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Notes sur le Grand-Pressigny et ses environs (3)

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Bulletin de la Société archéologique de TouraineVI (p. 409-432).

Notes sur le Grand-Pressigny
et ses environs

Suite[1]


VII
Famille de Savoir-Villars

1. — René.

René, comte de Villars, Tende, Sommerive, Beaufort en Anjou, baron de Pressigny, seigneur de Ferrière-Larçon, Gondrant, Virieu-le-Grand, Virieu, Aspremont, Saint-Julien, etc., grand-maître de France, gouverneur et grand sénéchal de Provence, chevalier des ordres du Saint-Esprit et de Saint-Michel.

Il était fils naturel de Philippe Ier, duc de Savoie et de Bonne de Romagne, dame piémontaise.

S’étant rendu acquéreur de Pressigny et de Ferrière-Larçon, il fit hommage pour ces terres à François Ier, le 18 juillet 1523.

René fut un des guerriers les plus remarquables de son siècle. Le duc Philibert, dit le Beau, son oncle, lorsqu’il eut hérité des États de Savoie, le nomma en 1500 son lieutenant général et lui accorde des lettres de légitimation. Il se rendit à Rome pour les faire confirmer par le saint-siège, mais son acte de légitimation fut annulé par l’empereur, grâce aux intrigues de Marguerite d’Autriche, deuxième femme de Philibert.

Dévoué à la France et en butte aux persécutions de la duchesse de Savoie, qui ne pouvait pardonner aux Français l’injure que Charles VIII lui avait faite eu refusant de l’épouser, René fut obligé de s’expatrier. Il se retira à la cour de France vers le mois de juin 1502 et s’attacha au service du roi Louis XII qu’il accompagna à Gènes en la même année. Louis XII le nomma ensuite gouverneur et sénéchal de Provence. Après la mort de Louis XII, le crédit de René ne fit qu’augmenter à la cour sous François Ier, son neveu maternel. En 1515, il assista avec tous les princes à la cérémonie qui se fit à Amboise pour le baptême de François, dauphin de France. Il se signala à la bataille de Marignan, et François Ier lui confia, ainsi qu’à Trivulce, le commandement de sept cents lances et de sept mille Allemands envoyés au secours des Vénitiens, nos alliés, qui avaient assiégé Bresle, où Barthélémy d’Aviano, leur général fut tué.

Il fut choisi par le roi, avec le comte de Foix, seigneur de Lautrec,en 1515, pour conclure la paix avec les cantons suisses, (lettres patentes de François Ier du 28 septembre 1515).

Le 26 juin 1517, il porta au parlement de Paris une lettre de François Ier, enjoignant l’enregistrement immédiat du concordat que le parlement refusait d’enregistrer ; le parlement, au lieu d’obéir, dépêcha deux de ses membres vers le roi afin de réclamer contre l’envoi de René qui, n’étant pas pair de France, n’avait pas droit d’entrer dans l’assemblée, ce qui irrita fort le roi contre le parlement. La charge de grand maître de France lui fut confiée en 1519.

En 1521, il fut chargé par le roi d’une mission auprès des cantons suisses dans le but d’obtenir leur concours à l’occasion de la guerre que François Ier soutenait en Italie pour la possession du duché de Milan. Dans ce voyage, René avait cinq cents chevaux à sa suite. Il leva seize mille Suisses et les conduisit à Lautrec, qui était alors à Milan. Il se distingua au combat de la Bicoque (1522). En 1523, il assista en qualité de grand maître de France à plusieurs conseils tenus à Paris par François Ier contre Charles-Quint et contre Charles de Rourbon, alors en état de rébellion. Il fut envoyé ensuite en Bourbonnais avec quatre mille hommes de pied et cinq cents chevaux pour s’emparer des meilleures places de cette province, la pacifier et la faire rentrer sous l’obéissance du roi.

Enfin, en 1525, René, chargé d’un commandement important combattit à la bataille de Pavie et y fut blessé grièvement. Il mourut en la même année des suites de ses blessures. « Le roy, dit Martin du Bellay dans ses mémoires, ayant deffait la première troupe qu’il avoit trouvée, estant ses lansquenets deffaits et les Suisses retirés, tout le faiz de la bataille tomba sur luy, de sorte qu’enfin son cheval luy fut tué entre les jambes et luy blessé en une jambe, et de ceux qui estaient près de luy furent tués : l’amiral de Bounivet, le seigneur Louis de la Trémouille âgé de soixante-quinze ans, le seigneur Galeas de Saint-Severin, grand écuyer de France,le seigneur de Saint-Severin, premier maistre d’hôtel du roy, le seigneur de Marafin, aussi son premier écuyer d’écurie ; et furent pris le maréchal de Foix et le bâtard de Savoye, grand maître de France, lesquels depuis moururent des blessures qu’ils y reçurent. »

Il avait épousé par contrat du 14 février 1498 Anne de Lascaris, comtesse de Tende, issue des Lascaris, empereurs de Constantinople, fille de Jean-Antoine de Lascaris, comte de Tende, et d’Isabeau d’Anglure, et veuve en premier mariage de Clermont de Lodève, vicomte de Nebouson.

Le 15 janvier 1532, Claude de Lestenou seigneur de Boucferré consentait une déclaration féodale à l’occasion de cette seigneurie à Anne de Lascaris veuve de René de Savoie.

De ce mariage sont nés :

1o Claude, comte de Tende, colonel des Suisses, gouverneur et sénéchal de Provence, né le 27 mai 1507 et mort subitement à la Cadranache en 1566. Il eut d’un premier mariage avec Marie de Chabannes, Honorat, comte de Sommerive et d’un second mariage avec Françoise de Foix, René comte de Cypierre et une fille mariée à N. sieur du Cardet, de la maison de Saluées. — Tandis que Claude, comte de Tende, protégeait les protestants en Provence, son fils Honorat, comte de Sommerive, se mettait à la tête des catholiques et faisait la guerre à son propre père. En 1562, le comte de Sommerive prit Orange qu’il dépeupla par d’horribles cruautés ; la même année il s’empara de Sisteron et fit périr dans les supplices plus de treize cents réformés dont cinq cents femmes et enfants. Le comte de Cipierre, uni à son beau-frère le sieur du Cardet, luttait de son côté contre son propre frère dans le camp protestant, mais Cipierre fut massacré dans Fréjus en 1568 avec une trentaine de ses amis et le comte de Sommerive fut accusé d’avoir préparé ce meurtre.

