Odes (Horace, Leconte de Lisle)/III/7

La bibliothèque libre.
1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
◄  III, 6 III, 7 III, 8   ►




Ode VII. — À ASTÉRIÉ.


Pourquoi pleures-tu, Astérié, celui que les premiers souffles du printemps te rendront, le jeune Gygès, enriolli par son gain de Bithynia, et toujours fidèle ?

Poussé par le Notus vers Oricum, après le coucher de l’orageuse cinstellation de la Chèvre, il passe, sans dormir, les nuits à verser des larmes.

Cependant, le rusé messager de son hôtesse troublée lui dit de mille façons que la malheureuse Chloé soupire et brûle pour lui des mêmes feux que toi.

Il lui rappelle qu’une femme perfide poussa Prœtus, crédule à de faux crimes, à méditer le meurtre du chaste Bellérophon ;

Il lui raconte que Péleus fut presque voué au Tartare, pour s’être abstenu en fuyant de la Magnessienne Hippolyté, et, plein de ruse, il lui raconte d’autres histoires qui enseignent à mal faire ;

Mais en vain, car Gygès l’écoute, plus sourd que les rochers de la mer Icarienne, et il est tout entier à toi. Prends garde, cependant, que ton voisin Enipeus te plaise trop ;

Quoique nul ne sache mieux que lui dompter un cheval sur l’herbe du Champ de Mars, ni traverser plus promptement à la nage le fleuve Toscan.

Dès la nuit venue, clos ta demeure, afin de ne point regarder dans la rue, attirée par le chant de la flûte plaintive, et reste inaccessible à qui te nomme souvent cruelle.