Occupe-toi d’Amélie !/Acte III
ACTE TROISIÈME
PREMIER TABLEAU
En pan coupé gauche, deuxième et troisième plan,
grande baie donnant sur un vaste atrium auquel on accède
par deux marches. Au premier plan, perpendiculaire à la
rampe, mur plein auquel est adossée une banquette occupant
toute la largeur. Au fond, tout de suite après la baie,
grande partie oblique. Au centre une porte donnant sur
les couloirs de la mairie. À droite, deuxième plan, porte
donnant dans le cabinet du maire. Trois tables sont placées
parallèlement au mur de droite. Celle du milieu plus
grande que les deux autres et sur estrade : c’est la table
du maire ; elle est recouverte du traditionnel tapis vert
ou grenat, suivant la décoration de la mairie. Derrière
la table, un fauteuil. Au-dessus, sur une console appliquée
au mur, le buste de la République. Une chaise à chacune
des deux autres tables. À l’avant-scène, parallèlement à la
rampe et tout près de la table la plus près du public, une
petite banquette sans dossier, pour deux personnes. Face
à la table du maire, les deux fauteuils des mariés encadrés
de chaque côté par deux chaises ; puis au fond, continuant
la rangée mais formant angle droit avec elle,
deux chaises face au public. (Ce premier rang doit être
très en oblique, de façon à ce que chacun des artistes reste
visible le plus possible des spectateurs. Placer donc les meubles de ce premier rang en raison d’une ligne qui
partirait du trou du souffleur pour aller rejoindre le fond
du décor, à deux mètres environ de l’angle de droite.)
Derrière ce premier rang, un second rang de cinq chaises
(cette rangée un peu moins oblique que la première), puis,
derrière, deux rangées de banquettes sans dossier ;
l’avant-dernière banquette doit être encore moins oblique
que la rangée de chaises et la dernière banquette perpendiculaire
à la scène. Sur la table du maire, un encrier,
un petit code, différents papiers. Un registre sur chacune
des tables qui encadrent la table du maire.
Scène PREMIÈRE
GABY, INVITÉS, INVITÉES.
Sur les banquettes, messieurs, dames ! les chaises et fauteuils sont pour le cortège.
Pardon, je ne savais pas ! Pardon, monsieur. (Le monsieur se lève.) Pardon, madame.
C’est bien à trois heures, la cérémonie ?
Si les mariés ne sont pas en retard, c’est pour trois heures.
Oui, mon vieux ! et tous les garçons sont alors tombés sur le pochard et on l’a sorti en cinq sec.
Ah ! la bonne histoire !
Ah ! dites donc, garçon ! le mariage Courbois ?
C’est ici, monsieur.
Eh !… psstt !
Ah ! Tiens ! voilà Gaby !
Ah ! Gaby ! (Valéry se glissant dans le rang de Gaby.) Ah ! te voilà, toi !
Tu parles !
Pas sur les chaises ! sur les banquettes !
Oui ! Merci, mon ami.
Pardon, monsieur ! Pardon, madame !
Pardon !… pardon !
Bonjour, Gaby !
Ça va bien ?
Bonjour, les gosses ! Vous n’avez pas voulu rater le mariage, hein !
Tiens !
Mais dis donc, tu en es une autre à ce que je vois !
Tu penses ! C’est l’attraction du jour !
Non, mais tout de même, c’est incroyable, hein ?
Quoi ?
Mais ce mariage, donc !
Marcel épouser Amélie !
Mais il paraît que c’est une blague.
Comment, une blague ! C’est-à-dire qu’on l’a cru d’abord. Mais maintenant, il n’y a plus à douter, voyons ! puisque le mariage a lieu.
Mais non, mais non ! Marcel a passé la soirée hier à Tabarin, et il nous a assuré que c’était un bateau qu’on montait à son parrain !… à propos d’une question d’héritage !
Oh ! voyons ! c’est à vous qu’il a monté le bateau ! Comment veux-tu ? à la mairie !…
Ah ! je ne sais pas ! je te dis ce qu’il nous a dit.
Scène II
Mouilletu ! Mouilletu !
Ah ! monsieur Cornette !
Bonjour, Mouilletu ! le patron ne m’a pas demandé ?
Oh ! si… vous pouvez me remercier ; je vous ai sauvé la mise en disant que je vous avais déjà vu.
Oh ! merci !… J’ai été retenu plus longtemps que je ne voulais.
Au café, je parie ?
Je faisais une manille avec Jobinet.
Jobinet ?
Le comptable d’en face… Jobinet, vous savez bien… qui est si rigolo !… Jobinet, des pompes funèbres.
Ah ! oui !… eh ! bien ? vous avez gagné au moins ?
Mais non !… C’est pas étonnant, il est bossu !
Cornette !
Voilà, monsieur le maire !… voilà !
Scène III
puis DEUX PHOTOGRAPHES.
Tiens, voilà Pâquerette et Gismonda.
