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Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret/Tome I/3/7

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Traduction par Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret.
Œuvres de Walter Scott, tome 1Furne, Libraire-éditeurTome I. — Ballades, etc (p. 175-185).


NOTES



CHANT PREMIER.

Note 1. — Paragraphe i.

Sous le règne de Jacques Ier, roi d’Écosse, sir William Scott de Buccleuch, chef du clan qui portait ce nom, fit un échange avec sir Thomas Inglis de Manor, du domaine de Murdiestone, dans le comté de Lanarck, pour moitié de la baronnie de Branksome ou Branxholm, située sur les bords du Teviot, à environ trois milles au-dessus d’Harwick. Il s’y détermina probablement parce que Branksome touchait aux domaines étendus qu’il possédait près de la forêt d’Ettrick et dans la vallée de Teviot. La tradition attribue cet échange à une conversation entre Scott et Inglis, dans laquelle ce dernier, homme, à ce qu’il paraît, d’un caractère doux et pacifique, se plaignit des incursions que faisaient sur ses possessions les habitans des frontières d’Angleterre. Sir William Scott lui offrit sur-le-champ la terre de Murdiestone en échange du domaine qui était sujet à de tels inconvéniens. Lorsque l’affaire fut conclue, il remarqua que les bestiaux du Cumberland valaient bien ceux de la vallée de Teviot, et il commença contre les Anglais un système de représailles que ses successeurs ne manquèrent pas de suivre. Sous le règne suivant, Jacques II accorda à sir Walter Scott de Branksome, et à sir David son fils, l’autre moitié de la baronnie de Branksome, sans autre redevance qu’une rose rouge.

Branksome devint alors le siège principal de la famille de Buccleuch. La seule partie de l’ancien édifice qui existe aujourd’hui est une tour carrée dont les mors sont d’une épaisseur prodigieuse.

Note 2. — Paragraphe v.

Les Écossais, dit Froissard, ne sont pas d’excellens archers, mais ils combattent parfaitement avec la hache, et s’en servent à ravir dans l’occasion. La hache de Jedwood était une sorte de pertuisane dont les cavaliers étaient armés.

Note 3. — Paragraphe vii.

Le château de Branksome était sans cesse exposé aux attaques des Anglais, tant à cause de son voisinage des frontières, que par suite du caractère turbulent de ses maîtres, qui vivaient rarement en paix avec leurs voisins.

Note 4. — Paragraphe vii.

Sir Walter Scott de Buccleuch succéda à son aïeul sir David en 1592 ; sa mort fut occasionnée par la querelle qui s’éleva entre les Scotts et les Kerrs ou Cars. Il est nécessaire d’entrer dans quelques détails à ce sujet, pour que le lecteur puisse comprendre plusieurs allusions qui se trouvent dans le poème.

En 1526, le comte d’Angus et les Douglas étaient maîtres absolus du pays, et personne n’osait leur résister. Le roi Jacques V, alors mineur, en fut mécontent, et aurait voulu secouer leur joug. Il écrivit de sa propre main une lettre confidentielle au lord Buccleuch, le priant de venir le joindre à Melross ou Melrose, et de le délivrer des Douglas.

Un serviteur fidèle du prince fut chargé de porter cette lettre au lord de Buccleuch, qui ne perdit pas un instant pour obéir aux ordres du roi. Il assembla ses vassaux et ses alliés, et marcha vers Melrose. Les Douglas, qui étaient maîtres de sa personne, virent avancer cette armée, et, lui supposant des intentions hostiles, s’avancèrent à sa rencontre. Buccleuch leur livra bataille, et fut repoussé avec une grande perte.

Cette journée fut l’origine de la haine mortelle et héréditaire qui divisa long-temps les familles de Scott et de Kerr. Parmi les actes de violence auxquels elle donna lieu, on peut citer comme le plus signalé le meurtre de sir Walter lui-même, qui fut assassiné par les Kerrs en 1552, dans les rues d’Edimbourg. C’est à cet événement qu’il est fait allusion dans la strophe VII, et la scène du poème est supposée s’ouvrir peu de temps après que ce crime eut été commis.

