Mathilde, Mémoires d’une jeune femme/Partie I/16

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Gosselin (Tome IIp. 24-41).
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Première partie


CHAPITRE XVI.

M. ET MADAME SÉCHERIN.


— Ursule !

— Mathilde !

Nous nous embrassâmes avec effusion. Je m’attendais à trouver ma pauvre cousine affreusement changée : quel fut mon étonnement de la voir plus fraîche, plus jolie que jamais, quoique son regard fût toujours mélancolique, quoique son sourire fut toujours triste.

Elle me présenta M. Éloi Sécherin : c’était un jeune homme d’une taille moyenne, très blond, d’une figure assez régulière, pleine, colorée, et d’une expression riante et ouverte.

Au premier abord il me parut être un de ces hommes qui se font pardonner la vulgarité de leur tournure et de leur langage par la franchise et par la bonhomie de leurs manières.

Néanmoins je n’eusse jamais cru que ma cousine, avee nos idées de jeunes filles, aurait pu se décider à un pareil mariage. En voyant M. Sécherin, le sacrifice qu’Ursule disait m’avoir fait me parut encore plus grand. Je la plaignais profondément d’avoir dû subir l’impérieuse volonté de son père.

En embrassant Ursule, je lui serrai la main ; elle me comprit, et serra la mienne en levant les yeux au ciel.

Mademoiselle de Maran entra avec M. de Lancry. Ursule me jeta un regard qui me navra : elle comparait son mari à Gontran.

Ma cousine présenta son mari à ma tante ; je crus que celle-ci allait donner carrière à son esprit ironique. À mon grand étonnement, il n’en fut pas d’abord ainsi ; mademoiselle de Maran fit la bonne femme, et dit à M. Sécherin avec la plus grande affabilité, afin sans doute de le mettre en confiance :

— Eh bien ! Monsieur, vous voulez donc rendre Ursule la plus heureuse des femmes ? Vous voulez donc nous faire oublier, nous tous, qui l’aimons tant ? Savez-vous bien que je vais devenir très jalouse de vous au moins, monsieur Sécherin ? Oui, sans doute, et d’abord je dois vous prévenir d’une chose, c’est qu’ici nous avons l’habitude de parler en toute franchise, nous vivons bonnement en famille ; dans une demi-heure, vous nous connaîtrez comme si nous avions passé notre vie ensemble. Moi, je suis une vieille bonne femme qui rabâche toujours la même chose… que j’adore ces deux enfants, Mathilde et Ursule ; ainsi, tenez-vous bien pour averti que je ne taris pas, quand il s’agit d’elles ; aussi j’aime ceux qui les aiment presque autant que je les aime, elles ; après cela je suis grondeuse, boudeuse, quinteuse et râchonneuse, parce que c’est le privilége de la vieillesse. Eh bien, pourtant, malgré tout ça, monsieur Sécherin, je ne sais pas comment ça se fait… mais on finit toujours par m’aimer un peu.

M. Sécherin fut complètement dupe de cette feinte bonhomie. J’observais sur sa physionomie franche et cordiale la confiance croissante que lui inspirait ma tante ; son embarras, sa gêne disparurent ; il s’écria joyeusement :

— Ma foi, tenez, Madame, je ne crois pas qu’on doive vous aimer un peu ! moi, je crois qu’on doit vous aimer beaucoup. Et, puisqu’il faut vous parler franchement, je vous avoue que vous me faisiez une peur diabolique. Eh bien ! votre accueil m’a tout de suite rassuré.

— Comment ! vous aviez peur de moi, mon cher monsieur Sécherin ? Eh ! pourquoi donc cela, s’il vous plaît ?

En vain Ursule fit signes sur signes à son mari, il ne les aperçut pas.

— Certes, Madame, j’avais peur de vous, — reprit M. Sécherin de plus en plus confiant — et il y avait bien de quoi.

