Nouvelles poésies (Van Hasselt)/L’Enfant de la veuve
L’enfant de la veuve.
L’enfant criait (angoisse amère !) :
« Oh ! j’ai si faim. Du pain, ma mère ! »
— Avec tes cris, ô mon enfant,
Tu me déchires les entrailles.
Nous allons faire les semailles
Demain dès le soleil levant. —
L’enfant criait (angoisse amère !) :
« Oh ! j’ai si faim. Du pain, ma mère ! »
— Enfant, Dieu bénit nos sillons.
Comme le blé lève et prospère !
L’été viendra tantôt, j’espère,
Pour le dorer de ses rayons. —
L’enfant criait (angoisse amère !) :
« Oh ! j’ai si faim. Du pain, ma mère ! »
— Trêve à ces cris, mon beau garçon.
Vois, les bluets d’azur fleurissent.
Déjà les blonds épis mûrissent.
Nous allons faire la moisson. —
L’enfant criait (angoisse amère !) :
« Oh ! j’ai si faim. Du pain, ma mère ! »
— Encore un seul, un seul instant
Écoute, écoute, mon cher ange.
On bat les gerbes dans la grange.
Notre blé le meunier l’attend. —
L’enfant criait (angoisse amère !) :
« Oh ! j’ai si faim. Du pain, ma mère ! »
— Encore un seul, un seul moment.
N’entends-tu pas le four bruire ?
Il chauffe, et nous allons y cuire
Un petit pain de pur froment. —
L’enfant criait (angoisse amère !) :
« Oh ! j’ai si faim. Du pain, ma mère ! »
— Hélas ! trésor si doux, si cher,
Je rêvais donc ? J’étais donc folle ?
Car pas de pain, pas une obole…
Enfant, veux-tu manger ma chair ? —
Et le petit (angoisse amère !)
Ne criait plus. — Ô pauvre mère !