Note 5. — Paragraphe viii.

Entre autres expédiens auxquels on eut recours pour calmer l’inimitié qui régnait entre les Scotts et les Kerrs, les chefs des deux Clans firent, en 1529, une transaction par laquelle ils s’obligèrent à faire les quatre principaux pèlerinages usités en Écosse, pour prier réciproquement pour l’âme de ceux qu’ils avaient fait périr. Mais ou cette transaction ne fut pas exécutée, ou elle ne produisit pas l’effet qu’on s’en était promis, car leur haine éclata bientôt avec une nouvelle violence.

Note 6. — Paragraphe viii.

La famille des Kerrs était très-puissante sur les frontières d’Écosse.

Note 7. — Paragraphe x.

Les Cranstouns sont une ancienne famille des frontières, dont la résidence principale était à Crailing, dans la vallée de Teviot. Ils étaient alors en guerre avec le clan des Scotts ; car on voit en 1557 lady Buccleuch assiéger lord Cranstoun, et menacer sa vie. Cependant le même Cranstoun, ou peut-être son fils, épousa ensuite la fille de cette dame.

Note 8. — Paragraphe xi.

Les Béthunes sont d’origine française, et tirent leur nom d’une petite ville d’Artois. Il y avait dans la province veisine, la Picardie, plusieurs familles distinguées qui portaient ce nom. Le célèbre duc de Sully en descendait, et ce nom était compté parmi les plus nobles de la France. La famille de Béthune ou Beatown, et Beaton, dans le comté de Fife, produisit trois prélats savans et illustres, le cardinal Beaton, et deux archevêques de Glascow, qui en occupèrent le siège successivement. De cette famille était descendue Jeanne Beaton, épouse de sir Walter Scott de Brankseme, lord Buccleuch. C’était une femme pleine de courage, et elle en donna des preuves en se mettant à la tête du clan de son fils après le meurtre de son mari. Elle possédait à un tel degré les talens qui étaient héréditaires dans sa famille, que les esprits superstitieux lui attribuaient des connaissances surnaturelles.

Note 9. — Paragraphe xi.

Padoue passa long-temps en Écosse pour être la principale école de nécromancie.

L’ombre d’un nécromancien est indépendante du soleil. Simon-le-Mage, dit Glycas, faisait marcher son ombre devant lui, et laissait croire au peuple que c’était un esprit qui l’accompagnait. Le vulgaire croit que, quand des savans d’une certaine classe ont fait assez de progrès dans leurs études mystiques, ils sont obligés de traverser en courant une grande salle souterraine où le diable les poursuit pour s’emparer de celui qui se trouvera le dernier, à moins que celui-ci ne coure assez vite pour qu’il ne puisse saisir que son ombre. En ce cas la personne du sage ne produit plus aucune ombre ; et ceux qui ont ainsi perdu leur ombre sont toujours reconnus pour être les meilleurs magiciens.

Note 10. — Paragraphe xii.

Le peuple en Écosse croit à l’existence d’une classe intermédiaire d’esprits qui résident dans les airs ou dans les eaux. Il attribue à leur puissance les inondations, les ouragans, et tous les phénomènes qu’il ne peut expliquer. Il suppose qu’ils se mêlent des affaires des hommes, souvent pour leur nuire, quelquefois pour leur être utiles.

Tandis que des ouvriers travaillaient aux fondations de l’église d’Old-Deer dans le comté d’Aberdeen, ils furent surpris de trouver des obstacles surnaturels qui s’opposaient à leurs travaux. Enfin ils entendirent la voix de l’Esprit du fleuve, qui ordonnait de construire l’édifice dans un autre endroit nommé Taptillery ; et on lui obéit.