— Ah ! mon Dieu ! mais vous m’interloquez, monsieur Sécherin !

— Eh ! sans doute, Madame ; mon beau-père, M. le baron d’Orbeval, me cornait toujours aux oreilles : Prenez bien garde, mon gendre ! mademoiselle de Maran est une grande dame ! Si vous aviez le malheur de lui déplaire, vous seriez perdu, car elle a de l’esprit vingt fois gros comme vous, et elle sait s’en servir de son esprit, je vous en réponds ! Eh bien, maintenant, Madame, savez-vous ce que je lui répondrais, au beau-père ? car il ne me faut pas beaucoup de temps, à moi, pour toiser mes pratiques…

Ursule rougit jusqu’au front en entendant ces expressions vulgaires ; Gontran dissimula son sourire. Mademoiselle de Maran dit au mari d’Ursule, avec un ton de bonhomie incroyable :

— Monsieur Sécherin, permettez, nous nous sommes promis d’être francs, n’est-ce pas ?

— Oui, Madame.

— Eh bien ! on ne dit pas, même en parlant d’une vieille femme comme moi, toiser mes pratiques. C’est de mauvais goût ! Oh ! je ne vous passerai rien d’abord ! je vous en préviens. Voilà comme je suis ; d’ailleurs nous sommes convenus d’être francs.

— Tenez, Madame, s’écria M. Sécherin, avec une expression de reconnaissance vraiment touchante, — ce que vous faites là est généreux et bon, voyez-vous ! je vous en remercie de tout cœur ! d’autres se seraient moqués de moi ; vous, au contraire, vous avez la bonté de me reprendre. Que voulez-vous, Madame, je ne suis qu’un provincial, peu fait aux belles manières de la capitale.

— De Paris… monsieur Sécherin, de Paris ! On ne dit pas de la capitale, — reprit mademoiselle de Maran avec un très grand sérieux.

— Vraiment, Madame ? Tiens, c’est drôle. Pourtant notre procureur du roi et notre sous-préfet disent toujours la capitale.

— C’est possible ; ça se dit en administration et en géographie, — continua mademoiselle de Maran, — mais ça ne se dit pas ailleurs. Vous voyez que je suis implacable, mon pauvre monsieur Sécherin.

— Allez, allez, Madame, allez toujours, je n’oublie jamais ce qu’on m’a dit une bonne fois. Eh bien donc, Madame, si j’avais maintenant à faire votre portrait à mon beau-père… je lui dirais : Mademoiselle de Maran est sans doute une très grande dame par sa position, mais au fond c’est une bien brave petite dame, franche et unie comme bonjour, qui a le cœur sur la main, et qui a peut-être encore plus de bons sentiments que de bon esprit. Eh bien ! n’est-ce pas que je ne me trompe pas ?

— Mais, c’est-à-dire, mon cher monsieur Sécherin, que Lavater n’était rien du tout auprès de vous ; vous êtes un Nostradamus, un Cagliostro pour la prévision et pour la prédiction ! Tenez, je suis si contente du portrait que vous avez fait de moi, que je ne relèverai pas certains mots.

— Ah bien ! si, Madame, si… relevez-les ; ou sans cela je me fâcherai, je vous en avertis.

— Eh bien non ! monsieur Sécherin, je vous en prie…

— Non, Madame, je vous dis que je me fâcherai, et je me fâcherai si vous ne me reprenez pas.

— Eh bien ! puisque vous le voulez absolument, et pour conserver la bonne harmonie entre nous, je vous ferai observer que unie comme bonjour et le cœur sur la main, c’est un peu bien vulgaire.

— Bon… bon, je ne le dirai plus. Mais, mon Dieu, Madame, comme vous êtes bonne ! C’est qu’après tout, voyez-vous, il n’y a pas de méchanceté dans mon fait ; vous avez deviné ça tout de suite !

