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Nouveaux Principes d’économie politique/Livre IV/Chapitre 5

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Livre premier
Objet de l'économie politique, et origine de cette science.


Livre IV, chapitre 4

Livre IV, chapitre 5

Livre IV, Chapitre 6



CHAPITRE V.

Des salaires.

Puisque la comparaison entre le prix moyen du marché, ou celui qu'offre l'acheteur, et le prix coûtant, ou celui que demande le producteur, doit décider quelle espèce de marchandise convient à chaque pays, quelle production répartit entre le fabricant et le marchand, et tous ceux qu'ils font vivre, un revenu suffisant ; quelle production favorise la prospérité générale et doit être encouragée, il est essentiel de passer en revue les divers éléments dont se compose le prix du producteur.

La main-d'œuvre est le plus important ; et jusqu'à un certain point, c'est le régulateur des autres, parce qu'il y a un salaire nécessaire, au-dessous duquel la concurrence elle-même ne peut réduire longtemps l'ouvrier ; tandis que la réduction de l'intérêt de l'argent, ou du profit des capitaux, qui sont les autres éléments du prix, semble pouvoir aller à l'infini[1]. Le bas prix de la main-d'œuvre permet en général au producteur, d'établir sa marchandise à meilleur marché ; il lui fait trouver du profit dans une industrie, qui serait perdante dans un pays où les salaires seraient plus élevés. Il augmente ainsi le débit de la manufacture, et lui donne une apparence de prospérité. Souvent en effet, l'on a regardé la ténuité du prix du salaire comme une cause efficiente du succès des manufactures dans un pays.

Mais le prix de la main-d'œuvre peut être bas, ou réellement où nominalement, selon que le travail s'échange contre une quantité insuffisante ou surabondante des choses nécessaires à la vie. L’argent n'est que le signe de l'échange, l'ouvrier n’a aucune intention de le garder ; il ne l'a pas plus tôt reçu, qu'il le rend contre les provisions dont il a besoin. Si celles-ci sont à bas prix, et si sa journée de travail s'échange finalement, non-seulement contre le strict nécessaire, mais contre une quantité suffisante pour qu'il ait quelque superflu ; le salaire n'est à bas prix que nominalement. Au superflu seul est attaché le sentiment de l'aisance ; ce n'est que par lui que la vie a du prix, et que le travail est mêlé de plaisir. Lorsque l’ouvrier obtient par son travail, du superflu, la nation doit désirer l'existence de cet ouvrier ; car la vie sera un bonheur pour lui, par quelque bas prix que la valeur de sa journée soit représentée en argent.

Mais lorsque les denrées sont chères en même temps que la main-d'œuvre est à bas prix, lorsque par conséquent les ouvriers, forcés par la concurrence, se contentent du nécessaire ou de moins que le nécessaire pour vivre ; lorsqu'ils retranchent sur toutes leurs jouissances et toutes leurs heures de repos ; que leur existence est un combat continuel contre la misère ; les prix sont réellement bas, et leur ténuité est une calamité nationale. De tels ouvriers créent bien aussi une portion de richesse échangeable, ils emploient bien le capital national, et ils donnent au fabricant des bénéfices: mais cet accroissement de richesses est acheté trop cher aux dépens de l'humanité. On a reconnu depuis longtemps que la trop grande division du travail, amenait dans la population agricole, un état de misère universelle, dans lequel l'ouvrier, par le plus grand travail, n'obtient pas un salaire suffisant pour vivre ; et quoique de l'activité à laquelle il est forcé, il résulte une augmentation de produit brut, on a reconnu que cette richesse insuffisante pour ceux qu'elle devait nourrir, était une calamité nationale. La même chose est vraie de la même manière pour les ouvriers des manufactures. La nation s'appauvrit au lieu de s'enrichir, lorsque son revenu augmente comme un, et sa population comme deux.

