Mes souvenirs (Reiset)/Tome I/03

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Plon-Nourrit (p. 59-87).

CHAPITRE III

Avènement de Charles-Albert. — Mariage de la princesse Christine avec le roi de Naples. — Mariage de la princesse Philiberte. — La duchesse de Parme. — Don Carlos. — L’impératrice Marie-Louise


Charles-Albert avait succédé à Charles-Félix le 27 avril 1831 sans commotion nouvelle. On lui a reproché vivement d’avoir oublié dans l’exil ceux de ses amis qui s’étaient compromis avec lui en 1821. Le contre-coup de la chute des Bourbons en France avait effrayé les gouvernements, leur inspirant un surcroît de précautions que Charles-Albert, à l’exemple des autres souverains de son temps, regarda comme nécessaires. « J’ai un travail accablant, disait-il, car tout ici est arriéré. J’ai tout à faire, à créer, à remonter dans toutes les parties, mais l’espérance du bien dirige mon cœur au milieu des difficultés et peines sans nombre. Je vais seulement bien doucement pour ne rien faire que de bien, qui puisse toujours durer, qui soit conforme à un gouvernement monarchique, qui préserve notre pays des malheurs qui en accablent tant d’autres et qui puisse laisser mon nom honoré après moi ; les temps sont bien mauvais, mais avec la grâce de Dieu j’espère que nous surmonterons toutes ces difficultés. Les libéraux sont déjà bien convaincus qu’ils n’auront qu’à perdre avec moi et c’est déjà une bonne chose. Le pays est d’une tranquillité parfaite ; nous n’avons même aucune raison de concevoir des craintes pour l’avenir. »

Charles-Albert recevait d’ailleurs de la part de l’Autriche des avertissements qui étaient des menaces, et il ne pouvait espérer aucun appui matériel du gouvernement de Louis-Philippe qui, s’efforçant de consolider sa situation en Europe, évitait toujours les complications.

Déçus dans leurs espérances les patriotes italiens recommencèrent à conspirer. Aux Carbonari avait succédé la société de la jeune Italie, fondée par un Génois enthousiaste, Joseph Mazzini.

Pour se défendre Charles-Albert fut obligé de sévir, mais tout en sévissant il s’appliqua à accomplir de sérieuses réformes et surtout à organiser fortement son armée, sachant que là était l’instrument nécessaire pour réaliser un jour ses projets. Il était croyant, superstitieux même ; cependant, même en matière religieuse, il était loin de se refuser à des mesures d’équité et de réparation. Le comte de Waldburg-Truchsess, dont il n’oubliait pas la généreuse intervention en sa faveur, avait pris sous sa protection les malheureux Vaudois, faisant appel aux protestants de Prusse et d’Angleterre pour soutenir les églises, les écoles et les hôpitaux des vallées vaudoises. Il obtint de Charles-Albert un adoucissement de leur sort, prélude d’une émancipation plus complète.

De la vie la plus régulière, Charles-Albert consacrait aux affaires de son royaume de six à sept heures par jour, se levant l’hiver bien avant le jour et se contentant d’une courte promenade à cheval dans les jardins du Palais, lisant, écrivant, aimant à faire le bien, sans compter sur la reconnaissance, car il avait une triste idée des hommes en général, et pardonnant à ceux de ses adversaires qui avaient cherché à lui faire du mal aux époques difficiles de sa vie.

Ses liens de famille le plaçaient quelquefois dans une situation délicate. Sa sœur avait épousé l’archiduc Renier, vice-roi autrichien de Lombardie. Cette princesse fort coquette et légère donnait des marques d’intérêt très vif à un de ses chambellans, le marquis d’Adda. Elle avait deux filles qu’elle conduisit en Piémont pour négocier un mariage avec Victor-Emmanuel, fils aîné de Charles-Albert. L’une d’elles, l’archiduchesse Adélaïde, plut au jeune prince qui l’épousa, quoique à cette époque, très maigre et trop brune, elle fût loin d’avoir la beauté qui la distingua plus tard. Le vice-roi Renier et la vice-reine se rendirent à Turin pour la cérémonie.

Le prince Félix de Schwarzenberg, ambassadeur d’Autriche, donna un grand bal à cette occasion au palais Saint-Marsan. La vice-reine, qui faisait les honneurs avec son mari, descendit l’escalier pour recevoir le roi Charles-Albert et la reine Marie-Thérèse. La vice-reine était en robe de bal décolletée ; le marquis d’Adda, perdant toute mesure, s’approcha d’elle vivement et croisa un châle sur ses épaules pour la préserver du froid, lui disant d’un ton de mauvaise humeur : « Vous savez que je vous l’avais défendu. » Ces paroles furent prononcées assez haut pour être entendues de l’archiduc Renier et de Charles-Albert. On remarqua que le marquis d’Adda ne parut plus à aucune des fêtes de la cour.