— Certainement, je vous ai tout de suite deviné, mon bon monsieur Sécherin ; vous me paraissez le meilleur des hommes, et certes je ne vous crois pas le moindre fiel.

— Du fiel… moi ! pas plus qu’un pigeon ; ce qui me manque, je le sens bien, c’est l’éducation ; mais que voulez-vous ? j’ai été élevé en province, mon père était un petit marchand, il a commencé sa fortune en achetant des biens d’émigrés.

— Avec un début comme celui-là, il ne pouvait manquer de prospérer, — dit mademoiselle de Maran. — Certainement ces biens d’émigrés devaient lui porter bonheur à M. votre père.

— C’est ce qui est en effet arrivé, Madame.

— Je le crois bien ; continuez, monsieur Sécherin.

— Quant à ma mère, — reprit la malheureuse victime de la perfidie de ma tante, — quant à ma mère, c’est la meilleure des femmes, mais elle a toujours voulu conserver son bonnet rond et son casaquin d’autrefois ; c’est une bonne ménagère dans toute l’acception du mot ; vous voyez donc bien que je n’ai pas été élevé comme un duc et pair. J’ai fait couci couci mes études au collége de Tours : à la mort de mon père, j’ai pris la direction de sa fortune, et j’ai trouvé dans son vieux bureau de sapin noir un inventaire de soixante-trois mille sept cents livres de rentes en terres et en propriétés, et cela nets d’impôts, Madame, sans compter le matériel de deux fabriques où j’emploie cinq cents ouvriers qui ne peuvent pas suffire aux commandes… Voilà où j’en suis, Madame.

— Mais vous êtes dans une position magnifique, monsieur Sécherin ! C’est tout simple, les honnêtes gens prospèrent toujours, et je suis sûre que ce sont ces biens d’émigrés dont nous parlions qui ont valu cette prospérité croissante à monsieur votre père.

— Madame, — dit Ursule qui était au supplice, — je crains que ces détails…

— Allons donc, Ursule, ils m’intéressent au contraire beaucoup, ma chère enfant.

— Sans doute, chère bellotte, mes petites affaires d’intérêt ne peuvent qu’intéresser infiniment notre bonne tante.

— Monsieur Sécherin, toujours fidèle à mon système de franchise, — dit mademoiselle de Maran, — je vous ferai observer que chère bellotte doit être réservé pour la plus douce et la plus secrète intimité : vous profanez le charme mystérieux de ces adorables expressions en les prodiguant ainsi.

— Pourtant, Madame, mon père appelait toujours ma mère chère bellotte, et ma mère l’appelait petit père ou gros loup.

— Mais remarquez, mon bon monsieur Sécherin, que je n’incrimine pas en elles-mêmes les tendres et naïves expressions de chère bellote, petit père, et même de gros loup, au contraire !! j’espère bien qu’Ursule, pieusement fidèle à ces touchantes traditions de votre famille, vous prodigue en secret ces noms si doux.

— Ah ça ! mais tu as donc dit à madame que tu m’appelais ton gros loup, toi ? — s’écria M. Sécherin en se retournant vers Ursule et en frappant dans ses mains avec étonnement.

— Vraiment ! Ursule… vous appelle déjà son gros loup, mon bon monsieur Sécherin ? — s’écria ma tante.

— Mais oui, Madame, et elle ne met pas de mitaines pour cela, — continua M. Sécherin avec une orgueilleuse satisfaction.

— Ah ! Madame, pouvez-vous croire !… — s’écria Ursule, — et des larmes de honte et de confusion lui vinrent aux yeux.

— Comment ! — reprit M. Sécherin, — comment ! tu ne te souviens pas que le surlendemain de notre mariage, lorsque je t’ai fait voir l’inventaire de notre fortune, je t’ai dit en t’embrassant : Tout cela est à toi et à ton gros loup ! Et que tu m’as répondu en m’embrassant aussi : Oui, tout ça c’est à moi et à mon gros loup ? Mais rappelle-toi donc bien, c’était dans la petite chambre verte qui me sert de cabinet.