Lorsque les salaires ne sont bas que nominativement ; que la journée d'un homme, par exemple, ne se payera que dix sous par jour, mais que ; pour ces dix sous, il aura autant de denrées ou d'objets de première nécessité qu’il en aurait pour vingt sous ailleurs, la prospérité nationale non-seulement permet, mais requiert l'établissement de nouvelles manufactures. Ce bas prix des denrées, qui a causé celui du salaire, indique un état de souffrance de l'agriculteur. Il ne trouve pas apparemment un marché suffisant pour ses denrées ; les consommateurs sont trop éloignés et les frais de transport trop considérables. Établir une manufacture près de lui, c'est faire pour lui mieux encore que si on ouvrait un canal de lui jusqu'au marché, c'est rapprocher le marché de lui. Les ouvriers qu'on établit auprès de son exploitation agricole consommeront les denrées qu'il avait de trop ; et leurs produits, toujours moins volumineux que ces denrées, s’exporteront plus facilement. Tout le monde gagne alors ; l'agriculteur tire plus de parti de ses fonds, l'ouvrier vit dans l'aisance et le marchand s'enrichit.

On a souvent réussi à faire considérer comme un avantage national le bas prix de la main-d'œuvre, sans vouloir examiner s’il était nominal ou réel ; on a loué de leur patriotisme les fabricants qui refusaient d'augmenter les gages de leurs ouvriers, et les gouvernements les ont quelquefois secondés, en fixant le taux des salaires et en le maintenant par la force. Il est difficile de porter une loi en même temps plus impolitique et plus injuste. Ce n'est pas le profit du fabricant qui constitue l'intérêt national, c'est le bénéfice que la fabrication répartit entre toutes les classes qui y concourent ; c'est la participation de toutes au revenu national qui naît du travail. Si l'administration devait se proposer pour but l'avantage d'une des classes de la nation aux dépens des autres, ce sont justement les journaliers qu'elle devrait favoriser. Entre ceux qui participent au prix de la production, ils sont les plus nombreux ; et assurer leur bonheur, c'est rendre heureuse la grande masse de la nation. Ils ont moins de jouissances que tous les autres, ils retirent moins d'avantages que tous les autres de l’ordre social ; ils font naître la richesse, et n'y ont eux-mêmes presque pas de part : obligés de lutter pour leur subsistance avec ceux qui les emploient, ils ne sont point leurs égaux en forces. Les maîtres et les ouvriers sont, il est vrai, réciproquement nécessaires les uns aux autres ; mais cette nécessité presse chaque jour l'ouvrier, elle donne du répit au fabricant ; le premier doit travailler pour vivre, le second peut attendre et vivre encore sans faire travailler. Qui ne serait pénétré d’une profonde douleur, quand il voit les ouvriers d’une ville manufacturière abandonner en corps leur ouvrage, parce que leurs maîtres sont résolus à ne point augmenter de nouveau des salaires qu'une année d'affreuse détresse avait fait baisser ; quand il les voit se résigner à toutes les privations, dans l'espérance de lasser enfin l'obstination des manufacturiers, et qu'il calcule en même temps que chaque jour détruit le petit capital d'une malheureuse famille, que la nudité, le froid et la faim menacent déjà, pendant que des années d'interruption ne feraient pas encore sentir au manufacturier les étreintes du besoin ? Et tandis que ces infortunés disputent un gage duquel dépend leur vie et celle de leurs enfants, et que dans leur désespoir ils respectent encore une organisation qui les écrase, des soldats et des archers les veillent ; ils attendent impatiemment le premier désordre pour les livrer aux tribunaux et les punir sévèrement ; qui sait même si quelques traîtres ne se mêlent pas parmi eux pour les exciter au crime qu'on est si impatient de châtier ?