Je rapporte ce conte populaire parce qu’au premier coup-d’œil l’introduction de l’Esprit des eaux et de l’Esprit des montagnes pourrait paraître peu d’accord avec le ton général du poême, et avec les superstitions du pays où la scène est placée.

Note 11. — Paragraphe xix.

Les habitans des cantons frontières suivaient la profession de maraudeurs, et les membres du clan de Buccleuch s’y distinguaient surtout.

Note 12. — Paragraphe xix.

Allusion aux armoiries des Scotts et des Kerrs. Les Kerrs de Cessford portaient sur leurs armes une tête de licorne, et les Scotts de Buccleuch avaient dans les leurs une étoile entre deux croissans.

Note 13. — Paragraphe xxi.

Les rois et les héros d’Écosse, de même que les maraudeurs, étaient quelquefois obligés d’éviter la poursuite de chiens dressés à cette chasse. Barbour rapporte que Robert Bruce fut plus d’une fois suivi à la piste par des chiens. Il leur échappa un jour en se jetant dans une rivière, d’où il sortit en montant sur un arbre par le moyen d’unie branche qui pendait sur l’eau. Ne laissant ainsi sur la terre aucune trace de ses pieds, il mit en défaut les chiens qui le poursuivaient. On prétendait qu’un moyen de les dépister était de répandre du sang dans l’endroit par où ils devaient passer ; et il en coûta la vie à plus d’un prisonnier.

Note 14. — Paragraphe xxv.

C’est une montagne ronde formée par la main des hommes, à peu de distance d’Hawick. Son nom, signifiant en saxon conseil, assemblée, porte à croire que c’était autrefois un lieu de réunion pour les Chefs des tribus des environs. On trouve en Écosse un assez grand nombre de montagnes semblables, et quelques-unes sont de forme carrée.

Note 15. — Paragraphe xxvii.

Une petite plate-forme située sur le haut d’un rocher d’où l’on découvre une vue charmante, se nomme encore le lit de Barnhill. C’était, dit-on, un brigand ou un proscrit. On y voit les restes d’une tour fortifiée qu’on suppose qu’il a habitée. Dans le nombre des édifices détruits par le comte d’Harford en 1545, on compte les tours de Barnhill et de Minto. Sir Gilbert Minto, père du lord Minto actuel, est auteur d’une jolie pastorale à laquelle il a été fait allusion dans la strophe XXIII.

Note 16. — Paragraphe xxxi.

L’ancien et beau monastère de Melrose fut fondé par le roi David Ier, Ses ruines offrent le plus beau modèle d’architecture et de sculpture gothiques qu’on puisse trouver dans toute l’Écosse.



CHANT II.

Note 1. — Paragraphe vi.

On croira sans peine que les maraudeurs n’étaient pas rigoureux observateurs des pratiques religieuses. On voit cependant dans Lesly que, quoiqu’ils n’eussent véritablement pas de religion, ils disaient régulièrement leur chapelet, et y mettaient un nouveau zèle quand ils partaient pour quelque expédition qui avait pour but le vol et le pillage.

Note 2. — Paragraphe vii.

Les cloîtres servaient souvent de lieu de sépulture dans les monastères. Dans celui de l’abbaye de Dryhurgh on voit encore une pierre sur laquelle est gravé :Hic jacet frater Archibaldus

Note 3. — Paragraphe viii.

— Sur ma foi ! disait le duc de Lancastre à un écuyer portugais, de tous les faits d’armes des Castillans et des gens de votre pays, la manière dont ils lancent leurs dards est ce qui me plaît le plus. — On imitait cette manière de combattre avec des dards, dans le jeu militaire nommé juego de las canas, que les Espagnols empruntèrent des Maures.

Note 4. — Paragraphe x.

La fameuse bataille d’Otterburne se livra le 15 août 1388, entre Henri Percy, surnommé Hotspur, et James, comte de Douglas. Chacun de ces deux célèbres champions était à la tête d’un corps de troupes choisies. Percy fut fait prisonnier, et les Écossais remportèrent la victoire, qu’ils payèrent assez cher par la mort de leur vaillant général, qui périt sur le champ de bataille. Il fut enterré à Melrose sous le maître-autel.

