Napoléon (O. C. Élisa Mercœur)

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Œuvres complètes d’Élisa Mercœur, Texte établi par Adélaïde AumandMadame Veuve Mercœur (p. 277-278).


NAPOLÉON.

 
Pour prix de son génie, il demanda le monde…
Et le monde lui fut donné !
Élisa Mercœur.
 

Il apparaît, monté sur des débris de lois,
Comme avec son hochet joue avec la victoire ;
Il donne l’univers pour patrie à sa gloire,
Et court en ne marchant que sur le front des rois.
Ses bras pour l’y placer, font un trône des trônes,
Il s’y place !… chargé d’un fardeau de couronnes
        Sans qu’il fléchisse sous leur poids.

Des éclairs qu’il lançait, il dévorait la terre,
Ce tonnerre tombé qu’éteignit l’Océan…
Toi qu’il gagna, perdit France, ma triste mère !
Pourquoi regardes-tu cette ombre de géant ?

Sur le soir orageux de ton jour de démence,
Naguère il vint briller, semblable à l’espérance,
Quand ton glaive sur toi frappant ses coups mortels,
        Tu souillais la palme civique,
Du sang qui, vil parfum, brûlait sur les autels
        De ta liberté fanatique.

Bientôt mœurs, sceptres, lois, tout s’enfuit, entraîné
        Par sa puissance vagabonde.
Pour prix de son génie, il demanda le monde…
        Et le monde lui fut donné !
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(1828.)