Ah ! oui… (Leur faisant signe.) Eh !…
Hep ! hep !
Ah ! les copains !
Tiens ! Ça va bien ?
Vous venez là ?
Oui !
Pas sur les chaises, mesdames, pas sur les chaises !
Qu’est-ce qu’il a, celui-là !
Oh ! bien, vous n’avez pas de place…
Si on se casait au fond, on serait mieux pour l’entrée du cortège…
Oh !… Si vous voulez !
Moi, je veux bien.
Allons !
Vous êtes restés encore tard cette nuit ?
Ne m’en parlez pas : Six heures du matin !…
On s’est quitté en se donnant rendez-vous ici ; mais toute la bande était si vannée, qu’elle a bien sûr dû rester au lit !
C’est là qu’on se met !
Oui ! on sera très bien.
Il paraît que c’est un nommé Toto Béjard qui fait le maire ?
Toto Béjard ?
Un type de la Bourse, oui.
Ah ! tu vois. (Aux deux femmes.) N’est-ce pas que Marcel nous a dit, pour son mariage, que c’était une blague qu’on faisait à son parrain.
Absolument !
Là !
Eh bien, qu’est-ce que tu veux, ça me dépasse.
Pardon, messieurs ! Pardon, mesdames ! (À part.) Oh ! nom d’un chien, il y a du linge ! (Arrivé à Mouilletu à l’avant-scène droite.) Dites-moi : le cortège entre par là, naturellement ?
Dame ! par où voulez-vous qu’il entre ?
C’est que je voudrais l’avoir bien en face… Je suis le photographe du Matin.
Ah !… Très bien, monsieur !…
Dites-moi, garçon… (Reconnaissant l’autre photographe qui s’est retourné.) Tiens ! vous !
Bien oui, je viens pour le Matin.
Et moi pour le Journal !
Naturellement !
Dites-moi, garçon !
Monsieur ?
C’est bien à trois heures, le mariage ?
Oui, monsieur.
Mouilletu ! Mouilletu !
Voilà, monsieur le maire !
Mouilletu ?
Je vous demande pardon !
Dites donc ! « Mouilletu », c’est à vous qu’il demande ça ?
Oui, madame ! C’est mon nom.
Quelle drôle d’idée !
Je n’en suis pas plus fier !… Je vous demande pardon !
Oh ! bien, si c’est à trois heures : il est moins trois…
Ça ne peut être long.
D’ailleurs, quand nous sommes arrivés, il y avait déjà des voitures en bas qui entraient.
Oh ! bien, alors… !
La musique ! Voilà la musique !
C’est les mariés ! c’est les mariés qui arrivent !
C’est les mariés !
Le cortège, mesdames, messieurs ! voici le cortège !
Le cortège ! voilà le cortège !
Le cortège ! Voilà le cortège !
Allons voir l’entrée. Allons voir l’entrée.
Allons ! Allons !
Place, messieurs-dames ! place pour le cortège ! rangez-vous.
Là ! là !
C’est ça ! C’est ça !
Par ici, messieurs les mariés ! par ici !
Oh ! qu’elle est bien ! quelle jolie toilette !… comme elle est en physique !… etc.
Par ici, messieurs, dames !
Tu pleures, papa ?
Non !… Oui !… Qu’est-ce que tu veux : l’émotion… ! C’est pas des larmes positivement ; c’est plutôt comme quand on épluche un oignon sous son nez, ça vous…
Oui ! Oui !
N’est-ce pas ? sentir sa fille en fleur d’oranger… comme ça… sous l’œil de la foule !…
Mais puisque c’est une blague.
Je sais bien, mais, tout de même !… (Il se mouche bruyamment, puis.) Ah ! le mariage est une belle institution !
Allons, calme-toi !…
Suivez messieurs, dames ! suivez !
Voilà ! Voilà ! Ils gagnent par la suite jusque devant la table du maire.
Je vous dirai que ça dépend ! À domicile, pour faire les ongles, je prends huit francs ; mais, pour les amis, c’est cent sous.
Oh ! c’est tout à fait intéressant !
Mais suis donc, la gosse ! Tu es tout le temps à te faire traîner.
Mais, je suis !
Oh ! C’t’ idée aussi de m’avoir collé la môme à la concierge comme demoiselle d’honneur. Je suis ridicule !
La mariée ici, le marié là !
Ça est le grand jour, hein donc ! les chers petits, ils doivent être très émus.
Oui !… (Les dents serrées.) les chers petits !
Monsieur le père ici ! Madame la mère…
La mère ? y en a pas !
Non, je suis la tante.
Eh ! bien, madame, la tante, là !
C’est-à-dire que, si je suis témoin, c’est que Son Altesse Royale m’a délégué…
En vérité !… Eh ! bien, moi, c’est à cause… (En se donnant une bonne tape sur la cuisse.) de ma respectabilité.
Messieurs les témoins !
Voilà ! Voilà !
