Origine des plantes cultivées/Deuxième partie IV

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Deuxième partie
Étude des espèces au point de leur origine, des premiers temps de leur culture et des principaux faits de leur dispersion.

CHAPITRE IV

PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS[1]

Pomme Canelle. — Anona squamosa Linné. — En anglais Sweet sop, Sugar apple[2].

La patrie de cette espèce et d’autres Anona cultivés a suscité des doutes qui en font un problème intéressant. Je me suis efforcé de les résoudre en 1855. L’opinion à laquelle je m’étais arrêté alors se trouve confirmée par les observations des voyageurs faites depuis, et, comme il est utile de montrer à quel point des probabilités basées sur de bonnes méthodes conduisent à des assertions vraies, je transcrirai ce que j’ai dit[3] ; après quoi je mentionnerai ce qu’on a trouvé plus récemment.

« Robert Brown établissait en 1818 le fait que toutes les espèces du genre Anona, excepté l’Anona senegalensis, sont d’Amérique et aucune d’Asie. Aug. de Saint-Hilaire[4] dit que, d’après Vellozo, l’A. squamosa a été introduit au Brésil, qu’il y est connu sous le nom de Pinha, venant de la ressemblance avec les cônes de pins, et d’Ata, évidemment emprunté aux noms Attoa et Atis, qui sont ceux de la même plante en Asie et qui appartiennent aux langues orientales. Donc, ajoute de Saint-Hilaire, les Portugais ont transporté l’A. squamosa de leurs possessions de l’Inde dans celles d’Amérique, etc. » Ayant fait en 1832 une revue de la famille des Anonacées[5], je fis remarquer combien l’argument botanique de M. Brown devenait de plus en plus fort, car, malgré l’augmentation considérable des Anonacées décrites, on ne pouvait citer aucun Anona et même aucune Anonacée à ovaires soudés qui fût originaire d’Asie. J’admettais[6] la probabilité que l’espèce venait des Antilles ou de la partie voisine du continent américain ; mais par inattention j’attribuai cette opinion à M. Brown, qui s’était borné à revendiquer une origine américaine en général[7].

« Depuis, des faits de diverse nature ont confirmé cette manière de voir.

« l’Anona squamosa a été trouvé sauvage en Asie, avec l’apparence plutôt d’une plante naturalisée ; en Afrique, et surtout en Amérique, avec les conditions d’une plante aborigène. En effet, d’après le Dr  Royle[8], cette espèce a été naturalisée dans plusieurs localités de l’Inde ; mais il ne l’a vue, avec l’apparence d’une plante sauvage, que sur les flancs de la montagne où est le fort de Adjeegurh, dans le Bundlecund, parmi des pieds de Teck. Lorsqu’un arbre aussi remarquable, dans un pays aussi exploré par les botanistes, n’a été signalé que dans une seule localité hors des cultures, il est bien probable qu’il n’est pas originaire du pays. Sir Joseph Hooker l’a trouvé dans l’île de Santiago, du Cap-Vert, formant des bois sur le sommet des collines de la vallée de Saint-Dominique[9]. Comme l’A. squamosa n’est qu’à l’état de culture sur le continent voisin[10] ; que même il n’est pas indiqué en Guinée par Thonning[11], ni au Congo[12], ni dans la Sénégambie[13], ni en Abyssinie ou en Égypte, ce qui montre une introduction récente en Afrique ; enfin, comme les îles du Cap-Vert ont perdu une grande partie de leurs forêts primitives, je crois dans ce cas à une naturalisation par des graines échappées de jardins. Les auteurs s’accordent à dire l’espèce sauvage à la Jamaïque. On a pu autrefois négliger l’assertion de Sloane[14] et de P. Brown[15], mais elle est confirmée par Mac-Fadyen[16]. De Martius a trouvé l’espèce dans les forêts de Para[17] localité assurément d’une nature primitive. Il dit même : « Sylvescentem in nemoribus paraënsibus inveni, » d’où l’on peut croire que les arbres formaient à eux seuls une forêt. Splitgerber[18] l’avait trouvée dans les forêts de Surinam, mais il dit an spontanea ? Le nombre des localités dans cette partie de l’Amérique est assez significatif. Je n’ai pas besoin de rappeler qu’aucun arbre, pour ainsi dire, vivant ailleurs que sur les côtes, n’a été trouvé véritablement aborigène à la fois dans l’Asie, l’Afrique et l’Amérique intertropicales[19]. L’ensemble de mes recherches rend un fait pareil infiniment peu probable, et, si un arbre était assez robuste pour offrir une telle extension, il serait excessivement commun dans tous les pays intertropicaux.

« D’ailleurs les arguments historiques et linguistiques se sont aussi renforcés dans le sens de l’origine américaine. Les détails donnés par Rumphius[20] montrent que l’Anona squamosa était une plante nouvellement cultivée dans la plupart de îles de l’archipel Indien. Forster n’indique aucune Anonacée comme cultivée dans les petites îles de la mer Pacifique[21]. Rheede[22] dit l’A. squamosa étranger au Malabar, mais transporté dans l’Inde, d’abord par les Chinois et les Arabes, ensuite par les Portugais. Il est certain qu’il est cultivé en Chine et en Cochinchine[23], ainsi qu’aux Philippines[24] ; mais depuis quelle époque ? C’est ce que nous ignorons. Il est douteux que les Arabes le cultivent[25]. Dans l’Inde on le cultivait du temps de Roxburgh[26], qui n’avait pas vu l’espèce spontanée, et qui ne mentionne qu’un seul nom vulgaire de langue moderne (bengali), le nom Ata, qui est déjà dans Rheede. Plus tard, on a cru reconnaître le nom Gunda-Gatra comme sanscrit[27] ; mais le Dr  Royle[28] ayant consulté le célèbre Wilson, auteur du dictionnaire sanscrit, sur l’ancienneté de ce nom, il répondit qu’il avait été tiré du Sabda chanrika, compilation moderne comparativement. Les noms de Ata, Ati se trouvent dans Rheede et Rumphius[29]. Voilà sans doute ce qui a servi de base à l’argumentation de Saint-Hilaire ; mais un nom bien voisin est donné au Mexique à l’Anona squamosa. Ce nom est Ate, Ahate de Panucho, qui se trouve dans Hernandez[30] avec deux figures assez semblables et assez médiocres, qu’on peut rapporter ou à l’A. squamosa, avec Dunal[31], ou à l’A. Cherimolia, avec de Martius[32]. Oviedo emploie le nom de Anon[33]. Il est très possible que le nom de Ata soit venu au Brésil du Mexique et des pays voisins. Il se peut aussi, je le reconnais, qu’il vienne des colonies portugaises des Indes orientales. De Martius dit cependant l’espèce importée des Antilles[34]. Je ne sais s’il en a eu la preuve ou si elle résulte de l’ouvrage d’Oviedo, qu’il cite et que je ne puis consulter. L’article d’Oviedo, transcrit dans Marcgraf[35], décrit l’A. squamosa sans parler de son origine.

« L’ensemble des faits est de plus en plus favorable à l’origine américaine. La localité où l’espèce s’est montrée le plus spontanée est celle des forêts de Para. La culture en est ancienne en Amérique, puisque Oviedo est un des premiers auteurs (1535) qui aient écrit sur ce pays. Sans doute la culture est aussi d’une date assez ancienne en Asie, et voilà ce qui rend le problème curieux. Il ne m’est pas prouvé cependant qu’elle soit antérieure à la découverte de l’Amérique, et il me semble qu’un arbre fruitier aussi agréable se serait répandu davantage dans l’ancien monde, s’il y avait existé de tout temps. On serait d’ailleurs fort embarrassé d’expliquer sa culture en Amérique au commencement du XVIe siècle en supposant une origine de l’ancien monde.

Depuis que je m’exprimais ainsi, je remarque les faits suivants publiés par divers auteurs.

1o  L’argument tiré de ce qu’aucune espèce du genre Anona n’est asiatique est plus fort que jamais. L’A. asiatica, Linné, reposait sur des erreurs (voir ma note, dans Géogr. bot., p. 862). L’A. obtusifolia, Tussac, Fl. des Antilles, , p. 191, pl. 28, cultivé jadis à Saint-Domingue, comme d’origine asiatique, est peut-être fondé sur une erreur. Je soupçonne qu’on a dessiné la fleur d’une espèce (A. muricata) et le fruit d’une autre (A. squamosa). On n’a point découvert d’Anona en Asie, mais on en connaît aujourd’hui quatre ou cinq en Afrique, au lieu d’une ou deux[36] et un nombre plus considérable qu’autrefois en Amérique.

2o  Les auteurs de flores récentes d’Asie n’hésitent pas à considérer les Anona, en particulier l’A. squamosa, qu’on rencontre çà et là avec l’apparence spontanée, comme naturalisés autour des cultures et des établissements européens[37].

3o  Dans les nouvelles flores africaines déjà citées, l’A. squamosa et les autres, dont je parlerai tout à l’heure, sont indiqués toujours comme des espèces cultivées.

4o  L’horticulteur Mac Nab a trouvé l’A. squamosa dans les plaines sèches de la Jamaïque[38], ce qui confirme les anciens auteurs. Eggers[39] dit celle espèce commune dans les taillis (thickets) des îles Saint-Croix et Vierges. Je ne vois pas qu’on l’ait trouvée sauvage à Cuba.

5o  Sur le continent américain, on la donne pour cultivée[40]. Cependant M. André m’a communiqué un échantillon, d’une localité pierreuse de la vallée de la Magdelena, qui paraît appartenir à cette espèce et être spontané. Le fruit manque, ce qui rend la détermination douteuse. D’après la note sur l’étiquette, c’est un fruit délicieux, analogue à celui de l’A. squamosa. M. Warming[41] cite l’espèce comme cultivée à Lagoa Santa, du Brésil. Elle parait donc plutôt cultivée ou naturalisée à Para, à la Guyane et dans la Nouvelle-Grenade, par un effet des cultures.

En définitive, on ne peut guère douter, ce me semble, qu’elle ne soit d’Amérique et même spécialement des Antilles.

CorossolAnona muricata, Linné. — En Anglais Sour sop.

Cet arbre fruitier[42], introduit dans toutes les colonies des pays tropicaux, est spontané aux Antilles ; du moins, on a constaté son existence dans les îles de Cuba, Saint-Domingue, la Jamaïque et dans plusieurs des petites îles[43] Il se naturalise quelquefois sur le continent de l’Amérique méridionale, près des habitations[44]. M. E. André en a rapporté des échantillons

de la région de la Cauca, dans la Nouvelle-Grenade, mais il n’affirme pas qu’ils soient spontanés, et je vois que M. Triana (Prodr. fl. gran at.) le mentionne comme cultivé seulement.

Cœur de bœuf. — Anona reticulata, Linné. — En anglais Custard apple (dans les Antilles), Bullocks’heart (dans l’Inde).

Cet Anona, figuré dans Descourtilz, Flore médicale des Antilles, 2, pl. 82 et dans le Botanical magazine, pl. 2912, est spontané aux Antilles, par exemple dans les îles de Cuba, la Jamaïque, Saint-Vincent, la Guadeloupe, Saint-Croix, les Barbades[45] et encore dans l’île de Taboga, de la baie de Panama[46] et dans la province d’Antioquia, de la Nouvelle-Grenade[47]. Si dans ces dernières localités il est aussi sauvage que dans les Antilles, son habitation s’étend probablement dans plusieurs des États de l’Amérique centrale et de la Nouvelle-Grenade.

Quoique le fruit du Cœur de bœuf soit peu estimé, on a introduit l’espèce dans la plupart des colonies des régions tropicales. Rheede et Rumphius l’avaient vu déjà dans les plantations de l’Asie méridionale. D’après Welwitsch, il se naturalise, hors des jardins, dans le pays d’Angola, de l’Afrique occidentale[48], ce qui est arrivé aussi dans l’Inde anglaise[49].

Cherimolia. — Anona Cherimolia, Lamarck.

Le Cherimolia, ou Chirimoya, n’est pas cultivé dans les colonies aussi généralement que les espèces précédentes, malgré l’excellence de son fruit. C’est probablement ce qui fait qu’on n’a pas encore publié du fruit même une figure moins mauvaise que celle de Feuillée (Obs. 3, pl. 17), tandis que la fleur est bien représentée dans la planche 2011 du Botanical magazine, sous le nom d’A. tripetala.

Voici comment je m’exprimais en 1855 sur l’origine de l’espèce[50] :

« Le Cherimolia est indiqué, par de Lamarck et Dunal, comme croissant au Pérou ; mais Feuillée, qui en a parlé le premier[51], le mentionne comme cultivé. Mac-Fadyen[52] le dit abondant sur les montagnes de Port-Royal, de la Jamaïque ; mais il ajoute qu’il est originaire du Pérou et doit avoir été introduit depuis longtemps, d’où il semble que l’espèce est cultivée dans les plantations des parties élevées plutôt que spontanée. Sloane n’en parle pas. MM. de Humboldt et Bonpland l’ont vu cultivé dans le Venezuela et la Nouvelle-Grenade ; de Martius au Brésil[53], où les graines en avaient été obtenues du Pérou. L’espèce est cultivée aux îles du Cap-Vert et sur la côte de Guinée[54] ; mais il ne parait pas qu’on l’ait répandue en Asie. Son origine américaine est évidente. Je n’oserais pourtant pas aller plus loin et affirmer qu’elle est du Pérou, plutôt que de la Nouvelle-Grenade ou même du Mexique. On la trouvera probablement sauvage dans une de ces régions. Meyen ne l’a pas rapportée du Pérou[55]. »

Mes doutes sont diminués aujourd’hui, grâce à une communication obligeante de M. Ed. André. Je dirai d’abord que j’ai vu des échantillons du Mexique, recueillis par Botteri et par Bourgeau, et que les auteurs indiquent souvent l’espèce dans cette région, aux Antilles, dans l’Amérique centrale et la Nouvelle-Grenade. Ils ne disent pas, il est vrai, qu’elle y soit sauvage. Au contraire, ils notent qu’elle est cultivée, ou qu’elle s’échappe des jardins et se naturalise[56]. Grisebach affirme qu’elle est spontanée du Pérou au Mexique, sans en donner la preuve. M. André a récolté, dans une vallée du sud-ouest de l’Équateur, des échantillons qui se rapportent bien à l’espèce, autant qu’on peut l’affirmer sans voir les fruits. Il ne dit rien de la qualité spontanée, mais le soin avec lequel il indique dans d’autres cas les plantes cultivées ou venant peut-être des cultures me fait croire qu’il a regardé ses échantillons comme spontanés. Claude Gay dit que l’espèce est cultivée au Chili depuis un temps immémorial[57]. Cependant Molina, qui mentionne plusieurs arbres fruitiers des anciennes cultures du pays, n’en parle pas[58].

En résumé je regarde comme très probable que l’espèce est indigène dans l’Équateur et peut-être, dans le voisinage, au Pérou.

Orangers et citronniers. — Citrus, Linné.

Les différentes formes de citrons, limons, oranges, pamplemousses, etc., cultivés dans les jardins ont été l’objet de travaux remarquables de quelques horticulteurs, parmi lesquels il faut citer en première ligne Gallesio et Risso[59]. Les difficultés étaient très grandes pour observer et classer tant de formes. On avait obtenu d’assez bons résultats, mais il faut convenir que la méthode péchait par la base, puisque les végétaux observés étaient uniquement cultivés, c’est-à-dire plus ou moins factices et peut-être, dans certains cas, hybrides. Les botanistes sont plus heureux maintenant. Grâce aux découvertes des voyageurs dans l’Inde anglaise, ils peuvent distinguer des espèces spontanées, par conséquent réelles et naturelles. D’après sir Joseph Hooker[60], qui a lui-même herborisé dans l’Inde, c’est à Brandis[61] qu’on doit le meilleur travail sur les Citrus de cette région. Il le suit dans sa flore. Je ferai de même, à défaut d’une monographie du genre, et en remarquant aussi qu’il reste à rapporter le mieux possible aux espèces spontanées la multitude des formes qui ont été décrites dans les jardins et figurées depuis deux siècles[62].