Note 5. — Paragraphe x.

William Douglas, chevalier distingué de Liddesdale, vivait sous le règne de David II. Il s’était tellement distingué par sa valeur, qu’on l’appelait la fleur de la chevalerie. Mais il ternit sa réputation par le meurtre cruel de sir Alexandre Ramsay de Dalhousie, qui avait été son ami et son frère d’armes.

Note 6. — Paragraphe xii.

On montre dans l’église de Melrose une grande tablette de marbre qu’on prétend couvrir la tombe d’Alexandre II, un des plus grands des anciens rois d’Écosse. D’autres soutiennent que c’est le tombeau de Waldève, ancien abbé de cette abbaye, qui mourut en odeur de sainteté.

Note 7. — Paragraphe xiii.

Sir Michel Scott de Balwearie vivait dans le treizième siècle. Il fut un des ambassadeurs envoyés en Écosse à la mort d’Alexandre III. Par un anachronisme poétique, on le fait vivre ici dans un siècle plus rapproché de nous.

Note 8. — Paragraphe xiii.

La superstition qui régnait en Espagne, et les restes des sciences que les Arabes y avaient introduites, faisaient regarder ce pays comme le séjour favori des magiciens.

Note 9. — Paragraphe xvii.

Jean-Baptiste Porta et les autres auteurs qui traitent de la magie naturelle, parlent beaucoup des lampes perpétuelles allumées dans d’anciens sépulcres.

Note 10. — Paragraphe xxxiii.

Le 25 juin 1557, dame Jeanne Beaton, veuve du lord de Buccleuch, et un assez grand nombre de Scotts, furent accusés de s’être rendus à l’église de Sainte-Marie ; au nombre de plus de deux cents, les armes à la main, et d’en avoir forcé les portes, pour s’emparer du lord Cranstoun et le mettre à mort. Mais le 20 juillet un ordre de la reine sursit à toutes poursuites contre lady Bucleuch. On dit que l’église de Sainte-Marie avait été brûlée par les Scotts.




CHANT III

Note 1. — Paragraphe iv.

L’écu de Cranstotin, par une allusion à leur nom[1], est surmonté d’une cigogne tenant une pierre dans sa patte. Leur devise, bien conforme à l’esprit des habitans des frontières d’Écosse, est : Tu manqueras avant que je manque.

Note 2. — Paragraphe ix.

Ce pouvoir magique de faire paraître aux yeux des spectateurs un objet tout différent de ce qu’il est en réalité, se nomme glamour dans les annales de la superstition écossaise.

Note 3. — Paragraphe x.

Le docteur Henry More, dans une lettre qui sert d’introduction au Saducismus triumpliatus de Glanville, fait mention d’un soufflet tout aussi merveilleux.

Note 4. — Paragraphe xiii.

C’est un article de foi dans les superstitions populaires, qu’une eau courante rompt tous les enchantemens. Si vous pouvez placer un ruisseau entre vous et des sorcières, des spectres, et même des démons, vous êtes en toute sûreté.

Note 5. — Paragraphe xvii.

Blesser son adversaire à la jambe, et même à la cuisse, était regardé comme contraire à la loi des armes.

Note 6. — Paragraphe xxiii.

Allusion aux guérisons par sympathie, fort vantées dans les siècles de la féodalité.

Note 7. — Paragraphe xxvii.

Ces feux, d’après leur position et leur nombre, formaient une chaîne de communication télégraphique avec Édimbourg.

Note 8. — Paragraphe xxviii.

On est étonné de la promptitude avec laquelle on levait sur les frontières de nombreuses troupes de cavalerie, même quand il s’agissait d’objets moins importans que celui dont il est question dans le poême.

Note 9. — Paragraphe xxix.