Les témoins de la mariée, ici ; les témoins du marié, là !
Alleï, les petits ! débarrassez, hein, donc ?
Dis donc, ce mariage, ça ne te donne pas envie d’en faire autant ?
Avec toi ?
Avec moi.
Eh ! bien, tu sais ! j’y penserai !
Moi, si je voulais, je n’aurais qu’un mot à dire, n’est-ce pas, chéri ?
Ah ? possible ; mais pas avec moi, toujours.
Ah ! animal ! Tu me disais l’autre jour…
Pardon, l’autre nuit !… et la nuit il y a bien des choses qu’on dit…
par politesse.
Monsieur le garçon d’honneur et la demoiselle ?
C’est nous, mon cher !
Oh ! « mon cher », non, pigez-moi, c’te larve !… si ça ne fait pas transpirer !
Ici, monsieur le garçon d’honneur et sa demoiselle.
Non, mais à quelle heure qu’on te couche !
À huit heures, mon garçon !
Oh ! là, là ! le biberon ! allez, tâche de te la clore.
Quoi ?
La ferme !
Si vous voulez prendre place sur les chaises ?… (Boas, Palmyre, Valcreuse et Yvonne s’asseyant aux places indiquées.) M. le maire est à vous dans un instant.
Dis donc ?
Quoi ?
C’est toujours Toto Béjard, le maire ?
C’est Toto Béjard ! Oui.
Dis donc, Amélie !
Quoi ?
C’est toujours Toto Béjard, le maire.
Eh ! bien, oui, je sais.
Quoi ? qu’est-ce qu’il y a ?
Non, rien ! Il me dit que c’est Toto Béjard, le maire.
Ah ! oui ! (se tournant Vers Virginie.) C’est Toto Béjard, le maire !
Ah ?… eh ! ben après ?…je m’en fiche !
Comment vous dites le bourgmestre ? Toto Béjard ?
Hein ! non, oui ! Ça n’a pas d’importance. Un temps. Puis grand éclat de rires dans la bande, Yvonne, Palmyre, Boas et Valcreuse.
Idiot, va !
Oh ! ben, quoi, si on ne peut plus être spirituel !
Quoi ? quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
Rien, rien !
C’est Boas qui fait des plaisanteries d’un goût douteux.
Ah ! quoi ? quoi ?
ENSEMBLE. |
YVONNE.
Il demande… PALMYRE.
Il demande… VALCREUSE.
Il demande… |
Non, toi !
Toi !
Eh ! bien, quoi ? Qu’est-ce qu’il demande ?
Il demande pourquoi tu n’as pas mis d’oranges dans ta couronne !
Oh ! que c’est fin ! Oh ! que c’est spirituel !
C’est Gueuledeb qui a trouvé ça ?… Ah ! c’est distingué, oui !
Ben, mon Dieu… !
Allons, allons ! circulez ! Où croyez-vous donc z’être ! hein ? Où croyez-vous donc z’être !
Eh ! bien, mais y a qu’à lui demander… (Appelant Bibichon.) Eh ! Bibichon !
Eha ?
Est-ce que tu es du dîner, demain, chez Fifi l’andouille ?
Ah ! non.
Ah ?
Tu n’en es pas ?
Non.
Nous en sommes, nous.
Oh ! mais ça ne fait rien ! On mange bien chez elle, je m’invite !
Ah ! bravo !
Mais, dame ! (Il se rassied pour se relever aussitôt, et, à ceux du fond.) Allô !… Merci du renseignement.
Quoi ?… Qu’est-ce que tu dis ? (La petite lui reparle.) Hein !… Ah ! zut ! Non !… tout à l’heure ! quand on s’en ira.
Qu’est-ce qu’il y a ?
Non, rien !
Mais quoi ?
Rien, c’est la gosse qui…
Eh ! bien, quoi ? conduis-la, mon petit !
Moi ! Ah ! ben non, alors ! tu m’as pas regardé.
Quoi ! Qu’est-ce qu’il y a ?
Non, rien, papa ! C’est la petite qui…
Ah ?
Oui !
Eh ! bien, quoi ? c’est humain.
AMÉLIE Dites donc, garçon !
Mademoiselle ?…
Pourriez-vous nous indiquer…
Non, comme c’est agréable !
Oh ! rien de plus facile, mademoiselle. (Indiquant Adonis.) C’est pour monsieur !
Hein ! Mais non ! mais non !
C’est pour la petite demoiselle ! Tenez, par ici, mademoiselle.
Eh ! ben, tu viens ?
Mais, fiche-moi la paix.
Eh ! ben, quoi ? va avec elle.
Moi !
Un garçon d’honneur ne lâche pas sa demoiselle d’honneur.
Ah ! ben, non, zut !
Je te dis d’y aller… tu ne peux pas laisser cette petite toute seule.
Oh !
Quoi, c’est pas la mer à boire.
Non ! De quoi que j’ai l’air, moi ? de quoi que j’ai l’air ?
