Napoléon et la conquête du monde/I/28

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H.-L. Delloye (p. 122-123).

CHAPITRE XXVIII.

ARC DE TRIOMPHE DE L’ÉTOILE.



On allait, d’après les ordres reçus les années précédentes, recouvrir de marbre blanc l’arc de triomphe de l’Étoile ; déjà Canova et Chaudet avaient achevé le modèle des deux statues colossales de la Gloire et de la Paix qui devaient, assises et adossées, couronner de leur repos majestueux le gigantesque édifice ; les deux sculpteurs étaient sur le point de tailler leurs marbres ; mais les travaux furent arrêtés ; une autre matière plus glorieuse devait remplacer celle-là. Des canons sans nombre avaient été pris sur l’ennemi, machines inutiles depuis que l’Europe soumise n’avait plus besoin de la mort qui sort de leurs bouches pour le grand jeu qu’elle avait perdu.

L’empereur ordonna que l’arc de l’Étoile fût entièrement revêtu du bronze de ces canons pris dans la dernière guerre. Aussi, depuis ce temps, fut-il nommé la porte de bronze, et onze années plus tard la porte d’or, lorsqu’en 1828 le bronze eut été entièrement doré.

Les deux colonnes de la barrière du Trône, dans la grande rue Impériale, furent aussi recouvertes de ce bronze vaincu. Une d’elles portait en lettres d’or les noms des combats de cette dernière campagne, et l’autre ceux des généraux qui s’y étaient le plus illustrés.

Mais ces manifestations éclatantes de la gloire et de la puissance de Napoléon ne semblèrent plus rien, et s’évanouirent devant le Moniteur du 15 août 1817, nouvel anniversaire de sa fête et de sa naissance. Il aimait ce rapprochement de date, comme s’il fondait l’histoire dans lui-même, et comme si son nom dût envelopper ainsi toutes les grandes révolutions du monde. Ici, c’était l’asservissement de l’Europe.

Je copie ce Moniteur.