2o Honorat, qui suit.

3o Madeleine, première dame d’honneur de la reine Élisabeth d’Autriche, femme de Charles IX, mariée le 10 janvier 1526 à Anne, duc de Montmorenci, connétable de France.

4o Marguerite, mariée par contrat passé à Crémieu en Dauphiné le 7 mars 1536 à Antoine de Luxembourg, comte de Brienne. Le roi assista à son mariage.

5o Isabelle, mariée en 1527 à René de Bastarnay comte du Bouchage. Le portrait d’Isabelle de Savoie et celui de René de Bastarnay, son mari, occupent deux médaillons qui existent dans les angles des portes de l’église de Montrésor. Leur mausolée se trouve aussi dans la même église. — Une difficulté survenue entre Honorat, baron de Pressigny et le comte de Bouchage, son beau-frère, donna lieu à un arrêt que relate du Boullay dans son commentaire de la coutume de Touraine, article 73.

6o Et Renée, mariée à Jacques, marquis d’Urfé.

2. — Honorat, fils du précèdent.

Honorat, marquis de Villars, baron du Graud-Pressigny, etc., maréchal et amiral de France, gouverneur de Guyenne de Provence, gouverneur du château de Loches, chevalier de l’ordre du Saint-Esprit.

Né en 1509.

Il fit hommage au roi pour la baronnie du Grand-Pressigny le 25 novembre 1546.

Honorat, marquis de Villars, prit une part active à la guerre de Lorraine en 1553 et fut chargé avec Montmorenci et le comte Ringraff de la direction des opérations militaires dans les environs de Therouenne, puis le roi le chargea d’une négociation importante auprès de Maurice, duc de Saxe.

Il se trouva à la défense de Hesdin lorsque cette ville fut prise par Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, général de l’armée de l’empereur Charles-Quint ; il assista aussi à la bataille de Saint-Quentin, où il fut blessé. Après la défaite de l’armé royale, il se jeta dans la ville de Laon avec Condé et Montmorenci, et s’étant introduit avec 300 hommes d’armes dans Corbie, assiégée par les impériaux, il empêcha la prise de cette place.

En 1565, il accompagna Charles IX à Bayonne, et l’année suivante on le voit figurer dans l’assemblée des grands de France tenue à Moulins.

Dans nos guerres religieuses, à la tête des catholiques, les protestants trouvèrent en lui un adversaire courageux et parfois rigoureux. Il prit une part glorieuse à la bataille de Montcontour (1569). Dans une charge que le duc d’Anjou fit pendant cette bataille, ce dernier courut les plus grands dangers ; entouré par les ennemis il eut son cheval tué sous lui, mais le marquis de Villars qui était à ses côtés le remonta.

Il assista au siège de Poitiers, à la bataille de Saint-Denis et à différents combats livrés en Touraine.

Ses services militaires furent récompensés par le bâton de maréchal de France et parla charge d’amiral de France (1572). Il succéda en cette dernière fonction à Coligny, l’une des victimes les plus illustres de la Saint-Barthélémy. Puis le roi lui confia une armée de 8,000 hommes d’infanterie et de 2,000 hommes de cavalerie destinée à l’occupation du Quercy et pays circonvoisins.

En 1573, il assiégea et prit Saint-Geniez en haut Quercy et emmena le seigneur du lieu prisonnier à Cahors, malgré la composition de vie et bagues sauves à lui accordée. Il fit capituler Brifenel en baut Rouergue, mais au mois de mai il perdit Sorèze, Montesquiou à deux lieues de Toulouse, Lodève et les Mas-Sainte-Puelle, près de Casteluaudari. En Gascogne, ses armes furent plus heureuses : Terride, Flaignac et généralement tout ce que les protestants occupaient en cette province au delà de la Garonne tomba en son pouvoir. Cependant Caussade lui résista et arrêta le cours de ses exploits. LaMotte-Pujol gardait cette place avec 600 arquebusiers Villars y perdit une partie de son armée ; le vicomte de Gourdon, au passage de la Dordogne, la réduisit encore d’une compagnie. Ces pertes déterminèrent la dissolution de ses troupes et ce qui en resta, harcelé par Gourdon, s’achemina vers La Rochelle, place protestante assiégée par les catholiques.

Honorat fut nommé chevalier du Saint-Esprit le 1er janvier 1579.

Il mourut au Grand-Pressigny le 20 septembre 1580 ; il fut inhumé dans l’église du Grand-Pressigny, et Dubuisson, dans sa relation manuscrite d’un voyage qu’il fit en Touraine vers 1650, nous apprend que l’on voyait dans l’église du Grand-Pressigny une très belle table contenant une inscription en lettres d’or ainsi conçue : « Ci gist Honorat de Savoie, marquis de Villars, comte de Tende, admirai de France, chevalier des deux ordres du roy et lieutenant-général pour Sa Majesté en Guienne, qui décéda à Pressigny le 20 septembre 1580, et sa femme, Jeanne de Foix, vicomtesse de Castillon et captale de Buch, qui décéda le 30 mai 1542. » — Cette table était surmontée d’un écusson couronné aux armes du marquis de Villars, entouré des colliers des ordres de France « écartelé au 1er et dernier de gueules à la croix d’argent de Savoie, au 2e et 3e de gueules encore écartelé, au 1er et dernier un aigle à deux testes esployées et couronnées de même au 2e et 3e, chef d’or. »

Par son testament en date de 1574 et ses codiciles d’avril et de mai 1579 il donna au chapitre de Sainte Barbe érigé en l’église du Grand-Pressigny une rente de 1,000 livres. (Voir à l’article chapitre du Grand-Pressigny).

Il figure comme parrain dans un acte de baptême inscrit aux registres de l’état civil du Grand-Pressigny à la date du 13 août 1579 ; la marraine était Anne de Rochechouart, dame de Villequier et d’Etableau ; l’un des parrains était Philippe de Créqui seigneur des Bordes.

Il avait épousé Jeanne de Foix, fille d’Alain, comte de Foix et de Castillon, et de Françoise de Montpezat. Jeanne de Foix est décédée le 30 mai 1542 et elle eut sa sépulture dans l’église du Grand-Pressigny, ainsi que le fait connaître l’inscription précitée.

