Monographie de l’abbaye de Fontenay/2-31

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Librairie Saint-Joseph (p. 188-191).

31e abbé

Philibert Foucaut, 1500-1515

Cet abbé avait fait profession chez les bénédictins, mais à l’abdication de son oncle il les quitta pour se retirer à Fontenay dont il fut nommé abbé par le Pape contre un certain Illiers qui avait déjà été élu par le général de Cîteaux. Ces deux nominations faites officiellement l’une contre l’autre annoncent qu’il y avait au couvent de graves divisions et que la mitre abbatiale excitait déjà des convoitises[1].

En 1503, Philibert reçoit du cardinal Georges d’Amboise, archevêque de Rouen, le droit de porter la mitre, la crosse, l’anneau, et de donner la bénédiction papale après la messe. Ces insignes avaient déjà été portés par Jean de Laignes au mariage du duc de Lancastre, à la chapelle du château de Montbard. Seulement il n’était pas question de la bénédiction papale[2].

Cet abbé en 1505 vendit à Jacob et à Jean Jacob Cosseret de Marmagne, une petite maison derrière le Pressoir, amodia aux mêmes pour trois vies le foulon et le batteur de Choiseau avec leurs dépendances pour soixante sous tournois, qui valaient trois francs ; deux chapons estimés cinq sous tournois, et quatre plats de poisson estimés quatre blancs, à fournir aux quatre-temps. La même année Guy de Rochefort-Asnières donne au couvent son moulin de Buffon[3].

Alexandre VI, en 1510, accorde à l’Ordre de Cîteaux l’indulgence du Jubilé. Cinq ans après Léon X donne aux mêmes religieux la faculté de gagner l’indulgence sans aller à Rome, pourvu qu’ils visitent une fois trois autels de la même église[4].

En 1513, Philibert amodie pour la première fois à Joannin Plaisant la ferme du Pressoir moyennant trois muids, moitié blé, moitié avoine. Ce Plaisant ne serait-il pas parent de Plaisant, prieur de Fontenay, dont la tombe est encore sous le cloître[5] ?

Cette première amodiation d’une ferme aussi considérable annonce déjà le malheur de notre abbaye. Elle n’a plus assez de convers ou de Donnés pour cultiver ses terres. Elle est obligée de les confier à des mains étrangères, car les vocations monacales commencent à diminuer. Le protestantisme se fait sentir. Cependant les donations se font encore. Jean Frouard et Jeanne Belet, son épouse, de Courcelles, donnent seize soitures de prés pour des prières[6].

L’abbé Philibert est cité dans les tables de Clairvaux en 1500. Il fut inhumé à Fontenay avec cette épitaphe : hic jacet Philibertus Foucaut, quondam abbas Fonteneti, quoctodecim abbatizacit, et ut ipse ejusque successores abbates mitra, annuleo et cœteris insignibus Pontificalibus, frui nec non et benedictionem solemnem largiri posset, obtinuit. Tandem animam exhalavit devote die quinte Augusti, anno Domini 1516. (Gallia. Christ.) Dans l’original de la Charte du cardinal d’Amboise, Fontenay est écrit Fontanagum[7].

Sepultus est in introitu ecclesiœ.

  1. Gallia Christ. Series abbatum.
  2. Cart. Font. 67.
  3. Cart. de Marm. 437.
  4. Cart. de Marm. 47.
  5. Cart. de Marm. 295.
  6. Cart. de Font. 134.
  7. Gall. Christ.