Les nations s'enrichissent quand elles augmentent leur revenu, mais non pas quand le revenu de l'une de leurs classes est usurpé par l'autre : elles s'enrichissent quand elles vendent une plus grande quantité de leurs produits au même prix, parce qu'alors, produisant davantage, le revenu du pauvre s'accroît aussi bien que celui du riche ; mais non pas quand le riche ne gagne que ce que le pauvre perd, quand le profit du commerce n'est autre chose que la diminution du salaire. Lors même que la diminution du prix de la main-d'œuvre permettrait de donner plus d'étendue au commerce national, la production nouvelle qu'elle exciterait serait payée trop chèrement, si elle faisait naître une classe malheureuse et souffrante. Il ne faut point oublier que la richesse n'est que la représentation des douceurs et des commodités de la vie ; et c’est prendre le mot pour la chose, que de créer une opulence factice en condamnant la nation à tout ce qui constitue réellement la souffrance et la pauvreté.

Le salaire n'est pas seulement une compensation du travail, calculée à tant par heure d'après sa durée ; c'est le revenu du pauvre ; et en conséquence il doit suffire non-seulement à son entretien pendant l'activité, mais aussi pendant la rémission du travail : il doit pourvoir à l'enfance et à la vieillesse comme à l'âge viril, à la maladie comme à la santé, et aux jours de repos nécessaires au maintien des forces, ou ordonnés par la loi ou le culte public, comme aux jours de travail.

Loin d'être avantageux, il est contraire à la prospérité de l'État d'encourager un travail dont le salaire ne pourvoit pas à tous ces besoins divers. Ce travail nouveau fera toujours naître une population qui consentira à l'accomplir. Cette population malheureuse et souffrante sera toujours inquiète et ennemie de l'ordre public ; elle sera aussi dangereuse aux autres qu'à charge à elle-même. Quand elle existe, il faut bien la sauver du désespoir ; mais il faut se garder de l'appeler à l'existence.

Si un fonds est formé par l'autorité suprême, et administré au nom de la loi pour venir au secours des pauvres dans leurs maladies, dans les saisons rigoureuses, pendant l'interruption de leurs travaux, dans leur enfance ou dans leur vieillesse ; ce fonds, qui existe en effet en Angleterre, dans la taxe des pauvres, sera bientôt regardé comme le supplément de leurs gages ; et si, d'après une suite des combinaisons sociales, les pauvres se trouvent déjà dans la dépendance des riches ; s'il y a déjà plus d'offre que de demande de travail, les pauvres, assurés de recevoir des secours dans leur vieillesse ou leur maladie, d'en obtenir pour leurs enfants, se contenteront d'un salaire moindre, et se résigneront à ce qu'une partie de ce qui leur revient en justice, soit administrée par d'autres que par eux, pour leur servir comme fonds de réserve. Au reste, il faut convenir que, dans cette situation, s'il n'y avait point de taxe des pauvres, ils se soumettraient néanmoins à travailler pour un salaire insuffisant ; seulement cet état de privations ne pourrait pas durer, parce que leur classe dépérirait rapidement.