De son mariage est née Henriette, qui suit :

3. — Henriette, fille du précédent.

Henriette de Savoie-Villars fut d’abord fiancée à Jean IX de Créqui, prince de Foix, fait prisonnier près de Doulens, tué à la bataille de Saint Quentin en 1557.

Elle épousa le 26 janvier 1560 Melchior des Prez, seigneur de Montpezat et du Fou, maître des eaux et forêts, gouverneur et sénéchal du Poitou, chevalier de l’ordre du roi et son lieutenant en Guyenne, seigneur de Citière en Poitou, grand sénéchal de Châtellerault en 1544, nommé à cette fonction à l’âge de vingt ans. Il était fils d’Antoine de Lette, seigneur des Prez, de Montpezat et du Fou, grand sénéchal du Poitou, sénéchal et gouverneur de Châtellerault.

Une empreinte du sceau des Montpezat se trouve au bas d’une sentence rendue au nom de sénéchal du Châtellerault le dernier jour de juin 1539. Il porte trois chevrons au chef chargé de trois étoiles : pour légende : de Montpezat s. de Châtellerault. (Archives du département de la Vienne, chap. de N.-D. de Châtellerault, liasse 19e. — L’abbé Lalanne, Histoire de Châtellerault.)

Et par contrat du 23 juillet 1576, elle épousa en secondes noces Charles de Lorraine, duc de Mayenne, pair, amiral et grand chambellan de France, chevalier des ordres du roi, lieutenant général de ses armées, gouverneur de Bourgogne, qui mourut à Soissons le 3 octobre 1611, âgé de cinquante-sept ans.

De son mariage avec Melchior des Prez sont nés :

1o Philibert Emmanuel, qui suit.

2o Henri, seigneur de Montpezat, nommé à l’évéché de Montauban qu’il quitta, et depuis, capitaine de cinquante hommes d’armes, gouverneur de Muret et de Grenade, mort le 14 août 1619 sans laisser d’enfants de Suzanne d’Aure, sa femme.

3o Claude, mort en 1597.

4o Jacques, mort en 1616.

5o Éléonore, mariée à Gaspard de Pontevez, comte de Garces, sénéchal de Provence.

6o Madeleine, abbesse de Saint-Puitz de Nonenque.

7o Gabrielle, mariée à Jean de Saulx-Tavannes, fils du maréchal de Tavannes.

8o Madeleine, mariée le 23 octobre 1583 à Rostaing, comte de la Baume-Suze, fait prisonnier à Montélimart le 20 août 1587, laissant de cette union : 1o Jacques-Honorat de la Baume, comte de Suze, marquis de Villars et héritier de Philibert-Emmanuel, son oncle, qui va suivre. Il épousa Françoise Apronne des Porcelets de Maillane ; 2o Marguerite épouse de Henri de Beaumanoir, marquis de Lavardin.

De son mariage avec le duc de Mayenne sont nés :

1o Henri de Lorraine, duc de Mayenne et d’Aiguillon, pair et grand chambellan de France, gouverneur de Guyenne, né à Dijon le 20 décembre 1578, tué au siège de Montauban en 1621 sans laisser de postérité de Henriette de Gonzague-Clèves qu’il avait épousée en 1599. (Voir à l’article Philibert-Emmanuel, ci-après, la relation de ses funérailles.)

2o Charles-Emmanuel, comte de Sommerive, né la 19 octobre 1581, mort en 1609 à Naples, sans alliance.

3o Catherine, mariée en 1599 à Charles de Couzagues duc de Nevers et de Mantoue, morte le 8 mars 1618, âgée de trentetrois ans. On trouve sur les registres de l’état civil du Grand-Pressigny la note suivante : « Le 21 septembre 1623, jeudi, le duc de Nevers vint au Grand-Pressigny, arrivant du havre de Nantes visiter ses vaisseaux ; il s’y arrêta pour dîner et s’en alla vers Nevers. »

4o Et Renée, alliée en 1613 à Mario Sforce, duc d’Ognano, morte le 23 septembre 1638 à Rome.

Par un contrat passé le 15 juin 1594, Henriette de Savoie avait consenti aux chanoines du chapitre du Grand-Pressigny une donation, mais elle voulut restreindre ensuite l’étendue de cette donation et elle contraignit les chanoines à accepter une convention qui leur était défavorable. Ils se pourvurent plus tard devant le roi et la donation primitive fut maintenue. (Voir chapitre du Grand-Pressigny.)

VIII
Famille des Frez-Montpezat

Philibert Emmanuel, dit de Savoie-Villars, fils de la précédente.

Philibert-Emmanuel, dit de Savoie, marquis de Villars, baron de Pressigny, sénéchal de Châtellerault, seigneur de la Brosse et de la Citière en Poitou. Il hérita de la baronnie du Grand-Pressigny du chef de sa mère.

Il épousa Léonore de Thomassin, fille de René de Thomassin, seigneur de Montmartin, qui ne lui donna pas d’enfants.

Cette dame figure comme marraine dans plusieurs actes de baptême inscrits sur les registres du Grand-Pressigny, notamment aux dates du 30 mars 1615 et 8 mai 1617.

Philibert prit une part active, pendant les trou blés religieux, aux luttes que les catholiques soutinrent contre les protestants du Quercy. Chargé de la pacification de cette province en état de rébellion, il vint à la tète d’un détachement de l’ armée royale concourir au siège de Montauban (1621). Blessé grièvement devant cette place au début du siège, le 1er septembre 1621, il mourut des suites de ses blessures le 5 du même mois, et son corps fut rapporté au Grand-Pressigny,où il fut inhumé en grande pompe.

Une note inscrite sur les registres de l’état civil de la paroisse du Grand-Pressigny nous fournit la relation des cérémonies de son inhumation ; on y voit que le corps avant d’avoir sa sépulture dans l’église du Grand-Pressigny fut apporté d’abord dans celle de Saint-Martin de Pressigny, où il resta déposé depuis le 29 novembre 1621 jusqu’au 1er février suivant, jour de son inhumation au Grand-Pressigny.

