Mes mémoires (Groulx), tome IV/vol. 8/Quelques apparitions en public

La bibliothèque libre.
Fides (p. 309-317).

II

QUELQUES APPARITIONS EN PUBLIC

Qu’il est difficile de se retirer du public quand on s’est laissé prendre par les deux pieds dans cette glaise. Je le dis sans mérite et sans ostentation. Le temps est tôt venu pour moi de rentrer dans le silence, la solitude. Dès mon départ de l’Université, il me paraissait que j’avais écrit et dit ce que j’avais à écrire et à dire. Il me répugnait de me répéter. On se fatigue d’entendre les plus beaux disques, de lire indéfiniment les plus belles pages. Qu’avait-on besoin d’entendre encore ma pauvre voix, d’arracher à ma plume tant d’encre par trop délayée ? À 89 ans tout près j’ai encore de la peine à défendre ma tranquillité. Est-ce manque d’idées, manque d’hommes dans les jeunes générations ? Je ne leur reconnais pourtant point cette magnifique humilité. Et voilà qui m’amène à parler de quelques-unes de mes sorties hors de ma solitude.

En 1952, il y avait grand branle-bas à Québec, un congrès, le 3e Congrès de la Langue française, y tenait ses assises. L’un des organisateurs et l’un de mes bons amis, Mgr Paul-Émile Gosselin, voulut absolument m’embrigader pour une séance du soir : la « Soirée de la jeunesse ». On l’avait fixé au 21 juin. Las de ces sortes de discours, je me fis un peu prier. Puis je demandai : « Combien d’orateurs serons-nous ?… Vous prévoyez 10,000 à 12,000 jeunes gens. La capacité de ces sortes d’assemblées ne peut dépasser la demi-heure. » — « Vous ne serez que trois : M. René Chaloult vous présentera… vous n’avez pas d’objection ?… Et Monseigneur l’archevêque, Mgr Maurice Roy, vous remerciera. » J’acceptai. Quelques jours plus tard, de passage encore à Québec, le président de la Société Saint-Jean-Baptiste de la capitale me fait savoir qu’à la suite d’une entrevue avec le premier ministre, M. Maurice Duplessis, et d’un don de $25,000, au prochain congrès, ils lui ont offert la présidence d’honneur de la « Soirée de la jeunesse ». À brûle-pourpoint je dis à mon interlocuteur : « Tant mieux ! Je me sens délié de mon engagement. » Le propos est rapporté à mon ami l’abbé Gosselin qui ne l’entend pas de cette oreille. Il entasse instances sur instances. « Mon cher abbé, lui dis-je, j’ai passé l’âge où l’on parle pour ensuite se faire couper les jambes par celui qui vient avant vous ou après vous. Connaissant les sentiments du premier Ministre à mon sujet, je sais ce qui m’attend. » Et je restai sur mes positions. Si bien que, mon refus se prolongeant, mon ami Gosselin s’avisa de faire intervenir René Chaloult auprès du premier Ministre. Ce même jour, un appel téléphonique. Ma secrétaire répond, s’esclaffe de rire, puis me dit : « Voulez-vous répondre à je ne sais qui veut se faire passer pour le premier Ministre. » Je me rends lentement à l’appareil me demandant lequel de mes amis pouvait se permettre cette sorte de tour. Au bout du fil, c’est bien la voix de M. Duplessis. Pour m’en assurer je glisse : — C’est bien M. le premier Ministre qui parle ?

— Oui, oui, je vous parle de mon cabinet et René Chaloult est à mes côtés.

Il n’y avait plus de doute. Mais le premier Ministre continuait :

— Vous avez chez vous, une jeune fille qui a le rire facile…

— Elle ne vous a pas été désagréable ?

— Non. Elle n’a pas imité ce monsieur de Montréal à qui je disais, l’autre jour, au téléphone : « c’est le premier Ministre qui te parle » et qui m’a répondu : « Va donc au diable, maudit menteur. »

— On me dit que vous êtes inquiet au sujet de la soirée du Congrès. Soyez tranquille, il ne se passera rien.

