Odes (Horace, Leconte de Lisle)/I/6

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1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode VI. — À VIPSANIUS AGRIPPA.


Courageux et victorieux, tu seras célébré par Varius, l’aigle du chant Mæonien. Il dira tout ce ce que le soldat farouche, commandé par toi, aura fait, porté sur des nefs ou sur des chevaux.

Pour moi, Agrippa, je ne dirai ni cela, ni la colère terrible et inexorable du Pélide, ni les courses sur la mer du subtil Ulyssès, ni la fatale maison de Pélops.

Faible, je ne tenterai pas ces grandes choses. La pudeur et la Muse qui inspirent ma lyre paci fique me défendent de nuire, par mon peu de génii, aux louanges du glorieux Cæsar et aux tiennes.

Qui célébrera dignement Mars dans sa tunique d’acier ? ou Mérion noir de la poussière Troienne ? ou le Tydide semblable aux Dieux par le secours de Pallas ?

Je ne chante que les festins et les combats des vierges menaçant les Jeunes hommes de leurs ongles coupés, que je sois libre ou que je brûle, mais toujours inconstant.