Il est impossible de se figurer la douleur, l’accablement d’Ursule, en entendant ces mots.

J’étais navrée pour elle. Gontran souriait malgré lui ; mademoiselle de Maran triomphait. Pourtant elle ne voulut pas trop prolonger cette scène, et reprit aussitôt :

— Voulez-vous bien vous taire, monsieur Sécherin, vilain indiscret ! Est-ce qu’on dit ces choses-là ? On garde ces friands petits bonheurs-là pour soi tout seul ; ce sont de ces petites félicités coquettes et mysticoquentieuse dont on se chafriole en secret et qu’on n’avoue pas ! Ursule vous aurait mille et mille fois appelé son gros loup qu’elle se ferait plutôt tuer que de l’avouer, et elle aurait raison. Je vous répète que vous êtes un vilain indiscret. Ah ! les hommes !… les hommes !… nous ne pouvons pas leur laisser lire dans notre cœur nos plus charmantes préférences, nous ne pouvons pas les leur témoigner par les noms les plus doux, sans qu’ils aillent tout de suite se vanter de cela de toutes leurs forces !

— Eh bien ! c’est vrai, Madame, — dit M. Sécherin, — j’ai eu tort, vous avez raison, toujours raison ; encore une leçon dont je profiterai, Je garderai bellotte et gros loup pour nous deux ma femme.

— Et vous ferez bien. Mais parlez-moi donc de ces biens d’émigrés que monsieur votre père avait achetés lorsqu’il était petit marchand. Vous ne savez pas comme ça m’intéresse. Est-ce qu’ils étaient considérables, ces biens ?

— Oui, Madame, ils avaient appartenu en partie à la famille de Rochegune avant la révolution : mais à la restauration mon père les a revendus au vieux marquis.

À ce nom, qui revenait si singulièrement et si souvent dans cette journée, ma tante fronça le sourcil.

— Est-ce que M. de Rochegune a encore beaucoup de propriétés dans cette province, Monsieur ? — demanda Gontran.

— Certainement, Monsieur ; il a toutes les propriétés de son père comme il en a toutes les qualités… L’hospice des vieillards fondé par feu M. le marquis est à deux lieues de chez moi. Ah ! Madame, — ajouta M. Sécherin avec exaltation en se retournant vers ma tante, — quel bien feu M. le marquis faisait dans le pays !… et avec cela si peu fier. Enfin, Madame, figurez-vous que, tant qu’il restait à son château de Rochegune, il allait tous les dimanches à la messe de l’hospice des vieillards, après la messe il dînait à leur table, allait avec eux à vêpres, soupait encore avec eux et couchait dans leur dortoir : il faisait toujours cela une fois par semaine ; ce n’est pas tout, il suivait jusqu’au cimetière le cercueil des pauvres qui mouraient. Voilà, Madame, ce qui s’appelle faire du bien avec bonté… n’est-ce pas ?

— Oui, sans doute, — répondit ironiquement mademoiselle de Maran. — Aller manger dans la gamelle de ces vieux vagabonds, mais je trouve cette idée-là tout-à-fait réjouissante.

— Ah ! vous avez bien raison, Madame, — reprit naïvement M. Sécherin ; — ça leur réjouissait le cœur, à ces pauvres gens. Mais ce n’est encore rien que cela, Madame.

— Ah ! mon Dieu ! il y a quelque chose de plus pharamineux encore que cette communion de gamelle ?