Les mêmes espèces, et d’autres peut-être, existent probablement à l’état sauvage en Cochinchine et en Chine ; mais on ne l’a pas encore constaté sur place ni au moyen d’échantillons examinés par des botanistes. Peut-être les ouvrages importants de M. Pierre, qui commencent à paraître, nous feront-ils savoir ce qu’il en est pour la Cochinchine. Quant à la Chine, je citerai le passage suivant du Dr  Bretschneider[63], qui a de l’intérêt, vu les connaissances spéciales de l’auteur : « Les oranges, dont il y a une grande variété en Chine, sont comptées par les Chinois dans le nombre des fruits sauvages. On ne peut pas douter que la plupart ne soient indigènes et cultivées depuis des temps anciens. La preuve en est que chaque espèce ou variété porte un nom distinct, est en outre représentée le plus souvent par un caractère particulier, et se trouve mentionnée dans les Shu-king, Rh-ya et autres anciens ouvrages. »

Les hommes et les oiseaux dispersent les graines d’Aurantiacées, d’où résultent des extensions d’habitation et des naturalisations dans les régions chaudes des deux mondes. On a pu le remarquer en Amérique dès le premier siècle après la conquête[64], et maintenant il s’est formé des bois d’orangers même dans le midi des États-Unis.

Pompelmouse. — Citrus decumana, Willdenow. — Shaddock, des Anglais. Je parlerai d’abord de cette espèce, parce qu’elle a un caractère botanique plus distinct que les autres. Elle devient un plus grand arbre, et elle est seule à avoir les jeunes pousses et le dessous des feuilles pubescents. Le fruit est sphérique ou à peu près, plus gros qu’une orange, quelquefois même aussi gros qu’une tête d’homme. Le jus est d’une acidité modérée, la peau remarquablement épaisse. On peut voir de bonnes figures du fruit dans le nouveau Duhamel, 7, pl. 42, et dans Tussac, Flore des Antilles, 3, pl. 17, 18.

Le nombre des variétés dans l’archipel du midi de l’Asie indique une ancienne culture. On ne connaît pas encore d’une manière bien précise le pays d’origine, parce que des pieds qui paraissent indigènes peuvent venir de naturalisations, suites d’une culture fréquente. Roxburgh dit qu’à Calcutta on avait reçu l’espèce de Java[65], et Rumphius[66] la croyait originaire du midi de la Chine. Ni lui ni les botanistes modernes ne l’ont vue à l’état sauvage dans l’archipel Indien[67]. En Chine, l’espèce a un nom simple, Yu ; mais le signe caractéristique[68] paraît trop compliqué pour une plante véritablement indigène. Selon Loureiro, cet arbre est commun en Chine et en Cochinchine, ce qui ne veut pas dire qu’il y soit spontané[69]. C’est dans les îles à l’est de l’archipel Indien qu’on trouve le plus d’indices d’une existence sauvage. Forster[70] disait déjà autrefois de cette espèce : « très commune dans les îles des Amis. » Seemann[71] est plus affirmatif pour les îles Fidji : « Extrêmement commune, dit-il, et couvrant le bord des rivières. »

Il serait singulier qu’un arbre aussi cultivé dans toute l’Asie méridionale se fût naturalisé à ce point dans certaines îles de la mer Pacifique, tandis que cela n’a guère été vu ailleurs. Il en est probablement originaire, ce qui n’empêche pas qu’on le trouvera peut-être sauvage dans d’autres îles plus rapprochées de Java.

Le nom de Pompelmouse est hollandais (Pompelmoes), Celui de Shaddock vient de ce qu’un capitaine de ce nom avait apporté le premier l’espèce aux Antilles[72].

Cédratier, Citronnier, Limonier. — Citrus medica, Linné.

Cet arbre, de même que l’Oranger ordinaire, est glabre dans toutes ses parties. Son fruit, plus long que large, est surmonté, dans la plupart des variétés, par une sorte de mamelon. Le suc est plus ou moins acide. Les jeunes pousses et les pétales sont fréquemment teintés de rouge. La peau du fruit est souvent bosselée, très épaisse dans certaines sous-variétés[73].

Brandis et sir Joseph Hooker distinguent quatre variétés cultivées :


1o  Citrus medica proprement dit (Cédratier des Français ; Citron des Anglais ; Cedro des Italiens) ; à gros fruit non sphérique, dont la peau, très aromatique, est couverte de bosselures, et dont le suc, peu abondant, n’est pas très acide. D’après Brandis, il se nommait Vijapura en sanscrit.

2o  Citrus medica Limonum (Citronnier des Français ; Lemon des Anglais) ; à fruit moyen, non sphérique, et suc abondant, acide.

3o  C. medica acida (C. acida Roxburgh) ; à petites fleurs, fruit ordinairement petit, de forme variable, et suc très acide. D’après Brandis, il se nommait Jambira en sanscrit.

4o  Citrus medica Limetta (C. Limetta et C. Lumia de Risso) ; à fleurs semblables à celles de la variété précédente, mais à fruit sphérique et suc doux, pas aromatique. Dans l’Inde, on le nomme Sweet Lime, c’est-à-dire Limon doux.


Le botaniste Wight affirme que cette dernière variété est sauvage dans les monts Nilghiris, de la péninsule indienne. D’autres formes, qui se rapportent plus ou moins exactement aux trois autres variétés, ont été trouvées par plusieurs botanistes anglo-indiens[74], à l’état sauvage, dans les régions chaudes au pied de l’Himalaya, du Garwal au Sikkim, dans le sud-est à Chittagong et Burma, enfin au sud-ouest dans les Ghats occidentaux et les monts Satpura. Il n’est pas douteux, d’après cela, que l’espèce ne soit originaire de l’Inde, et même sous différentes formes, dont l’ancienneté se perd dans la nuit des temps préhistoriques.

Je doute que sa patrie s’étende vers la Chine ou les îles de l’archipel asiatique. Loureiro mentionne le Citrus medica, en Cochinchine, seulement comme cultivé, et Bretschneider nous apprend que le Lemon a des noms chinois qui n’existent pas dans les anciens ouvrages et qui ont des signes compliqués dans l’écriture, ce qui indique une espèce plutôt étrangère. Il peut, dit-il, avoir été introduit. Au Japon, l’espèce est seulement cultivée[75]. Enfin plusieurs des figures de Rumphius montrent des variétés cultivées dans les îles de la Sonde, mais dont aucune n’est considérée par l’auteur comme vraiment sauvage et originaire du pays. Pour indiquer la localité, il se sert quelquefois de l’expression in hortis sylvestribus, qu’on peut traduire par « les bosquets ». En parlant de son Lemon Sussu (vol. 2, pl. 25), qui est un Citrus medica à fruit ellipsoïde acide, il dit qu’on l’a introduit à Amboine, mais qu’il est plus commun à Java : « le plus souvent dans les forêts. » Ce peut être l’effet d’une naturalisation accidentelle, par suite des cultures. Miquel, dans sa flore moderne des Indes hollandaises[76], n’hésite pas à dire que les C. medica et Limonum sont seulement cultivés dans l’Archipel.

La culture des variétés plus ou moins acides s’est répandue de bonne heure dans l’Asie occidentale, du moins dans la Mésopotamie et la Médie. On ne peut guère en douter, puisque deux formes avaient des noms sanscrits, et que d’ailleurs les Grecs ont eu connaissance du fruit par les Mèdes, d’où est venu le nom de Citrus medica. Théophraste[77] en a parlé le premier, sous le nom de Pomme de Médie et de Perse, dans une phrase souvent répétée et commentée depuis deux siècles[78]. Elle s’applique évidemment au Citrus medica ; mais, tout en expliquant de quelle manière on sème la graine dans des vases, pour les transplanter ensuite, l’auteur ne dit pas si cela se pratiquait en Grèce ou s’il décrivait un usage des Mèdes. Probablement, les Grecs ne cultivaient pas encore le Cédratier, car les Romains ne l’avaient pas dans leurs jardins au commencement de l’ère chrétienne. Dioscoride, né en Cilicie et qui écrivait dans le Ier siècle, en parle[79] à peu près dans les mêmes termes que Théophraste. On estime que l’espèce a été cultivée en Italie dans le IIIe ou le IVe siècle, après des tentatives multipliées[80]. Palladius, dans le Ve siècle, en parle comme d’une culture bien établie.

L’ignorance des Romains de l’époque classique au sujet des plantes étrangères à leur pays les a fait confondre, sous le nom de lignum citreum, le bois du Citrus, avec celui du Cedrus, dont on faisait de fort belles tables, et qui était un Cèdre ou un Thuya, de la famille toute différente des Conifères.

Les Hébreux ont dû avoir connaissance du Cédratier avant les Romains, à cause de leurs rapports fréquents avec la Perse, la Médie et les contrées voisines. L’usage des Juifs modernes de se présenter à la synagogue, le jour des Tabernacles, un cédrat à la main, avait fait croire que le mot Hadar, du Lévitique signifiait citron ou cédrat ; mais Risso a montré, par la comparaison des anciens textes, que ce mot signifie un beau fruit ou le fruit d’un bel arbre. Il croit même que les Hébreux ne connaissaient pas le Citronnier ou Cédratier au commencement de notre ère, parce que la version de Septante traduit Hadar par fruit d’un très bel arbre. Toutefois les Grecs ayant vu le Cédratier en Médie et en Perse du temps de Théophraste, trois siècles avant Jésus-Christ, il serait singulier que les Hébreux n’en aient pas eu connaissance lors de leur captivité à Babylone. D’ailleurs l’historien Josèphe dit que, de son temps, les Juifs portaient à leur fête des pommes de Perse, malum persicum, et c’est un des noms du cédrat chez les Grecs.

Les variétés à fruit très acide, comme le Limonum et l’acida, n’ont peut-être pas attiré l’attention aussi promptement que le Cédratier, cependant l’odeur aromatique intense, dont parlent Théophraste et Dioscoride, parait les indiquer. Ce sont les Arabes qui ont étendu beaucoup la culture du Limonier (Citronnier des Français) en Afrique et en Europe. D’après Gallesio, ils l’ont portée, dans le Xe siècle de notre ère, des jardins de l’Oman en Palestine et en Égypte. Jacques de Vitry, dans le XIIIe siècle, décrit très bien le limon, qu’il avait vu en Palestine. Un auteur, appelé Falcando, mentionne, en 1260, des « Lumias » très acides, qu’on cultivait autour de Palerme, et la Toscane les avait aussi à la même époque[81].

Oranger. — Citrus Aurantium, Linné (excl. var. γ). Citrus Aurantium Risso.

Les Orangers se distinguent des Pompelmouses (C. decumana) par l’absence complète de poils sur les jeunes pousses et sur les feuilles, par un fruit moins gros, toujours de forme sphérique, par la peau de ce fruit moins épaisse ; et des Cédratiers (C. medica) par les fleurs entièrement blanches, le fruit jamais allongé, sans mamelon au sommet, à peau peu ou point bosselée, médiocrement adhérente avec la partie juteuse.

Ni Risso dans son excellent traité du Citrus, ni les auteurs modernes, comme Brandis et sir Joseph Hooker, n’ont pu indiquer un autre caractère que la saveur pour distinguer l’Oranger à fruits plus ou moins amers, soit Bigaradier, de l'Oranger proprement dit, à fruit doux. Cette différence me paraissait si peu de chose, au point de vue botanique, lorsque j’ai étudié la question d’origine en 1855, que j’inclinais à considérer, avec Risso, les deux sortes d’Orangers comme de simples variétés. Les auteurs actuels anglo-indiens font de même. Ils ajoutent une troisième variété, qu’ils nomment Bergamia, pour la Bergamote, dont la fleur est plus petite et le fruit sphérique ou pyriforme, plus petit que l’orange commune, aromatique et légèrement acide.

Cette dernière forme n’a pas été trouvée sauvage et me parait plutôt un produit de la culture.

On demande souvent si les oranges douces donnent quand on les sème des oranges douces, et les bigarades des oranges amères. C’est assez indifférent au point de vue de la distinction en espèces ou variétés, car nous savons que, dans les deux règnes, tous les caractères sont plus ou moins héréditaires, que certaines variétés le sont si habituellement qu’il faut les nommer des races et que la distinction en espèces doit, par conséquent, se baser sur d’autres considérations, comme l’absence de formes intermédiaires ou le défaut de fécondation croisée donnant des produits eux-mêmes féconds. La question ne manque cependant pas d’intérêt dans le cas actuel, et je répondrai que les expériences ont donné des résultats parfois contradictoires.

Gallesio, excellent observateur, s’exprime de la manière suivante : « J’ai semé pendant une longue suite d’années des pépins d’orange douce, tantôt pris sur des arbres francs, tantôt sur des orangers greffés sur bigaradier ou sur limonier. J’ai toujours eu des arbres à fruits doux. Ce résultat est constaté depuis plus de soixante ans par tous les jardiniers du Finalais. Il n’y a pas un exemple d’un bigaradier sorti de semis d’orange douce, ni d’un oranger à fruits doux sorti de la semence de bigaradier… En 1709, la gelée ayant fait périr les orangers de Finale, on avait pris l’habitude d’élever des orangers à fruits doux de semences ; il n’y eut pas une seule de ces plantes qui ne portât des fruits à jus doux[82]. »

Mac-Fadyen dit, au contraire, dans sa flore de la Jamaïque : « C’est un fait établi, familier à tous ceux qui ont vécu quelque temps dans cette île, que la graine des oranges douces donne très souvent des arbres à fruits amers (bitter), ce dont des exemples bien prouvés sont arrivés à ma connaissance personnelle. Je n’ai pas ouï dire cependant que des graines d’orange amère aient jamais donné des fruits doux… Ainsi, continue judicieusement l’auteur, l’oranger amer était le type primitif[83]. » Il prétend que dans les sols calcaires l’oranger doux se conserve de graines, tandis que dans les autres sols, à la Jamaïque, il donne 4es fruits plus ou moins acides (sour) ou amers (bitter). Duchassaing dit qu’à la Guadeloupe les graines d’oranges douces donnent souvent des fruits amers[84], tandis que, d’après le Dr  Ernst, à Caracas, elles donnent quelquefois des fruits acides, mais non amers[85]. Brandis raconte qu’à Khasia, dans l’Inde, autant qu’il a pu le vérifier, les vergers très étendus d’orangers doux viennent de graines. Ces diversités montrent le degré variable de l’hérédité et confirment l’opinion qu’il faut voir dans les deux sortes d’orangers deux variétés, non deux espèces.

Je suis obligé cependant de les énumérer l’une après l’autre, pour expliquer leur origine et l’extension de leur culture à diverses époques.

1o  Bigaradier, Arancio forte des Italiens, Pomeranze des Allemands. — Citrus vulgaris, Risso — C. Aurantium var. Bigaradia, Brandis et Hooker.