Nous reproduisons ici cette note :

.Le cinquième jour de septembre 1621, trépassa de ce siècle haut et puissant seigneur Philibert-Emmanuel de Savoie, marquis de Villars et baron de Pressigny, près Montauban, et mourut icelui pour avoir été brûlé des poudres avec beaucoup d’autres, lequel brulement arriva le mercredi premier jour dudit mois de septembre, et mourut le dimanche cinquième jour en suivant.

« Le corps dudit défunt seigneur fut fait amener par madame sa chère épouse et fut conduit icelui corps fort honorablement avec plusieurs gens d’église et grand nombre de noblesse et très grand nombre d’autres personnes jusque dans l’église de Saint-Martin de Pressigny et y fut laissé et déposé depuis le jour de l’arrivée du corps qui fut le 29e jour de novembre 1621 jusqu’au 1er jour de février 1622 que le corps fut amené fort solennellement dans un chariot couvert d’un drap mortuaire de velours noir, avec l’assistance de Mgr l’évèque de Périgueux, qui fit l’office, avec l’assistance de M. de Villeloing, de M. l’abbé de Noyers et jusqu’au nombre de cent autres ecclésiastiques que religieux.

« A laquelle sépulture était assistant portant le deuil, M. le comte de Suze, neveu du défunt, et deux autres envoyés de la part de Madame de Carces et de Madame de Tavannes.

« Se trouva le jour de ladite sépulture jusqu’au nombre de 1,400 pauvres, dans lesquels pauvres il y en avait cent qui avaient chacun une robe noire, tous lesquels étaient destinés à porter des torches.

« M. le duc de Mayenne, frère dudit défunt seigneur baron de Pressigny, fut tué d’une arquebusade dont une balle lui donna dans l’œil gauche et fut tué tout mort. Il n’a été tant fait de solennité à son corps qu’à celui de son frère ci-dessus fut tué onze jours après la mort de son frère…

Nous indiquons ici les noms des quelques personnes qui furent attachées à la maison du marquis de Villars de 1612 à 1620 : — 1612, Claude Gruyer, aumônier ; 1613, Marc Rodier, secrétaire ; François Marsay, pourvoyeur ; Mathurin Noguet, concierge ; 1615, Etienne de Mathé, écuyer, maître d’hôtel ; Pierre Venin, tapissier ; Marthe Jaquet, fille de chambre ; 1616, Charles Raguin, receveur ; Jean Vallée, valet de chambre ; Jean Dichyer, peintre.

Après la mort de Philibert-Emmanuel, Jean Frédéric de Foix, comte de Gurson, son créancier de 45000 livrés fit saisir la terre du Grand-Pressigny sur : 1o Charles de Gonzague de Clèves, duc de Nevers, comme père et tuteur légal des enfants nés de son mariage avec Catherine de Lorraine ; 2o Renée de Lorraine, duchesse d’Onano ; 3o Jacques Honorat de la Beaume, comte de Surie, marquis de Villars ; 4o et Gabrielle des Prez de Montpezat, vicomtesse de Tavannes, tous héritiers de Philibert-Emmanuel.

Pierre Juteau fut établi commissaire à la saisie ; Julien Gautier se rendit fermier judiciaire de cette terre, et enfin par décret du parlement en date du 16 juillet 1627, de Paris, elle fut vendue et adjugée à Pierre Brulart de qui suit.

IX
Famille Brulart de Sillery

1. — Pierre Brulart.

Pierre Brulart, marquis de Sillery, vicomte de Puisieux, baron de Pressigny, seigneur de Marine, Berni, etc., conseiller du roi, commandeur de ses ordres, secrétaire d’État, etc., était fils de Nicolas Brulart, seigneur de Sillery en Champagne, ambassadeur et chancelier de France.

« Pierre Brulart, dit Moréri d’après Fauvelet du Toc et Anselme, fut secrétaire d’État sous Henri IV et sous Louis XIII ; il fut reçu en cette charge eu 1606, en survivance de Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroi, dont il avait épousé la petite-nièce. Cette alliance et cette charge furent favorables à son avancement, et le roi l’honora l’année suivante de l’office de grand trésorier de ses ordres. Après la mort de Henri IV, la reine lui confia les plus importantes affaires. Elle l’employa à la négociation du double mariage des princesses de France et d’Espagne et l’envoya ambassadeur extraordinaire pour en faire signer les contrats. Il fut aussi envoyé sur la frontière pour l’échange des deux reines et il eut l’honneur de saluer le premier celle de France sur la rivière d’Andaye. Son autorité dans le conseil du roi était telle que le maréchal d’Ancre qui ne souffrait qu’avec une peine extrême le chancelier de Sillery et Villeroi, qu’il appelait les barbons, conçut de l’ombrage de son génie et le fit éloigner de la cour en 1616. Sa disgrâce, lui fut d’autant plus glorieuse que tout le monde savait qu’elle n’avait point d’autre cause que la probité de son père, celle du grand-père de sa femme et la sienne particulière. L’année suivante, après l’assassinat du maréchal d’Ancre, il fut rappelé et rétabli dans sa charge avec honneur. Pendant la faveur du connétable de Luynes, il ne cessa pas d’exercer sa charge, et dès qu’il fut mort il posséda tellement les bonnes grâces du roi qu’il disposait presque de tout. Lors du siège Montpellier, il négocia de la paix avec les huguenots, rendit le roi maître de la place et l’y fit entrer en armes. Sa Majesté, voulant reconnaître ce service le fit chevalier de ses ordres en présence du prince de Condé, ce qui n’empêcha pas que ceux qui se mirent en faveur ne lui fissent donner ordre de se retirer aussi bien qu’à son père en 1624. On tâcha d’obtenir de lui sa démission, mais il la refusa avec fermeté et ne voulut jamais recevoir 50,000 écus et ensuite 200,000 livres que le roi lui offrait pour récompense, avec son rang au conseil des dépèches et l’ambassade de Rome. Sa fermeté fut trouvée si juste qu’après sa mort même ses héritiers touchèrent cette somme. Pendant sa faveur, il ne tint qu’à lui d’être fait duc et pair, mais sa modération l’empêcha d’accepter cette haute dignité que le roi lui offrait. Il vécut dans sa retraite avec une égalité et quiétude admirables et y mourut le 22 avril 1640, âgé de cinquante-sept ans. »

Un manuscrit du fonds de Saint-Germain, bibliothèque nationale, no 1553, fournit des détails assez curieux sur la lutte de Vieuville et des Brulart, et sur leurs efforts pour écarter la reine-mère du conseil.