Le sommet de la plupart de nos montagnes d’Écosse est couronné par une espèce de pyramide construite en pierres détachées, et qui semblent en général former des monumens funéraires.



CHANT IV.

Note 1. — Paragraphe ii.

Le vicomte de Dundee, qui mourut sur le champ de bataille à Killicrankie.

Note 2. — Paragraphe iii.

À l’approche d’une armée anglaise, les habitans des frontières d’Écosse se réfugiaient ordinairement dans des marais inaccessibles. Ils se cachaient aussi dans des cavernes placées dans des situations dangereuses et inabordables. On en voit un grand nombre dans diverses parties des frontières ; mais ils n’y étaient pas toujours eu sûreté, car souvent on allumait à l’entrée de grands feux de paille, et on les y enfumait comme des renards.

Note 3. — Paragraphe iv.

J’ai entendu dans mon enfance conter bien des histoires sur ce personnage ; il était au service de la famille Buccleuch, et tenait d’elle une petite tour sur les confins de Liddesdale : Il était cordonnier de profession ; mais il avait le goût des armes, et il maniait l’arc plus souvent que l’alène.

Note 4. — Paragraphe v.

Les habitans des frontières attachaient peu de prix à l’ameublement de leurs maisons, parce qu’elles étaient exposées à chaque instant à être pillées et incendiées. Leur principal luxe consistait dans les bijoux dont ils se plaisaient à parer leurs femmes.

Note 5. — Paragraphe vi.

William, lord Howard, troisième fils de Thomas, duc de Norfolk, devint propriétaire du château de Naworth et d’un grand domaine qui y était attaché, du chef de sa femme Élisabeth, sœur de George, lord Dacre, qui mourut sans héritiers mâles, dans la onzième année du règne d’Élisabeth. Par un anachronisme poétique, on le fait vivre quelques années plus tôt dans le poème.

Note 6. — Paragraphe vi.

Le nom bien connu de Dacre fut donné à cette famille à cause des exploits que fit un de ses ancêtres au siège d’Acre ou Ptolémaïs, sous Richard Cœur-de-Lion.

Note 7. — Paragraphe viii.

Dans les guerres contre l’Écosse, Henri VIII et ses successeurs employèrent des bandes nombreuses de troupes étrangères.

Note 8. — Paragraphe viii.

Sir John Scott de Thirlestane vivait sous le règne de Jacques V. Lorsque ce roi eut assemblée ses barons et leurs vassaux à Fala, dans le dessein de faire une invasion en Angleterre, tous refusèrent obstinément d’y prendre part. Sir John Scott seul déclara au roi qu’il était prêt à le suivre partout où il voudrait le conduire. Sa fidélité lui valut les distinctions honorifiques dont il est parlé dans le poème.

Note 9. — Paragraphe ix.

Walter Scott de Harden, qui vivait sous la reine Marie, était un chef de maraudeurs renommé. La tradition a conservé sur lui une foule d’anecdotes qu’on trouve dans divers ouvrages. Le cor dont se servait, dit-on, ce baron redoutable, est encore en la possession d’un de ses descendans, M. Scott de Harden.

Note 10. — Paragraphe x.

On nommait Heriot un tribut que le seigneur avait droit, en certain cas, d’exiger de son feudataire, et qui consistait dans le meilleur cheval de celui-ci.

Note 11. — Paragraphe xiii.

Bellenden est situé près de la source du Borthwick ; et comme c’était le point central des domaines des Scotts, il leur servait souvent de lieu de rendez-vous et de mot de ralliement.

Note 12. — Paragraphe xviii.