Il était inconnu aux Grecs et aux Romains, de même que l’oranger doux. Comme ils avaient eu des relations avec l’Inde et Ceylan, Gallesio présume que ces arbres n’étaient pas cultivés de leur temps dans la partie occidentale de l’Inde. Il a étudié, sous ce point de vue, les anciens voyageurs et géographes, tels que Diodore de Sicile, Néarque, Arianus, et n’a trouvé chez eux aucune mention des orangers. Cependant le sanscrit avait un nom pour l’orange, Nagarunga, Nagrunga[86], C’est même de là qu’est venu le mot Orange, car les Hindous en ont fait Narungee (prononcez Naroudji) d’après Royle, Nerunga d’après Piddington, les Arabes Narunj, d’après Gallesio, les Italiens Naranzi, Arangi, et dans le moyen âge on a dit en latin Arancium, Arangium, puis Aurantium[87]. Mais le nom sanscrit s’appliquait-il à l’orange amère ou à l’orange douce ? Le philologue Adolphe Pictet m’a donné jadis un renseignement curieux sur ce point. Il avait cherché dans les ouvrages sanscrits les noms significatifs donnés à l’orange ou à l’oranger et en avait trouvé 17, qui tous font allusion à la couleur, l’odeur, la qualité acide (danta catha, nuisible aux dents), le lieu de croissance, etc., jamais à une saveur douce ou agréable. Cette multitude de noms analogues à des épithètes montre un fruit anciennement connu, mais d’une saveur bien différente de l’orange douce. D’ailleurs les Arabes, qui ont transporté les orangers vers l’Occident, ont connu d’abord l’orange amère, lui ont appliqué le nom Narunj[88], et leurs médecins, dès le Xe siècle, ont prescrit le suc amer du Bigaradier[89]. Les recherches approfondies de Gallesio montrent que l’espèce s’était répandue depuis les Romains du côté du golfe Persique, et à la fin du IXe siècle en Arabie, par l’Oman, Bassora, Irak et la Syrie, selon le témoignage de l’auteur arabe Massoudi. Les croisés virent le Bigaradier en Palestine. On le cultivait en Sicile dès l’année 1002, probablement à la suite des incursions des Arabes. Ce sont eux qui l’ont introduit en Espagne, et vraisemblablement aussi dans l’Afrique orientale. Les Portugais le trouvèrent établi sur cette côte lorsqu’ils doublèrent le Cap, en 1498[90].

Rien ne peut faire présumer que l’orange amère ou douce existât en Afrique avant le moyen âge, car la fable du jardin, des Hespérides peut concerner une Aurantiacée quelconque, et chacun peut la placer où il veut, l’imagination des anciens étant d’une fertilité singulière.

Les premiers botanistes anglo-indiens tels que Roxburgh, Royle, Griffith, Wight, n’avaient pas rencontré le Bigaradier sauvage ; mais toutes les probabilités indiquaient la région orientale de l’Inde comme sa patrie primitive. Le Dr  Wallich a mentionné la localité de Sillet[91] sans affirmer la spontanéité. Après lui, sir Joseph Hooker[92] a vu l’oranger amer bien certainement spontané dans plusieurs districts au midi de l’Himalaya, de Garwal et Sikkim à Khasia. Son fruit était sphérique ou un peu déprimé, de deux pouces de diamètre, très coloré, non mangeable, d’une saveur (si je me souviens bien, dit l’auteur) dégoûtante (mawkish) et amère. Le Citrus fusca, de Loureiro[93], semblable, d’après lui, à la planche 23 de Rumphius, et spontané en Cochinchine et en Chine, pourrait bien être le Bigaradier, ont l’habitation s’étendrait vers l’est.

2o  Oranger à fruit doux, Arancio dolce des Italiens, Apfelsine des Allemands — Citrus Aurantium sinense, Gallesio.

Selon Royle[94], il existe des oranges douces, sauvages, à Sillet et dans les Nilghiries, mais l’assertion n’est pas accompagnée de détails qui permettent de lui donner de l’importance. D’après le même auteur, l’expédition de Turner avait cueilli des orange » sauvages « délicieuses » à Buxedwar, localité au nord-est de Rungpoor, dans le Bengale. D’un autre côté, les botanistes Brandis et sir Joseph Hooker ne mentionnent pas l’oranger doux comme spontané dans l’Inde anglaise. Ils le disent seulement cultivé. Kurz n’en parle pas du tout dans sa flore forestière du pays Burman anglais. Plus à l’est, en Cochinchine, Loureiro[95] a décrit un C. Aurantium à pulpe moitié acide moitié douce (acido-dulcis), qui parait être l’oranger à fruits doux et qui « habite à l’état cultivé et non cultivé en Cochinchine et en Chine ». Je rappelle que les auteurs chinois considèrent les orangers, en général, comme des arbres de leur pays ; mais on manque d’informations précises sur chaque espèce ou variété, au point de vue de l’indigénat.

D’après l’ensemble de ces documents, l’oranger à fruit doux parait originaire de la Chine méridionale et de la Cochinchine, avec une extension douteuse et accidentelle, par un effet de semis, dans la région de l’Inde.

Cherchons dans quels pays sa culture a commencé et comment elle s’est propagée. Il en résultera peut-être plus de lumière sur l’origine et sur la distinction des Orangers proprement dits d’avec les Bigaradiers.

Un fruit aussi gros et aussi agréable au goût que l’orange douce n’a guère pu exister dans une région sans que l’homme ait essayé de le cultiver. Les semis en sont faciles et donnent presque toujours la même qualité recherchée. Les anciens voyageurs ou historiens ne peuvent pas non plus avoir négligé l’importation d’un arbre fruitier aussi remarquable. Sur ce point historique, les études faites par Gallesio, dans les anciens ouvrages, ont donné des résultats extrêmement intéressants.

Il prouve d’abord que les orangers apportés de l’Inde, par les Arabes, en Palestine, en Égypte, dans le midi de l’Europe et sur la côte orientale de l’Afrique, n’étaient pas l’oranger à fruit doux. Jusqu’au XVe siècle, les ouvrages arabes et les chroniques ne parlent que d’oranges amères ou aigres. Cependant, lorsque les Portugais arrivèrent dans les îles de l’Asie méridionale, ils trouvèrent des orangers à fruits doux, et ce ne fut pas pour eux, à ce qu’il semble, une nouveauté. Le Florentin qui accompagnait Vasco de Gama et qui a publié la relation du voyage dit : « Sonvi melarancie assai, ma tutte dolci » (Il y a beaucoup d’oranges, mais toutes douces). Ni ce voyageur ni ceux qui suivirent ne témoignèrent de la surprise en goûtant un fruit aussi agréable. Gallesio en infère que les Portugais n’ont pas été les premiers à rapporter les oranges douces de l’Inde, où ils arrivèrent en 1498, ni de Chine, où ils parvinrent en 1518. D’ailleurs une foule d’écrivains du commencement du XVIe siècle parlent de l’orange douce comme d’un fruit déjà cultivé en Italie et en Espagne. Il y a plusieurs témoignages pour les années 1523 et 1525. Gallesio s’arrête à l’idée que l’orange douce a été introduite en Europe vers le commencement du XVe siècle[96] ; mais Targioni cite, d’après Valeriani, un statut de Fermo, du XIVe siècle, dans lequel il est question de cédrats, oranges douces, etc.[97], et les renseignements recueillis récemment sur l’introduction en Espagne et dans le Portugal par M. Goeze[98], d’après d’anciens auteurs, concordent avec cette même date. Il me parait donc probable que les oranges reçues plus tard, de Chine, par les Portugais, étaient seulement meilleures que celles connues auparavant en Europe, et que les noms vulgaires d’oranges de Portugal et de Lisbonne sont dus à cette circonstance.

Si l’orange douce avait été cultivée très anciennement dans l’Inde, elle aurait eu un nom spécial en sanscrit, les Grecs en auraient eu connaissance dès l’expédition d’Alexandre, et les Hébreux l’auraient reçue de bonne heure par la Mésopotamie. On aurait certainement recherché, cultivé et propagé ce fruit dans l’empire romain, de préférence au Limonier, au Cédratier et au Bigaradier. Son existence dans l’Inde doit donc être moins ancienne.

Dans l’archipel Indien, l’oranger doux était considéré comme venant de Chine[99]. Il se trouvait peu répandu dans les îles de la mer Pacifique à l’époque du voyage de Cook[100].

Nous revenons ainsi, par toutes les voies, à l’idée que la variété douce de l’oranger est sortie de Chine et de Cochinchine, et qu’elle s’est répandue dans l’Inde peut-être vers le commencement de l’ère chrétienne. A la suite des cultures, elle a pu se naturaliser dans beaucoup de localités de l’Inde et dans tous les pays tropicaux, mais nous avons vu que les semis ne donnent pas toujours l’oranger à fruit doux. Ce défaut d’hérédité, dans certains cas, est à l’appui d’une dérivation du Bigaradier en Oranger doux, qui serait survenue, à une époque lointaine, en Chine ou en Cochinchine, et aurait été propagée soigneusement à cause de sa valeur horticole.

Mandarines. — Citrus nobilis, Loureiro.

Cette espèce, caractérisée par son fruit plus petit que l’orange ordinaire, bosselé à la surface, sphérique, mais déprimé en dessus, et d’une saveur particulière, est maintenant recherchée en Europe, comme elle l’a été dès les temps les plus anciens en Chine et en Cochinchine. Les Chinois la nomment Kan[101]. Rumphius l’avait vue cultivée dans toutes les îles de la Sonde[102] et dit qu’elle venait de Chine, mais elle ne s’était pas répandue dans l’Inde. Roxburgh et sir Joseph Hooker ne la mentionnent pas, mais M. Clarke m’apprend que sa culture a pris une grande extension dans le district de Khasia. Elle était nouvelle dans les jardins d’Europe, au commencement du XIXe siècle, lorsque Andrews en publia une bonne figure dans le Botanist repository (pi. 608).

D’après Loureiro[103], cet arbre, d’une taille moyenne, habite en Cochinchine, et aussi, ajoute-t-il, en Chine, bien qu’il ne l’ait pas vu à Canton. Ce n’est pas une information précise sous le rapport de la qualité spontanée, mais on ne peut pas supposer une autre origine. Selon Kurz[104], l’espèce est seulement cultivée dans la Birmanie anglaise. Si cela se confirme, la patrie serait bornée à la Cochinchine et à quelques provinces de la Chine.

Mangostan. — Garcinia Mangostana, Linné.

Le Botanical magazine a publié une bonne figure (pi. 4847) de cet arbre, de la famille des Guttifères, dont le fruit est considéré comme un des meilleurs qui existent. Il exige un climat très chaud, car Roxburgh n’a pas pu l’obtenir au delà du 23° 1/2 degré de latitude dans l’Inde[105] et transporté à la Jamaïque, il n’a donné que des fruits médiocres.[106]. On le cultive dans les îles de la Sonde, la péninsule malaise et à Ceylan.

L’espèce est certainement spontanée dans les forêts des îles de la Sonde[107] et de la péninsule malaise[108]. Parmi les plantes cultivées, c’est une des plus locales, soit pour l’habitation originelle, soit dans la culture. Il est vrai qu’elle appartient à l’une de ces familles où l’aire moyenne des espèces est le plus restreinte.

Abricotier d’Amérique. — Mammea americana, Jacquin.

De la famille des Guttifères, comme le Mangostan, cet arbre exige aussi beaucoup de chaleur. Les Anglais l’appellent Mamey ou Mammee, Quoique fort cultivé dans les Antilles et dans les parties les plus chaudes du Venezuela[109], on ne l’a guère transporté ou il n’a pas réussi en Asie et en Afrique, si l’on en juge par le silence de la plupart des auteurs.

Il est certainement indigène dans les forêts de la plupart des Antilles[110]. Jacquin l’indique aussi sur le continent voisin, mais je n’en vois pas de confirmation chez les auteurs modernes. La meilleure figure publiée est celle de la Flore des Antilles de Tussac, 3, pl. 7, à l’occasion de laquelle l’auteur donne beaucoup de détails sur l’emploi du fruit.

Gombo. — Hibiscus esculentus, Linné.

Les fruits, encore jeunes, de cette Malvacée annuelle sont un des légumes les plus délicats des pays tropicaux. La Flore des Antilles de Tussac contient une belle planche de l’espèce et donne tous les détails qu’un gourmet peut désirer sur la manière de préparer le caloulou, si cher aux créoles des îles françaises.

Lorsque j’ai essayé autrefois[111] de comprendre d’où vient cette plante, cultivée dans l’ancien et le nouveau monde, l’absence de tout nom sanscrit et le fait que les premiers auteurs sur la flore indienne ne l’avaient pas vue spontanée m’avaient fait écarter l’hypothèse d’une origine asiatique. Cependant la flore moderne de l’Inde anglaise[112] l’ayant indiquée comme « probablement native d’origine », j’ai dû faire de nouvelles recherches.

Quoique l’Asie méridionale ait été bien explorée depuis trente ans, on ne cite aucune localité dans laquelle le Gombo serait spontané ou quasi spontané. Il n’y a même pas d’indice d’une culture ancienne en Asie. C’est donc entre l’Afrique et l’Amérique qu’il faut hésiter.

La plante a été vue spontanée aux Antilles par un bon observateur[113], mais je ne découvre aucune assertion semblable venant d’un autre botaniste, soit pour les îles, soit pour le continent américain. Le plus ancien auteur sur la Jamaïque, Sloane[114], n’avait vu l’espèce qu’à l’état de culture. Marcgraf[115] l’avait observée dans les plantations du Brésil, et comme il mentionne un nom du Congo et d’Angola, Quillobo, dont les Portugais avaient fait Quingombo, l’origine africaine se trouve par cela même indiquée.

MM. Schweinfurth et Ascherson[116] ont vu la plante spontanée dans la région du Nil, en Nubie, Kordofan, Sennaar, Abyssinie et dans le Bahr-el-Abiad, où on la cultive, — il est vrai. D’autres voyageurs sont mentionnés pour des échantillons recueillis en Afrique[117], mais on ne dit pas si les plantes étaient cultivées ou spontanées et loin des habitations. Nous serions toujours dans le doute si MM. Flückiger et Hanbury[118] n’avaient fait une découverte bibliographique qui tranche la question. Les Arabes appellent le Gombo Bamyah ou Bâmiat, et Abul-Abbas-Elnabati, qui avait visité l’Égypte bien avant la découverte de l’Amérique, en 1216, a décrit très clairement le Gombo, cultivé alors par les Égyptiens.

Malgré l’origine, certainement africaine, il ne semble pas que l’espèce ait été cultivée dans la basse Égypte avant l’époque de la domination arabe. On n’en a pas trouvé de preuve dans les monuments anciens, quoique Rosellini ait cru reconnaître la plante dans une figure, qui en est bien différente, selon Unger[119]. L’existence d’un seul nom dans les langues modernes de l’Inde, d’après Piddington, appuie l’idée d’une propagation vers l’Orient depuis l’ère chrétienne.

Vigne. — Vitis vinifera, Linné.

La vigne croît spontanément dans l’Asie occidentale tempérée, l’Europe méridionale, l’Algérie et le Maroc[120]. C’est surtout dans le Pont, en Arménie, au midi du Caucase et de la mer Caspienne, qu’elle présente l’aspect d’une liane sauvage, qui s’élève sur de grands arbres et donne beaucoup de fruits, sans taille ni culture. On mentionne sa végétation vigoureuse dans l’ancienne Bactriane, le Caboul, le Cachemir et même dans le Badakchan, situé au nord de l’Indou-Kousch[121]. Naturellement, on se demande là, comme ailleurs, si les pieds que l’on rencontre ne viennent pas de graines transportées des plantations par les oiseaux. Je remarque cependant que les botanistes les plus dignes de confiance, ceux qui ont le plus parcouru les provinces transcaucasiennes de la Russie, n’hésitent pas sur la spontanéité et l’indigénat de l’espèce dans cette région. C’est en s’éloignant vers l’Inde et l’Arabie, l’Europe et l’Afrique septentrionale qu’on trouve le plus souvent dans les flores l’expression que la vigne est « subspontanée », peut-être sauvage, ou devenue sauvage (verwildert, selon le terme expressif des Allemands).

La dissémination par les oiseaux a dû commencer de très bonne heure, dès que les baies de l’espèce ont existé, avant la culture, avant la migration des plus anciens peuples asiatiques, peut-être avant qu’il existât des hommes en Europe et même en Asie. Toutefois la fréquence des cultures et la multitude des formes de raisins cultivés ont pu étendre les naturalisations et introduire dans les vignes sauvages des diversités tirant leur origine de la culture. A vrai dire, les agents naturels, comme les oiseaux, le vent, les courants, ont toujours agrandi les habitations des espèces, indépendamment de l’homme, jusqu’aux limites qui résultent, dans chaque siècle, des conditions géographiques et physiques et de l’action nuisible d’autres végétaux et d’animaux. Une habitation absolument primitive est plus ou moins un mythe ; mais des habitations successivement étendues ou restreintes sont dans la force des choses. Elles constituent des patries plus ou moins anciennes et réelles, à condition que l’espèce s’y soit maintenue sauvage, sans l’apport incessant de nouvelles graines. Pour ce qui concerne la vigne, nous avons des preuves d’une ancienneté très grande en Europe, comme en Asie.

