 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/296 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/297

Lorsque, au contraire, la langueur de l’accouchement dépend d’une faiblesse réelle, après en avoir reconnu ou soupçonné la cause on cherche à augmenter l’intensité des efforts, en donnant en breuvage le vin blanc, le cidre, la bière, chauds et aromatisés avec la cannelle ou la muscade (une à deux bouteilles pour la vache et la jument ; un à deux verres pour la truie et la brebis). Si ce moyen est insuffisant, on a recours à des efforts de traction sur le fœtus. Ces tractions, qui doivent toujours être exercées par des hommes adroits, et autant que possible par des vétérinaires, doivent être très-modérées et s’exercer à la fois sur la tète et sur les membres du petit sujet. Elles sont surtout de la plus grande utilité, si la bête est couchée et ne peut se relever, et si l’on craint que la longueur de l’accouchement n’occasionne la mort du fœtus. On y a recours aussi lorsque la difficulté du part dépend de ce que le volume du petit animal excède un peu la capacité du bassin de la mère.

Telles sont les principales circonstances où l’accouchement n’est que difficile ; passons maintenant en revue celles où il est tout à fait impossible qu’il s’effectue sans les secours de l’homme.

§ II. — Part contre nature.

L’accouchement est contre nature lorsqu’il est rendu impossible par l’existence de circonstances physiques, inhérentes au fœtus ou à la mère. De là une division des parts contre nature : 1° en ceux qui sont la suite des mauvaises positions ou de la conformation vicieuse du fœtus ou de ses enveloppes ; 2° et en ceux qui tiennent à des altérations ou autres défauts dans la conformation du bassin de la mère, ou de la matrice.

A. Fausses positions du fœtus.

Nous avons dit quelle était la véritable position naturelle ; il y a quelques autres positions qui, sans offrir autant de facilité pour la parturition, la rendent cependant possible sans trop de travail. Les deux suivantes se trouvent dans cette catégorie.

Les deux membres de derrière se pré­sentent seuls ou avec la queue. Dans le premier cas, l’expulsion éprouve des difficultés, parce que la queue, ordinairement renversée sur la croupe, forme un léger obstacle. Mais lorsqu’elle se trouve pendante entre les fesses, l’accouchement se fait assez facilement ; le bassin seul, par son volume, franchit plus lentement le passage ; mais dès qu’il est sorti, le reste du corps suit rapidement, et l’accouchement se trouve complet. Lorsqu’on voit qu’un fœtus se présente de cette manière, et que la queue ne paraît pas, il est important de chercher à la ramener à sa position naturelle, et de tirer ensuite légèrement sur les deux jambes du petit sujet.

Les jarrets ne présentent que leur pointe. On est parvenu, dans plusieurs cas de ce genre, à opérer l’extraction sans rien changer à la position du fœtus. Néanmoins il convient mieux de chercher à repousser tout le corps du petit sujet dans la matrice, et de ramener ensuite les extrémités des membres de derrière et la queue.

Les autres positions exigent toujours que la partie du fœtus qui se présente soit repoussée dans la matrice, et qu’on cherche à faire sortir en même temps, soit les deux membres de devant et la tête, soit ceux de derrière et la queue. Mais on aura soin, avant de repousser dans la matrice les parties qui se présentent (nous parlons ici des membres ou de la tête), d’y fixer un cordeau à nœud coulant, afin de pouvoir les retrouver quand on en aura besoin. Aux membres le cordeau se fixe dans le pli du paturon, et à la tête on l’attache à l’extrémité de la mâchoire inférieure. On pourrait sans beaucoup d’in­con­vé­nients fixer un seul cordeau aux deux membres de devant ou de derrière, mais il vaut mieux en attacher un à chaque membre, l’opérateur en a plus de liberté pour agir dans la matrice. Ces cordeaux, dont l’extrémité libre reste en dehors de la vulve, sont tenus par des aides.

La croupe se présente seule, et en introduisant la main dans la matrice on ne ramène que la queue du fœtus. Il faut alors chercher à repousser la croupe le plus loin possible, afin de ramener les membres de derrière qui sont fléchis sous le ventre. Cette manœuvre est assez difficile ; aussi ne peut-elle être convenablement exécutée que par un homme très-exercé, et ayant les connaissances nécessaires.

Un membre de derrière se présente seul. Il faut, après y avoir fixé un cordeau, repousser le corps dans la matrice, et chercher l’autre membre et la queue. Alors on fait tirer légèrement sur les deux membres à la fois, et l’accouchement s’effectue facilement.

Les deux membres de devant se présentent, et par l’exploration on remarque que la tête est fléchie sous ces membres, au lieu d’être allongée et placée au-dessus d’eux. On cherche les bouts des mâchoires, et en tirant légèrement on finit par allonger assez la tête, pour qu’elle reprenne sa position naturelle On est quelquefois obligé d’attacher un cordeau à la mâchoire inférieure, pour faire maintenir la tête allongée.

Les deux membres antérieurs se présentent seuls. La tête étant alors renversée, soit sur l’un des côtés de la poitrine, soit en arrière sur le dos, fait que le petit sujet étouffe souvent, dans cette position. Il faut encore, comme il a été dit plus haut, repousser les membres dans la matrice, après y avoir attaché des cordeaux et aller chercher la tête. Mais la difficulté dans les manipulations est telle chez les grandes femelles, qu’on ne peut pas toujours ramener la tête dans sa véritable position, et qu’il ne reste d’autre moyen pour débarrasser la mère que d’arracher le fœtus par morceaux (embryotomie). Il est inutile de dire qu’un vétérinaire doit toujours être appelé dans ces sortes de cas.

Un membre antérieur et la tête se présentent. Il n’y a alors qu’à aller chercher l’autre membre après avoir repoussé ce qui se présentait, pour rendre la position du petit sujet naturelle. La difficulté est plus grande lorsqu’un membre de devant se présente seul, car alors il y a à ramener non-seulement l’autre membre, mais encore la tête, et Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/299 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/300 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/301 Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/302 la vulve une pression égale et que l’on peut graduer à volonté ; il permet le passage de l’urine, et laisse toute facililé pour employer un pessaire et le contenir sûrement en place, si l’application de ce pessaire est jugée utile. »

J’ai dit quel était le but des pessaires. On en a conseillé un très-grand nombre. Le plus usité consiste en une tige de bois d’un demi- mètre de longueur, ii une extrémité duquel on fixe solidement un tampon d’étoi :pe en forme de poire qu’oii entoure d’une toile (itie. A l’autre extrémité, ou fixe, en forme de croix, un autre morceau de bois de 15 pouces de longueur environ. A cliaque bout du bâton surajouté au 1" en forme de T, on attacbe un lien qui a embrasser le pointrait, et se fixer soit à un collier en corde ou en cuir, soit à un surfaix. Une autre façon de pessaire également en usage dans les campagnes, consiste à lier le col d’une vessie de cochon ou de bœuf au bout d’un bâton de sureau creux, de 1.3 à 18 pouces de long ; on introduit d’abord la vessie vide dans la matrice, puis on souille par le bâton ; la vessie se détend dans la matrice, on ferme le trou, et ou maintient le tout en place, comme le précédent pessaire. Mais, je le’ répète, ce pessaire, comme tous ceux qui ont été imaginés, sont loin d’être préférables aux bandages, et ce n’est que dans le cas d’insuffisance de ces derniers qu’on doit y avoir recours. E. Renault.