Laissez passer la demoiselle d’honneur ! Laissez passer la demoiselle d’honneur !
Oh ! c’t averse ! (À la petite.) Tu pouvais pas prendre tes précautions avant, toi !
Va donc, petit Soleilland !
Oh ! oui ! oh !
Par ici, tenez, par ici !
Sale gosse, va ! (Arrivés au seuil de la porte du fond, Mouilletu, avec force gestes, lui indique le chemin à prendre. Adonis, sur les charbons.) Oui, c’est bon ; pas de gestes. monsieur ! pas de gestes !… je trouverai bien ! merci ! Sale gosse, va !
Où c’est ça qu’ils vont donc ?
Rien, c’est la petite qui…
Ah ! oui, oui… Meneken !… Meneken… pssse…
Vous y êtes.
Oh ! ça est tout de même un mariage vraiment parisien !
C’est pas pour dire, mais il nous fait poser, Toto Béjard.
Tu parles !… Et moi, tu sais… je veux bien qu’on s’épouse, mais faut pas oublier que j’ai rendez-vous à quatre heures à la maison avec le prince.
À quatre heures ?… Oh ! bien, tu as de la marge.
C’est que, depuis le temps que je la fais droguer, la malheureuse… !
Quelle… « malheureuse » ?
Eh ! ben, Son Altesse !… C’est du féminin.
Ah ?… C’est juste !
Voici M. le maire.
Scène IV
Monsieur !
Papa !
Oh ! pardon ! (Croyant que le maire lui tend la main.) Enchanté.
Non, c’est pour vous prier de vous asseoir.
Oh ! pardon.
Dis donc !… C’est Toto Béjard, ça ?
C’est Toto Béjard.
Qu’est-ce qu’il y a ?
Rien, rien ! (À Étienne, en allant s’asseoir.) La gueule est bonne ! Tu es sûr de lui, au moins. Il ne va pas faire de blagues ? Se mettre à rigoler ?
Non, non ! sois tranquille !… Il ne fera pas de blagues.
Veuillez, je vous prie… ! (Voyant que Marcel ne l’écoute pas.) Monsieur le marié !…
Marcel !
Hein ! moi ?…
Évidemment vous ! vous n’êtes pas plusieurs ! (Achevant.) … me donner vos noms et prénoms !
Il est épatant !
N’est-ce pas ?
Joseph-Marcel Courbois.
Qu’est-ce qui vous fait rire ?
Ça va bien, allez ! ça va bien !
Et vous, mademoiselle ?
Clémentine-Amélie Pochet !
Non, pas vous ! C’est à mademoiselle que je demande.
Ah ! pardon.
Clémentine-Amélie Pochet.
Eh ! ben, hein ?… qu’est-ce que j’ai dit ?
Oui, c’est bien.
Vous comprenez, n’est-ce pas, c’est moi qui lui ai donné ces noms… C’est ma fille, alors !… je les connaissais avant elle.
Je vous en prie, monsieur !
Continuez, monsieur le maire ! continuez !
Mais « Pochet, Pochet » ? Je croyais le nom était d’Avranches ?
Hein ?… Oui, c’est… c’est un titre du pape ; ça ne se mentionne pas dans les actes.
Tenez, tenez, tenez !
On va vous donner lecture de l’acte de mariage ! (À Cornette.) Lisez, Cornette !
Il est épatant, ce Toto ! On dirait qu’il n’a fait que ça toute sa vie.
« L’an mil neuf cent huit et le cinq mai, à trois heures du soir, devant nous, Maire du huitième Arrondissement de Paris, ont comparu en cette mairie pour être unis par le mariage, d’une part M. Marcel Courbois, rentier, demeurant 27, rue Cambon, (Diminuant peu à peu la voix pour arriver à la fin à n’être qu’un ronron, de façon à ne pas couvrir la voix des personnages qui, cependant, doivent donner la sensation de parler a mi-voix.) âgé de vingt-huit ans, célibataire… » etc.[1]
Dis donc ! Marcel, t’as vu sa loupe ?
Quelle loupe ?
La loupe du maire.
Ah ! tu parles !
T’as vu sa loupe, papa ?
Hein ?
La loupe du maire !
Ah ! ben, je te crois ! Ce qu’elle est conséquente !
Comme un œuf de… de colombe. (À Marcel.) Ah ! tu vois, je ne dis plus pigeon.
Oh ! dans ce cas-là, tu peux dire comme tu veux ! (À Étienne.) Tu ne m’avais pas dit que Toto Béjard avait une loupe.
Tais-toi ! elle est fausse ! C’est du camouflage.
Non ? (À Amélie.) Dis donc, Amélie ! la loupe du maire… ! Il paraît qu’elle est fausse.
Allons donc ! (À Pochet.) Oh ! papa, la loupe du maire ! elle est fausse.