La fille aînée de l’archiduc Renier avait été fiancée au prince Eugène de Carignan. Elle mourut subitement à Vienne avant le mariage, pendant qu’elle faisait sa toilette pour se rendre à un concert où sa mère avait exigé qu’elle parût, regardant la souffrance dont se plaignait sa fille comme un effet de son imagination. À la nouvelle de cette mort si brusque, le prince Eugène de Carignan donna des signes du plus grand désespoir, refusant de manger pendant trois jours et poussant des gémissements qui étaient entendus de tout le Palais.

Un autre mariage célébré pendant le règne de Charles-Albert avait eu les conséquences les plus douloureuses.

Victor-Emmanuel Ier, frère de Charles-Félix, avait eu plusieurs filles de son mariage avec l’archiduchesse Marie-Thérèse, sœur du duc de Modène ; la dernière, la princesse Christine, était restée orpheline avant d’être mariée. Sa mère avait vivement désiré qu’elle épousât le prince Ferdinand, fils du roi de Naples. Mais lorsque ce prince devint roi sous le nom de Ferdinand II, la princesse Christine étant en âge d’être mariée, la reine Marie-Thérèse changea soudain d’avis et dissuada sa fille de consentir à ce mariage. En 1833, Marie-Thérèse mourut brusquement d’une hémorragie, et dans ses derniers adieux à la princesse Christine, par un nouveau changement, elle rétracta le conseil qu’elle lui avait donné. Le roi Charles-Albert fit venir à Turin la jeune princesse orpheline auprès de la Reine qui devait lui servir de mère. La princesse Christine obéit non sans chagrin : elle savait que sa mère détestait la reine régnante, préférée par Charles-Albert à une de ses filles qui s’était mariée au duc de Lucques. Charles-Albert n’avait pas voulu devenir le gendre de la reine Marie-Thérèse qui passait pour ambitieuse et altière ; il avait mieux aimé épouser la fille du grand-duc de Toscane, quoiqu’elle fût beaucoup moins belle. Ce fut pour la reine Marie-Thérèse une déception et une humiliation qu’elle ne pardonna jamais à la princesse de Carignan, traitée par elle à sa cour avec une hauteur tout à fait cruelle.

Le souvenir de cette rivalité rendait le séjour de la cour de Turin très pénible pour la princesse Christine, à qui l’extrême tendresse de sa mère avait donné une grande indépendance et un caractère très décidé. Elle demanda à être autorisée à vivre à part. Charles-Albert y consentit par respect pour son deuil. Peu après le jeune roi de Naples, Ferdinand II, fit faire au roi de Sardaigne des ouvertures en vue d’un mariage avec la princesse Christine qui les repoussa. Mais peu à peu, sur les conseils de sa sœur, la duchesse de Modène, près de laquelle elle avait passé quelque temps, désireuse de quitter la cour de Turin et ne pouvant obtenir l’autorisation d’avoir dans une autre ville un établissement séparé, elle finit par céder. Quoique ce mariage fût très brillant, la princesse restait triste et très réservée. Son deuil ayant pris fin, la cour se rendit à Gênes au mois de novembre 1832 pour recevoir le roi de Naples et célébrer le mariage. Celui-ci s’était fait précéder par la cour de la future reine, composée de la dame d’honneur, la duchesse de Sangro, femme déjà d’un certain âge, et de deux dames du Palais, la duchesse d’Ascoli et la jeune et charmante comtesse de Sangro, belle-fille de la dame d’honneur. La duchesse d’Ascoli passait pour être très bien, trop bien avec le roi de Naples. La première entrevue eut lieu en présence de Charles-Albert. La princesse ne prononça pas une parole et ne répondit même pas au jeune roi qui avec la liberté d’allure des Napolitains l’accosta tout à fait sans façons, comme s’ils s’étaient toujours vus. Après un quart d’heure, il se retira fort étonné et mécontent. Lorsqu’il fut parti, la princesse fondit en larmes, déclarant qu’il lui serait impossible d’épouser un homme de façons aussi vulgaires et dont l’extérieur colossal lui déplaisait au point de lui inspirer une véritable aversion. Le roi Charles-Albert assista froidement à cette scène de désespoir qu’il interrompit en disant à la princesse :

« Je regrette, Madame, que vous n’ayez pas fait vos réflexions auparavant. Les filles de roi, vous le savez, ne sont pas destinées à faire des mariages d’inclination. Vous m’avez laissé donner ma parole de roi à un autre roi qui est venu ici à la face de l’Europe, comptant avec raison sur ma loyauté. Je ne puis lui faire un affront public sans avouer que vous avez perdu la raison. Mais comme, dans ce cas, je lui devrais une satisfaction, je vous annonce que si demain matin vous êtes encore dans les mêmes sentiments, vous entrerez immédiatement au couvent. » La malheureuse princesse fit une profonde révérence et se retira en disant : « Votre Majesté aura demain ma réponse. » Le lendemain, elle arriva pâle et tremblante chez la reine, en lui disant : « Je l’épouserai. »