Les aventuriers mercenaires que le comte de Cambridge conduisit au secours du roi de Portugal contre les Espagnols, en 1380, se mutinèrent faute de recevoir leur paie. Á une assemblée de leurs Chefs, sir John Solfier, fils naturel d’Édouard, le prince Noir, leur parla en ces termes : — Mon avis est de bien nous entendre ensemble, de lever la bannière de Saint-George, d’être amis de Dieu et ennemis de tout le monde ; car si nous ne nous faisons craindre, nous n’aurons rien. — Par ma foi ! répondit sir William Helmon, vous avez raison, et c’est ce qu’il faut faire. — La détermination fut prise tout d’une voix ; on arbora l’étendard de Saint-George, et lorsqu’il fut question de choisir un chef, chacun s’écria : — Soltier ! Soltier ! le vaillant bâtard ! amis de Dieu et ennemis de tout le monde ! —

Note 13. — Paragraphe xxi.

Un gant placé sur le fer d’une lance était l’emblème de la bonne foi parmi les anciens habitans des frontières. Si quelqu’un manquait à sa parole, on élevait ce signe à la prochaine assemblée générale, et on le proclamait — un vilain sans foi. — Cette cérémonie était fort redoutée.

Note 14. — Paragraphe xxvi.

Dans les cas douteux, les lois des frontières permettaient quelquefois aux accusés de prouver leur innocence par le serment. Voici quelle en était la forme : — Vous jurez par le ciel qui est sur votre tête, par l’enfer qui est sous vos pieds, par votre part du paradis, par tout ce que Dieu fit en six jours et sept nuits, et par Dieu lui-même, que vous n’avez ni pris, ni fait prendre, ni recélé, que vous ne savez ni ne connaissez qui a pris, fait prendre ou recélé aucun des objets mentionnés dans le bill qui précède.

Note 15. — Paragraphe xxvi.

Le grade de chevalier, d’après son institution originaire, avait cette particularité qu’il n’était point accordé par le monarque, mais que celui qui en était revêtu pouvait le conférer à tout écuyer digne de cet honneur. Ce droit finit par ne plus appartenir qu’aux généraux, qui avaient coutume de créer des chevaliers bannerets après et même avant une bataille.

Note 16. — Paragraphe xxix.

Un lion blanc ou d’argent se trouvait sur les armoiries de toutes les branches de la famille Howard. On donnait souvent pour nom de guerre à un chevalier le support ou le çimier de ses armoiries. Ce fut ainsi qu’on surnomma Richard III — le Sanglier d’York.

Note 17. — Paragraphe xxx.

On peut aisément supposer que le jugement par combat singulier, particulier au système féodal, avait souvent lieu sur les frontières. En 1558, Kirkaldy de Grange combattit ainsi le frère de lord Evre, par suite d’une querelle relative à un prisonnier qu’on prétendait que ce lord avait maltraité.

Note 18. — Paragraphe xxxv.

Le personnage auquel il est fait allusion ici est un ancien ménestrel de nos frontières, nommé Rattling Roaring Willie, nom qu’il devait sans doute à ses heureuses dispositions pour la musique et pour le chant.

Note 19. — Paragraphe xxxv.

Il s’agit ici de la plus ancienne collection de réglemens relatifs aux frontières. Le 18 décembre 1468, William, comte de Douglas, convoqua les lords, les propriétaires et les habitaus les plus âgés des frontières, et leur fit prêter serment sur l’Evangile de rédiger fidèlement par écrit les statuts, ordonnances et réglemens portés par Archibald Douglas-le-Noir et son fils Archibald, pour être exécutés en temps de guerre ; après quoi il en fit jurer l’observation.


CHANT V.

Note 1. — Paragraphe iv.

Le chef de cette race de héros, à l’époque où est placée la scène de ce poème, était Archibald Douglas, septième comte d’Angus, homme plein de courage et d’activité. Le cœur sanglant était entré dans les armoiries de la maison de Douglas dans le temps de lord James, que Robert Bruce chargea de porter son cœur en Palestine.

Sir David Home de Wedderburne, qui perdit la vie dans la funeste bataille de Flodden, laissa sept fils qu’on appelait les sept lances de Wedderburne.

Les comtes d’Home, comme descendans des Dumbards, anciens comtes de March, portaient un lion rampant d’argent dans leurs armes. Le cri de guerre de cette famille puissante était : — Home ! Home !