Des graines de vigne ont été trouvées sous les habitations lacustres de Castione, près de Parme, qui datent de l’âge du bronze[122], dans une station préhistorique du lac de Varèse[123], et

dans la station lacustre de Wangen, en Suisse, mais dans ce dernier cas à une profondeur incertaine[124] Bien plus ! Des feuilles de vigne ont été trouvées dans les tufs des environs de Montpellier, où elles se sont déposées probablement avant l’époque historique[125], et dans ceux de Meyrargue, en Provence, certainement préhistoriques, quoique postérieurs à l’époque tertiaire des géologues[126].

Dans le pays qu’on peut appeler le centre et qui est peut-être le plus ancien séjour de l’espèce, le midi du Caucase, un botaniste russe, Kolenati[127], a fait des observations très intéressantes sur les différentes formes de vignes, soit spontanées, soit cultivées. Je regarde son travail comme d’autant plus significatif que l’auteur s’est attaché à classer les variétés suivant les caractères de la pubescence et de la nervation des feuilles, choses absolument indifférentes aux cultivateurs et qui doivent représenter, par conséquent, beaucoup mieux les états naturels de l’espèce. D’après lui, les vignes sauvages, dont il a vu une immense quantité entre la mer Noire et la mer Caspienne, se groupent en deux sous-espèces, qu’il décrit, qu’il assure pouvoir reconnaître à distance, et qui seraient le point de départ des vignes cultivées, au moins en Arménie et dans les environs. Il les a reconnues autour du mont Ararat, dans une zone où l’on ne cultive pas la vigne, où même on ne pourrait pas la cultiver. D’autres caractères, par exemple la forme et la couleur des raisins, varient dans chacune des deux sous-espèces. Nous ne pouvons entrer ici dans les détails purement botaniques du mémoire de Kolenati, non plus que dans ceux du travail plus récent de Regel sur le genre Vitis[128] ; mais il est bon de constater qu’une espèce cultivée depuis un temps très reculé et qui a maintenant peut-être 2000 formes décrites dans les ouvrages offre, quand elle est spontanée dans la région où elle est très ancienne, et a probablement offert avant toute culture, au moins deux formes principales, avec d’autres d’une importance moindre. Si l’on étudiait avec le même soin les vignes spontanées de la Perse et du Cachemir, du Liban et de Grèce, on trouverait peut-être d’autres sous-espèces d’une ancienneté probablement préhistorique.

L’idée de recueillir le jus des raisins et de profiter de sa fermentation a pu naître chez différents peuples, principalement dans l’Asie occidentale, où la Vigne abondait et prospérait. Adolphe Pictet[129], qui a discuté, après de nombreux auteurs, mais d’une manière plus scientifique, les questions d’histoire, de linguistique et même de mythologie concernant la Vigne chez les peuples de l’antiquité, admet que les Sémites et les Aryas ont également connu l’usage du vin, de sorte qu’ils ont pu l’introduire dans tous les pays où ils ont émigré, jusqu’en Égypte, dans l’Inde et en Europe. Ils ont pu le faire d’autant mieux qu’ils trouvaient la plante sauvage dans plusieurs de ces contrées.

Pour l’Égypte, les documents sur la culture de la Vigne et la vinification remontent à 5 ou 6000 ans[130]. Dans l’ouest, la propagation de la culture par les Phéniciens, les Grecs et les Romains est assez connue ; mais, du côté oriental de l’Asie, elle s’est faite tardivement. Les Chinois, qui cultivent à présent la Vigne dans leurs provinces septentrionales, ne la possédaient pas antérieurement à l’année 122 avant notre ère[131]. On sait qu’il existe plusieurs Vignes spontanées dans le nord de la Chine, mais je ne puis admettre avec M. Regel que la plus analogue à notre Vigne, le Vitis Amurensis, de Ruprecht, appartienne à notre espèce. Les graines dessinées dans le Gartenflora, 1861, pl. 33, en sont trop différentes. Si le fruit de ces vignes de l’Asie orientale avait quelque valeur, les Chinois auraient bien eu l’idée d’en tirer parti.

Jujubier commun. — Zizyphus vulgaris, Lamarck.

D’après Pline[132], le Jujubier aurait été apporté de Syrie à Rome, par le consul Sextus Papinius, vers la fin du règne d’Auguste. Les botanistes remarquent cependant que l’espèce est commune dans les endroits rocailleux d’Italie[133] et que d’ailleurs — chose singulière — on l’a pas encore trouvée sauvage en Syrie, bien qu’elle y soit cultivée, de même que dans toute la région qui s’étend de la mer Méditerranée à la Chine et au Japon[134].

La recherche de l’origine du Jujubier, comme arbre spontané, vient à l’appui du dire de Pline, malgré les objections que je viens de mentionner. D’après les collecteurs de plantes et les auteurs de flores l’espèce paraît plus spontanée et anciennement cultivée à l’est qu’à l’ouest de sa grande habitation actuelle. Ainsi, pour le nord de la Chine, M. de Bunge dit qu’elle est « très commune et très incommode (à cause de ses épines) dans les endroits montueux. » Il a vu la variété sans épines dans les jardins. Le Dr  Bretschneider[135] mentionne les jujubes comme un des fruits les plus recherchés par les Chinois, qui appellent l’espèce du nom simple de Tsao, Il indique aussi les deux formes, épineuse et non épineuse ; la première sauvage[136]. L’espèce manque au midi de la Chine et dans l’Inde proprement dite, à cause de la chaleur et de l’humidité du climat. On la retrouve sauvage dans le Punjab au nord-ouest de l’Inde anglaise, puis en Perse et en Arménie.

Brandis[137] énumère sept noms différents du Jujubier commun (ou de ses variétés ? ) dans les langues modernes de l’Inde, mais on ne connaît aucun nom sanscrit. D’après cela, l’espèce a peut-être été introduite de Chine dans l’Inde, à une époque pas très éloignée, et des cultures elle serait devenue sauvage dans les provinces très sèches de l’ouest. Le nom persan est Anob, chez les Arabes Unab, On ne connaît pas de nom hébreu, nouvel indice que l’espèce n’est pas très ancienne dans l’Asie occidentale.

Les anciens Grecs n’ont pas parlé du Jujubier commun, mais seulement d’une autre espèce, Zizyphus Lotus. C’est du moins l’opinion du commentateur et botaniste moderne Lenz[138]. Il faut convenir que le nom grec moderne, Pritzuphuia, n’a aucun rapport avec les noms attribués jadis dans Théophraste ou Dioscoride à quelque Zizyphus, mais approche du nom latin Zizyphus (le fruit Zizyphum) de Pline, qui n’est pas dans les auteurs plus anciens et semble d’une nature orientale plus que latine. M. de Heldreich[139] n’admet pas que le Jujubier soit spontané en Grèce, et d’autres le disent « naturalisé, subspontané, » ce qui confirme l’hypothèse d’une existence peu ancienne. Les mêmes motifs s’appliquent à l’Italie. L’espèce peut donc s’y être naturalisée depuis l’introduction dans les jardins dont Pline a parlé.

En Algérie, le Jujubier est seulement cultivé ou « subspontané[140] ». De même en Espagne. Il n’est pas mentionné dans le Maroc, ni aux îles Canaries, ce qui fait supposer une existence peu ancienne dans la région de la mer Méditerranée.

Il me paraît donc probable que l’espèce est originaire du nord de la Chine ; qu’elle a été introduite et. s’est naturalisée dans l’Asie occidentale après l’époque de la langue sanscrite, il y a peut-être 2500 ou 3000 ans ; que les Grecs et les Romains l’ont reçue au commencement de notre ère, et que ces derniers l’ont portée en Barbarie et en Espagne, où elle s’est naturalisée partiellement, d’une manière souvent douteuse, à la suite des cultures.

Jujubier Lotus. — Zizyphus Lotus, Desfontaines.

Le fruit de ce Jujubier ne mérite pas d’attirer l’attention, si ce n’est au point de vue historique. C’était, dit-on, la nourriture des Lotophages, peuple de la côte de Lybie, dont Homère et Hérodote[141] ont parlé avec plus ou moins d’exactitude. Il fallait qu’on fût bien pauvre ou bien sobre dans cette contrée, car une baie de la grosseur d’une petite cerise, fade ou médiocrement sucrée, ne contenterait pas des hommes ordinaires.

Rien ne prouve que les Lotophages eussent l’habitude de cultiver ce petit arbre ou arbuste. Ils en recueillaient sans doute les fruits dans la campagne, car l’espèce est assez commune dans l’Afrique septentrionale. Une édition de Théophraste porte cependant qu’il y avait des Lotos sans noyaux, ce qui suppose une culture[142]. On les plantait dans les jardins, comme cela se fait encore de nos jours en Égypte[143] ; mais il ne semble pas que l’usage en ait été fréquent, même chez les anciens.

Du reste, il a été émis des opinions très différentes sur le Lotos des Lotophages[144], et il ne faut pas insister sur un point aussi obscur, où l’imagination d’un poète et l’ignorance populaire ont pu jouer un grand rôle.

Le Jujubier Lotus est sauvage maintenant, dans les localités arides, depuis l’Égypte jusqu’au Maroc, dans le midi de l’Espagne, à Terracine et autour de Palerme[145] Dans ces localités italiennes isolées, c’est le résultat probablement de cultures.

Jujubier de l’Inde[146]. — Zizyphus Jujuba, Lamarck. — Ber, des Hindous et Anglo-Indiens. — Masson, à l’île Maurice.

Ce Jujubier est cultivé plus au midi que le commun, mais dans une étendue de pays non moins grande. Le fruit ressemble tantôt à une cerise avant maturité, tantôt à une olive, comme on peut le voir dans la planche publiée par Bouton dans Hooker, Journal of botany, 1, pl. 140. Le nombre des variétés connues indique une très ancienne culture. Celle-ci s’étend aujourd’hui de la Chine méridionale, de l’archipel indien et de Queensland en Australie, par l’Arabie et l’Égypte, jusqu’au Maroc et même au Sénégal, en Guinée et dans l’Angola[147]. Elle se voit également à l’île Maurice, mais il ne paraît pas qu’on l’ait introduite jusqu’à présent en Amérique, si ce n’est au Brésil, d’après un échantillon de mon herbier[148]. Le fruit est préférable à la jujube ordinaire, d’après ce que disent les auteurs.

Quelle était l’habitation de l’espèce avant toute culture ? Ce n’est pas aisé à savoir, parce que les noyaux se sèment facilement et naturalisent la plante hors des jardins[149].

Si nous nous laissons guider par la fréquence à l’état sauvage, il semble que le pays des Burmans et l’Inde anglaise seraient la patrie ancienne. Je possède dans mon herbier plusieurs échantillons recueillis par Wallich dans le royaume burman, et Kurz l’a vue fréquemment dans les forêts sèches de ce pays, autour d’Ava et de Prome[150]. Beddone admet l’espèce comme spontanée dans les forêts de l’Inde anglaise, mais Brandis l’a trouvée seulement dans des localités de ce genre où il y avait eu des établissements d’indigènes[151]. Avant ces auteurs, dans le XVIIe siècle, Rheede[152] décrivait cet arbre comme spontané au Malabar, et les botanistes du XVIe siècle l’avaient reçu du Bengale.

À l’appui de cette origine indienne, il faut mentionner l’existance de trois noms sanscrits et de onze autres noms dans les langues indiennes modernes[153].

L’introduction à Amboine, dans la partie orientale de l’Archipel, était récente lorsque Rumphius y séjournait[154], et il dit lui-même que l’espèce est indienne. Peut-être était-elle anciennement à Sumatra et dans d’autres îles rapprochées de la péninsule malaise. Les anciens auteurs chinois n’en ont pas parlé ; du moins Bretschneider ne l’a pas connu. L’extension et les naturalisations au midi et à l’est du continent indien paraissent donc peu anciennes.

En Arabie et en Égypte, l’introduction doit être encore plus récente. Non seulement on ne connaît aucun nom ancien, mais Forskal, il y a cent ans, et Delile, au commencement du siècle actuel, n’ont pas vu l’espèce, dont Schweinfurth a parlé récemment comme cultivée. Elle doit s’être répandue d’Asie à Zanguebar, et de proche en proche au travers de l’Afrique ou par la navigation des Européens jusqu’à la côte occidentale. Ce serait même assez récent, puisque Robert Brown (Bot. of Congo) et Thonning n’ont pas eu connaissance de l’espèce en Guinée[155].

Pommier d’Acajou. — Anacardium occidentale, Linné. — Cashew, des Anglais.

Les assertions les plus fausses ont été émises autrefois sur l’origine de cet arbre[156], et, malgré ce que j’en ai dit en 1855[157], je les vois reproduites çà et là.

Le nom français de Pommier d’Acajou est aussi ridicule que possible. Il s’agit d’un arbre de la famille des Térébintacées (soit Anacardiacées), très différente des Rosacées et des Méliacées auxquelles appartiennent les Pommiers et l’Acajou. La partie que l’on mange ressemble plus à une poire qu’à une pomme, et, botaniquement parlant, ce n’est pas un fruit, mais le pédoncule ou support du fruit, lequel ressemble à une grosse fève. Les deux noms, français et anglais, dérivent d’un nom des indigènes du Brésil, Acaju, Acajaiba, cité par d’anciens voyageurs[158].

L’espèce est certainement spontanée dans les forêts de l’Amérique intertropicale et même dans une grande étendue de cette région, par exemple au Brésil, à la Guyane, dans l’isthme de Panama et aux Antilles[159]. Le Dr  Ernst[160] la croit originaire seulement de la contrée voisine du fleuve des Amazones, bien qu’il la connaisse aussi de Cuba, Panama, l’Équateur et la Nouvelle-Grenade. Il se fonde sur ce que les auteurs espagnols du temps de la conquête n’en ont pas parlé, preuve négative, qu’il faut prendre pour une simple probabilité.

Rheede et Rumphius avaient aussi indiqué cet arbre dans l’Asie méridionale. Le premier le dit commun au Malabar[161]. L’existence d’une même espèce tropicale arborescente en Asie et en Amérique était si peu probable qu’on a soupçonné d’abord quelque différence spécifique ou au moins de variété, qui ne s’est pas confirmée. Divers arguments, historiques et linguistiques, m’avaient démontré une origine étrangère à l’Asie. D’ailleurs Rumphius, toujours exact, parlait d’une introduction ancienne, par les Portugais, d’Amérique dans l’archipel asiatique[162]. Le nom malais qu’il cite, Cadju, est américain ; celui usité à Amboine signifiait fruit de Portugal ; celui de Macassar était tiré d’une ressemblance avec le fruit du Jambosa. L’espèce, dit Rumphius, n’était pas très répandue dans les îles ; Garcia ab Orto ne l’avait pas trouvée à Goa en 1550, mais Acosta l’avait vue ensuite à Couchin, et les Portugais l’avaient multipliée dans l’Inde et l’Archipel indien. D’après Blume et Miquel, l’espèce est seulement cultivée à Java. Rheede dit, il est vrai, qu’elle abonde au Malabar (provenit ubique), mais il cite un seul nom qui paraisse indien, Kapa-mava, et les autres dérivent du nom américain. Piddington n’indique aucun nom sanscrit. Enfin les botanistes anglo-indiens, après avoir hésité sur l’origine, admettent aujourd’hui l’importation d’Amérique à une époque déjà ancienne. Ils ajoutent que l’espèce s’est naturalisée dans les forêts de l’Inde anglaise[163].

L’indigénat en Afrique est encore plus contestable, et il est aisé d’en montrer la fausseté. Loureiro[164] avait vu l’espèce sur la côte orientale de ce continent, mais il la supposait d’origine américaine. Thonning ne l’a pas vue en Guinée, et Brown ne l’indiquait pas au Congo[165]. Il est vrai que l’herbier de Kew a reçu des échantillons de ce dernier pays et des îles du golfe de Guinée, mais M. Oliver parle de l’espèce comme cultivée[166]. Un arbre dont l’habitation est vaste en Amérique, et qui s’est naturalisé dans plusieurs régions de l’Inde depuis deux siècles, existerait dans une grande étendue de l’Afrique intertropicale s’il était indigène dans cette partie du monde.