Le roi de Naples conserva, malgré l’extrême froideur de la princesse, son genre familièrement tendre, s’asseyant si près d’elle aux grands dîners de la cour qu’elle ne pouvait plus remuer, l’appelant tout haut mia cara Christina, touchant son collier, ses cheveux, s’appuyant les deux coudes sur la table, en sifflant un air. La princesse élevée à la cour plus qu’austère de ses parents, habituée à l’étiquette très rigoureuse de celle du roi Charles-Albert, étiquette introduite à la cour de Turin par la reine Fernande d’Espagne qui avait épousé Victor-Amédée III, père des rois Charles-Emmanuel IV, Victor-Emmanuel Ier et Charles-Félix, trouvait de la dernière indécence cette manière de se conduire, effectivement fort peu convenable. Elle ne put contenir ses larmes qu’elle s’efforçait de cacher au grand cercle du monde qui l’entourait. Le jour du mariage arrivé, elle dit que, sa mère étant morte à Gênes, elle n’aurait pas le courage de se marier dans cette ville ; elle choisit pour la cérémonie l’église d’un sanctuaire situé à une lieue de Gênes. Le matin, son fiancé lui envoya de magnifiques bijoux qu’elle ne regarda même pas. Elle se laissa parer comme une victime qu’on mène au sacrifice ; elle était comme une statue indifférente à tout, ne levant pas les yeux sur son miroir. Elle parut ainsi derrière la reine, pâle comme une morte, mais belle comme un ange.

Le jeune roi s’approcha d’elle avec son sans-façon habituel pour lui prendre la main. Tout le monde la vit frissonner, mais elle ne retira pas sa main et elle se laissa conduire par lui au bas de l’escalier pour monter en voiture. On arriva à l’église où la cérémonie se passa bien. La princesse répondit : Oui, d’une voix ferme, son maintien était ce qu’il devait être, digne et recueilli. On remonta en voiture pour retourner à Gênes : les reines Marie-Christine, veuve de Charles-Félix ; Marie-Thérèse et Christine avec le roi de Naples, dans la première voiture. Dans la seconde, le roi Charles-Albert, la duchesse de Sangro, le comte de Robilant et le prince Schilla, grand maître de la cour de Naples. La jeune reine semblait avoir complètement changé, non seulement de sentiments, mais aussi de manières : elle fut très aimable, affectueuse même, au point d’embrasser son jeune époux en présence de la reine régnante et de la reine, sa tante.

En arrivant au Palais on dîna ; la cour qui assistait à cette cérémonie de gala fut émerveillée de voir la nouvelle reine causer à voix basse, sans discontinuer, avec son époux, le regardant tendrement, lui prenant continuellement la main, expansive comme il n’est pas d’usage de l’être en public. Le roi de Naples, n’y comprenant plus rien, fut gauchement froid, ce qui rendait les prévenances de sa femme plus extraordinaires encore.

L’heure de se retirer arriva ; la reine conduisit la mariée dans un appartement du Palais préparé pour les époux, puis elle rentra chez elle où elle causait depuis longtemps avec la comtesse de Robilant des événements de la journée, lorsqu’une de ses femmes vint la prévenir que le marquis d’Aix demandait tous les objets de toilette de la reine de Naples pour les transporter au Palais ducal où le roi de Naples était descendu. D’après les règles de l’Église en Italie des fiancés ne doivent pas demeurer sous le même toit, ce qui avait empêché le roi de Naples d’habiter le Palais-Royal jusqu’à son mariage. Au grand étonnement de la reine Marie-Thérèse, elle apprit qu’à peine les nouveaux mariés étaient-ils restés seuls, le roi de Naples avait dit à sa femme : « Je ne veux pas rester ici au milieu de cette cour étrangère ; venez au Palais ducal où je demeure. » La jeune mariée suivit son époux sans objection ; il la fit monter dans la première chaise à porteur venue et l’escorta à pied avec le seul marquis d’Aix, singulier confident.

