Nouvelles poésies (Van Hasselt)/La Harpe éolienne

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Odes
Nouvelles PoésiesBruylant et Cie (p. 149-150).


La harpe éolienne.





Does the wind touch thee, o harp ! or is it some passing ghost ?
Ossian, Berrathon.





Loin de nous, loin de nous, sur la rive étrangère,
Égare, ô belle enfant, ton sourire et tes pas.
Nous gardons en nos cœurs ta voix fraîche et légère,
Et tes chants gracieux que nous n’oublîrons pas.

Ils revivent pour nous dans les chants de ta harpe,
Sous les acacias, quand les brises des bois

La bercent suspendue à sa flottante écharpe
Et l’animent avec leurs invisibles doigts ;

Et que les cordes d’or, vibrant en harmonie,
Prolongent leur concert ineffable et charmant,
Comme si les baisers d’un amoureux génie
Ou ses ailes touchaient le magique instrument.

Oh ! nous sommes alors en extase à l’entendre,
Et les indifférents se demandent tout bas :
« Est-ce une âme qui vient, qui vient, rêveuse et tendre,
« Gémir dans la musique et pleurer ici-bas ? »

Car ils ne savent pas, — lorsque, sous la ramée,
Ta harpe en longs accords se réveille parfois, —
Qu’il s’y mêle un écho de ta voix bien-aimée,
Et que nous nous disons en larmes : « C’est sa voix ! »



Juillet 1833.