Pas possible ! (Se levant.) Oh ! que c’est drôle ! De sa poche il tire des bésicles en écaille, se les fixe sur le nez et s’avance tout près du maire pour mieux regarder sa loupe.
Qu’est-ce qu’il y a ?…
Rien !… Rien, rien ! (Il a un geste du coude vers le maire et un jeu de physionomie qui semble dire : « Ah ! farceur, va ! » puis va se rasseoir. Le maire hausse les épaules puis reprend sa position première. À Amélie, en se rasseyant.) C’est curieux, on jurerait qu’elle est vraie !
Quoi ? qu’est-ce qu’on jurerait qui est vrai ?
La loupe du maire, il paraît qu’elle est fausse.
Non ? (A ses voisins de gauche.) Ah ! la loupe du maire qui est fausse.
Non ? (Au général.) La loupe du maire qui est fausse !
Ah ?
Quoi, qu’est-ce qui est qui est fausse ?
La loupe du maire, elle est fausse !
C’est pas possible !
Ah ! la loupe du maire qui est fausse.
Non ?
Si.
Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qu’il y a ?
La loupe du maire est fausse.
Quoi ? sa loupe ? Ah !
Enfin, quoi ? qu’est-ce qu’il y a ?
Rien !… Rien-rien !
Qu’est-ce que vous avez ?
Il paraît qu’elle est fausse.
Quoi ?
Je ne sais pas !
Mais quelle noce ! mon Dieu, quelle noce !
« Avons prononcé publiquement que M. Joseph-Marcel Courbois et mademoiselle Clémentine-Amélie Pochet sont unis par le mariage. »
Bravo !
Chut ! (À Pochet.) Levez-vous. (Marcel, Pochet et Amélie se lèvent. Aux mariés.) Asseyez-vous ! (Tous trois s’asseyant. À Pochet.) Non, levez-vous !
Ah !
Asseyez-vous ! (Tous trois s’asseyent. À Pochet.) Mais non, levez-vous !
Enfin, quoi, est-ce qu’on se lève ou est-ce qu’on s’assied ?
Je parle à M. Pochet ! Asseyez-vous !
Ah ! bon.
Eh ben ? pourquoi vous asseyez-vous ?
Non, pardon ! Vous venez de dire : « Je parle à M. Pochet, asseyez-vous ! »
Eh ben ! oui : « je parle à M. Pochet ; asseyez vous, vous, les mariés ; et vous, monsieur Pochet, restez debout. »
Ah ! bon !
Eh ! ben ! on le dit.
Monsieur Amédée Pochet !
C’est moi !
Oui, oh ! je le sais ! Vous consentez au mariage de votre fille Clémentine-Amélie Pochet avec M. Joseph-Marcel Courbois ?
Avec joie.
Ne dites pas, avec joie.
Je le dis comme je le pense.
C’est possible, mais on ne vous demande pas vos impressions intimes. Dites « oui ou non » !
Absolument.
Mais, pas « absolument » ! Est-ce oui ou est ce non ?
Mais oui, voyons ! puisqu’on est venu pour ça !
Allons ! C’est bien ! je vais vous donner lecture…
(*) |
AMÉLIE, à Adonis qui, précédé de la petite, traverse entre le premier et le deuxième rang de chaises.
Eh bien ! ça y est ?… ADONIS, tout en regagnant sa place.
Oui ! oh ! je la trouve mauvaise ! LE MAIRE, essayant de parler.
Je vais vous donner… POCHET.
Elle aurait seulement dix ans de plus, il trouverait ça charmant. LE MAIRE.
Je vais vous donner lecture… BIBICHON, descendant un peu en scène et blagueur.
Moi, elle en aurait seulement cinq de plus !… LE GÉNÉRAL, riant.
Oh ! Oh ! Oh ! |
Quand vous aurez fini !
Oh !
Voyons, mes enfants !… mes enfants !… On est à la mairerie !
Il est temps de vous le rappeler !
Là ! rappelez-le-vous… rapp… rappelez Vous-le-le…
Voulez-vous vous taire !
Rap-pe-lez-le-vous-le ! (Au maire.) Là, ça y est.
Oui, eh bien ! taisez-vous !
Oui.
Il est épatant, Toto Béjard ! un naturel ! une autorité !
Je vais vous donner lecture des articles du code concernant les droits et devoirs respectifs des époux.
Écoutez ça, mes enfants !
Silence !
Silence !
Silence !
C’est ce que je leur dis : (À l’assistance.) Silence !
Vous !
moi ! (À lui-même en s’asseyant.) Silence !
Quelle claquette, le père donc !
« Article 212 : Les époux se doivent mutuellement assistance secours, fidélité. — Article 213 : Le mari doit protection à sa femme, la femme obéissance à son mari. — Article 214 : La femme est obligée d’habiter avec le mari et de le suivre partout où il juge à propos de résider ; le mari est obligé de la recevoir et de lui fournir tout ce qui est nécessaire pour les besoins de la vie selon ses facultés et son état. — Article 226… »
Ma petite demoiselle, si vous voulez bien ?…
Ah ! autre averse : faut faire quêter la gosse.