Arrivés au Palais ducal, ils ne trouvèrent ni lumière ni feu. Rien n’ayant été préparé, tout manquait. Personne ne pouvant s’attendre à ce retour, il n’y avait même pas un domestique. Le roi ôta son habit, fit faire de même au marquis d’Aix. À eux deux ils firent tant bien que mal les arrangements nécessaires dans la chambre de la nouvelle mariée, en présence de cette malheureuse princesse plus morte que vive. On n’appela aucune femme ; il ne parut qu’un lazzarone, à peine habillé, pour porter de l’eau. Quand le roi Charles-Albert apprit cette équipée, aussi inconvenante que déplacée, il devint furieux, mais n’oubliant pas que le roi de Naples était son hôte, il se tut. Toute la journée du lendemain se passa sans qu’on eût aucune nouvelle des nouveaux mariés. Le roi Charles-Albert trouva qu’ils avaient gravement manqué d’égards envers la reine en ne venant pas la saluer, et il lui défendit de faire aucune démarche pour savoir ce qui se passait au Palais ducal. On se demandait s’ils paraîtraient au dîner, lorsque à six heures du soir ils arrivèrent, la reine habituellement si fraîche, pâle comme une morte et fagotée d’une manière incroyable par ses femmes. On voyait qu’elle s’était laissé habiller sans rien dire. Elle n’en était pas moins extrêmement belle, avec ses grands yeux si doux et si fiers à la fois et son port de reine. Le lendemain le roi de Naples alla faire des excursions aux environs de Gênes, et la reine restée seule reçut les dames de la cour avec un air très triste, mais causant fort aimablement, car elle avait l’esprit le plus fin et le plus délicat.

Au bout de quelques jours la cour de Naples s’embarqua sur l’escadre ; la reine, qui jusque-là avait gardé beaucoup de calme et d’aisance, fondit en larmes au moment de quitter son pays. Le roi et la reine de Sardaigne, ainsi que toute leur cour, l’avaient accompagnée à bord où elle fut reçue avec des cris d’enthousiasme. Aussi longtemps qu’on put apercevoir la frégate, on vit cette belle grande jeune femme agitant son mouchoir. En montant sur le vaisseau, le roi de Naples s’était retiré dans sa cabine, par délicatesse, il faut l’espérer, et pour ne pas troubler des adieux toujours douloureux. Arrivée à Naples, la reine Christine écrivit tous les deux jours à la reine de Sardaigne les lettres les plus affectueuses, remplies de détails sur suo caro Ferdinando.

Les personnes qui ont connu cette princesse capricieuse et spirituelle, très enfant gâtée, dévote plus par habitude que par véritable piété, n’ont jamais été dupes des sentiments qu’elle exprimait. Sans doute au commencement pour vaincre son aversion, par orgueil et par devoir, elle a exagéré ses démonstrations d’affection conjugale. Dans des cas désespérés, il est difficile de rester dans de justes limites quand une chose n’est pas naturelle. Plus tard se voyant toute seule, sans appui, avec un mari qui n’avait aucun de ses goûts et dont l’extérieur lui déplaisait, quoiqu’il fût fort bel homme, elle s’est entièrement repliée sur elle-même, se soumettant à une obéissance entière et n’ayant plus aucun désir en ce monde. Elle fit volontiers les choses les plus contraires à son caractère d’autrefois ; les moindres désirs du roi étaient une loi pour elle. Elle ne faisait jamais d’objection à rien. Le roi disait : « Ma femme est un ange, mais elle est trop parfaite ; elle me gêne ; elle a reçu une éducation trop différente. Je sens, malgré sa bonté, son affection, qu’elle ne peut me comprendre. » Un jour, devant beaucoup de monde, il lui dit de se mettre au piano et au moment où elle allait s’asseoir, il lui fit l’aimable plaisanterie de lui retirer sa chaise. La reine tomba, elle si décente et si réservée. Elle se releva en souriant, dissimulant sa frayeur et le mal qu’avait dû lui faire cette chute dans un état de grossesse avancée. Un mois après, le 16 janvier 1836, elle accoucha d’un prince qui régna deux ans à peine sous le nom de François II et qui fut le dernier roi des Deux-Siciles. Le roi eut avec son frère le comte de Syracuse, dans la chambre voisine de celle de l’accouchée, une altercation si vive et si bruyante que la pauvre reine, saisie de frayeur pendant la fièvre de lait, mourut quinze jours après la naissance de son fils. Elle fut pleurée dans tout le pays ; on l’avait aimée pendant son passage si court sur le trône de Naples comme la bienfaitrice des pauvres et la consolatrice de tous les malheureux. Le roi fit part officiellement du décès à la cour de Sardaigne, sans autre communication plus intime. L’a-t-il regrettée ?…

Une année après l’anniversaire de la mort de la reine, il fit son entrée à Naples avec l’archiduchesse Thérèse d’Autriche qu’il venait d’épouser, le 9 janvier 1837. On fut révolté de ce manque de cœur et de convenance ; la mémoire de la sainte reine, comme on l’appelait dès lors, n’en fut que plus vénérée. Le roi fit offrir à la comtesse de Sangro devenue duchesse depuis la mort de son beau-père la place de dame d’honneur auprès de la nouvelle reine, mais la duchesse, sincèrement attachée au souvenir de la reine défunte, refusa. Le roi, comprenant ce que signifiait un pareil refus, la pria de se charger du moins de son enfant au berceau, ce qu’elle accepta avec bonheur. Le souvenir des hautes vertus de la reine Christine, celui de sa grande beauté et de la noblesse de sa taille en faisaient l’idole du pays. La nouvelle reine, quoique jolie, était loin de l’égaler ; elle était froide, laissant voir l’ennui que lui causaient les réceptions, ne s’occupant que de son mari et de ses enfants, n’ayant pas les qualités essentielles d’une souveraine. On l’aimait peu, et la mémoire della santa n’en était que plus chérie.