Manguier. — Mangifera indica, Linné.

De la même famille que le Pommier d’Acajou, cet arbre donne cependant un véritable fruit, de la forme et de la couleur à peu près de l’abricot[167].

On ne peut douter qu’il ne soit originaire de l’Asie méridionale ou de l’archipel indien quand on voit la multitude des variétés cultivées dans ces pays, la quantité des noms vulgaires anciens, en particulier un nom sanscrit[168], et l’abondance dans les jardins du Bengale, de la péninsule indienne et de Ceylan, même à l’époque de Rheede. Du côté de la Chine la culture en était moins répandue, car Loureiro la mentionne seulement en Cochinchine. D’après Rumphius[169], elle avait été introduite, de mémoire d’homme, dans certaines îles de l’archipel asiatique. Porster ne la mentionne pas dans son opuscule sur les fruits des îles de la mer Pacifique, lors de l’expédition de Cook. Le nom vulgaire aux Philippines, Manga[170], montre une origine étrangère, car c’est le nom malais et espagnol. Le nom vulgaire à Ceylan est Ambe, analogue au sanscrit Amra et d’où viennent les noms persan et arabe Amb[171], les noms modernes indiens, et peut-être les noms malais Mangka, Manga, Manpelaan, indiqués par Rumphius. Il y a cependant d’autres noms usités dans les îles de la Sonde, des Moluques et en Cochinchine. La variété de ces noms fait présumer une introduction ancienne dans l’archipel Indien, contrairement à l’opinion de Rumphius.

Les Mangifera que cet auteur avait vus sauvages dans l’île de Java et le Mangifera sylvatica que Roxburgh avait découvert à Sillet sont d’autres espèces ; mais le véritable Manguier est indiqué par les auteurs modernes comme spontané dans les forêts de Ceylan, les districts au pied de l’Himalaya, surtout vers l’est, dans l’Arracan, le Pégu et les îles Andaman[172]. Miquel ne l’indique comme sauvage dans aucune des îles de l’archipel malais. Malgré l’habitation à Ceylan et les indications moins affirmatives, il est vrai, de sir J. Hooker, dans la Flore de l’Inde anglaise, l’espèce est probablement rare ou seulement naturalisée dans la péninsule indienne. La grosseur des graines est telle que les oiseaux ne peuvent pas les transporter, mais la fréquence de la culture amène une dispersion par l’homme. Si le Manguier est seulement naturalisé dans l’ouest de l’Inde anglaise, ce doit être depuis longtemps, vu l’existence d’un nom sanscrit. D’un autre côté les peuples de l’Asie occidentale doivent l’avoir connu assez tard, puisqu’ils n’ont pas transporté l’espèce en Égypte ou ailleurs vers l’ouest.

Aujourd’hui, on la cultive dans l’Afrique intertropicale et même aux îles Maurice et Seychelles, où elle s’est un peu naturalisée dans les forêts[173].

L’introduction en Amérique a eu lieu d’abord au Brésil, car c’est de là qu’on fit venir des graines à la Barbade dans le milieu du siècle dernier[174]. Un vaisseau français transportait des pieds de cet arbre de Bourbon à Saint-Domingue, en 1782, lorsqu’il fut pris par les Anglais, qui les portèrent à la Jamaïque, où il réussit à merveille. Quand les plantations de café furent abandonnées, lors de l’émancipation des esclaves, le Manguier, dont les nègres jetaient partout des noyaux, forma dans cette île des forêts, qui sont devenues une richesse à cause de leur ombrage et comme moyen de nourriture[175]. Il n’était pas encore cultivé à Cayenne dans le temps d’Aublet, à la fin du XVIIIe siècle, mais actuellement il y a des mangues de première qualité dans cette colonie. Elle sont greffées et l’on observe que leurs semis donnent des fruits meilleurs que ceux tirés des pieds francs[176].

Evi. — Spondias dulcis, Forster.

Arbre de la famille des Anacardiacées, indigène dans les îles de la Société, des Amis et Fidji[177]. Les naturels faisaient une grande consommation de ses fruits à l’époque de l’expédition du capitaine Cook. Ils ressemblent à un gros pruneau, couleur de pomme, et contiennent un noyau hérissé de longues pointes crochues[178]. Le goût en est excellent, disent les voyageurs. Ce n’est pas un des arbres fruitiers le plus répandus dans les colonies tropicales. On le cultive pourtant aux îles Maurice et Bourbon, sous le nom primitif polynésien Evi ou Hévi[179], et aux Antilles. Il a été introduit à la Jamaïque, en 1782, et de là à Saint-Domingue. L’absence dans beaucoup de contrées chaudes d’Asie et Afrique tient probablement à ce que l’espèce a été découverte seulement il y a un siècle, dans de petites îles sans communications avec l’étranger.

Fraisier. — Fragaria vesca, Linné.

Notre Fraisier commun est une des plantes les plus répandues dans le monde, en partie, il est vrai, grâce à la petitesse de ses graines que les oiseaux, attirés par le corps charnu sur lequel elles se trouvent, transportent à de grandes distances.

Il est spontané en Europe, depuis les îles Shetland et la Laponie[180] jusque dans les parties montueuses du midi : à Madère, en Espagne, en Sicile et en Grèce[181]. On le trouve aussi en Asie, depuis la Syrie septentrionale et l’Arménie[182], jusqu’en Daourie. Les fraisiers de l’Himalaya et du Japon[183], que divers auteurs ont rapportés à cette espèce, n’en sont peut-être pas[184], et cela me fait douter de l’habitation en Chine donnée par un missionnaire[185]. Il est spontané en Islande[186], dans le nord-est des États-Unis[187], autour du fort Cumberland et sur la côte nord-ouest[188], peut-être même dans la Sierra Nevada de Californie[189]. L’habitation s’étend donc autour du pôle arctique, à l’exception de la Sibérie orientale et de la région du fleuve Amour, puisque l’espèce n’est pas citée par M. Maximowicz dans ses Primitiæ floræ amurensis. En Amérique l’habitation se prolonge sur les hauteurs du Mexique, car le Fragaria mexicana, cultivé au Muséum et examiné par J. Gay, est le F. vesca. Il existe aussi autour de Quito, d’après le même botaniste, très compétent dans la question[190].

Les Grecs et les Romains n’ont pas cultivé le fraisier. C’est probablement dans le XVIe ou le XVIe siècle que la culture s’en est introduite, Champier, au XVIe siècle, en parlait comme d’une nouveauté dans le nord de la France[191], mais elle existait déjà dans le midi et en Angleterre[192].

Transporté dans les jardins des colonies, le fraisier s’est naturalisé dans quelques localités fraîches, loin des habitations. C’est arrivé à la Jamaïque[193], dans l’île Maurice[194], et plus encore dans l’île de Bourbon, où dès pieds avaient été mis par Commerson dans la plaine élevée dite des Cafres. Bory Saint-Vincent raconte qu’en 1801 il y avait trouvé des espaces tout rouges de fraises et qu’on ne pouvait les traverser sans se teindre les pieds d’une véritable marmelade, mêlée de fange volcanique[195]. Il est probable qu’en Tasmanie, à la Nouvelle-Zélande et ailleurs on verra des naturalisations semblables.

Le genre Fragaria a été étudié avec plus de soin que beaucoup d’autres par Duchesne fils, le comte de Lambertye, Jacques Gay et surtout Mme Elisa Vilmorin, dont l’esprit d’observation était si digne du nom qu’elle portait. Un résumé de leurs travaux, avec d’excellentes planches coloriées, se trouve dans le Jardin fruitier du Muséum par M. Decaisne. De grandes difficultés ont été surmontées par ces auteurs pour distinguer les variétés et les hybrides qu’on multiplie dans les jardins, des véritables espèces, et pour établir celles-ci sur de bons caractères. Quelques Fraisiers dont les fruits étaient médiocres ont été abandonnés, et les plus beaux maintenant sont le résultat du croisement des espèces de Virginie et de Chili, dont je vais parler.

Fraisier de Virginie. — Fragaria virginiana, Ehrahrt. — Fraisier écarlate des jardins français.

Cette espèce, indigène au Canada et dans les États-Unis orientaux, et dont une variété s’étend vers l’ouest jusqu’aux montagnes Rocheuses, peut-être même jusqu’à l’Orégon[196], a été introduite dans les jardins anglais en 1629[197]. On la cultivait beaucoup en France dans le siècle dernier ; mais ses hybrides avec d’autres espèces sont maintenant plus estimés.

Fraisier du Chili. — Fragaria Chiloensis, Duchesne.

Espèce commune dans le Chili méridional, à Conception, Valdivia et Chiloe[198], et souvent cultivée dans ce pays. Elle a été apportée en France, par Frezier, dans l’année 1715. Cultivée alors au Muséum d’histoire naturelle de Paris, elle s’est répandue bientôt en Angleterre et ailleurs. Grâce à ses fruits énormes, d’une saveur excellente, on a obtenu par divers croisements, surtout avec le F. virginiana, les fraises Ananas, Victoria, Trollope, Rubis, etc., si recherchées à notre époque.

Cerisier des oiseaux. — Prunus avium, Linné. — Süsskirshbaum des Allemands.

J’emploie le mot Cerisier parce qu’il est usuel et sans inconvénient pour les espèces ou variétés cultivées, mais l’étude des espèces voisines non cultivées confirme l’opinion de Linné que les Cerisiers ne peuvent pas être séparés, comme genre, des Pruniers.

Toutes les variétés de Cerisiers cultivés se rapportent à deux espèces, qu’on trouve à l’état sauvage, savoir : 1o  Prunus avium, Linné, d’une taille élevée, à racines ne poussant pas de rejetons, ayant le dessous des feuilles pubescent, le fruit d’une saveur douce ; 2o  Prunus Cerasus, Linné, moins élevé, poussant des rejetons sur les racines, à feuilles entièrement glabres et fruit plus ou moins acide ou amer.

La première de ces espèces, de laquelle on pense que les Bigarreautiers et Merisiers sont provenus, se trouve sauvage en Asie : dans les forêts du Ghilan (nord de la Perse), des provinces russes du midi du Caucase et de l’Arménie[199] ; en Europe : dans le midi de la Russie, et généralement depuis la Suède méridionale jusque dans les parties montueuses de la Grèce, de l’Italie et de l’Espagne[200]. Elle existe même en Algérie[201].

A mesure qu’on s’éloigne de la région située au midi de la mer Caspienne et de la mer Noire, l’habitation du Cerisier des oiseaux paraît moins fréquente, moins naturelle et déterminée davantage, peut-être, par les oiseaux qui recherchent avidement ses fruits et les portent de proche en proche[202]. On ne peut pas douter qu’elle s’est naturalisée de cette manière, à la suite des cultures, dans le nord de l’Inde[203] dans beaucoup de plaines du midi de l’Europe, à Madère[204], et çà et là aux États-Unis[205] ; mais il est probable que pour la plus grande partie de l’Europe cela est arrivé dans des temps anciens, préhistoriques, attendu que les oiseaux agissaient avant les premières migrations des peuples, avant même qu’il y eût des hommes en Europe. L’habitation se serait étendue dans cette région lorsque les glaciers ont diminué.

Les noms vulgaires dans les anciennes langues ont été l’objet d’un savant article d’Adolphe Pictet[206], mais on ne peut rien en déduire sous le rapport de l’origine, et d’ailleurs les diverses espèces ou variétés ont été souvent confondues dans la nomenclature populaire. Il est bien plus important de savoir si l’archéologie nous apprend quelque chose sur la présence du Cerisier des oiseaux en Europe, dans les temps préhistoriques. M. Heer a figuré des noyaux du Prunus avium dans son mémoire sur les palafîttes de la Suisse occidentale[207]. D’après ce qu’il a bien voulu m’écrire, en date du 14 avril 1881, ces noyaux venaient d’une tourbe au-dessus des anciens dépôts de l’âge de pierre. M. de Mortillet[208] a constaté des noyaux semblables dans les habitations palafittes du lac de Bourget d’une époque peu reculée, postérieure à l’âge de pierre. M. le Dr  Gross m’en a communiqué de la station, également peu ancienne, de Corcelette, dans le lac de Neuchâtel, et MM. Strobel et Pigorini en ont découvert dans la « terramare » de Parme[209]. Ce sont toujours des stations moins anciennes que l’âge de pierre et peut-être d’un temps historique. Si l’on ne découvre pas des noyaux plus anciens de cette espèce en Europe, il deviendra vraisemblable que la naturalisation n’est pas antérieure aux migrations des Aryas.

Cerisier commun ou Griottier. — Prunus Cerasus, Linné — Cerasus vulgaris, Miller. — Baumweichsel, Sauerkirschen, des Allemands. Sour cherry, des Anglais.

Les Cerisiers de Montmorency, les Griottiers et quelques autres catégories des horticultures proviennent de cette espèce[210].

Hohenacker[211] a vu le Prunus Cerasus à Lenkoran, près de la mer Caspienne, et C. Koch[212] dans les forêts de l’Asie Mineure, ce qui veut dire, d’après le pays qu’il a parcouru, dans le nord-est de cette contrée. D’anciens auteurs l’ont trouvé à Elisabethpol et Erivan, d’après Ledebour[213]. Grisebach[214] l’indique au mont Olympe de Bithynie et ajoute qu’il est presque spontané dans les plaines de la Macédoine. L’habitation vraie et bien ancienne paraît s’étendre de la mer Caspienne jusqu’aux environs de Constantinople ; mais, dans cette contrée même, on rencontre plus souvent le Prunus avium. En effet, M. Boissier et M. de Tchihatcheff ne paraissent pas avoir vu le Prunus Cerasus même dans le Pont, quoiqu’ils aient reçu ou rapporté plusieurs échantillons du Pr. avium[215].

Dans l’Inde septentrionale, le Pr. Cerasus est seulement à l’état cultivé[216]. Les Chinois ne paraissent pas avoir eu connaissance de nos deux Cerisiers. On peut croire, d’après cela, que l’introduction dans l’Inde n’est pas fort ancienne, et ce qui le confirme, c’est l’absence de nom sanscrit.

Nous avons vu que le Pr. Cerasus est presque spontané en Macédoine, d’après Grisebach. On l’avait dit spontané en Crimée, mais Steven[217] ne l’a vu que cultivé, et Rehmann[218] ne mentionne dans la Russie méridionale comme spontanée que l’espèce voisine appelée Pr. chamæcerasus, Jacquin. Je doute beaucoup de la qualité spontanée dans toute localité au nord du Caucase. Même en Grèce, où Fraas disait avoir vu cet arbre sauvage, M. de Heldreich le connaît seulement comme cultivé[219]. En Dalmatie[220], on trouve, à l’état bien spontané, une variété particulière ou espèce voisine, le Prunus Marasca, dont le fruit sert à fabriquer le marasquin. Le Pr. Cerasus est sauvage dans les districts montueux de l’Italie[221] et dans le centre de la France[222] ; mais plus loin, dans l’ouest, le nord et en Espagne, on ne cite plus l’espèce que comme cultivée, se naturalisant çà et là sous la forme souvent de buisson. Évidemment l’apparence en Europe est — plus que pour le Cerisier des oiseaux — celle d’un arbre d’origine étrangère médiocrement établi.

En lisant les passages de Théophraste, Pline et autres anciens auteurs souvent cités[223], aucun ne parait s’appliquer au Prunus Cerasus, Le plus significatif, celui de Théophraste, convient au Prunus avium, à cause de la grandeur de l’arbre, caractère distinctif d’avec le Prunus Cerasus[224]. Kerasos étant le nom du Cerisier des oiseaux dans Théophraste, comme aujourd’hui Kerasaia chez les Grecs modernes, je remarque un signe linguistique d’ancienneté du Prunus Cerasus : les Albanais, descendants des Pélasges, désignent celui-ci sous le nom de Vyssine, ancien nom qui se retrouve dans l’allemand Wechsel et l’italien Visciolo[225]. Comme les Albanais ont aussi le nom Kerasie, pour le Pr. avium, on peut croire que leurs ancêtres ont distingué et nommé les deux espèces depuis longtemps, peut-être avant l’arrivée des Hellènes en Grèce.