— Oui, Madame. Comme j’étais le plus fort manufacturier du pays, M. le marquis m’avait prié de commander de petits ouvrages à ces malheureux : ils les faisaient, mais Dieu sait comme ! cela ne servait à rien, c’était de la matière première perdue que feu M. le marquis payait ; non content de cela, il me remboursait les petites sommes que je donnais à ces pauvres vieux censément pour prix de leurs ouvrages, de façon qu’ils croyaient gagner par leur travail les douceurs qu’ils se procuraient ainsi…

— Mais c’est que c’est, en effet, d’une superlative délicatesse ! — s’écria mademoiselle de Maran, — et c’est bien raisonné surtout ! car enfin, jugez donc ! si ces messieurs les vagabonds étaient venus à s’apercevoir que ce M. de Rochegune se permettait de leur faire l’aumône en tout et pour tout, c’est qu’ils auraient pu se révolter au moins ! joliment rabrouer cet impertinent marquis, et profiter d’une nuit où il serait venu coucher dans leur dortoir pour lui donner une bonne traversinade qu’il n’aurait pas volée.

L’amertume avec laquelle mademoiselle de Maran raillait une action d’une délicatesse peut-être outrée, mais qui révélait du moins la plus touchante bonté, prouvait combien elle était piquée de voir donner à ses calomnies un si éclatant démenti.

Gontran partageait mon émotion. Ursule, les yeux fixes, semblait profondément et douloureusement absorbée.

M. de Lancry dit à M. Sécherin :

— Je trouve aussi que la conduite de M. de Rochegune est admirable, Monsieur ; et l’hospice est-il toujours entretenu ?

— Toujours, Monsieur, et M. le marquis de maintenant fait comme faisait son père. Au retour de ses voyages, il est venu passer six mois à son château, et il a été une fois par semaine dîner et coucher à l’hospice tout comme son père ; aussi est-il adoré dans le pays tout comme son père…

— Et il le mérite bien assurément… tout comme son père… — dit mademoiselle de Maran avec aigreur. — Est-ce qu’il met aussi le bonnet et la casaque des pauvres ces beaux jours-là !

— Non, Madame ; il reste habillé comme il est. Oh ! il fait cela comme tout ce qu’il fait, simplement, sans ostentation. C’est naturel chez lui. Il tient ça de son père. C’est comme le courage ; il est brave comme un lion. Tenez, il y a sept ou huit ans, il n’avait alors que vingt ans, lui et un drôle d’homme, M. le comte de Mortagne, qui était l’ami intime de son père, ont fait un coup devant lequel les plus intrépides auraient peut-être reculé.

En entendant le nom de M. de Mortagne, la mauvaise humeur de mademoiselle de Maran augmenta.

— Vous avez connu M. de Mortagne ? — dis-je vivement à M. Sécherin.

— Oui, Mademoiselle ; c’était un original qui avait été au bout du monde, un ancien troupier de la grande armée, une barbe comme un sapeur ; il venait bien souvent nous voir à la fabrique ; mon pauvre père l’aimait bien aussi. Pour en revenir à mon histoire, un jour, lui et le jeune M. de Rochegune chassaient un lièvre à cheval et aux chiens courants ; ils n’avaient donc pas de fusils, et ne possédaient pour toute arme qu’un fouet ; le lièvre débouche de la forêt de Rochegune et prend la plaine. C’était en plein hiver ; ils trouvent dans un champ un berger couvert de sang et à moitié mort.

— Bon… bon… je vois d’ici ce que c’est — dit mademoiselle de Maran avec impatience, — quelque chien… quelque loup enragé qui aura mordu les moutons et le berger, et que ces deux paladins auront mis à mort. Allons, c’est superbe… N’en parlons plus.

— Non, Madame, c’était…

— Bien, bien, mon cher monsieur Sécherin, faites-nous grâce de ces histoires-là, elles doivent être d’une terrible beauté, et cette nuit leur ressouvenir me donnerait le cauchemar. Mais tenez, je vois dans les yeux d’Ursule qu’elle meurt d’envie d’aller causer avec Mathilde.

Je me levai, je pris ma cousine par la main, et je l’emmenai chez moi, laissant M. Sécherin avec ma tante et Gontran.