Peu à peu la légende et la superstition s’en mêlèrent. On commença à parler de miracles obtenus par son intercession. Un jour, son fils, le duc de Calabre, qui devait aller à la chasse, refusa au dernier moment de s’y rendre, disant que sa mère lui était apparue et l’avait averti que des assassins étaient apostés pour l’assassiner. On prétendit que ces malfaiteurs avaient été découverts et avaient avoué leur criminel dessein. La cour de Rome introduisit la cause de canonisation. Des personnes de la cour de la feue reine Marie-Thérèse de Modène, veuve de Victor-Emmanuel Ier, furent appelées pour déposer sur les jeunes années de la princesse Christine. On constata qu’enfant très gâtée par ses parents et par tous ceux qui l’entouraient, elle se montrait fière, volontaire et capricieuse. En revanche, sa Maison napolitaine déclara avoir été édifiée depuis le jour de son arrivée par toutes ses vertus chrétiennes, par sa douceur, sa sérénité inaltérable au milieu de mille peines et tracasseries qui auraient aigri toute autre femme. L’imagination populaire s’exalta ; on assiégeait son tombeau, prétendant qu’il s’y était produit des guérisons et des miracles. Sa sœur aînée avait épousé son oncle, le duc de Modène : une de leurs filles devint la comtesse de Chambord. Elle avait aussi deux sœurs jumelles : la duchesse de Lucques et l’impératrice Marianne, mariée à l’empereur Ferdinand, qui abdiqua en 1848. Son frère, le seul fils qu’ait eu Victor-Emmanuel Ier, était destiné au trône. Il mourut en bas âge de la petite vérole, pendant la traversée de Sardaigne où se réfugièrent ses parents fuyant l’invasion française. La reine n’avait jamais voulu qu’on le vaccinât. Elle attribuait la faible santé de ses jumelles à cette opération. C’est la mort de ce petit prince qui donna à la branche de Savoie-Carignan des droits à la couronne.

Une autre alliance entre la maison de Savoie et la branche napolitaine de la maison de Bourbon, qui eut lieu sous le règne de Charles-Albert, ne fut pas moins malheureuse. Le prince Eugène de Carignan, qui avait été reconnu comme membre de la famille royale de Sardaigne, avait une sœur Philiberte à qui le roi donna également rang à la cour. C’était une belle personne, grande et forte, mais de l’esprit le plus bizarre. Ses excentricités touchaient parfois à la folie. Elle passait son temps à de continuelles ablutions. Tout le monde la dégoûtait tellement que, si on effleurait seulement sa robe, elle se lavait immédiatement. Elle s’habillait et se coiffait seule afin que sa femme de chambre ne la touchât pas ; elle lui faisait tenir longtemps ses mains dans l’eau devant elle avant de faire son lit. Quand une personne venait la voir, elle lavait la chaise sur laquelle la visiteuse s’était assise. Demandée en mariage par le prince don Miguel de Portugal, elle refusa. Elle fut demandée un an après par le comte de Syracuse, frère du roi de Naples. Charles-Albert interposa son autorité et l’obligea à accepter. Le prince lui écrivit deux fois ; avant d’ouvrir ses lettres, elle les fit laver par ses femmes, à ce point que personne ne pouvait plus les lire. Au moment de son départ, la reine n’avait pas eu le courage de l’instruire elle-même des devoirs du mariage. Elle en chargea sa dame d’honneur à qui la princesse témoignait une grande affection. C’était la veille de l’embarquement ; le mariage avait déjà été célébré à Turin par procuration. Que se passa-t-il ? Le comte de Syracuse fit tous ses efforts pour dissimuler au public les crises de sa vie conjugale. Le mariage fut consommé, car quelque temps après, la princesse ayant pris de l’embonpoint et paraissant souffrante, les médecins reconnurent qu’elle était grosse, ce qu’elle était parvenue à cacher, même à ses femmes. Elle prétendit que sa grossesse remontait à quatre mois au lieu de six.

Le grand moment arrivé, elle s’enferma seule dans sa chambre, ce dont on ne s’inquiéta pas parce qu’elle en avait l’habitude. Elle y resta plusieurs heures. Quand elle ouvrit la porte et appela, on la trouva à demi morte, assise sur une chaise. Son enfant, entouré de jupons et de mouchoirs, était mort. Elle écrivit à une amie de Turin ce douloureux événement, pleurant amèrement la mort de son enfant, mais ajoutant qu’il lui aurait été impossible d’avoir auprès d’elle à ce moment qui que ce fût, tant tout ce monde lui faisait horreur. Elle se louait cependant beaucoup des bontés de son mari. Le comte de Syracuse fut hors de lui. Il fit prier le roi Charles-Albert de la recevoir en Piémont où un changement d’air pouvait rétablir sa santé. Le roi dicta la réponse : « Bien volontiers, si le prince l’accompagne. » Il craignait que ce voyage fût un prétexte de séparation déguisée. Cela était sans doute la pensée, l’espoir du comte de Syracuse, car la princesse ne vint pas et il n’en fut plus question.