Il épousa en premières noces (1606), Madeleine de Neufville, fille de Charles de Neufville, marquis d’Alincourt et de Villeroi, gouverneur de Lyon, décédée sans laisser d’enfant le 24 novembre 1613.

En second mariage, il épousa par contrat du 11 janvier 1615 Charlotte d’Étampes de Valençay, fille de Jean d’Étampes marquis de Valençay, morte le 8 septembre 1677, âgée de quatre-vingts ans. Elle figure comme marraine sur les registres des baptêmes du Grand-Pressigny à la date du 16 janvier 1628 ; le parrain était Mgr d’Étampes, évêque de Chartres.

Dans ses mémoires, Saint-Simon fournit sur Charlotte d’Étampes des renseignements assez piquants.

« Mme de Puyzieux, dit cet auteur, veuve dès 1640, ne mourut qu’en 1677 à quatre-vingts ans, avec toute sa tête et sa santé. C’était une femme souverainement glorieuse que la disgrâce n’avait pu abattre. On ne pouvait avoir plus d’esprit qu’elle en avait et quoiqu’impérieux, plus tourné à l’intrigue. Elle était dans l’intime confiance de la reine. Revenue de Sillery dès 1640, cette amitié se resserra de plus en plus par les besoins et par les intrigues en sorte, que lorsque la reine fut régente, chacun compta avec Mme de Puyzieux et y a compté tant qu’elle a vécu. Le roi et Monsieur dans leur enfance,ne bougeaient de chez elle ; dans leur jeunesse, ils continuèrent à y aller et tant qu’elle a été au monde, le roi l’a toujours singulièrement distinguée et considérée. Elle était magnanime, et ruina elle et ses enfants. On portait en ces temps-là force points de Gènes, qui étaient extrêmement chers ; c’était la grande parure et la parure de tout âge : elle en mangea pour cinquante mille écus en une année à ronger entre ses dents ce qu’elle avait autour de la tête et des bras. »

De ce second mariage sont issus : 1o Louis qui suit ; 2o Nicolas-François, chanoine de Tours, abbé de Lespau, etc. ; 3o Charlotte, mariée le 15 mai 1641 à François d’Étampes, marquis de Mauny en Normandie, lieutenant général des armées du roi, morte le 22 septembre 1697 ; 4o Léonor-Adam, seigneur de Marine, mort en 1699 ; 5o Claude-Charles, reçu chevalier de Malte le 16 juillet 1640 ; 6o Marie-Éléonore, abbesse d’Avenay, morte le 3 février 1687 ; 7o et Françoise, religieuse.

Sur les registres des baptêmes du Grand-Pressigny, on trouve 1o à la date du 16 janvier 1628, Louis et Charlotte Brulart, parrain et marraine de Charles-Louis de Saint-Amand ; 2o et à celle du 18 février 1645, Claude-Charles et Léonor-Adam, parrains des deux cloches de l’église du Grand-Pressigny.

2. — Louis, fils du précèdent.

Louis Brulart, marquis de Sillery, gouverneur de la ville et citadelle de Damvilliers, baron de Pressigny, seigneur de Ferrière, d’Étableau, etc., mestre de camp d’infanterie.

Né en 1619, mort le 19 mars 1691.

Il épousa le 29 avril 1638 Marie-Catherine-Élisabeth de la Rochefoucault, fille de François de la Rochefoucault, pair de France et de Gabrielle du Plessis Liancourt, née le 16 février 1622, morte le 7 mars 1698.

De ce mariage sont nés :

1o Charles-Roger, marquis de Sillery et de Puisieux, chevalier des ordres du roi, lieutenant général de ses armées, gouverneur d’Huningue, conseiller d’État, ambassadeur en Suisse, mort le 28 mars 1719, âgé de soixante-dix-neuf ans. Il avait épousé en 1668 Claude Godet, dame de Renneville, dont il eut un fils et sept filles. Il figure comme parrain au Grand-Pressigny le 21 novembre 1642.

2o Marie-Catherine, mariée le 23 novembre 1664 à Jean-Baptiste de Rochefort d’Ailly, comte de Saint-Point et de Montferrand. Elle fut marraine de l’une des cloches du Grand-Pressigny le 18 février 1645.

3o Louis, chevalier de Malte, abbé commandataire de Saint-Baud du Gard, mort le 17 juillet 1664 en Portugal, âgé de vingt-deux ans. Il figure comme parrain au Grand-Pressigny les 11 février 1652 et 26 septembre 1655.

4o François, abbé de Saint-Basle, mort en 1668 ; il a signé aussi un acte de baptême sur les registres du Grand-Pressigny le 20 septembre 1657.

5o Achille, baptisé au Grand-Pressigny le 24 juillet 1666[2], chevalier de Malte, aide de camp du vicomte de Turenne, mort à Landau, des blessures qu’il reçut au combat Sintzeim le 3 juillet 1674 à l’âge de vingt ans.

6o Charles-Henri, seigneur de Briançon, enseigne colonel au régiment de Turenne, tué an combat de Saint-Gothard en Hongrie contre les Turcs le 1er août 1664, âgé de treize ans et demi. Il a signé comme parrain un acte de baptême porté sur les registres du Grand-Pressigny à la date du 11 septembre 1657.

7o Fabio, né au Grand-Pressigny le 25 octobre 1655 (nous avons cherché en vain son acte de baptême sur les registres de l’état civil du Grand-Pressigny), évêque de Soissons, membre de l’Académie française, mort le 20 novembre 1714. — A l’Académie française, il succéda à Etienne Pavillon, et le fauteuil qu’il occupa l’a été dans ces derniers temps par Lamartine. Son éloge se trouve dans le tome III des mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

« Reçu en 1681 docteur en Sorbonne, dit le Dre Larousse, article Sillery Fabio, il siégea à l’assemblée du clergé en 1685, puis il fut nommé, en 1689, à l’évêché d’Avranches, qu’il permuta la même année contre l’évêché de Soissons. — Il était membre honoraire de l’Académie des inscriptions (1701) et membre de l’Académie française (1705). Ce prélat instruit, mais plein de morgue, a laissé les écrits suivants : Harangue, au nom du clergé, à Jacques II d’Angleterre (Paris, 1695 in-4o) ; Réflexions sur l’éloquence (Paris, 1700, in-12) ; Statuts synodaux (1730, in-12) ; des dissertations, des pièces de vers, etc. »

8o Carloman-Philogène, baptisé au Grand-Pressigny le 24 décembre 1659[3], né le 27 novembre 1656, colonel d’infanterie, capitaine de vaisseau, gouverneur d’Épernay, mort le 27 novembre 1727. Il accompagna le prince de Comti dans toutes ses campagnes ; il assista notamment aux batailles de Steinkerque et de Norwinde et fut dangereusement blessé à ce dernier combat. 11 épousa Louise Bigot.

