Monographie de l’abbaye de Fontenay/2-15

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Librairie Saint-Joseph (p. 157-160).

15e abbé

Martin, 1234-1251

Cet abbé avait été forestier sous l’abbé Hubert, en 1197. Son administration ne commença pas en paix, car, à peine est-il installé qu’il réclame les deux protections les plus puissantes, celle du Pape et celle du duc de Bourgogne.

Le Pape Grégoire IX, en 1234, lui adresse une bulle qui défend aux légats mêmes, d’excommunier les moines de Fontenay ; défend à tous les moines défroques de conserver plus longtemps les biens qu’ils avaient emportés ; défend aux religieux de dénoncer les princes et les bienfaiteurs. Le même pape annule toutes les excommunications lancées injustement contre les familiers du couvent, ceux qui cuisent à leurs fours ou qui moulent à leurs moulins ; défend aux évêques d’excommunier les moines de Fontenay sans une permission spéciale, de les examiner pour les ordres ; de leur refuser l’ordination, excepté pour des difformités publiques ; les dispense de recevoir gratis les évêques, les autorise à prendre le Saint-Chrême chez les évêques les plus voisins, sans rétribution; approuve les indulgences accordées par ses prédécesseurs[1]. En 1250, Innocent IV exempte les religieux des synodes, de toute assemblée ecclésiastique, et commande à l’archevêque de Lyon d’employer les armes spirituelles pour faire respecter les personnes et les propriétés de Fontenay[2].

Cette protection papale ne suffisait pas pour écarter toutes les attaques contre l’abbaye. Il fallait encore celle du duc de Bourgogne, Hugues IV, qui prit sous sa tutelle les forêts de l’abbaye, à condition qu’il aura seul le droit d’y chasser, de partager les amendes et de nommer un forestier, cependant avec l’agrément de l’abbé[3].

Martin, en 1234, avait fait avec les autres abbayes une association de prières et de bonnes œuvres. À cause de cette union, quand un religieux ou simplement un frère venait à trépasser, les autres communautés aussitôt faisaient les cérémonies funèbres comme pour un membre du couvent même.

C’est pour cela que dans le ménologe on citait les défunts de toutes les abbayes associées. Cette pieuse union existe encore au moins pour les Ursulines, en France[4].

Notre abbé Martin reçoit d’Émélina, veuve de Marmagne, tous ses biens à condition qu’elle et ses enfants seront soignés, entretenus et sépultures au couvent ; de Huillard de Marmagne, sa portion du moulin, à condition que ses hommes serfs pourront épouser les serves du couvent et réciproquement ; de Jean, chevalier de Montbard, ses droits sur la dîme de Marmagne, pour six setiers d’avoine, une pièce de vin, et son homme Richard avec ses héritiers ; de Jean et d’Adéline des Arrans le droit de pâturage et l’usage du bois pour les serviteurs de l’abbaye dans la forêt des Arrans ; de Milon de Saint-Florentin, dix journaux entre Corbeton et le moulin de Pépini ou Poupenot ; de Agnès de Lucenay, droit de pâturage sur Lucenay ; de Agnès, veuve de Manassés, chevalier de Sennevoi, tout ce qu’elle avait, in noa Johannis Sennevoi cognomine Rossel, antequam habitum religionis in domo Fonteneti acciperet ; le tout était assis sur la rivière de Sennevoi[5].

Par son testament, Marie de Darcey choisit sa sépulture à Fontenay dans la chapelle des Darcey, la première du côté de l’évangile. Blanche, veuve de Hervé, seigneur de Sombernon, fille de Mathieu d’Étais, donne à Fontenay 100 sous à prendre à Sombernon sur les foires de Saint-Macon[6].

L’abbé Martin eut un procès avec les Templiers pour les dîmes de Nogent[7]. À la même époque, il donna aux religieuses de Jully-les-Nonnains 10 sous dijonnais pour leur vigne sur la fontaine Gravain. En 1251, il signe le testament d’un Thomas de Tonnerre qui laisse son bien aux moines de Fontenay, à condition qu’ils l’emploieront à doter des filles pour leur mariage.

Cet abbé est cité dans un titre de Molesmes de 1244, dans une charte de Châtillon de 1252, et dans les tables de Clairvaux.

Son inscription contient ces mots: pie curem Fonteneti egit, jacot ad gradum Presbyterii ejusdem ecclesiæ.

  1. Cart. Font. 29-30-33-35-41, passim.
  2. Cart. Font. 29-30, passim.
  3. Cart. Marmag. 101.
  4. Mignard, 5, abbayes, 95 et man. de Châtillon.
  5. Cart. Marm. 17-77. — Chifflet, 1174. — Cart. Montbard. 20, passim.
  6. Chifflet, 1475.
  7. Cart. Nog. 76.