Dans l'état où la taxe des pauvres a réduit l'Angleterre, on peut considérer le revenu des pauvres comme se composant de deux parties : d'une part, le salaire insuffisant qu'ils reçoivent pour leur travail ; d'autre part, le fonds levé par une contribution sur le public pour les soulager. Ce fonds qui, l'année dernière, montait à 8 168 340 liv. sterling, devait distribuer des secours au onzième de la population ; savoir, à cinq cent seize mille neuf cent soixante-trois personnes constamment assistées, à quatre cent vingt-trois mille six cent soixante-trois qui l'étaient occasionnellement, en tout neuf cent quarante mille six cent vingt-six personnes, sur une population totale de dix millions cent cinquante mille six cent quinze individus, dont environ six millions n'ont aucune propriété. Les assistés, recevant à peu près 8 livres 14 shillings par tête annuellement, pouvaient se contenter pour vivre d'un salaire d'autant moindre. Ces 8 livres 14 shillings que leurs maîtres leur épargnaient sur leurs gages étaient autant d'ajouté au bénéfice que ces maîtres faisaient par le travail des ouvriers assistés. Mais parmi les injustices ou les calamités qui résultent de cette désastreuse institution, on ne doit point oublier la bizarrerie d'ôter aux propriétaires une partie de leur revenu, pour en faire un aux manufacturiers, de telle sorte que ceux-ci puissent vendre leurs produits aux étrangers sans profit pour la nation, et se payer de leur peine, seulement moyennant la perte qu'ils font faire aux autres ordres de la société. En général, on croit avoir fait quelque chose pour la prospérité d'une nation quand on a trouvé moyen d'employer l'activité des enfants et de les associer, dès leur plus bas âge, au travail de leurs pères, dans les manufactures. Cependant, il résulte toujours de la lutte entre la classe ouvrière et celle qui la paye, que la première donne en retour du salaire qui lui est alloué, tout ce qu'elle peut donner de travail sans dépérir. Si les enfants ne travaillaient point, il faudrait que leurs pères gagnassent assez pour les entretenir, jusqu’à ce que leurs forces fussent développées ; sans cela, les enfants mourraient en bas âge, et le travail cesserait bientôt. Mais depuis que les enfants gagnent une partie de leur vie, le salaire des pères a pu être réduit. Il n'est point résulté de leur activité une augmentation de revenu pour la classe pauvre, mais seulement une augmentation de travail, qui s'échange toujours pour la même somme, ou une diminution dans le prix des journées, tandis que le prix total du travail national est resté le même. C'est donc sans profit pour la nation que les enfants des pauvres ont été privés du seul bonheur de leur vie, la jouissance de l'âge où les forces de leur corps et de leur esprit se développaient dans la gaieté et la liberté. C'est sans profit pour la richesse ou l'industrie qu'on les a fait entrer, dès six ou huit ans, dans ces moulins de coton, où ils travaillent douze et quatorze heures au milieu d'une atmosphère constamment chargée de poils et de poussière, et où ils périssent successivement de consomption avant d'avoir atteint vingt ans. On aurait honte de calculer la somme qui pourrait mériter le sacrifice de tant de victimes humaines ; mais ce crime journalier se commet gratuitement.

De même, on a quelquefois pensé qu'on soulagerait la classe ouvrière en la dispensant de l'observation du jour du repos établi par la législation religieuse ; on ne ferait encore qu'aggraver sa situation. Contrainte comme elle est d'échanger tout le travail qu'il lui est permis de faire contre sa subsistance, elle donne six jours de son labeur pour ce qui la fait vivre sept, parce qu'il ne lui est pas permis d'en donner davantage ; dès que l'observation du jour du repos ne lui serait plus imposée, elle serait réduite à travailler sans discontinuation pour le prix hebdomadaire qu'elle reçoit aujourd'hui. Le premier pays qui supprimerait le jour du repos aurait, il est vrai, l'avantage d'étendre son débit en baissant les prix ; il ferait la guerre à tous les ouvriers des autres pays et les priverait de leur gagne-pain, jusqu'à ce qu'ils se fussent soumis à la même condition. Mais dès que les ouvriers des autres pays auraient renoncé à leur seule jouissance, l'avantage du novateur cesserait, le marché se resserrerait, et le travail serait seulement devenu plus rude pour tous.

Ce n'est donc point une simple observance hébraïque, que le repos du dimanche ; ce n'est point une forme extérieure du culte, qui peut n'appartenir qu'à une seule nation, comme les purifications et les sacrifices ; c'est une loi de bienfaisance, qu'il est heureux de voir observer également par les cultes divers, juif, musulman et chrétien. Ce repos n'a point été prescrit à l'homme pour qu'il pût vaquer à ses prières et à ses cérémonies religieuses ; mais pour qu'il connût le délassement et la joie, pour que la douce gaieté, pour que la danse, le chant, tous les plaisirs honnêtes dont l'homme sent le besoin, fussent aussi de temps en temps à portée de l'esclave et de l'ouvrier. Ce n’est pas au fidèle seul que le décalogue accorde un jour de repos, c'est aussi à l'esclave et à l'étranger qui sont au service du Juif ; ce n’est pas même à l'homme seul, c'est au bœuf et à l'âne qui travaillent pour l'homme, afin que le bétail connaisse aussi les jouissances de la vie.

