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Odes (Horace, Séguier)/II/2 - À Sallustius Crispus

La bibliothèque libre.
Odes et Épodes et Chants séculaires
Traduction par M. le Comte de Séguier.
A. Quantin (p. 57-58).


II

À SALLUSTIUS CRISPUS



L’argent caché dans une terre avare
Est sans couleur, et tu hais ce métal,
Salluste, à moins qu’un usage loyal
          De clartés ne le pare.

Proculéius dans les siècles vivra :
Il eut un cœur paternel pour ses frères.
La Renommée en ses ailes prospères
          Toujours le portera.

D’accumuler dompte la male rage,
Tu vaudras plus qu’en régnant de Gadès
Aux bords du Nil, que si tu possédais
          L’une et l’autre Carthage.

Tout hydropique est fol en s’abreuvant ;
Sa soif renaît : pour qu’elle se dissipe,
Il faut chasser la lymphe, aqueux principe,
          D’où ce blême vivant.


Phraate en vain reconquiert son beau trône
Contrairement au peuple, la Vertu
Du nom d’heureux ne l’a point revêtu.
          Elle défend qu’on prône

Des titres faux, et n’accorde un haut rang,
Un sceptre sûr, un laurier frais sans cesse
Qu’au seul mortel qui voit toute richesse
          D’un air indifférent.