Pour les pauvres de l’arrondissement !… Pour les pauvres de l’arrondissement !
Allons, bon !
Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que c’est ?…
« Article 226 : la femme ne peut pas tester sans l’autorisation de son mari. »
Presque à la fois et sur la lecture du maire. |
ADONIS.
C’est la même qui s’a fichue par terre. AMÉLIE, qui est descendue aussitôt.
Alors tu ne peux pas la tenir, non ? (À la petite.) Tu n’as pas bobo ? YVONNE.
Tu ne t’es pas fait mal ? LA PETITE, qu’on a relevée.
Non, non ! |
Enfin, messieurs, mesdames !…
Naturellement ! Elle ne regarde pas où elle marche ! (À la petite.) Tu ne peux pas regarder où tu marches ?…
Pendant ce temps on récolte les pièces, qu’on remet sur le plateau.
Ah ça ! qu’est-ce qu’il y a, à la fin ?
C’est la gosse qui s’a répandue avec le plateau et la galette.
Ce n’est pas une raison pour troubler la cérémonie !
Là ! tu vois ! tu troubles la cérémonie.
Scène V
C’est bien ici la salle des mariages ?
Oui, madame, c’est ici.
Enfin, voyons ! y êtes-vous ?
Voilà, monsieur le maire ! Voilà !
Monsieur Marcel Courbois !
J’y suis, monsieur le maire !
Ah ! madame !
Consentez-vous à prendre pour épouse…
Dis donc ! madame, là-bas !
Mademoiselle Clémentine,
Qui ?… Irène !…
Amélie,
Oui !
Pochet ?
Non ?
Hein !
Comment non !
Quoi ? Ah ! çà ?… mais naturellement, voyons…
Quoi « naturellement » ? Vous consentez, oui ou non ?
Mais oui ! (Faisant des petits bonjours à Irène qui les lui rend.) Bonjour… Bonjour !…
Mademoiselle Clémentine-Amélie Pochet !
C’est gentil à elle d’être venue.
Mademoiselle Clémentine !… Clémentine ! Amélie !… Mademoiselle Pochet !
Amélie !
Voilà ! voilà !
Mais qu’est-ce que c’est que ces gens-là ?
Fais donc attention à ce que tu fais !
Oui, oui. (À mi-voix à Pochet.) C’est parce qu’il y a madame au fond, madame de Premilly !
Madame ? Non ? Madame est là ?… Ah ! tiens, oui ! (Avec force courbettes adressées à Irène mais entre chair et cuir.) Ah ! Madame !… Bonjour, madame !
Enfin, mademoiselle Pochet, est-ce pour aujourd’hui ?
Voilà ! voilà, monsieur le maire !… (Indiquant de la tête Irène qui est allée s’asseoir en tête, côté public, de la dernière banquette.) C’est parce qu’il y a madame…
Oui, bon ! (Changeant de ton.) Mademoiselle Clémentine-Amélie Pochet… consentez-vous à prendre, pour époux, M. Marcel Courbois ?
Mais ça va de soi !
En voilà une réponse !
Pardon !… Oui ! monsieur le maire ! Oui.
Au nom de la loi !… Je déclare M. Joseph Marcel Courbois et mademoiselle Clémentine-Amélie Pochet, unis par le mariage.
Bravo !
Bravo !
Messieurs ! Messieurs ! nous ne sommes pas ici au spectacle !
Ouf, ça y est !
Qu’est-ce que tu dis ?
Hein ? Rien ; je dis : « Ça y est ! »
Ah ! oui, ça y est ! (À Amélie.) Ça y est ! (À Irène de loin, — à voix basse mais poussée — en agitant en l’air son chapeau comme un tambour de basque.) Ça y est !
Si vous voulez venir signer l’acte, monsieur et madame les mariés ? messieurs les parents ?… messieurs les témoins ?…
Si vous voulez signer là… (Avec intention.) mademoiselle ! (Après qu’Amélie a signé.) Merci… madame ! (Pendant qu’Amélie remonte pour signer sur l’autre registre, et se croise avec Marcel qui vient de signer au fond, Pochet signe sur le registre de Mouilletu, et, cédant la plume à Marcel, remonte à son tour. Le maire, se penchant vers Marcel pendant que celui-ci signe.) Ils ne sont guère raisonnables, monsieur le marié, vos amis.
Excusez-les ! Ils ne savent pas garder comme vous leur sérieux.
Comment ?
Admirable, monsieur Toto ! Admirable !
Quoi ! quoi, Toto ?
Chut ! (Indiquant Van Putzeboum en train de signer, et à voix basse.) Le parrain ! le parrain, là ! Chut !
Je ne comprends pas ce que vous dites.
Oui, bon, ça va bien !
Quoi ? « le parrain ! le parrain ! »
Comment ?