Il est difficile de comprendre d'où vient que cette loi bienfaisante a été altérée par un seul parmi les peuples chrétiens, et d'où vient que chez lui le jour du repos et de la joie a été changé en un jour de tristesse. Plus d'une conséquence funeste est résultée de ce rigorisme prétendu. L'interdiction des plaisirs innocents a donné une teinte sombre, et quelquefois cruelle au caractère de la masse du peuple ; l'interdiction des exercices bruyants a fait chercher un refuge dans l'ivresse. Plus en effet l'observation du jour du repos est dénaturée par la suspension de tous les amusements publics, et plus l'ivrognerie devient un vice populaire ; ainsi la morale a perdu ce qu'on a cru donner aux observances.

Mais, dira-t-on, si tous les ouvriers d'une nation travaillaient sept jours au lieu de six, ils feraient plus d'ouvrage et produiraient plus de richesse. Si chaque homme au lieu de dix heures en travaillait douze ou quatorze par jour ; si au lieu de travailler à journée il travaillait à la tâche, et par conséquent avec toute l'activité et le zèle que l'intérêt peut lui faire mettre à l'ouvrage ; si chaque enfant commençait dès le plus bas âge, si chaque vieillard continuait jusqu'au dernier terme de la vieillesse, la production en serait infiniment augmentée. C'est ainsi à peu près qu'Arthur Young jugeait la France à laquelle il reprochait son oisiveté, et qu'il calculait le temps perdu, ou plutôt le temps gagné pour la jouissance, par les petits propriétaires, comparés aux grands fermiers et aux journaliers d'Angleterre.

Ce sophisme tient à l'oubli d'un principe essentiel que nous avons reconnu en faisant l’histoire de la formation de la richesse : l'homme travaille pour que l'homme se repose ; il faut toujours un repos correspondant au travail qui lui a préparé ses jouissances. On doit aux progrès de la civilisation d'avoir fait qu'un homme puisse se reposer pour dix, pour cent, pour mille ; c'est-à-dire, d’avoir fait qu’en se reposant il puisse consommer en un jour ce que d'autres auront fait par dix, par cent, par mille jours de travail.

Cette disproportion n’est ni le but de la société, ni celui de l'économie politique et de la garantie donnée aux richesses. Si vous privez l'enfance et la vieillesse du pauvre de leur repos, si vous retranchez sur les nuits du journalier des heures que vous donnerez au travail, si vous ôtez à sa religion et aux solennités de son culte des heures que vous ajouterez à la lutte par laquelle il gagne sa subsistance, de la même main vous serez obligé d'ajouter au luxe du riche de nouvelles jouissances et une nouvelle mollesse, afin qu’il puisse consommer ce que ce travail nouveau aura produit. Certes, lui-même ne vous remercierait pas de lui avoir procuré ces nouvelles jouissances, si chèrement achetées et si peu senties ; il ne s'aperçoit pas même que son linge est un peu plus fin, que l'acier dont il se sert est un peu plus brillant, parce que quelques centaines de créatures humaines ont été privées de leur sommeil, pour faire naître en lui, et satisfaire ensuite cette nouvelle fantaisie.

Au reste, ce n'est pas le riche qui est le but de l'ordre social ; la richesse n’est désirable dans la société que pour l'aisance qu’elle répand sur toutes les classes. Autant que l'augmentation du travail contribue à augmenter cette aisance, ce travail est lui-même une bénédiction nationale : aussitôt, au contraire, qu'on ne considère plus ceux qui l'accomplissent, mais seulement ceux qui doivent en jouir, il peut se changer en une effroyable calamité.

  1. M. Ricardo à poussé ce raisonnement à la rigueur ; il a regardé le salaire du travail comme la seule cause efficiente du prix. Il faudrait, pour que son calcul fût juste, que les ouvriers fussent réduits à l'étroit nécessaire, et qu'ils ne pussent pas reculer davantage ; ce qui heureusement ne se réalise presque jamais.