Elle vécut à la cour de Naples, restant heureusement en bonne harmonie avec la reine.

Vers la fin du règne de Charles-Albert, Mademoiselle, fille du duc de Berry, devenue par son mariage d’abord duchesse de Lucques, puis, à la mort de l’impératrice Marie-Louise, duchesse de Parme, venait fréquemment à la cour de Turin. Elle y passa cinq mois en 1848 ; c’est là qu’elle apprit la mort de Marie-Louise.

Charles-Albert qui avait rencontré à la cour de France la duchesse de Berry, après la guerre d’Espagne de 1823, avait conservé pour elle un véritable culte et il témoignait à sa fille les plus grands égards. La jeune princesse habitait un joli appartement au Palais-Royal où elle recevait deux fois par semaine un cercle très restreint, faisant et offrant elle-même son thé avec beaucoup de grâce et de simplicité. Elle eût désiré étendre ses réceptions, mais le duc de Parme chargé par elle d’inviter quelques hommes ne manquait pas d’ajouter : « Croyez-moi, n’y allez pas ; on s’ennuie trop. Quant à moi, vous ne m’y verrez sûrement pas. » Des invitations aussi peu engageantes restaient naturellement sans effet. La duchesse paraissait fort attachée à son mari malgré son peu d’amabilité pour elle et faisait tout pour lui plaire.

Le duc, d’un caractère bizarre, ne s’imposait aucune contrainte. Un jour, il passait en revue un régiment de ses troupes dont la musique jouait une polka. Il ne put résister à l’entraînement de sa danse favorite et se mit à passer en polkant devant le front de ce régiment au grand ébahissement de tous les assistants. Un autre jour, sa promenade à cheval le conduisit vers un endroit où des blanchisseuses étendaient leur linge sur des cordes. Son cheval en fut effrayé. Comme le duc n’était pas très bon cavalier, il ne put le maîtriser. Le cheval passa sous une de ces cordes laissant le duc de l’autre côté, renversé à terre. Ces pauvres femmes ne purent retenir un accès d’hilarité qu’elles expièrent durement ; car elles furent mises en prison pour ce manque de respect.

Après sa défaite définitive en Espagne, don Carlos, frère de Ferdinand VII, alla s’établir à Gènes avec sa femme, veuve du prince de Beira, sœur de dom Pedro de Brésil et de dom Miguel de Portugal. Cette princesse avait autant d’esprit que son mari en avait peu. Tous deux furent très bien reçus par le roi Charles-Albert et par la reine Marie-Thérèse. La cour de Sardaigne leur donna le titre de Majesté. Ils venaient fréquemment dîner et passer leurs soirées au Palais, pendant que le roi et la reine faisaient séjour à Gênes. Don Carlos était d’une telle nullité qu’il était incapable d’adresser la parole à qui que ce fût. Quand Charles-Albert, lui présentant les personnes de sa cour, l’obligeait, après le dîner, à leur adresser la parole, son embarras était extrême ; il ôtait et remettait ses gants pendant cinq minutes et finissait par dire d’un air effrayé : Il pleut ou il fait beau temps. Deux fois par semaine, les Majestés espagnoles recevaient chez elles, assises toutes deux sur un sofa, les visiteurs sur des chaises placées en cercle. On était annoncé à haute voix par un vieux général qui ouvrait la porte et restait ensuite dans l’antichambre comme un laquais. Les personnes admises à la réception s’en allaient quand bon leur semblait, sans être obligées d’attendre une parole de congé. Don Carlos n’ouvrait jamais la bouche ; sa femme seule faisait très aimablement les frais de la conversation. Elle était de petite taille et assez forte, mais elle avait de beaux traits tandis que don Carlos était d’une laideur repoussante ; ses deux fils cadets étaient déjà des hommes et vivaient avec lui.

Charles-Albert les fit élever à Turin dans son Palais. Ils étaient d’une ignorance incroyable ; il leur donna le grade de colonel pour pouvoir leur en donner les appointements, car ils étaient dénués de tout. Le second de ces princes, l’infant don Fernando, témoigna au roi de Sardaigne une grande reconnaissance. Il fit avec lui le commencement de la guerre de Lombardie et ne quitta l’armée que sur l’ordre exprès de son père qui le rappela près de lui. Il refusa de contracter un mariage très avantageux avec une archiduchesse autrichienne pour ne pas s’allier à une puissance qui était en guerre avec son bienfaiteur.