9o Jeanne-Andrée-Charlotte, mariée en 1672 à Gabriel de Langan, marquis de Bois-Février, morte le 21 octobre 1710.

10o Gabrielle-Françoise, mariée à Louis Thibergeau, marquis de la Motte, en 1678, décédée le 17 juin 1732.

11o Et Marie-Françoise,mariée en 1683 à François-Hyacinthe de Gonthery marquis de Cavaglia, lieutenant général des armées du duc de Savoie et général des postes, morte le 31 janvier 1707.

Le 8 juin 1660, Marie-Catherine de la Rochefoucault, épouse de Louis Brulart vendit le droit que possédait la terre de Pressigny au port et au bac de Lesigny à Suzanne de Meaussé, veuve de Jean du Refuge, comte de Coinel, baron de Confargis et de la Bouthelaye.

« Louis Brulart, dit Saint-Simon, avait beaucoup d’esprit mais nulle conduite et se ruina en fils de ministre, sans guerre ni cour. Il ne laissait pas d’être fort dans le monde et désiré par la bonne compagnie. Il allait à pied partout faute d’équipages et ne bougeait de l’hôtel de la Rochefoucault ou de Liancourt avec sa femme qui s’y retira dans a le désordre de ses affaires, longtemps avant la mort de son mari. Sa mère commença sa ruine. »

Suivant contrat passé devant Lenormand et Gigault, notaires à Paris le 21 juillet 1661, Louis Brulart de Sillery vendit la terre de Pressigny à Macé Bertrand de la Basinière, qui suit.

X
Famille Bertrand de la Basinière

1. — Macé.

Macé Bertrand, premier du nom, seigneur de la Basinière, Vouvant, Vervant, Mouilleron, Étableau, Chauceaux, Ferrière-Larçon, Clichy, Courcelles, Bessé, etc., trésorier de l’épargne.

Il épousa Marguerite de Vertamont, veuve de Daniel Voisin, mort à Paris le 20 mai 1621, âgé de cinquante-huit ans, notaire et secrétaire du roi, seigneur de Villebourg et de la Noiraie en Touraine.

De son mariage sont issus : 1o Macé, qui suit et qui succéda à son père vers 1661 ; 2o et Louise, morte en 1655, épouse de Guillaume Bautru, comte de Serrant, chancelier de Philippe duc d’Orléans, mort en 1711.

2. — Macé 2e, fils du précèdent.

Macé Bertrand, deuxième du nom, chevalier, baron du Grand-Pressigny, seigneur de la Basinière, de Vervant, Mouilleron, Etableau, Chanceaux, Ferrière-Larçon, Bessé, Clichyla-Garenne, Courcelles, etc., conseiller du roi, commandeur, maître des cérémonies, grand prévôt des ordres de Sa Majesté, trésorier de son épargne.

Le canal qui sert de lit à la rivière l’Egronne, le long des murs des Bas-Jardins, au Grand-Pressigny, a été fait par lui en 1677. Une partie de ce canal se trouve sur un pré qui lui a été cédé à cet effet par Autoine Thureaux, sieur du Buisson, maître d’hôtel de Mgr le chancelier le 9 août 1677.

Des difficultés s’étant élevées entre François Menard, curé de la Celle-Guenand et plusieurs seigneurs du voisinage, un jugement fut rendu le 3 septembre 1688, prononçant différentes condamnations au profit de M. Menard contre Macé Bertrand, baron du Grand-Pressigny, René-Urbain de Lestenou, écuyer, seigneur de la Gaudeterie, Louis de Périon, chevalier, marquis de Ports, seigneur de Ray, et Jacques Lepaintre, archiprêtre.

Le 1er avril 1662, par acte passé devant Tenèbre, notaire au Grand-Pressigny, le mandataire de Bertrand de la Basinière. seigneur du Grand-Pressigny fit un marché avec un voiturier pour transporter du château du Grand-Pressigny à Paris plusieurs ballots de meubles moyennant 1300 livres.

Le 31 mai 1669, Jean Quantin sieur de la Varenne, porteur des ordres de Sa Majesté pour la garde et la conservation du château du Grand-Pressigny en date des 10 et 12 du même mois, faisait signifier ses ordres du sieur Delestang avec sommation d’avoir à lui faire remise des clefs du château.

Macé Bertrand fut un des financiers poursuivis en 1661 à l’époque de l’arrestation et du procès de Fouquet. Il fut ensuite mis à la Bastille, privé de ses charges et exilé dans ses terres.

« C’était, dit Saint Simon dans ses mémoires, un riche, délicieux et fastueux financier qui jouait gros jeu, qui était souvent de celui de là reine. Il était bon homme et obligeant, fort galant, libéral, magnifique ; homme de grande chère et si aimé que tout le monde s’intéressa pour lui. Il parut constant qu’il n’y avait nulle friponnerie en son fait, mais un grand désordre faute de travail, et faute d’avoir su régler sa dépense. Il sortit enfin d’affaires et quoique dépouillé et réduit au petit pied, il fut le reste de sa vie bien reçu partout et accueilli de la meilleure compagnie. »

La terre de Pressigny fut saisie sur lui à la requête de Claude Charles Voisin, seigneur de Bonneval, et en 1682, à la suite de cette saisie, elle était administrée par un fermier judiciaire nommé Jean Lavergne, de Paris.

Il mourut vers la fin de 1688.

Il avait épousé, par contrat du 2 mai 1644, Françoise de Chemerault de Barbesières, fille d’honneur de la reine-mère, et fille de Geoffroy de Barbesières et de Louise de Marans ; elle décéda en octobre 1688. Elle figure comme marraine à la date du 26 septembre 1669 sur les registres des baptêmes du Grand-Pressigny ; le parrain était messire d’Aguesseau.