Autre signe d’ancienneté : Virgile dit en parlant d’un arbre :

Pullulat ab radice aliis densissima sylva
Ut cerasis ulmisque
. (Georg., II, 17.)

Ce qui s’applique au Pr. Cerasus, non au Pr. avium.

On a trouvé à Pompeia deux peintures de Cerisier, mais il ne paraît pas qu’on puisse savoir exactement si elles s’appliquent à l’une ou à l’autre des deux espèces[226]. M. Comes les indique sous le titre du Prunus Cerasus.

Quelque découverte archéologique serait plus probante. Les noyaux des deux espèces présentent une différence dans le sillon qui n’a pas échappé à la sagacité de MM. Heer et Sordelli. Malheureusement, on n’a trouvé dans les stations préhistoriques d’Italie et de Suisse qu’un seul noyau, attribuable au Prunus Cerasus, et encore la couche de laquelle on l’a sorti n’a pas été suffisamment constatée. Il parait que c’était une couche non archéologique[227].

D’après l’ensemble de ces données, un peu contradictoires et assez vagues, je suis disposé à admettre que le Prunus Cerasus était connu et se naturalisait déjà au commencement de la civilisation grecque, et un peu plus tard en Italie, avant l’époque à laquelle Lucullus apporta un Cerisier de l’Asie Mineure.

On pourrait écrire des pages en citant les auteurs, même modernes, qui attribuent, à la suite de Pline, l’introduction du Cerisier en Italie à ce riche Romain, l’an 64 avant l’ère chrétienne. Puisque l’erreur se perpétue, grâce à sa répétition incessante dans les collèges classiques, il faut dire encore une fois qu’il y avait des Cerisiers — au moins celui des oiseaux — en Italie avant Lucullus, et que l’illustre gourmet n’a pas dû rechercher l’espèce à fruits acides ou amers. Je ne doute pas qu’il n’ait gratifié les Romains d’une bonne variété cultivée dans le Pont et que les cultivateurs ne se soient empressés de la propager par la greffe, mais c’est à cela que s’est borné le rôle de Lucullus.

D’après ce qu’on connaît maintenant de Cérasonte et des anciens noms des Cerisiers, j’oserai soutenir, contrairement à l’opinion commune, qu’il s’agissait d’une variété du Cerisier des oiseaux, comme, par exemple, le Bigarreautier ou le Merisier, dont le fruit charnu est de saveur douce. Je m’appuie sur ce que Kerasos, dans Théophraste, est le nom du Prunus avium, lequel est de beaucoup le plus commun des deux dans l’Asie Mineure. La ville de Cerasonte en avait tiré son nom, et il est probable que l’abondance du Prunus avium dans les forêts voisines avait engagé les habitants à chercher les arbres qui donnaient les meilleurs fruits, pour les planter dans leurs jardins. Assurément, si Lucullus a apporté de beaux bigarreaux, ses compatriotes, qui connaissaient à peine de petites cerises sauvages, ont pu s’exclamer et dire : « C’est un fruit que nous n’avions pas. » Pline n’a rien affirmé de plus.

Je ne terminerai pas sans énoncer une hypothèse sur les deux Cerisiers. Ils diffèrent peu de caractères, et, chose bien rare, les deux patries anciennes le mieux constatées sont semblables (de la mer Caspienne à l’Anatolie occidentale). Les deux espèces se sont répandues vers l’ouest, mais inégalement. Celle qui est la plus commune dans le pays d’origine et la plus robuste (Pr. avium) a été plus loin, à une époque plus ancienne, et s’est mieux naturalisée. Le Prunus Cerasus est donc peut-être une dérivation de l’autre, survenue dans un temps préhistorique. J’arrive ainsi, par une voie différente, à une idée émise par M. Caruel[228] ; seulement, au lieu de dire qu’on ferait, peut-être bien de réunir les deux espèces, je les vois actuellement distinctes et me contente de présumer une descendance, que du reste on ne pourra pas facilement démontrer.

Pruniers cultivés.

Pline parle de l’immense quantité de prunes qu’on connaissait à son époque. « Ingens turba prunorum[229]. » Aujourd’hui, les horticulteurs en comptent plus de trois cents. Quelques botanistes ont essayé de les rapporter à des espèces sauvages distinctes, mais ils ne sont pas toujours d’accord, et surtout, d’après les noms spécifiques, ils semblent avoir des idées très différentes. La diversité roule sur deux points : tantôt sur la descendance probable de telle ou telle forme cultivée, et tantôt sur la distinction des formes spontanées en espèces ou variétés.

Je n’ai pas la prétention de classer les innombrables formes cultivées, et je crois ce travail assez inutile au point de vue des questions d’origine géographique, car les différences existent surtout dans la forme, la grosseur, la couleur et le goût du fruit, c’est-à-dire dans des caractères que les horticulteurs ont eu intérêt à propager quand ils se sont présentés et même à créer autant qu’ils ont pu le faire. Mieux vaut s’attacher aux distinctions des formes observées dans l’état spontané, surtout à celles dont les hommes ne tirent aucun avantage et qui sont restées probablement ce qu’elles étaient avant qu’il y eût des jardins.

C’est depuis une trentaine d’années seulement que les botanistes ont donné des caractères vraiment comparatifs pour les trois espèces ou races qui existent dans la nature[230]. On peut les résumer de la manière suivante :

Prunus domestica, Linné ; arbre ou arbuste élevé, non épineux ; jeunes rameaux glabres ; fleurs naissant en même temps que les feuilles, à pédicelles ordinairement pubescents ; fruit penché, oblong, d’une saveur douce.

Prunus insititia, Linné ; arbre ou arbuste élevé, non épineux ; jeunes rameaux pubescents veloutés ; fleurs naissant en même temps que les feuilles, à pédicelles finement pubescents ou glabres ; fruit penché, globuleux ou légèrement ellipsoïde, d’une saveur douce.

Prunus spinosa, Linné ; arbuste très épineux, à rameaux étalés à angle droit ; jeunes rameaux pubescents ; fleurs épanouies avant la naissance des feuilles ; pédicelles glabres ; fruit dressé, globuleux, de saveur acerbe.

Évidemment, cette troisième forme, si commune dans nos haies, s’éloigne des deux autres. Aussi, à moins de vouloir interpréter, par hypothèse, ce qui a pu arriver avant toute observation, il me paraît impossible de considérer les trois formes comme constituant une seule espèce, à moins qu’on ne montre des transitions de l’une à l’autre dans les organes que la culture n’a pas altérés, ce qu’on n’a pas fait jusqu’à présent. Tout au plus peut-on admettre la fusion des deux premières catégories. Les deux formes à fruit naturellement doux se présentaient dans quelques pays. Elles ont dû tenter les cultivateurs, plus que le Prunus spinosa, dont le fruit est acerbe. C’est donc à elles qu’il faut s’efforcer de rapporter les Pruniers cultivés.

Je vais en parler, pour plus de clarté, comme de deux espèces[231].

Prunier domestique. — Prunus domestica, Linné. — Zwetchen des Allemands.

Plusieurs botanistes[232] l’ont trouvé, à l’état sauvage, dans toute l’Anatolie, la région au midi du Caucase et la Perse septentrionale, par exemple autour du mont Elbrouz.

Je ne connais pas de preuve pour les localités du Cachemir, du pays des Kirghis et de Chine, dont il est question dans quelques flores. L’espèce en est souvent douteuse, et il s’agit plutôt du Prunus insititia ; dans d’autres cas, c’est la qualité de plante spontanée, ancienne, qui est incertaine, car évidemment des noyaux ont été dispersés à la suite des cultures. La patrie ne paraît pas s’étendre jusqu’au Liban, quoique les prunes cultivées, à Damas aient une réputation qui remonte au temps de Pline. On croit que Dioscoride[233] a désigné cette espèce sous le nom de Coccumelea de Syrie, croissant à Damas. Karl Koch raconte que des marchands des confins de la Chine lui ont affirmé la fréquence de l’espèce dans les forêts de la partie occidentale de l’empire. Les Chinois cultivent, il est vrai, divers Pruniers depuis un temps immémorial, mais on ne les connaît pas assez pour en juger, et l’on ignore s’ils sont vraiment indigènes. Aucun de nos Pruniers n’ayant été trouvé sauvage au Japon ou dans la région du fleuve Amur, il est assez probable que les espèces vues en Chine sont différentes des nôtres. Cela paraît aussi résulter de ce que dit Bretschneider[234].

L’indigénat du Pr. domestica est très douteux pour l’Europe. Dans les pays du Midi, où il est mentionné, on le voit surtout dans les haies, près des habitations, avec les apparences d’un arbre à peine naturalisé, maintenu çà et là par un apport incessant de noyaux hors des plantations. Les auteurs qui ont vu l’espèce en Orient n’hésitent pas à dire qu’elle est subspontanée. Fraas[235] affirme qu’elle n’est pas sauvage en Grèce, ce qui est confirmé par M. de Heldreich[236] pour l’Attique ; Steven l’affirme également pour la Crimée[237]. S’il en est ainsi près de l’Asie Mineure, à plus forte raison faut-il l’admettre pour le reste de l’Europe.

Malgré l’abondance des Pruniers cultivés jadis par les Romains, les peintures de Pompeia n’en indiquent aucune sorte[238].

Le Prunus domestica n’a pas été trouvé non plus dans les restes des palafittes d’Italie, de Suisse et de Savoie, où l’on a rencontré cependant des noyaux des Prunus insititia et spinosa.

De ces faits et du petit nombre de mots attribuables à l’espèce dans les auteurs grecs, on peut inférer que sa demi-naturalisation ou quasi-spontanéité en Europe a commencé tout au plus depuis 2000 ans.

On rattache au Prunier domestique les pruneaux, prunes Damas et formes analogues.

Prunier proprement dit. — Prunus insititia, Linné[239]. — Pflauenbaum et Haferschlehen des Allemands.

Il existe, à l’état sauvage, dans le midi de l’Europe[240]. On l’a trouvé également en Cilicie, en Arménie, au midi du Caucase et dans la province de Talysch, vers la mer Caspienne[241]. C’est surtout dans la Turquie d’Europe et au midi du Caucase qu’il paraît bien spontané. En Italie et en Espagne il l’est peut-être moins, quoique de bons auteurs, qui ont vu la plante sur place, n’en doutent pas. Quant aux parties de l’Europe situées au nord des Alpes, jusqu’en Danemark, les localités indiquées sont probablement le résultat de naturalisations à la suite des cultures. L’espèce s’y trouve ordinairement dans les haies, non loin des habitations, avec une apparence peu spontanée.

Tout cela s’accorde assez bien avec les données historiques et archéologiques. Les anciens Grecs distinguaient les Coccumelea de leur pays d’avec ceux de Syrie[242] d’où l’on a inféré que les premiers étaient les Prunus insititia. C’est d’autant plus vraisemblable que les Grecs modernes l’appellent Coromeleia[243]. Les Albanais disent Corombilé[244], ce qui fait supposer une ancienne origine venant des Pélasges. Du reste, il ne faut pas insister sur les noms vulgaires des Pruniers que chaque peuple a pu donner à l’une ou à l’autre des espèces, peut-être aussi à telle ou telle variété cultivée, sans aucune règle. En général, les noms sur lesquels on a beaucoup écrit dans les ouvrages d’érudition me paraissent s’appliquer à la qualification de prune ou prunier, sans avoir un sens bien précis.

On n’a pas encore trouvé des noyaux de Prunus insititia dans les « terramare » d’Italie, mais M. Heer en a décrit et figuré qui proviennent des palafittes de Robenhausen[245]. Aujourd’hui, dans cette partie de la Suisse, l’espèce ne semble pas indigène, mais nous ne devons pas oublier que, d’après l’histoire du lin, les lacustres du canton de Zurich à l’époque de la pierre entretenaient des communications avec l’Italie. Ces anciens Suisses n’étaient pas difficiles sur le choix de leur nourriture, car ils récoltaient aussi les baies du Prunellier (Prunus spinosa), qui nous paraissent immangeables. Probablement ils les faisaient cuire, en marmelade.

Abricotier. — Prunus Armeniaca, Linné. — Armeniaca vulgaris, Lamarck.

Les Grecs et les Romains ont reçu l’Abricotier au commencement de l’ère chrétienne. Inconnu du temps de Théophraste, Dioscoride[246] le mentionne sous le nom de Mailon armeniacon. Il dit que les latins l’appelaient Praikokion. C’est effectivement un des fruits mentionnés brièvement par Pline[247] sous le nom de Præcocium, motivé par la précocité de l’espèce[248]. L’origine arménienne était indiquée par le nom grec, mais ce nom pouvait signifier seulement que l’espèce était cultivée en Arménie. Les botanistes modernes ont eu, pendant longtemps, de bonnes raisons pour la croire spontanée dans ce pays. Pallas, Güldenstædt et Hohenacker disaient l’avoir trouvée autour du Caucase, soit au nord, sur les rives du Terek, soit au midi, entre la mer Caspienne et la mer Noire[249]. M. Boissier[250] admet ces localités, sans s’expliquer sur la spontanéité. Il a vu un échantillon recueilli par Hokenacker près d’Elisabethpol. D’un autre côté, M. de Tchihatcheff[251], qui a traversé l’Anatolie et l’Arménie à plusieurs reprises, ne parait pas avoir vu l’Abricotier sauvage, et ce qui est plus significatif encore, Karl Koch, qui a parcouru la région au midi du Caucase avec l’intention d’observer ce genre de faits, s’exprime de la manière suivante[252] : « Patrie inconnue. Du moins, pendant mon séjour prolongé en Arménie, je n’ai trouvé nulle part l’Abricotier sauvage, et même je ne l’ai vu cultivé que rarement. »

Un voyageur, W.-J. Hamilton[253], disait bien l’avoir trouvé spontané près d’Orgou et d’Outch Hisar, en Anatolie ; mais cette assertion n’a pas été vérifiée par un botaniste.

Le prétendu Abricotier sauvage des ruines de Balbeck, décrit par Eusèbe de Salle[254], est absolument différent de l’Abricotier ordinaire d’après ce qu’il dit de la feuille et du fruit. M. Boissier et les divers collecteurs qui lui ont envoyé des plantes de Syrie et du Liban ne paraissent pas avoir vu l’espèce. Spach[255] prétend qu’elle est indigène en Perse, mais sans en donner aucune preuve. MM. Boissier et Buhse[256] n’en parlent pas dans leur énumération des plantes de la Transcaucasie et de Perse.

Il est inutile de chercher l’origine en Afrique. Les Abricotiers que Reynier[257] dit avoir vus « presque sauvages » dans la Haute Égypte devaient venir de noyaux jetés hors des cultures, comme cela se voit en Algérie[258]. MM. Schweinfurth et Ascherson[259], dans leur catalogue des plantes d’Égypte et Abyssinie, ne mentionnent l’espèce que comme cultivée. D’ailleurs, si elle avait existé jadis dans le nord de l’Afrique, les Hébreux et les Romains en auraient eu connaissance de bonne heure. Or il n’y a pas de nom hébreu, et Pline dit que l’introduction à Rome datait de trente années lorsqu’il écrivait son livre.

Poursuivons notre recherche du côté de l’Orient.

Les botanistes anglo-indiens[260] s’accordent à dire que l’Abricotier, généralement cultivé dans le nord de l’Inde et au Thibet, n’y est pas spontané ; mais ils ajoutent qu’il tend à se naturaliser ou qu’on le trouve sur l’emplacement de villages abandonnés. MM. Schlagintweit ont rapporté plusieurs échantillons du nord-ouest de l’Inde et du Thibet, que M. A. Wesmael[261] a vérifiés ; mais, d’après ce qu’il a bien voulu m’écrire, il ne peut pas affirmer la qualité spontanée, l’étiquette des collecteurs ne donnant aucune information à cet égard.