Les Hepburns, famille célèbre du Lothian oriental, étaient ordinairement alliés des Homes. Le trop fameux comte de Bothwell fut le dernier rejeton de cette famille.

Note 2. — Paragraphe vi.

Le ballon était anciennement un divertissement favori dans toute l’Écosse, et surtout sur les frontières.

Note 3. — Paragraphe vii.

Malgré l’état de guerre presque perpétuel dans lequel on vivait sur les frontières, et les cruautés qui accompagnaient souvent les invasions qui se faisaient de l’une sur l’autre, il ne paraît pas que les habitans des deux contrées limitrophes se soient regardés avec ce sentiment violent d’animosité personnelle qu’on pourrait leur supposer. Comme les avant-postes de deux armées ennemies, ils entretenaient souvent les uns avec les autres des relations presque amicales, même au milieu des hostilités. Il est même évident, d’après diverses ordonnances qui furent rendues pour empêcher le commerce et les alliances entre les habitans des deux frontières, que leurs gouvernemens respectifs craignaient qu’ils ne contractassent une liaison trop intime.

Note 4. — Paragraphe viii.

Patten censure avec raison la conduite désordonnée des habitans des frontières d’Angleterre, qui suivirent le protecteur Sommerset dans son expédition contre l’Écosse.

Note 5. — Paragraphe xxix.

Celui qui avait été pillé par des maraudeurs se mettait à leur poursuite avec ses amis, au son du cor, et à l’aide de chiens dressés à cet effet. Si son chien pouvait suivre la piste, il avait droit d’entrer dans le royaume voisin, privilège qui fit couler le sang bien des fois.



CHANT VI.

Note 1. — Paragraphe v.

La croyance populaire, quoique contraire à la doctrine de l’Église, faisait une distinction entre les magiciens et les nécromanciens ou sorciers, et elle était favorable aux premiers. On supposait qu’ils commandaient aux malins esprits, tandis que les autres leur obéissaient, ou du moins étaient ligués avec eux.

Note 2. — Paragraphe v.

Les dames du haut rang portaient ordinairement un faucon sur le poing dans les cérémonies, et les chevaliers et barons en faisaient autant en temps de paix.

Note 3. — Paragraphe vi.

On sait que dans les siècles de chevalerie on regardait le paon non-seulement comme un mets délicat, mais comme un plat spécialement consacré aux festins d’apparat. Après l’avoir fait rôtir, on le recouvrait de ses plumes, et on lui plaçait dans le bec une éponge imbibée d’esprit de vin enflammé. L’instant où on le plaçait sur la table, les jours du grand gala, était celui que les chevaliers aventureux choisissaient pour faire — devant le paon et les dames — le vœu d’accomplir quelque prouesse.

La tête du sanglier se servait aussi dans les grandes fêtes au temps de la féodalité. En Écosse, elle était entourée de petites bannières sur lesquelles on voyait les couleurs, les armoiries et la devise du baron.

On voit souvent des troupes de cygnes sauvages sur le lac de Sainte-Marie, près de la source de l’Yarrow.

Note 4. — Paragraphe vii.

Mordre son gant passait, sur les frontières d’Écosse, pour un vœu solennel de vengeance. On cite encore un jeune homme du Teviotdale qui, après avoir passé la nuit à boire, remarqua qu’il avait mordu son gant. Il demanda sur-le-champ à ses compagnons avec qui il s’était querellé, et l’ayant appris, il demanda satisfaction aussitôt, disant que quoiqu’il ne se souvînt pas de l’objet de la querelle, il était sûr de ne pas avoir mordu son gant sans avoir reçu une insulte impardonnable. Il perdit la vie dans ce duel, qui eut lieu en 1711, près de Seilkirk.

Note 5. — Paragraphe viii.

Voyez, dans la notice biographique, le récit d’une tradition conservée par Scott de Satchells, qui publia en 1688 une Histoire véritable de l’honorable nom de Scott.