Mais rien ! mais rien du tout !
C’est des mariés de Charenton, positivement !
Quelle rosse, ton Toto Béjard ! il s’amuse à me faire marcher.
Je te l’ai dit : C’est un blagueur a froid.
Messieurs les mariés, si vous voulez avancer pour recevoir les compliments de M. le Maire.
Monsieur et madame Courbois !…
Pas de blagues, hein ?
Quoi ?
Non, non, rien ! ça va bien !
Monsieur et madame Courbois ! Bien que peut-être je n’aie pu trouver chez vous… (Appuyant sur les mots.) et vos amis…
Quoi ?
… la gravité que j’étais en droit d’attendre au cours de cette cérémonie…
Oh !
cela ne m’empêche pas de me conformer aux usages. Et, vous épargnant tout long discours, je viens vous prier, monsieur et madame Courbois…
Bravo !
… d’agréer simplement les vœux sincères que le maire forme pour votre bonheur.
Bravo !
Je vous remercie bien, monsieur le maire.
Moi de même ! croyez bien que… (Se penchant et à mi-voix.) Non mais… tout à l’heure, je vous disais : « C’est le parrain ! » parce que c’est à lui qu’on fait la blague.
Oui, oui ! (Après un temps.) Quelle blague ?
Ah ! farceur, va !
Hein !
En tout cas, très bien joué ! Admirable cabotin !
Quoi !
C’est comme la loupe, làl… Ah ! c’qu’elle est rigolo !
Ah ! mais dites donc, madame ! (À part, exaspéré.) Ah ! mais ils m’embêtent, les mariés ! (Avec humeur, à l’assistance.) Messieurs, mesdames, bonsoir !
Messieurs, mesdames, la cérémonie est terminée ; si vous voulez vous ranger la, pour le défilé des invités.
Viens, Amélie ! prends garde à ta traîne !
C’est à papa qu’il faut dire ça. (À Pochet.) Papa, ne me marche pas dessus.
As pas peur ! je prends mes distances.
Prends bien soin de la petite ! Si elle a besoin de quelque chose…
Ah ! non, merci. Je sors d’en prendre.
Scène VI
Bonjour, Marcel !
Ah ! te voilà !
Oui, j’ai voulu voir ça.
Bonjour, madame !… Madame va bien ? (À son père.) Papa, Madame !
Madame, oui… oui… j’ai aperçu tout à l’heure… Et madame vient au linche, oui ?
Merci, Pochet ! Non ! vraiment !
Oh ! chez Gilet, madame ! Madame ne me refusera pas !… Ne serait-ce qu’un doigt de madère et un guillout.
Merci, Pochet ! Non, vraiment !
Oh ! je suis contristé ! je suis contristé !
Je suis désolée, mon pauvre Pochet.
Et tu as vu, hein ? quand on nous a unis ?
Oui, je suis arrivée pour ça ; ça m’a semblé tout drôle !
C’était rigolo, en effet.
Eh ! bien, ça a réussi ! le parrain a marché ?
Et comment !
Ce qu’il a pu donner dans le piano !
Alors, plus d’ennuis ? plus d’embêtements ?
Plus d’ennuis ! plus d’embêtements ! (Rire sardonique d’Étienne dans son coin. — Riant à son exemple.) Ah ! qu’est-ce qu’il a à rire, celui-là ?
Te voilà riche.
Oh ! ma Rérène !
Oh !
Eh ! ben, quoi ? c’est le mariage !
Au fait ! c’est vrai !
Attention ! le parrain !
Oh !
Je t’attends dans l’atrium.
Qu’est-ce que ça est donc ?
Bien ! rien ! une parente de province !
Sa sœur de lait.
Ouye ! je te félicite ! on fait ça bien en province.
N’est-ce pas ?
Mais c’est pas tout, ça, filske ! maintenant que le monde est parti, je te fais une fois aussi mes compliments.
Oh ! parrain… merci !
Vous venez au linche, naturellement.
Ça, tu penses que je vais ! et les mariés aussi, hein donc ! vous venez, hé ?
Oh ! non, non, les mariés ils ne paraîtront pas au lunch ; ils vont chez eux… Vous devez comprendre, n’est-ce pas… ?
Oui, oui, je comprends. Alleï ! Alleï ! Mais avant, ça tu permets, une bise, hein ?
Oh !… Bisez ; parrain ! bisez !
Y a pas ! c’est une incontinence chez lui !
Voici votre livret de mariage.
Mon livr… (Agitant son livret à proximité de son visage et dans la direction d’Étienne en manière de menace comique.) Ah ! ce mâtin d’Ét… (À Mouilletu.) Merci, mon ami !
Merci, monsieur ! tous mes vœux !
Le livret de mariage ! (Dans la direction d’Étienne.) Ce mâtin d’Étienne, il a pensé à tout !
À tout.
À tout, quoi ?
Hein ! À tout… à tout rien.
Madame, si vous voulez… ?