Roxburgh[262], qui ne négligeait pas les questions d’origine, dit en parlant de l’Abricotier ; « natif de Chine aussi bien que de l’ouest de l’Asie. » Or je lis dans le curieux opuscule du Dr  Bretschneider[263], rédigé à Pékin, le passage suivant, qui me paraît trancher la question en faveur de l’origine chinoise ; Sing, comme on le sait bien, est l’abricot (Prunus Armeniaca), Le caractère (un signe chinois imprimé p. 10) n’existe, comme indiquant un fruit, ni dans le Shu-King ou les Shi-King, Cihouli, etc. ; mais le Shan-hai King dit que plusieurs Sing croissent sur les collines (ici un caractère chinois). En outre, le nom de l’abricot est représenté par un caractère particulier, ce qui peut démontrer qu’il est indigène en Chine. » Le Shan-hai-King est attribué à l’empereur Yü, qui vivait en 2205-2198 avant Jésus-Christ. Decaisne[264], qui a soupçonné le premier l’origine chinoise de l’abricot, avait reçu récemment du Dr  Bretschneider des échantillons accompagnés de la note suivante : « N° 24, Abricotier sauvage des montagnes de Peking, où il croît en abondance. Le fruit est petit (2 cent. 1/2 de diamètre). Sa peau est jaune et rouge ; sa chair est jaune rougeâtre, d’une saveur acide, mais mangeable. — N° 25, noyaux de l’Abricotier cultivé aux environs de Peking. Le fruit est deux fois plus gros que le sauvage[265]. » Decaisne ajoutait dans la lettre qu’il avait bien voulu m’écrire : « La forme et la surface des noyaux sont absolument semblables à celles de nos petits abricots ; ils sont lisses et non rugueux. » Les feuilles qu’il m’a envoyées sont bien de l’Abricotier.

On ne cite pas l’abricotier dans la région du fleuve Amur, ni au Japon[266].. Peut-être le froid de l’hiver y est-il trop rigoureux. Si l’on réfléchit au défaut de communications, dans les temps anciens, entre la Chine et l’Inde, et aux assertions de l’indigénat de l’espèce dans ces deux pays, on est tenté de croire au premier aperçu que la patrie ancienne s’étendait du nord-ouest de l’Inde à la Chine. Cependant, si l’on veut adopter cette hypothèse, il faut admettre aussi que la culture de l’Abricotier se serait répandue bien tard du côté de l’ouest. On ne lui connaît en effet aucun nom sanscrit ni hébreu, mais seulement un nom hindou, Zard-alu, et un nom persan, Mischmisch, qui a passé dans l’arabe[267]. Comment supposer qu’un fruit aussi excellent et qui s’obtient en abondance dans l’Asie occidentale se serait répandu si lentement du nord-ouest de l’Inde vers le monde gréco-romain ? Les Chinois le connaissaient deux ou trois mille ans avant l’ère chrétienne. Chang-Kien était allé jusqu’en Bactriane, un siècle avant cette ère, et il est le premier qui ait fait connaître l’Occident à ses compatriotes[268]. C’est peut-être alors que l’Abricotier a été connu dans l’Asie occidentale et qu’on a pu le cultiver et le voir se naturaliser, çà et là, dans le nord-ouest de l’Inde et au pied du Caucase, par l’effet de noyaux jetés hors des plantations.

Amandier. — Amygdalus communis, Linné. — Pruni species, Baillon. — Prunus Amygdalus, Hooker fils.

L’Amandier se présente, avec l’apparence tout à fait spontanée ou quasi spontanée, dans les parties chaudes et sèches de la région méditerranéenne et de l’Asie occidentale tempérée. Comme les noyaux sortis des cultures naturalisent facilement l’espèce, il faut recourir à des indications variées pour deviner la patrie ancienne.

Écartons d’abord l’idée d’une origine de l’Asie orientale. Les flores japonaises ne parlent pas de l’amandier. Celui que M. de Bunge a vu cultivé dans le nord de la Chine, était le Persica Davidiana[269], Le Dr  Bretschneider[270], dans son opuscule classique, nous apprend qu’il n’a jamais vu l’Amandier cultivé en Chine, et que la compilation publiée sous le nom de Pent-sao, dans le Xe ou XIe siècle de notre ère, le décrit comme un arbre du pays des Mahométans, ce qui signifie le nord-ouest de l’Inde ou la Perse.

Les botanistes anglo-indiens[271] disent que l’Amandier est cultivé dans les régions fraîches de l’Inde, mais quelques-uns ajoutent qu’il n’y prospère pas et qu’on fait venir beaucoup d’amandes de Perse[272]. On ne connaît aucun nom sanscrit, ni même des langues dérivées du sanscrit. Évidemment, le nord-ouest de l’Inde est hors de la patrie originelle de l’espèce.

Au contraire, de la Mésopotamie et du Turkestan jusqu’en Algérie, il ne manque pas de localités dans lesquelles d’excellents botanistes ont trouvé l’Amandier tout à fait sauvage. M. Boissier[273] a vu des échantillons recueillis dans les rocailles en Mésopotamie, dans l’Aderbijan, le Turkestan, le Kurdistan et dans les forêts de l’Antiliban. Karl Koch[274] ne l’a pas rencontré à l’état sauvage au midi du Caucase, ni M. de Tchihatcheff en Asie Mineure. M. Cosson[275] a trouvé des bois naturels d’Amandiers près de Saïda, en Algérie. On le regarde aussi comme sauvage sur les côtes de Sicile et de Grèce[276] ; mais là, et plus encore dans les localités où il se montre en Italie, en France ou en Espagne, il est probable ou presque certain que c’est le résultat de noyaux dispersés par hasard à la suite des cultures.

L’ancienneté d’existence dans l’Asie occidentale est prouvée par le fait de noms hébreux, Schaked, Luz ou Lus (qui est encore le nom arabe Louz), et de Schekedim, pour l’amande[277]. Les Persans ont un autre nom, Badam, dont j’ignore le degré d’ancienneté. Théophraste et Dioscoride[278] mentionnent l’Amandier sous un nom tout différent, Amugdalai, traduit par les latins en Amygdalus, On peut en inférer que les Grecs n’avaient pas reçu l’espèce de l’intérieur de l’Asie, mais l’avaient trouvée chez eux ou au moins dans l’Asie Mineure. L’Amandier est figuré plusieurs fois dans les peintures découvertes à Pompeia[279]. Pline[280] doute que l’espèce fût connue en Italie du temps de Caton, parce qu’elle était désignée sous le nom de noix grecque. Il est bien possible que l’Amandier eut été introduit des îles de la Grèce à Rome. On n’a pas trouvé d’amandes dans les « Terramare » du Parmesan, même dans les couches supérieures.

J’avoue que le peu d’ancienneté de l’espèce chez les Romains et l’absence de naturalisation hors des cultures en Sardaigne et en Espagne[281] me font douter de l’indigénat sur la côte septentrionale d’Afrique et en Sicile. Ce sont plutôt, à ce qu’il semble, des naturalisations remontant à quelques siècles. A l’appui de cette hypothèse, je remarque le nom berbère de l’amande Talouzet[282], qui se rattache évidemment à l’arabe Louz, c’est-à-dire à la langue des conquérants venus après les Romains. Au contraire, dans l’Asie occidentale et même dans certains points de la Grèce, on peut regarder l’indigénat comme préhistorique, je ne dis pas primitif, car tout a été précédé de quelque chose.

Notons, en terminant, que la différence des amandes douces et amères était déjà connue des Grecs et même des Hébreux.

Pêcher. — Amygdalus Persica, Linné. — Persica vulgaris, Miller. — Prunus Persica, Bentham et Hooker.

Je citerai l’article[283] dans lequel j’avais naguère indiqué la pêche comme originaire de Chine, contrairement à l’opinion qui régnait alors et que des personnes, peu au courant de la science, continuent à reproduire. Je donnerai ensuite les faits découverts depuis 1855.

« Les Grecs et les Romains ont reçu le Pécher à peu près au commencement de l’ère chrétienne. » Les noms de Persica, Malum persicum indiquaient d’où ils l’avaient tiré. Je ne reviens pas sur ces faits bien connus[284].

On cultive aujourd’hui divers Pêchers dans le nord de l’Inde[285] ; mais, chose remarquable, on ne leur connaît aucun nom sanscrit[286] : d’où l’on peut inférer une existence et une culture peu anciennes dans ces régions. Roxburgh, ordinairement si explicite pour les noms indiens modernes, ne mentionne que des noms arabes et chinois. Piddington n’indique aucun nom indien, et Royle donne seulement des noms persans.

Le Pêcher ne réussit pas ou exige de très grands soins pour réussir dans le nord-est de l’Inde[287]. En Chine, au contraire, sa culture remonte à la plus haute antiquité. Il existe dans ce pays une foule d’idées superstitieuses et de légendes sur les propriétés de diverses variétés de pêches[288] ; le nombre de ces variétés est très considérable[289] ; en particulier, on y trouve la forme singulière de la pêche déprimée[290], qui paraît s’éloigner plus qu’aucune autre de l’état naturel de l’espèce ; enfin, un nom simple, celui de To, est donné à la pêche ordinaire[291].

« D’après cet ensemble de faits, je suis porté à croire que le Pécher est originaire de Chine plutôt que de l’Asie occidentale. S’il avait existé de tout temps en Perse ou en Arménie, la connaissance et la culture d’un arbre aussi agréable se seraient répandues plus tôt dans l’Asie Mineure et la Grèce. L’expédition d’Alexandre est probablement ce qui l’avait fait connaître à Théophraste (322 avant J.-C.), lequel en parle comme d’un fruit de Perse. Peut-être cette notion vague des Grecs remonte-t-elle à la retraite des Dix mille (401 avant J.-C.) ; mais Xénophon ne mentionne pas le Pêcher. Les livres hébreux n’en font aussi aucune mention. Le Pêcher n’a pas de nom en sanscrit, et cependant le peuple parlant cette langue était venu dans l’Inde du nord-ouest, c’est-à-dire de la patrie ordinairement présumée pour l’espèce. En admettant cette patrie, comment expliquer que ni les Grecs des premiers temps de la Grèce, ni les Hébreux, ni le peuple parlant sanscrit, qui ont tous rayonné de la région supérieure de l’Euphrate ou communiqué avec elle, n’auraient pas cultivé le Pêcher ? Au contraire, il est très possible que des noyaux d’un arbre fruitier cultivé de toute ancienneté en Chine aient été portés, au travers des montagnes, du centre de l’Asie en Cachemir, dans la Bouckarie et la Perse. Les Chinois avaient découvert cette route depuis un temps très reculé. L’importation aurait été faite entre l’époque de l’émigration sanscrite et les relations des Perses avec les Grecs. La culture du Pêcher, une fois établie dans ce point, aurait marché facilement, d’un côté vers l’occident, de l’autre, par le Caboul, vers le nord de l’Inde, où elle n’est pas très ancienne.

« À l’appui de l’hypothèse d’une origine chinoise, on peut ajouter que le Pêcher a été introduit de Chine en Cochinchine[292], et que les Japonais donnent à la pêche le nom chinois de Tao[293]. M. Stanislas Julien a eu l’obligeance de me lire en français quelques passages de l’Encyclopédie japonaise (liv. LXXXVI, p. 7), où le Pêcher Tao est dit un arbre des contrées occidentales, chose qui doit s’entendre des parties intérieures de la Chine, relativement à la côte orientale, puisque le fragment est tiré d’un auteur chinois. Le Tao est déjà dans les livres de Confucius, au Ve siècle avant l’ère chrétienne, et même dans le Rituel, du Xe siècle avant Jésus-Christ. La qualité de plante spontanée n’est pas spécifiée dans l’Encyclopédie dont je viens de parler ; mais, à cet égard, les auteurs chinois sont peu attentifs. Après quelques détails sur les noms vulgaires de la pêche dans diverses langues, je disais : « L’absence de noms sanscrits et hébreux reste le fait le plus important, duquel on peut inférer une introduction dans l’Asie occidentale venant de plus loin, c’est-à-dire de Chine. »

« Le Pécher a été trouvé spontané dans plusieurs points de l’Asie ; mais on peut toujours se demander s’il y était d’origine primitive, ou par le fait de la dispersion des noyaux provenant de pieds cultivés. La question est d’autant plus nécessaire que ces noyaux germent facilement et que plusieurs des modifications du Pêcher sont héréditaires[294]. Des pieds en apparence spontanés ont été trouvés fréquemment autour du Caucase. Pallas[295] en a vu sur les bords du Terek, où les habitants lui donnent un nom qu’il dit persan, Scheptala[296]. Les fruits en sont velus, âpres (austeri), peu charnus, à peine plus gros que ceux du Noyer ; la plante petite. Pallas soupçonne que cet arbuste provient de Pêchers cultivés. Il ajoute qu’on le trouve en Crimée, au midi du Caucase et en Perse ; mais Marshall Bieberstein, C.-A. Meyer et Hohenacker n’indiquent pas de Pécher sauvage autour du Caucase. D’anciens voyageurs, Gmelin, Güldenstædt et Georgi, cités par Ledebour, en ont parlé. C. Koch[297] est le seul botaniste moderne qui dise avoir trouvé le Pêcher en abondance dans les provinces caucasiennes. Ledebour ajoute cependant avec prudence : Est-il spontané ? Les noyaux que Bruguière et Olivier avaient apportés d’Ispahan, qui ont été semés à Paris et ont donné une bonne pêche velue, ne venaient pas, comme le disait Bosc[298], d’un Pêcher sauvage en Perse, mais d’un arbre des jardins d’Ispahan[299]. Je ne connais pas de preuves d’un Pécher trouvé sauvage en Perse, et, si des voyageurs en indiquent, on peut toujours craindre qu’il ne s’agisse d’arbres semés. Le docteur Royle[300] dit que le Pêcher croît sauvage dans plusieurs endroits du midi de l’Himalaya, notamment près de Mussouri ; mais nous avons vu que dans ces régions la culture n’en est pas ancienne, et ni Roxburgh ni le Flora nepalensis de Don n’indiquent de Pêcher sauvage. M. Bunge[301] n’a trouvé dans le nord de la Chine que des pieds cultivés. Ce pays n’a guère été exploré, et les légendes chinoises semblent indiquer quelquefois des Pêchers spontanés. Ainsi, le Ckou-y-ki, d’après l’auteur cité précédemment, porte : « Quiconque mange des pêches de la montagne de Kouoliou obtient une vie éternelle. » Pour le Japon, Thunberg[302] dit ; « Crescit ubique vulgaris, præcipue juxta Nagasaki. In omni horto colitur ob elegantiam florum. » Il semble, d’après ce passage, que l’espèce croît hors des jardins et dans les jardins : mais peut-être il s’agit seulement, dans le premier cas, de Pêchers cultivés en plein vent.

« Je n’ai rien dit encore de la distinction à établir entre les différentes variétés ou espèces de Pêchers. C’est que la plupart sont cultivées dans tous les pays, du moins les catégories bien tranchées que l’on pourrait considérer comme des espèces botaniques. Ainsi la grande distinction des pêches velues et des pèches lisses, sur laquelle on a proposé deux espèces (Persica vulgaris, Mill, et P. lævis, D C.) se trouve au Japon[303] et en Europe, ainsi que dans la plupart des pays intermédiaires[304]. On accorde moins d’importance aux distinctions fondées sur l’adhérence ou non-adhérence de la peau superficielle, sur la couleur blanche, jaune ou rouge de la chair, et sur la forme générale du fruit. Les deux grandes catégories de pêches, velues et lisses, offrent la plupart de ces modifications, et cela en Europe, dans l’Asie occidentale et probablement en Chine. Il est certain que dans ce dernier pays la forme varie plus qu’ailleurs, car on y voit, comme en Europe, des pèches allongées, et de plus des pêches dont je parlais tout à l’heure, qui sont entièrement déprimées, où le sommet du noyau n’est pas même recouvert de chair[305]. La couleur y varie aussi beaucoup[306]. En Europe, les variétés les plus distinctes, en particulier les pêches lisses et velues, à noyau adhérent ou non adhérent, existaient déjà il y a trois siècles, car J. Bauhin les énumère avec beaucoup de clarté[307], et avant lui Dalechamp, en 1587, indiquait aussi les principales[308]. À cette époque, les pêches lisses étaient appelées Nucipersica, à cause de leur ressemblance de forme, de grosseur et de couleur avec le fruit du Noyer. C’est dans le même sens que les Italiens les appellent encore Pescanoce.