Le voisinage de Parme rendait fréquents les rapports de la cour de Turin avec l’impératrice Marie-Louise, à qui le duché de Parme avait été donné sa vie durant. Elle y vivait avec le comte de Neipperg : les moindres détails de sa vie défrayaient la chronique. Elle avait grand air, mais elle était devenue tout à fait vieille femme et s’habillait en conséquence. Jeune, elle aimait la toilette, cependant elle détestait la représentation ; ses habitudes étaient très simples, elle était généreuse et faisait autour d’elle beaucoup de bien. Elle parlait le moins souvent possible de l’empereur Napoléon. Elle laissa à sa grande maîtresse la marquise Scarampi, mariée en premières noces à un général autrichien, le comte Mitrouski, toute sa correspondance avec lui. J’eus occasion de voir ces lettres et la permission d’en prendre des extraits : « Le prince de Neuchâtel vous dira, écrivait Marie-Louise à Napoléon après la cérémonie du mariage qui avait eu lieu à Vienne, que ce n’est pas sans une vive émotion que j’ai assisté ce matin à la célébration du mariage. »

L’empereur lui écrivait chaque jour et, lorsqu’elle se mit en route pour venir en France, elle trouva une lettre à chaque étape. Dans une de ses premières lettres elle dit à l’empereur qu’elle avait eu l’intention de donner quelque argent de sa cassette particulière à de pauvres blessés français qui étaient à Vienne, mais comme elle avait reçu de l’empereur Napoléon une somme pour leur être distribuée de ses mains, elle pensait mieux faire en employant cet argent à lui pour ce premier acte de bienfaisance, afin qu’on lui en fût personnellement reconnaissant.

Elle fut très fatiguée par un gros rhume pendant son voyage ; elle parle souvent de cette indisposition dans ses lettres, et comme l’empereur s’en inquiète, elle promet de prendre les soins d’un médecin pour lui faire plaisir, ce qu’elle ne fait jamais. Elle assure d’ailleurs qu’elle ne tousse plus et qu’elle se porte bien. Elle a été heureuse de trouver sur sa route la sœur de l’empereur, la reine de Naples, à laquelle elle a demandé les moyens de plaire à son mari. Elle a été aussi aimable qu’elle a pu l’être avec tous les officiers français qu’elle a rencontrés en chemin parce qu’elle veut se faire aimer des Français. Elle en veut à Mme  de Laborde qui a dit à l’empereur qu’elle avait beaucoup pleuré en quittant sa famille. Ce sont les dernières larmes que je verserai de ma vie, écrit-elle, tant je me promets des jours heureux.

Elle se séparera de sa gouvernante, puisque l’empereur le désire ; elle sent la justesse de cette demande, mais l’empereur comprendra la peine qu’elle éprouve en s’éloignant d’une femme qui ne l’a jamais quittée depuis sa plus tendre enfonce. Elle remercie l’empereur de son portrait, de son cachet, d’une pelisse qui lui est chère puisqu’elle lui a appartenu. Elle demande à l’empereur de ne pas avoir une trop haute opinion d’elle pour ne pas être désillusionné par la suite. Elle se confiera à lui en toutes choses ; elle le prie de la guider à cause de sa grande jeunesse ; son désir est de lui plaire. « Merci, dit-elle, de m’assurer que vous voudriez être le page qui m’a apporté votre lettre ; il y a aussi longtemps pour moi que je voudrais être fleur de laurier pour vous approcher de plus près. »

Elle est enchantée de l’accueil qu’on lui a fait à Strasbourg et sur toute sa route. Plus elle approche de Compiègne où l’empereur l’attend, plus ses lettres deviennent tendres, passionnées même. « Je suis, dit-elle, toujours la première levée pour partir, » elle laisse à l’empereur d’en deviner la raison. Elle remercie l’empereur des faisans de sa chasse qu’il lui a envoyés. Elle lui promet d’aimer sa mère, sa sœur, enfin tous les individus de sa famille que l’empereur aime. Son réveil est toujours très doux, parce qu’elle reçoit chaque matin une lettre de l’empereur.