Ah ! c’est juste ! (À mi-voix à Marcel, tout en passant le manteau que lui tend le Général.) bien, je file, moi, avec le Général ; Son Altesse m’attend.
Ah ! oui.
Mon époux permet ?
Comment donc !
Nous sommes des mariés pas ordinaires ! (Au Général.) Vous y êtes, Général ?
Je suis à vos ordres.
Hein ? Eh bien, quoi ? Vous partez ?
Oui, oui !
Oui, en avant ! en avant ! Je dois aller la rejoindre.
Ah ! bon ! Alors, je vais aller chercher mon paletot, moi ! Maintenant que tu as rempli la condition, je vais à l’hôtel et je t’apporte ton chèque.
C’est ça ! c’est ça !
Ah ! bien, tout le monde file, je file aussi.
C’est ça ! C’est ça !
Chez Gilet, hein ? On se retrouve chez Gilet.
Chez Gilet, c’est ça ! Moi j’y vais pas ! mais bon appétit !
Merci.
Scène VII
Ehé !
Ehé !
Ça y est !
Ça y est ![2]
Eh ! eh ! eh ! eh ! eh ! eh ! eh !
Ah ! Merci, mon bon Étienne ! Merci !
Tu es content, hein ?
Si je le suis ! Ah !… Non, mais crois-tu, hein ? crois-tu que ça a pris !
Oui, hein !
Ce qu’il a marché, le parrain ! Ah ! la bonne farce ! la bonne farce !
Oh ! oui, la bonne farce ! la bonne farce !… Et meilleure encore que tu ne l’imagines.
Oh ! non ! (Tape) Oh ! non ! (Tape.)
Oh ! si ! Oh ! si !
Hé ! hé ! hé ! hé ! hé ! hé ! hé !
Il ne peut y avoir une meilleure farce que d’avoir fait croire au parrain que ce mariage était vrai !
Si ! si !… Il peut y en avoir une meilleure encore !
Oh ! non ! Oh ! non !
Oh ! si ! Oh ! si !
Hé ! hé ! hé ! hé ! hé ! hé ! hé !
C’est de t’avoir fait croire à toi que ce mariage était faux.
Oui !… Euh ! Quoi ?
Tu as cru que c’était une blague ? Eh ! bien, il est vrai, mon vieux ! il est vrai !
Hein !
Ah ! tu m’as pris ma maîtresse ! Ah ! tu as couché avec elle !
Comment ! tu sais ?
Oui je sais !
Ouche !
Eh bien, mon vieux, couche encore si tu veux ! Tu n’as plus à te gêner ; c’est ta femme à présent ; tu es marié avec elle !
Qu’est-ce que tu dis ?
Bonsoir ! Bien du plaisir… (Arrivé presque à la baie.) Occupe-toi d’Amélie !
Étienne ! Étienne !
Occupe-toi d’Amélie !
Étienne ! Étienne, voyons ! (Voyant le maire qui, son chapeau sur la tête, sort de chez lui en mettant ses gants.) Ah ! Toto Béjard ! (Se précipitant vers lui.) Venez ici, vous ! Vite, venez !
Hein !
Qu’est-ce qu’il y a de vrai là-dedans !
Quoi ! quoi ! qu’est-ce qui vous prend encore ?
Dans mon mariage ? Est-ce vrai ? Est-ce vrai, que j’ai épousé Amélie ?
Comment, si c’est vrai ! Mais naturellement que c’est vrai !
Qu’est-ce que vous dites !
Qu’est-ce que vous croyez donc que vous venez de faire, alors ?
Moi ! moi, j’ai épousé… ! mais je ne veux pas ! je veux divorcer !
Mais ce n’est pas mon affaire.
Vous n’êtes donc pas Toto Béjard ?
Moi ! (Bien net.) Je suis le maire de l’arrondissement !…
Le maire de l’arr… ah ! ah !
Hein ! Eh ! bien, voyons ! Voyons !
Eh bien, mon ami… C’est comme ça que… ?
Irène ! Je suis marié à Amélie !
Qu’est-ce que vous dites ?
Allons, monsieur… !
Étienne a abusé de ma confiance. Je suis marié à Amélie d’Avranches !
Vous êtes… ! Ah ! Ah !
Ah ! mon Dieu ! elle aussi ! (Appelant) Au secours ! Du monde ! Mouilletu ! Cornette ! Au secours !
Qu’est-ce qu’il y a ! Qu’est-ce qu’il y a ?
J’ai épousé Amélie !
Hein !
J’ai épousé Amélie d’Avranches.
Qu’est-ce que tu dis ?
Mais qu’est-ce que ça est donc, filske ?
Ah ! mon parrain !… J’ai épousé Amélie d’Avranches !
Eh ! bien, quoi ? Ça je sais bien, Gottferdom !
Nom d’un chien ! et moi qui ai signé Bibichon !
« J’ai épousé Amélie d’Avranches ! »