Odes (Horace, Leconte de Lisle)/II/15

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1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode XV. — CONTRE LE LUXE DU SIÈCLE.


Les royales constructions ne laisseront bientôt que peu d’arpents à la charrue. On verra de toutes parts des viviers plus grands que le lac Lucrinus. Le platane solitaire

Remplacera les ormes. Les violettes et le myrte, toute la richesse de l’odorat, répandront leurs parfums là où les oliviers donnaient l’abondance à l’ancien maître ;

Et l’épais feuillage des lauriers repoussera les brûlants coups de soleil. Ces choses n’ont point été prescrites sous les auspices de Romulus, ni de l’austère Cato, ni par la loi des aïeux.

Leur fortune privée était petite, la fortune publique était grande. Aucun portique large de dix pieds ne dispensait la fraîcheur du nord aux simples citoyens.

Les lois ne permettaient pas de dédaigner le chaume naturel, et elles ordonnaient de consacrer la pierre nouvellement taillée aux monuments publics et aux temples des Dieux.