Un peu embarrassé de cet imprévu, je risquai : « Je m’inquiétais surtout du nombre des orateurs… » Il me coupa la parole : « Soyez tranquille. »

Et c’est ainsi que me croyant empêché de parler à Québec, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal me retint, entre-temps, pour son banquet. Ce Congrès de 1952 me coûta donc deux discours. À Montréal, j’y parlai de « Fidélité française ». À Québec, j’y pris pour sujet : « Pour une relève ». Le Colisée, ce soir-là, était comble. Nous ne devions être que trois orateurs. Nous fûmes quinze. Tous les groupes de jeunes Canadiens français du Canada vinrent faire leur salut au vieux Québec. Après eux, ce fut le tour d’un évêque de France. Lorsque vers les onze heures passées, René Chaloult gravit l’estrade pour me présenter, les enfants des écoles, tassés dans les tribunes depuis huit heures, dormaient sur leurs bancs. Pour comble les haut-parleurs négligèrent de bien fonctionner. On n’entendait rien à cent pas. J’eus l’impression de parler dans une salle vide. Mon auditoire de 1937 n’était plus là. Le premier Ministre qui me suivit fit galamment les choses. Il était en pleine campagne électorale. Il se permit ce mot d’esprit ou ce calembour : « L’abbé et moi, nous n’avons pas toujours été du même avis. Mais, ce soir, il y a au moins ceci de commun entre nous, que tous les deux nous nous battons pour la survivance. » L’aventure ne m’engageait pas néanmoins à gravir de nouveau la tribune.

■ ■ ■

Mais il m’a toujours fallu compter avec le despotisme de mes amis. Je me sentais une soif, mais quelle soif ! de solitude, de travaux paisibles. Mes amis me croyant libre, en pleine disponibilité, continuaient de me harceler comme au plus beau temps de mon éparpillement. Nous atteignions l’année 1960. Le Devoir allait fêter son cinquantenaire. Se pouvait-il qu’on ne m’y mêlât ? André Laurendeau ne fut pas de cet avis. Pour expliquer ma collaboration à l’événement, il faut se rappeler que le journal gardait encore beaucoup de son prestige. Bourassa, Pelletier, Héroux n’y étaient plus. Mais leurs grandes ombres se profilaient encore sur leurs très proches disciples qui, par là, gardaient quelque chose des grands commencements. Comment définir André Laurendeau, cet homme alors encore jeune, de taille légèrement au-dessus de la moyenne, d’apparence frêle, de figure pâle avec des yeux luisants, d’une démarche oscillante, démarche d’un homme qu’on eût dit mal posé sur ses pieds, et dont on aurait pu augurer de faciles déviations dans la vie. En 1960, André Laurendeau paraît encore de l’authentique lignée du Devoir. Les événements l’ont décoré d’une fort belle jeunesse. Il a été des Jeune-Canada ; il en est devenu l’âme. J’ai même songé, on s’en souvient, à faire de lui, mon successeur à la chaire d’histoire. D’autres prestiges lui sont venus. L’un des premiers militants dans la Ligue de la défense du Canada, il passera facilement, après la révolte du groupe de Québec, à l’élite dirigeante du Bloc populaire. Un congrès du Bloc fera même de lui le chef québecois de ce mouvement politique. Il siégera en 1945 à la législature de Québec, avec deux autres de son groupe. Puis, il abandonnera la politique et le Bloc pour devenir au Devoir l’assistant du nouveau directeur, Gérard Filion. Rupture, en sa vie, que beaucoup de ses anciens amis jugeront défavorablement. André Laurendeau eut beau dire qu’il s’en allait simplement sur un autre théâtre défendre les mêmes idées. Le passage d’un théâtre à l’autre s’accompagne d’équivoques qui laissent toujours une trace malheureuse, comme un trait de plume qu’on tente d’effacer. Le papier reste un papier gratté. Au fond, je crois que Laurendeau ne croyait plus en l’avenir du Bloc et l’aventure du journalisme le séduisait. Dans le temps j’avais dit à Gérard Filion : « Pourquoi vous faut-il diminuer votre ami Laurendeau pour l’amener au Devoir ? Est-il si nécessaire qu’il quitte la politique ? Bourassa dirigea Le Devoir sans quitter le parlement d’Ottawa. » À quoi Filion me répondit : « Bourassa pouvait faire des choses que Gérard Filion ne saurait faire. » Changement de théâtre qui, pour Laurendeau, n’en resta pas moins un malheur. Son chef, Maxime Raymond, ne lui pardonna jamais cet abandon et surtout dans les formes où il s’était accompli. Depuis ce jour ses meilleurs amis ne cesseront de s’interroger à son sujet. J’en sais quelque chose. On me demandera : « Qui est-il ? Peut-on compter sur sa franchise ? etc., etc. » Pendant quelque temps André Laurendeau avait dirigé L’Action nationale[NdÉ 1]. Le métier nouveau ne lui était donc pas le grand inconnu. Journaliste l’était-il vraiment ? Il possédait à coup sûr l’art de la plume. Il apportait au journal une culture brillante. Son passage dans la politique, si bref fût-il, l’avait mûri, lui avait donné la connaissance des hommes et des grands problèmes de l’heure. Du journaliste, il lui manquait peut-être le trait, la concision qui cloue dans l’esprit du lecteur, l’idée, l’avertissement, la décision à prendre. En ses articles il mettait un peu trop de la dissertation, de la subtilité. Esprit subtil, il l’était jusqu’à la perfection, jusqu’à l’excès. À la législature de Québec, m’a-t-on rapporté, Maurice Duplessis, pourtant très retors, redoutait plus que tout autre, dans la critique des projets de loi, le député de Montréal-Laurier. Mais André Laurendeau n’avait rien perdu de sa hauteur d’âme. Tous deux, lui et son ami Filion, donnèrent au Devoir, une élévation, un ton qui en rappelait les grandes années.

