Monographie de l’abbaye de Fontenay/Chapitre 10

La bibliothèque libre.
Librairie Saint-Joseph (p. 63-66).

CHAPITRE X

Affranchissement des communes dépendantes de Fontenay


Notre abbaye avait la seigneurie de Marmagne, Saint-Remy, Fresnes, Éringes,La Villeneuve, Étormay, Planay, Fontaines-les-Sèches, Poiseul-la-Grange et Corpoyer.

L’affranchissement le plus intéressant pour nous est celui de Marmagne du 26 septembre 1571, ainsi conçu :

À tous présents et à venir, salut : Nous, Jean de la Brosse, par la permission divine, Archevêque et Comte de Vienne, abbé commendataire de l’abbaye de Notre-Dame de Fontenay, de l’Ordre de Cîteaux, au diocèse d’Autun… savoir faisons, comme par ci-devant les Manants et habitants de notre village de Marmagne, nos sujets en toute justice haute, moyenne et basse, et main-mortables, nous ayant par ci-devant présenté leur requête, par laquelle moyens et causes y contenus, Nous auraient très instamment supplie et requis les vouloir jeter et mettre hors de la servile condition de main-mortables en laquelle ils sont constitués, pour de leur mieux nos affaires réformer et avoir occasion de plus librement et plus saintement colloquer leurs enfants par le lien de mariage, à quoi faire ne pouvant parvenir par le moyen de ladite main-morte ; et en ce faisant, les affranchir pour eux, leur postérité née et à naître perpétuellement, et sous leur offre de tous à continuer à nous être bons et loyaux sujets et payer les redevances seigneuriales et autres auxquelles ils sont affectés et tenus annuellement, laquelle requête aujourd’hui, d’icelle siégeant à notre abbaye, assisté de Dom Claude Charraut, prieur, Jean Testard, sacristain, Claude Leblanc, Clément Gosson, Jean Moreau, chantre, Guillaume Guildret, sous-prieur, Charles Dufraisne, Pierre Tonnant, Guillaume Plaisant, Pierre Merlet, Valentin Billoquet, Pierre Odinot et Didier Perrier, tous religieux et profés de ladite abbaye, capitulairement assemblés, au son de la cloche, en notre Chapitre pour deviser et négocier des affaires d’icelle abbaye et spécialement pour les cas dont s’agit, nous a été d’abondant et verbalement rafraîchi par nos sujets et habitants de Marmagne qui ont comparu par devant Jean Susseret, Monnet, Philibert Croisson, Pierre Colléton, Léonard Remond, Guillaume de Paris, Jean de Paris, blanchisseurs… tous représentant la plus grande et saine partie des habitants de Marmagne, lesquels Nous ont très humblement supplié et requis vouloir, comme dessus est dit, affranchir leur postérité née et à naître, et la jeter hors de ladite servitude et lien de mainmorte, sous considération qu’un tel droit est de peu de profit à notre église, attendu que ce ne sont que des choses qui arrivent casuellement et que telles servitudes sont de tout à réprouver pour l’ignominie d’iceux, offrant Nous payer par chaque an insolidairement une somme pour droit de bourgeoisie, sur quoi communication faite a gens notables gradués, pour ce faire par Nous assemblés, Nous ayant sur ce donné ample avis et suivant que tel droit est de peu de profit pour notre abbaye, nous, lesdits Abbé et Couvent avons de nos grâces et puissances tant pour Nous que nos successeurs jeté et jetons nos dits sujets de Marmagne de ladite servitude et mainmorte et iceux affranchis et manumis eux, leurs hoirs, enfants, postérité née et a naître aussi perpétuellement, leur promettant jouir et user du droit d’affranchissement comme font les bourgeois et manants et résidants en bonnes villes de Dijon, Chalon, Beaune, Semur, Autun, Saulieu, et sans que, par ci-après, ils puissent encourir aucune peine de ladite servitude moyennant que nos dits sujets promettent nous payer annuellement nos droits seigneuriaux, tierce à raison d’une sur 13 dans la montagne, une sur 18 dans la vallée, la taille seigneuriale, dix livres tournois comptés pour vingt sous, le sou pour 12 deniers tournois : s’ils y manquent, une amende de 65 sous tournois…

Cette copie a été faite sur l’original en parchemin à Fontenay, par Monsieur Bidet, archiviste à Semur, le 15 Juin 1785. (Arch. de la commune.)

Les promesses faites par les habitants de Marmagne, pour obtenir leur affranchissement, ne furent pas tenues longtemps comme on peut le voir dans la Monographie de Marmagne, page 32.

Des lettres semblables d’affranchissement furent aussi données, à Fresne en 1530 par Jacques de Jaucourt, le dernier abbé régulier de Fontenay ; en 1666, à Poiseul-la-Grange par Charles Ferrières de Sauvebeuf, 7e abbé commendataire.

Nous n’avons pu trouver l’affranchissement des autres communes dépendantes de Fontenay.


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