Marie-Louise se révèle, dans sa correspondance, d’un esprit léger, mais passionné. Après son mariage, lorsque l’empereur la quitte, elle se tourmente, elle est triste, lorsqu’elle passe devant ses fenêtres qui sont fermées. Elle joue des heures entières sur son lit avec son fils. « Ah ! écrit-elle, si tu ne reviens pas au bout du temps que tu m’as dit, j’irai plutôt te retrouver au camp, habillée en page. » Elle déteste les Anglais, puisqu’ils forcent l’empereur à s’éloigner d’elle. Enfin, l’empereur l’autorise à s’établir à Laëken. On y joue l’opéra : La maison à vendre. Talma y donne aussi quelques représentations, « Je cherche à être aimable avec les Belges, » écrit-elle. Puis, dans une autre lettre, elle raconte qu’on lui a porté un couvre-pied superbe, mais très cher, et qu’elle a répondu qu’elle l’achèterait lorsqu’elle serait en couches de son second enfant. Elle ne le désire pas de suite cependant : l’empereur sait ses raisons. Elle a été très choquée de voir les dames venir au théâtre en peignoir et en bonnet : Mme  de Montesquiou lui a dit que ce n’était pas convenable. Elle se plaint du froid ; elle est de plus en plus triste de l’absence de l’empereur : on s’en aperçoit à son visage ; elle ne dort plus et rêve à lui. Elle finira par en devenir malade. Le roi de Rome n’était pas du voyage. Elle reçoit de ses nouvelles : il souffre des dents. La princesse Pauline est à Bruxelles : elle ne l’a pas engagée à s’établir à Laëken, ne sachant pas si cela plairait à l’empereur. Elle prévient l’empereur que sa sœur sera furieuse contre elle, mais au fond c’est sa faute, puisqu’il ne lui a pas répondu ce qu’elle avait à faire. « Pardon, dit-elle en terminant sa lettre, de t’ennuyer de ces bêtises. » Enfin l’empereur lui dit de venir le retrouver à Ostende. Marie-Louise est dans la joie ; elle pourra donc lui dire de vive voix combien elle lui est attachée. Elle signe toujours : Ta fidèle épouse et amie.

Malgré toutes ces démonstrations de tendresse, la marquise Scarampi semblait croire que jamais Marie-Louise n’avait aimé Napoléon et que si elle avait eu pour lui un moment d’affection au début de son mariage, ce moment avait été bien court. Il lui inspirait une véritable terreur ; elle tremblait devant lui ; jamais elle ne parlait de la France, et pendant les Cent-Jours elle ne dit pas un seul mot qui pût faire croire qu’elle désirait retourner auprès de son mari.

La comtesse Mitrouski, plus tard marquise Scarampi, habitait Schoënbrünn où étaient récemment arrivés l’impératrice et son fils, le roi de Rome, qui avait alors pour gouvernante la comtesse de Montesquiou. Celle-ci ayant été soupçonnée de concerter avec son fils Anatole de Montesquiou le projet de reconduire le roi de Rome à Paris fut engagée à donner sa démission. Ce fut le prince Eugène de Beauharnais qui fut chargé de cette commission. On mit à sa disposition un hôtel de Vienne jusqu’à ce qu’elle pût retourner en France, et on lui fit cadeau d’un portrait du jeune prince, entouré de brillants, ayant une valeur de 30,000 francs. L’impératrice vit son éloignement avec plaisir : elle lui savait mauvais gré de son dévouement à l’empereur. Elle avait surtout été piquée de ce qu’un jour, sans l’en avertir, elle avait conduit le jeune prince à la Malmaison auprès de l’impératrice Joséphine qui avait témoigné le désir de le voir et avait obtenu de Napoléon qu’il lui fût amené. Ce fut la comtesse Mitrouski, dont le mari était gouverneur de Vienne lors de la capitulation de cette ville en 1805, qui fut nommée à la place de Mme  de Montesquieu. Elle dut sans doute cette désignation à son refus d’assister aux fêtes données à Vienne en l’honneur de Napoléon et de lui être présentée en 1805. Son mari étant prisonnier de guerre, elle avait jugé que sa place n’était pas à ces réceptions. Avant de quitter l’Autriche, Mme  de Montesquiou témoigna le désir de voir une dernière fois le roi de Rome. Elle écrivit dans ce but à la comtesse Mitrouski qui prit les ordres de Marie-Louise. L’impératrice répondit que cela était impossible.

L’empereur avait pris très au sérieux son alliance avec une princesse de la maison d’Autriche ; la vieille marquise de Cavour, mère du célèbre ministre Camille de Cavour, morte en 1849, me raconta qu’étant dame d’honneur de la princesse Pauline Borghèse, elle entendit Napoléon parler de Louis XVI avec beaucoup d’attendrissement, puis que, s’étant recueilli un instant, il avait ajouté : Mon pauvre oncle ! Marie-Louise était en effet la nièce de Marie-Antoinette. Sardou n’a donc rien exagéré dans cet épisode de Madame Sans-Gêne. On connaît la lettre que Napoléon écrivit de Rambouillet à l’empereur François lorsque le mariage fut décidé, lui disant qu’il lui devrait son bonheur et qu’il chercherait à faire celui de sa famille. Deux jours après l’arrivée de Marie-Louise à Compiègne, il écrivit à l’impératrice d’Autriche, lui faisant force compliments et lui disant qu’elle avait tellement conquis le cœur des Français, se trouvant à Vienne, qu’il en était jaloux. Il se félicitait de son mariage : « Nous nous convenons tous deux à merveille, » disait-il.