Saintine, dans Une maîtresse sous Louis XIII, trace de Mlle de Chemerault le portrait suivant : « Mlle de Chemerault, belle, gracieuse, spirituelle, adroite, galante, nécessiteuse, profondément dissimulée, aimant l’intrigue, car elle y pouvait habilement jouer son rôle, attendait sa fortune et son mari d’un haut et puissant personnage, le cardinal de Richelieu, dont elle se disait ouvertement l’ennemie, mais qui la tenait à gages. A cette époque (après la disgrâce de Mlle de la Fayette), le jeune Cinq-Mars était épris d’elle. Le roi Louis XIII ne l’aimait pas. On a trouvé une collection de ses lettres dans la cassette du cardinal après sa mort, et le recueil des pièces historiques et curieuses, tome V, de la vie du cardinal de Richelieu, par Leclerc, en publie une, écrite en langage narquois, argot de l’époque, ainsi conçue : L’Aurore (Mlle de Hautefort, favorite du roi) a obligé Céphale (le roi Louis XIII) à commander Pluton (La Chenaye, valet de chambre du roi) de ne se mêler plus de ses affaires avec l’Aurore. L’Aurore croit être ruinée dans l’esprit de Céphale par les mauvais offices que l’Oracle (le cardinal de Richelieu) lui a faits. Procris (la reine) y prend part et est si mal satisfaite de l’Oracle qu’il ne se peut davantage, etc.»

Du mariage de Macé Bertrand avec Mlle de Chemerault sont nés :

lo Macé, qui figure comme parrain sur plusieurs actes de baptême à Ferrière-Larçon ; il était l’aîné de ses frères et sœurs.

Le 14 novembre 1672, il fut tué d’un coup de fusil près du parc d’Etableau par Mathurin Haran, dit la Prade. Il fut inhumé le lendemain dans le caveau de l’église du Grand-Pressigny sous la chapelle dite de Monsieur, lieu ordinaire de la sépulture des seigneurs de Pressigny[4]. La cause et les détails de cet événement tragique ne nous sont pas connus. Mathurin Haran aura sans doute payé de sa vie le meurtre de Macé Bertrand, car en 1673, sa succession était vacante et administrée par un curateur nommé Jean Patras. Les biens qui en dépendaient furent saisis devant le siège présidial de Châtillon-sur-Indre. A la suite de cette saisie, le 19 juillet 1673, le moulin à Foulon de Benagu, paroisse de Chaumussay, fut affermé à René Robin et à Etiennette Bougrier sa femme, par le mandataire du sieur Quantin, caution de l’adjudicataire. Ce moulin, qui devint ensuite la propriété de Macé Bertrand, baron du Grand-Pressigny, fut revendu par lui à Etiennette Bougrier veuve de René Robin, moyennant 150 livres de rente perpétuelle par bail à rente passé en 1675 devant Tenèbre, notaire au Grand-Pressigny. — En 1670, Mathurin Haran était poursuivi criminellement par un nommé Jean Chevalier, sieur de la Gerbe, maitre de danse, pour cause de blessures faites à ce dernier par Haran. Le blessé fut soigné par M. Moreau, chirurgien au Grand-Pressigny ; jusqu’à son rétablissement, il séjourna chez le nommé Ferrière, cabaretier, puis le 26 octobre 1670 il fit la cession de ses droits en dommages-intérêts contre Haran à André Chastin, marchand à Sainte-Catherine-de-Fierbois.

2o Louis, mort en 1686. Il a signé deux actes de baptême sur les registres du Grand-Pressigny les 25 août 1662 et 23 avril 1663.

3o Alexis, capitaine de chevau-légers, le 23 décembre 1681. Il a signé, sur les mêmes registres, un acte de baptême le 2 septembre 1662.

4o Claude, seigneur de Courcelles.

5o Marguerite, morte en octobre 1688, mariée par contrat du 8 mars 1660 à Jean-Jacques de Mesmes, comte d’Avaux, membre de l’Académie française, mort le 9 janvier 1688, président au parlement de Paris, où il fut reçu le 22 avril 1672, après la démission de Macé Bertrand, son beau-père. Du mariage de Marguerite sont nés : 1o Jean Antoine de Mesmes, le 16 novembre 1661, marié le 23 mai 1695 à Marie-Thérèse Feydeau, décédée le 29 janvier 1705 et dont il a eu Marie-Anne-Antoinette dont il va être parlé ci-après et Henriette-Antoinette citée également ci-après ; 2o Davis-Thérèse citée aussi plus loin ; 3o et plusieurs autres enfants.

6o Marie-Anne, marquise de Nancré, qui suit.

7o Et un fils, abbé, tué en duel place des Victoires.

La succession de Macé Bertrand étant restée vacante, le sieur Débit, curateur à cette succession, vendit la terre de Pressigny à Mme la marquise de Nancré, suivant contrat passé devant Bechet, notaire à Paris, le 31 août 1690.

3. — Marie-Anne, fille du précédent.

Marie-Anne Bertrand de la Basinière, épouse de Claude Dreux, marquis de Nancré, capitaine, aux gardes, gouverneur d’Arras, lieutenant général des armées, mort en 1689.

« Les Dreux de Nancré, dit Saint-Simon dans ses mémoires, prétendent remonter à Pierre Dreux, seigneur de Ligueil, dont le fils, Thomas, écuyer, seigneur de Ligueil, fit une donation le 7 juillet 1472. »

Elle fit l’acquisition, comme on vient de le dire, de la terre du Grand-Pressigny du curateur à la succession vacante de son père.

Elle figure comme marraine sur les registres du Grand-Pressigny aux dates des 25 août 1662, 18 octobre 1696, 20 octobre 1704, 19 juillet 1715 ; elle assistait aussi à un mariage le 30 octobre 1691.

Suivant bail à rente passé devant Berthelot, notaire en la baronnie du Grand-Pressigny le 1er octobre 1696 elle aliéna la seigneurie de la Groitière au profit de Claude Chrétien et de Marie Garnier, sa femme.

Décédée sans postérité, ses héritiers, qui suivent, recueillirent la terre du Grand-Pressigny dans sa succession.