Note 6. — Paragraphe x.

John Grahame, second fils de Malice, comte de Monteith, communément surnommé — John à l’épée brillante, — ayant été disgracié à la cour d’Écosse, se retira avec une grande partie de ses parens et de ses vassaux sur les frontières d’Angleterre, dans une partie qu’on nommait — le Territoire contesté — parce que les deux nations voisines s’en disputaient la possession. Ils s’établirent en ce lieu, et l’on y trouve encore aujourd’hui de leurs descendans.

Note 7. — Paragraphe xiii.

Le vaillant et infortuné Henry Howard, comte de Surrey, était sans contredit le cavalier le plus accompli de son temps. On trouve dans ses sonnets des beautés qui feraient honneur à un siècle plus policé. Il fut décapité en 1546, victime de la basse jalousie d’Henri VIII, qui ne pouvait souffrir près de son trône un caractère si brillant.

Dans les voyages du comte, le célèbre alchimiste Corneille Agrippa lui fit voir, dit-on, dans un miroir, l’aimable Géraldine à qui il avait consacré sa plume et son épée.

Note 8. — Paragraphe xx.

Les Saint-Clairs sont d’extraction normande, étant descendus de William de Saint-Clair, second fils de Walderne, comte de Saint-Clair, et de Marguerite, fille de Richard, duc de Normandie. On l’appelait — le beau Saint-Clair. — S’étant établi en Écosse sous le règne de Malcolm Ceaumore, il obtint de grandes concessions de terres dans le Midlothian. Les domaines de cette famille furent encore considérablement augmentés par Robert Bruce.

Note 9. — Paragraphe xx.

Le château de Kirkwall, construit par les Saint-Clairs quand ils étaient comtes d’Orkney, fut démantelé par le comte de Caithness, en 1615, Robert Stewart, fils naturel du comte d’Orkney, ayant voulu s’y défendre contre le gouvernement.

Note 10. — Paragraphe xxi.

Les chefs des pirates scandinaves prenaient le titre de Sœkomunger, ou roi de la mer. Les scaldes, dans leur style ampoulé, nommaient souvent les navires — les serpens de l’Océan. —

Note 11. — Paragraphe xxi.

Le jormungandr, ou le serpent de l’Océan, dont les replis entourent la terre, est une des fictions les plus extravagantes de l’Edda. Il fut sur le point d’être pris à la ligne par le dieu Thor, qui avait mis pour amorce à son hameçon une tête de bœuf. Dans la bataille entre les démons et les divinités d’Odin, qui doit précéder le ragnaraokr, ou crépuscule des dieux, ce serpent doit jouer un grand rôle.

Note 12. — Paragraphe xxi.

C’étaient les Valkyriurs, filles infernales dépêchées du Valhalla par Odin pour choisir ceux qui devaient périr dans le combat.

Note 13. — Paragraphe xxi.

Les guerriers du Nord étaient ordinairement ensevelis avec leurs armes et leurs autres trésors. Ainsi Angantyr, avant le combat singulier dans lequel il perdit la vie, stipula que s’il succombait, son épée Tyrfing serait enterrée avec lui. Sa fille Herror la retira ensuite de sa tombe.

Note 14. — Paragraphe xxii.

La belle chapelle de Rodin est encore assez bien conservée. Elle fut bâtie en 1446 par William Saint-Clair, qui avait tant de titres, dit Godscroft, qu’un Espagnol en aurait été fatigué. On dit qu’elle paraît tout en feu quand un de ses descendans est sur le point de mourir. Cette superstition est sans doute norwégienne, car plusieurs sagas parlent des tombes de feu du Nord.

Note 15. — Paragraphe xxiv.

L’ancien château de Peel-Town, dans l’île de Man, est entouré de quatre chapelles maintenant en ruines. Il y avait autrefois un passage qui conduisait d’une de ces chapelles dans le corps-de-garde de la garnison.

  1. Crane signifie cigogne.