Marie-Claire/23

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Eugène Fasquelle (p. 78-80).



J’avais toujours la même répugnance pour la couture, et sœur Marie-Aimée commençait à s’en inquiéter.

Elle en parla devant moi à la sœur de M. le curé. C’était une vieille demoiselle qui avait une longue figure, et de grands yeux fanés. Elle s’appelait Mlle Maximilienne.

Sœur Marie-Aimée disait combien elle était inquiète de mon avenir ; elle trouvait que j’apprenais les choses avec une grande facilité, mais qu’aucun travail de couture ne m’intéressait.

Elle avait remarqué depuis longtemps que j’aimais l’étude. Alors, elle s’était informée s’il ne me restait pas quelques parents éloignés, qui auraient pu se charger de moi ; mais il ne me restait qu’une vieille parente, qui avait déjà adopté ma sœur, et refusait de s’occuper de moi.

Mlle Maximilienne offrit de me prendre dans son magasin de modes, M. le curé trouva que c’était une très bonne idée ; il ajouta qu’il se ferait même un plaisir de venir deux fois par semaine afin de m’instruire un peu. Sœur Marie-Aimée paraissait vraiment heureuse ; elle ne savait comment exprimer sa reconnaissance.

Il fut convenu que j’entrerais chez Mlle Maximilienne aussitôt que M. le curé serait de retour d’un voyage qu’il devait faire à Rome. Sœur Marie-Aimée allait s’occuper de mon trousseau, et Mlle Maximilienne irait trouver la supérieure pour obtenir la permission.

L’idée que la supérieure allait s’occuper de moi me causa un véritable malaise. Je ne pouvais m’empêcher de penser au mauvais regard qu’elle lançait de notre côté, quand elle passait près du vieux banc où venait s’asseoir M. le curé.

Aussi, j’attendais avec impatience la réponse qu’elle donnerait à Mlle Maximilienne.

M. le curé était parti depuis une semaine, et sœur Marie-Aimée m’entretenait chaque jour de mon nouvel emploi. Elle me disait combien elle serait contente de me voir le dimanche. Elle me faisait mille recommandations, et me donnait toutes sortes de conseils au sujet de ma santé.