Et ils firent dresser au château du Grand-Pressigny par Ténèbre notaire au Grand-Prsssigny le 8 avril 1728, l’inventaire du mobilier ainsi que des titres et papiers qui s’y trouvaient.

4. — Héritiers de Marie Anne, qui précède.

1o Marie ou Davis de Mesmes, sa nièce, née en 1668, fille de Marguerite Bertrand et de Jean-Jacques de Mesmes, mariée en 1683 à François de la Roche, chevalier, marquis de Fontenailles, comte de Courtenay, seigneur d’Hautye, et duquel elle était séparée de biens.

2o Marie-Anne-Antoinette de Mesmes, née le 15 mai 1696, mariée le 14 décembre 1720 à Guy de Durfort, duc de Lorges, baron de Quentin, vicomte de Pomery, seigneur d’Avangour, etc., veuf en premier mariage de Geneviève-Thérèse Chamillart. Il payait à sa femme une pension annuelle de 22,000 livres.

3o Et Henriette-Antoinette de Mesmes, née le 29 avril 1698, mariée le 7 août 1713 à Hector Louis de Gelas marquis d’Ambre, brigadier des armées du roi et duquel elle était séparée de biens et d’habitation.

Ces deux dernières étaient petites-nièces de la marquise de Nancré et filles de Jean-Antoine de Mesmes, né à Paris le 18 novembre 1661, mort subitement le 23 août 1723. Il était fils de Jean-Jacques dont il est parlé plus haut.

Les héritiers de la marquise de Nancré vendirent la terre du Grand-Pressigny à M. Masson de Maisonrouge, qui suit, par contrat passé devant Hachette et Boursier, notaires à Paris le 7 juillet 1736. Sa prise de possession est constatée par un acte passé devant Chevrier, notaire à Étableau le 13 juillet 1736.

XI
Famille Masson de Maisonrouge

Pierre-Étienne.

Pierre-Étienne Masson de Maisonrouge, receveur général des finances de la généralité d’Amiens, écuyer, conseiller du roi, baron du Grand-Pressigny, demeurant à Paris, rue Courfault-Villain.

Il épousa : 1o Philiberte Durand de Chalas, qui se sépara d’habitation d’avec lui par arrêt du parlement en date du 16 mars 1751 ; 2o et Geneviève Bellaud.

Il consacra des sommes importantes à faire réparer le château du Grand-Pressigny et il compromit sa fortune par son luxe et sa dépense.

Après sa séparation d’avec sa première femme, un inventaire fut dressé au château du Grand-Pressigny par Me Ténèbre, notaire au Grand-Pressigny, le 23 avril 1751 ; ses créanciers firent vendre ensuite le mobilier qui s’y trouvait, suivant procès-verbal dressé parle même notaire le 16 août 1759.

Le 1er juillet 1745, M. de Maisonrouge transigeait avec un chanoine du Grand-Pressigny nommé Roupnel sur une plainte portée contre lui.

Le 20 février 1754, Me Garnier, notaire et procureur, faisait dresser un procès-verbal pour démontrer qu’il avait été destitué sans cause par M. Masson de Maisonrouge et que l’entrée de l’audience lui était refusée à tort par le juge.

La terre du Grand-Pressigny passa ensuite à M. Gilbert de Voisins, qui en fit l’acquisition le 27 septembre 1776.

XII
Famille Gilbert de Voisins

Pierre.

Pierre Gilbert de Voisins, président au parlement de Paris, marquis de Villaine, Belgrade, Saint-Étienne, Saint-Priest, baron de Pressigny et du fort de Chailly, seigneur de Chanceaux, Etableau, Neuilly-le-Noble, Ferrière-Larçon, Mazaire, Meudon, Orgeval, etc., premier baron du Forest.

Il épousa Marie-Annede Merle, et il fut le dernier seigneur du Grand-Pressigny. Cette terre fut confisquée sur lui, après 1789, et vendue comme bien national provenant d’émigré par le district de Preuilly en l’an IIIe de la république, sauf quelques dépendances qui furent restituées plus tard à sa famille.

Malardier.
  1. Voir le Bulletin de 1885, page 343.
  2. « Le 24e jour de juillet 1655 fut baptisé Achilles, fils de haut et puissant seigneur M. Loys Bruslart, marquis de Sillery, gouverneur pour le roy de la ville et citadelle de Damvilliers, baron de Pressigny, Ferrière et Étableau, Saint-Clau, la Borde-Marine et autres places, et de haute et puissante dame Marye-Catherine de la Rochefoucault, son épouse. Fut parrain vénérable et discrète personne M. Nycolas-François Bruslard, abbé de Sillery. La marraine haute et puissante dame Audrée-Françoise de Villonne, duchesse de la Rochefoucault, par moi soubzsigné. — (Signé) A. de Villonne, Bruslart de Sillery, et Bouguereau, curé du Grand-Pressigny. Registres de l’état civil du Grand-Pressigny. »
  3. L’an 1659 le 24e jour de décembre ont été suppléées les cérémonies de baptême de Carloman-Philogène, fils de haut et puissant seigneur messire Louis Bruslart, chevalier, marquis de Sillery, seigneur de ce lieu et de haute et puissante dame madame Marie-Catherine de la Rochefoucault, son épouse, ledit enfant âgé de trois ans ou environ étant né le 27 novembre 1656 et ondoyé le lendemain. Son parrain a été haut et puissant seigneur messire Henri de la Rochefoucault, abbé de Notre-Dame-de-Celles, sa marraine haute et puissante dame Jeanne-Charlotte du Plessis, princesse de Marcillac, épouse de haut et puissant seigneur messire François de la Rochefoucault prince de Marcillac, lesquels ont signé avec moi prêtre curé et chanoine de ce lieu. (Signé) Jeanne-Charlotte du Plessis. H. de la Rochefoucault et Delafond, curé du Grand-Pessigny (id.).
  4. « Le cinquième novembre mil six cent soixante-douze, le corps de Macé, fils aîné de messire Macé Bertrand, chevalier, seigneur de la Basinière, baron de ce lieu du Graud-Pressigny, a été inhumé dans le caveau sous la chapelle de Monsieur, sépulture ordinaire des seigneurs de ce lieu. Il avait été tué le jour précédent d’un coup do fusil proche le parc d’Etableau par Mathurin Haran dit la Prade. » (Registres de l’état civil du Grand-Pressigny.)