L’un et l’autre, en effet, se complétaient. Autant Laurendeau évoquait la facilité de l’esprit, j’oserais même dire l’artiste qui se joue à travers les problèmes, autant Gérard Filion incarnait l’esprit solide, le gaillard qui échange volontiers sa plume pour un bâton, le journaliste au ton tranchant, qui sait faire entendre ce qu’il pense sans que personne n’ait à se fouiller. Vrai campagnard qui porte à ses semelles toute la glaise de son pays. Belle période encore dans l’histoire du Devoir où l’on croyait retrouver quelque chose et même beaucoup de l’ancien esprit de Bourassa, d’Héroux et de Pelletier. Pourquoi faut-il que cette ère ait pris fin ? André Laurendeau s’en ira avec Davidson Dunton, prendre la direction d’une grande enquête organisée par le gouvernement fédéral sur la possibilité d’un « biculturalisme » au Canada ; Filion écoutera son penchant vers les affaires et se mettra, pour y échouer, à la préparation d’une aciérie québecoise. Deux magnifiques esprits qui nous auront fait défaut et qui n’auront pu suivre la ligne de leur vie. Serait-ce un sort, une misère qui nous seraient propres ? Souvent je m’en suis exprimé : le spectacle le plus douloureux de ma vie aura été celui de tous ces talents avortés, arrêtés court, de tant de lâchages en cours de route, de tant de vies déviées de leur ligne. Serait-ce la fatalité de tous les petits peuples qui ont trop souffert, qui ont affronté trop de tempêtes ? On sait le sort des arbres poussés sur les hauts promontoires, ou sur les bords des lacs ou des fleuves trop battus par les grands vents : arbres malingres, tordus, victimes promises au premier ouragan…

