Odes (Horace, Leconte de Lisle)/IV/5

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1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode V. — À AUGUSTUS.


Dû à la bonté des Dieux, excellent gardien de la race de Romulus, tu es absent depuis trop longtemps. Tu avais promis ton retour prochain au conseil sacré des Pères ; reviens.

Rends, noble chef, la lumière à ta patrie. En effet, comme le printemps, dès que ton visage brille aux yeux du peuple, le jour est plus doux et de meilleurs soleils luisent.

Comme la mère, dont le souffle envieux du Notus retient le jeune fils, toute une longue année, au delà des flots Carpathiens, loin de sa demeure,

L’appelle de ses vœux, de ses présages et de ses prières, et ne détourne pas les yeux du rivage ; ainsi, en proie aux fidèles regrets, la patrie cherche Cæsar.

Par toi, le bœuf erre sans crainte dans les campagnes ; Cérès nourrit les campagnes, et la bienveillante Abondance aussi ; les marins volent sur la mer apaisée ; la bonne foi craint d’être soupçonnée ;

Les chastes foyers ne sont plus souillés par les adultères ; les mœurs et la loi ont effacé les taches criminelles ; les accouchées sont glorifiées par des enfants qui ressemblent à leur père ; et la peine suit toujours la faute.

Qui redouterait le Parthe, le Scythe glacé, ou la race qu’enfante la sauvage Germania, Cæsar étant vivant ? Qui s’inquiéterait d’une guerre contre l’Ibéria féroce ?

Chacun achève sa journée sur ses collines et marie la vigne aux arbres solitaires ; puis, chacun revient, joyeux, à son vin, et t’invite comme un Dieu à son repas ;

On t’offre de nombreuses prières et les libations des coupes ; on mêle ta divinité aux Dieux Lares, comme fait la Græcia qui se souvient de Castor et du grand Herculès.

Oh ! puisses-tu, noble chef, donner de longs jours de fête à l’Hespéria ! nous le disons à jeun dès le matin, nous le disons, émus par le vin, quand le soleil disparaît dans l’Océan.