Longue digression pour expliquer qu’en 1960, je pouvais encore, malgré qu’il m’en coûtât, accorder ma collaboration au Devoir : collaboration que je ne lui donnerais plus aujourd’hui. Je n’écrivis point à Laurendeau l’article qu’il souhaitait pour son numéro spécial du cinquantenaire du Devoir. Je lui écrivis une lettre où passaient presque toutes mes opinions sur les problèmes de l’heure. Je l’écrivis tout d’un trait, comme il m’arrive lorsque ayant eu le temps d’y penser, j’ai la chose au bout du pouce. Laurendeau en parut content. M’écrivant ses souhaits à l’occasion de mes 82 ans, il disait (Le Devoir, 13 janvier 1960) : « Nous avions demandé au chanoine, pour notre numéro spécial du 29, un article sur le patriotisme (Faut-il rajuster la définition du patriotisme canadien-français ?). Il nous a répondu à peu près ceci : Je dois me ménager, j’ai juré à mon médecin de refuser les articles, mais comment refuser tout à fait au Devoir, en pareille occasion : alors je vous adresserai une lettre. Ce qu’il a fait. Seulement la lettre vaut deux articles, c’est l’un des textes les plus substantiels que nous présenterons dans notre numéro spécial. Voilà comment le chanoine Groulx se repose et n’écrit plus d’articles… » Je note ce fait pour ceux-là qui voudraient savoir comment tournait alors ma pensée autour de nos plus graves problèmes. Le soir du cinquantenaire du Devoir, grand gueuleton à l’hôtel Reine-Elizabeth ; il m’y fallut prononcer une santé, celle du Canada français. Et c’est la façon dont un octogénaire peut défendre sa liberté.

■ ■ ■

Une autre occasion s’allait du reste présenter — et ce ne serait pas la dernière — où bon gré mal gré il me faudrait encore céder à la force. Au début de juin 1964 (du 5-7), la Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste du Québec tient dans la capitale québecoise son congrès annuel. On m’invite à y prononcer le principal discours au banquet de la fin. Sur conseil de mon médecin, le Dr Jacques Genest, je ne me prête plus guère aux longs voyages et à ces efforts oratoires. Je crois au surplus qu’à un âge avancé tel que le mien, il faut savoir se taire. L’on a tout dit ce que l’on avait à dire. Me répéter m’est une vraie souffrance. J’oppose donc à mes amis de la Fédération un refus. Mais on revient à la charge et l’on y met de telles instances : préparation minutieuse du voyage, réservation au Frontenac d’un appartement, pour moi, ma secrétaire et son mari, nulle autre apparition au congrès qu’au moment du banquet, etc., etc. Ma secrétaire qui doit me conduire à Québec, finit par me convertir. Je suis donc là le 7 juin. L’auditoire en vaut la peine : plus de 800 convives. Je me sentais quelque peu inquiet. La voix, vieillie, me faisait parfois défaut. Mais l’on a placé devant moi tant de micros — j’en porte un au cou — que, le moment venu, je crois avoir retrouvé la voix de mes meilleurs jours. Je n’avais préparé qu’une courte allocution. Disais-je quelque chose de nouveau ? Je ne le crois pas. Peut-être le disais-je d’une façon nouvelle. Mais la génération d’aujourd’hui connaît si peu le message que lui ont laissé ses aînés, qu’elle verrait du nouveau où il n’y aurait que sa surprise d’en apercevoir. Mon thème consistait à montrer comment nos impatiences d’aujourd’hui et jusqu’à nos velléités d’indépendance s’inséraient dans la trame de notre histoire.

Voilà deux cents ans, disais-je, que nous sommes à la recherche d’une formule de vie : deux siècles que nous ne vivons point une vie normale, aventurés dans la gageure de rebâtir notre vie sans les structures essentielles. Tension aiguë où nous n’avons pas fini de nous épuiser. Peuple conquis, coupé trop jeune de nos racines nourricières, nous essayons de nous adapter à des institutions qui ne nous sont pas connaturelles.

Ici et là, je trouve mon texte parsemé de déclarations telles que celles-ci :

En dépit parfois de l’acquiescement de ses chefs, jamais notre peuple, dans son ensemble, n’a totalement accepté la conquête…

À propos du statut de 1867 :

Il n’y a pas de formes de gouvernement qui tiennent contre le droit à la vie d’une nation… Jamais [et il faut qu’on le sache] nous n’avons voulu d’un État central fort, investi du pouvoir de nous gruger ou de nous broyer dans ses serres… La preuve éclate aujourd’hui sous les yeux de tous : nos folies partisanes n’ont pu amoindrir, encore moins annihiler cette ambition de liberté qui, après une aberration d’un siècle, nous ressaisit soudainement avec une vigueur explosive que nulle puissance politique ou autre ne pourra plus refréner : ambition de posséder un État bien à nous, « expression politique » de la nation canadienne-française : l’État français autrement dit, que j’osais revendiquer il y a quarante ans, et qui me valait alors les épithètes de « séparatiste » ou de révolutionnaire…

Je m’appliquais, cela va sans dire, le slogan, qu’à ce propos, l’on avait lâché dans le peuple, aux récentes élections : « Maître chez soi ! » « Maître chez soi ! Grand mot qu’on ose enfin prononcer. Encore faut-il bien se rendre compte de ce qu’il sous-entend. Être maître chez soi ! Pour une nation parvenue à l’âge viril, ou du moins qui prétend l’être, ce serait, si je ne me trompe, être maître de sa politique, j’entends de son gouvernement, de son parlement, de sa législation, de ses relations avec l’étranger, ne pas subir, en ce domaine, de tutelle indue ; cela veut dire encore, être maître, dans la mesure possible, à l’heure contemporaine, de sa vie économique et sociale, exploiter pour soi et non pour les autres, ses ressources naturelles, toutes ses ressources naturelles, posséder les moyens de financer son administration, ses institutions d’enseignement, de bien-être social ; ces moyens, n’être pas obligé d’aller les mendier chez qui que ce soit. Cela veut dire aussi, pour une nation trop longtemps colonisée, un ressourcement aux fontaines vives de sa culture, une désinfection et un rajeunissement de son esprit ; et cela veut dire enfin, pour une nation chrétienne et même catholique, un abreuvement assoiffé aux sources jaillissantes où, depuis vingt siècles, toute nation affamée de liberté, de fraternité, de grandeur, a trouvé, dans la doctrine du Christ, la plus nourrissante, la plus merveilleuse formule de civilisation… » Je poursuivais par un rappel de la fable de Sisyphe où j’ai toujours vu un symbole de notre histoire :

Rôle de Sisyphe… en particulier celui de ma génération. Nous avions épousé, disais-je à mon auditoire, toutes vos ambitions. Nos formules ressemblaient étrangement aux vôtres. Hélas, nous avions contre nous tous nos officiels et les grands dirigeants de notre vie économique. Le rocher de Sisyphe nous a paru lourd ; plusieurs fois il est retombé sur nous au risque de nous écraser. Une nouvelle génération est venue, ce me semble, qui, de ses fortes mains, et avec l’aide de Dieu, va ressaisir le rocher de notre destin, pour l’asseoir résolument sur un sommet solide d’où, plus jamais, il ne redescendra.

Mon allocution ne devait durer qu’un quart d’heure. Elle dura une demi-heure, coupée par trop d’approbations vibrantes. Je le confesse avec un peu et même beaucoup de confusion, j’éprouvai, une fois de plus, ce jour-là, la joie et la vanité de sentir devant moi, un auditoire véritablement dominé, les yeux braqués sur les miens, et qui communiant à ma pensée, à mes déclarations passionnées, me paraissait onduler par vagues.

L’on avait enregistré sur bandes la petite allocution. On la mit en brochure. Elle courut par toutes les sections de la Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste. Mais elle mit fin, sinon à mes discours publics, du moins à des manifestations de cette sorte.


Note de l’éditeur
  1. André Laurendeau a été directeur de L’Action nationale de 1937 à 1942.