« J’ai cherché inutilement la preuve que cette pêche lisse existât chez les anciens Romains. Pline[309], qui mélange dans sa compilation des Pêchers, des Pruniers, le Laurus Persea et d’autres arbres peut-être, ne dit rien qui puisse s’entendre d’un fruit pareil. On a cru quelquefois le reconnaître dans les Tuberes dont il parle[310]. C’était un arbre apporté de Syrie du temps d’Auguste. Il y avait des Tuberes blanches et des rouges. D’autres (Tuberes ? ou Mala ? ) des environs de Vérone étaient velues. Le reste du chapitre paraît concerner les Mala seulement. Des vers élégants de Pétrone, cités par Dalechamp[311], prouvent clairement que les Tuberes des Romains du temps de Néron étaient un fruit glabre ; mais ce pouvait être le Jujubier (Zizyphus), le Diospyros, ou quelque Cratægus, aussi bien que le Pêcher à fruit lisse. Chaque auteur, à l’époque de la Renaissance, a eu son opinion à cet égard ou s’est mis à critiquer l’assertion des autres[312]. Peut-être y avait-il des Tuberes de deux ou trois espèces, comme le dit Pline, et l’une d’elles, qui se greffait sur les Pruniers[313], était-elle la pêche lisse ? Je doute qu’on puisse jamais éclaircir cette question[314].

« En admettant même que le Nucipersica eût été introduit en Europe seulement au moyen âge, on ne peut se refuser à constater le mélange dans les cultures européennes depuis plusieurs siècles, et au Japon depuis un temps inconnu, de toutes les qualités principales de pêches. Il semble que ces qualités diverses se soient produites partout au moyen d’une espèce primitive, qui aurait été la pêche velue. S’il y avait eu d’origine deux espèces, ou elles auraient été dans des pays différents, et leur culture se serait établie séparément, ou elles auraient été dans le même pays, et dans ce cas il est probable que les anciens transports auraient introduit ici une des espèces, ailleurs l’autre. »

J’insistais, en 1855, sur d’autres considérations pour appuyer l’idée que la pèche lisse ou Brugnon (Nectarine des Anglais) est issue du Pêcher ordinaire ; mais Darwin a cité un si grand nombre de cas dans lesquels une branche de Nectarine est sortie tout à coup d’un Pêcher à fruit velu, qu’il est inutile d’en parler davantage. J’ajouterai seulement que le Brugnon a toutes les apparences d’un arbre factice. Non seulement on ne l’a cas trouvé sauvage, mais il ne se naturalise pas hors des jardins, et chaque pied dure moins que les Pêchers ordinaires. C’est une forme affaiblie.

« La facilité, disais-je, avec laquelle nos Pêchers se sont multipliés de semis en Amérique et ont donné, sans le secours de la greffe, des fruits charnus, quelquefois très beaux, me fait croire que l’espèce est dans un état naturel, peu altéré par une longue culture ou par des fécondations hybrides. En Virginie et dans les États voisins, on a des pêches provenant d’arbres semés, non greffés, et leur abondance est si grande qu’on est obligé d’en faire de l’eau-de-vie[315]. Sur quelques pieds, les fruits sont magnifiques[316]. À Juan-Fernandez, dit Bertero[317], le Pêcher est si abondant, qu’on ne peut se faire une idée de la quantité de fruits qu’on en récolte ; ils sont en général très bons, malgré l’état sauvage dans lequel ils sont retombés. D’après ces exemples, il ne serait pas surprenant que les Pêchers sauvages, à fruits médiocres, trouvés dans l’Asie occidentale, fussent tout simplement des pieds naturalisés sous un climat peu favorable, et que l’espèce fût originaire de Chine, où la culture paraît la plus ancienne. »

Le Dr  Bretschneider[318], entouré à Peking de toutes les ressources de la littérature chinoise, après avoir lu ce qui précède, s’est contenté de dire : « Tao est le Pêcher. De Candolle pense que la Chine est le pays natal de la Pêche. Il peut avoir raison (He may be right). »

L’ancienneté d’existence et la spontanéité de l’espèce dans l’Asie occidentale sont devenues plus douteuses qu’en 1855. Les botanistes anglo-indiens parlent du Pêcher comme d’un arbre uniquement cultivé[319] ou cultivé et se naturalisant dans le nord-ouest de l’Inde, avec une apparence spontanée[320]. M. Boissier[321] cite des échantillons recueillis dans le Ghilan et au midi du Caucase, mais il n’affirme rien quant à la qualité spontanée, et Karl Koch[322], après avoir parcouru cette région, dit en parlant du Pêcher : « Patrie inconnue, peut-être la Perse. » M. Boissier a vu des pieds qui se sont établis dans les gorges du mont Hymette, près d Athènes.

Le Pêcher se répand avec facilité dans les pays où on le cultive, de sorte qu’on a de la peine à savoir si tel individu est d’origine naturelle, antérieure à la culture, ou s’il est naturalisé ; mais c’est en Chine qu’on a certainement commencé à le planter ; c’est là qu’on en a parlé deux mille ans avant l’introduction dans le monde gréco-romain, un millier d’années peut-être avant l’introduction dans les pays de langue sanscrite.

Le groupe des Pêchers (genre ou sous-genre) se compose maintenant de cinq formes, que Decaisne[323] considérait comme des espèces, mais que d’autres botanistes appelleront volontiers des variétés. L’une est le Pécher ordinaire, la seconde est le Pécher à fruit lisse, que nous savons être issu du premier ; la troisième est le Pécher à fruit déprimé (P. platycarpa, Decaisne). cultivé en Chine, et les deux dernières sont indigènes en Chine (P. Simonii, Decaisne, et P. Davidii, Carrière) ; c’est donc un groupe essentiellement de Chine.

Il est difficile, d’après cet ensemble de faits, de ne pas admettre pour le Pécher ordinaire l’origine chinoise que j’avais supposée jadis d’après des documents moins nombreux. L’arrivée en Italie au commencement de l’ère chrétienne est confirmée aujourd’hui par l’absence de noyaux de pêches dans les terramare, ou habitations lacustres de Parme et de Lombardie, et par la présence du Pêcher dans les peintures des maisons riches de Pompeia[324].

Il me reste à parler d’une opinion émise autrefois par A. Knight et soutenue par plusieurs horticulteurs, que le Pécher serait une modification de l’Amandier. Darwin[325] a réuni les documents à l’appui de cette idée, sans oublier d’en citer un qui lui a paru contraire. Cela se résume en : 1o  une fécondation croisée, qui a donné à Knight des résultats assez douteux ; 2o  des formes intermédiaires, quant à l’abondance de la chair et au noyau, obtenues de semis de pêches ou, par hasard, dans les cultures, formes dont la pêche-amande est un exemple connu depuis longtemps Decaisne[326] signalait des différences entre l’Amandier et le Pêcher dans la taille et dans la longueur des feuilles, indépendamment des noyaux. Il traite l’idée de Knight de « singulière hypothèse ».

La géographie botanique est contre cette hypothèse, car l’Amandier est un arbre originaire de l’Asie occidentale, qui n’existait pas autrefois dans le centre du continent asiatique et dont l’introduction en Chine, comme arbre cultivé, ne remonte pas au delà de l’ère chrétienne. Les Chinois, de leur côté, possédaient, depuis des milliers d’années, différentes formes du Pêcher ordinaire et en outre les deux formes spontanées dont j’ai parlé. L’Amandier et le Pêcher étant partis de deux régions très éloignées l’une de l’autre, on ne peut guère les considérer comme une même espèce. L’un était cantonné en Chine, l’autre en Syrie et Anatolie. Le Pêcher, après avoir été transporté de Chine dans l’Asie centrale et, un peu avant l’ère chrétienne, dans l’Asie occidentale, ne peut pas avoir produit alors l’Amandier, puisque ce dernier arbre existait déjà dans le pays des Hébreux. Et, si l’Amandier de l’Asie occidentale avait produit le pêcher, comment celui-ci se serait-il trouvé en Chine à une époque très reculée, tandis qu’il manquait au monde gréco-romain ?

Poirier commun. — Pyrus communis, Linné.

Le Poirier se montre à l’état sauvage dans toute l’Europe tempérée et dans l’Asie occidentale, en particulier en Anatolie, au midi du Caucase et dans la Perse septentrionale[327], peut-être même dans le Cachemir, mais ceci est très douteux[328]. Quelques auteurs admettent que l’habitation s’étend jusqu’en Chine. Cela tient à ce qu’ils considèrent le Pyrus sinensis, Lindley, comme appartenant à la même espèce. Or l’inspection seule des feuilles, où les dentelures sont terminées par une soie fine, m’a convaincu de la diversité spécifique des deux arbres[329].

Notre Poirier sauvage ne diffère pas beaucoup de certaines variétés cultivées. Il a un fruit acerbe, tacheté, de forme amincie dans le bas ou presque sphérique, sur le même pied[330]. Pour beaucoup d’autres espèces cultivées, on a de la peine à distinguer les individus venant d’une origine sauvage de ceux que le hasard des transports de graines a fait naître loin des habitations. Dans le cas actuel, ce n’est pas aussi difficile. Les Poiriers se trouvent souvent dans les forêts, et ils atteignent une taille élevée, avec toutes les conditions de fertilité d’une plante indigène[331]. Voyons cependant si, dans la vaste étendue qu’ils occupent, on peut soupçonner une existence moins ancienne ou moins bien établie dans certaines contrées que dans d’autres.

On ne connaît aucun nom sanscrit pour la poire, d’où il est permis d’affirmer que la culture dans le nord-ouest de l’Inde date d’une époque peu ancienne, et que l’indication, d’ailleurs trop vague, de pieds spontanés dans le Cachemir, n’a pas d’importance. Il n’y a pas non plus de noms hébreux ou araméens[332], mais cela s’explique par le fait que le Poirier ne s’accommode pas des pays chauds dans lesquels ces langues étaient parlées.

Homère, Théophraste et Discoride mentionnent le Poirier sous les noms d’Ochnai, Apios ou Achras, Les Latins l’appelaient Pirus ou Pyrus[333], et ils en cultivaient un grand nombre de variétés, du moins à l’époque de Pline. Les peintures murales de Pompeia montrent souvent cet arbre avec son fruit[334].

Les lacustres de Suisse et d’Italie récoltaient les pommes sauvages en grande quantité, et dans ces provisions il s’est trouvé quelquefois, mais rarement, des poires. M. Heer en a figuré une des stations de Wangen et Robenhausen, sur laquelle on ne peut se méprendre. C’est un fruit aminci dans le bas, ayant 28 millimètres de long et 19 de large, coupé longitudinalement de manière à montrer une chair fort peu épaisse autour de la partie cartilagineuse centrale[335]. On n’en a pas trouvé dans les stations du lac du Bourget, en Savoie. Dans celles de Lombardie, le professeur Ragazzoni[336] a trouvé une poire, coupée en long, ayant 25 millimètres sur 16. Elle était à Bardello, dans le lac de Varèse. Les poires sauvages figurées dans le Nouveau Duhamel ont 30-33 millimètres, sur 30-32, et celles du Laristan, figurées dans le Jardin fruitier du Muséum sous le nom de P. Balansæ, qui me paraissent de la même espèce et d’origine bien spontanée, ont 26-27 millimètres sur 24-25. Dans ces poires sauvages actuelles la chair est un peu plus épaisse, mais les anciens lacustres avaient fait sécher leurs fruits après les avoir coupés en long, ce qui doit en avoir diminué l’épaisseur. Les stations indiquées n’accusent la connaissance ni des métaux ni du chanvre ; mais, vu leur éloignement de localités plus civilisées des temps anciens, surtout lorsqu’il s’agit de la Suisse, il est possible que les restes découverts ne soient pas antérieurs à la guerre de Troie ou à la fondation de Rome.

J’ai cité trois noms de l’ancienne Grèce et un nom latin, mais il y en a beaucoup d’autres : par exemple, en arménien et géorgien, Pauta ; en hongrois, Vatzkor ; dans les langues slaves, Gruscha (russe), Hrusska (bohème), Kruska (illyrien). Des noms analogues au Pyrus des Latins se trouvent dans les langues celtiques : Peir (irlandais), Per (cymrique et armoricain)[337]. Je laisse les linguistes faire des conjectures sur l’origine plus ou moins aryenne de plusieurs de ces noms et du Birn des Allemands, mais je note leur diversité et multiplicité comme un indice d’existence fort ancienne de l’espèce depuis la mer Caspienne jusqu’à l’Atlantique. Les Aryas n’ont sûrement pas emporté dans leurs migrations vers l’ouest des poires ou des pépins de poires ; mais, s’ils ont retrouvé en Europe un fruit qu’ils connaissaient, ils lui auront donné le nom ou les noms usités chez eux, tandis que d’autres noms

antérieurs ont pu continuer dans quelques pays. Comme exemple de ce dernier cas, je citerai deux noms basques du Poirier, Udarea et Madaria[338], qui n’ont aucune analogie avec les noms asiatiques ou européens déjà connus. Les Basques étant probablement des Ibères subjugués et refoulés vers les Pyrénées par les Celtes, l’ancienneté de leur langue est très grande, et, pour l’espèce en question, il est clair qu’ils n’ont pas reçu les noms des Celtes ou des Romains.

En définitive, on peut regarder l’habitation actuelle du Poirier de la Perse septentrionale à la côte occidentale de l’Europe tempérée, principalement dans les régions montueuses, comme préhistorique et même antérieure à toute culture. Il faut ajouter néanmoins que dans le nord de l’Europe et dans les îles britanniques la fréquence des cultures a dû étendre et multiplier des naturalisations d’une époque relativement moderne, qu’on ne peut guère distinguer maintenant.

Je ne saurais me ranger à l’hypothèse de Godron, que les nombreuses variétés cultivées proviennent d’une espèce asiatique inconnue[339]. Il semble qu’elles peuvent se rattacher, comme le dit Decaisne, au P. communis ou au P. nivalis, dont je vais parler, en admettant les effets de croisements accidentels, de la culture et d’une longue sélection. D’ailleurs on a exploré l’Asie occidentale assez complètement pour croire qu’elle ne renferme pas d’autres espèces que celles déjà décrites.

Poirier Sauger. — Pyrus nivalis, Jacquin.

On cultive en Autriche, dans le nord de l’Italie et dans plusieurs départements de l’est et du centre de la France, un Poirier qui a été nommé par Jacquin Pyrus nivalis[340], à cause du nom allemand Schneebirn, motivé par l’usage des paysans autrichiens d’en consommer les fruits quand la neige couvre les montagnes. On le nomme en France Poirier Sauger, parce que les feuilles ont en dessous un duvet blanc qui les fait ressembler à la Sauge. Decaisne[341] regardait toutes les variétés de Saugers comme dérivant du Pyrus Kotschyana, Boissier[342], qui croît spontanément dans l’Asie Mineure. Celui-ci prendrait alors le nom de nivalis, qui est le plus ancien.

Les Saugers cultivés en France pour faire du poiré sont devenus sauvages, çà et là, dans les forêts[343]. Ils constituent la masse des Poiriers dits à cidre, qui se distinguent par la saveur acerbe du fruit, indépendamment des caractères de la feuille. Les descriptions des Grecs et des Romains sont trop imparfaites pour qu’on puisse constater s’ils possédaient cette espèce. On peut le présumer cependant, puisqu’ils faisaient du cidre[344].

Poirier de Chine. — Pyrus sinensis, Lindley[345].

J’ai déjà mentionné cette espèce, voisine du Poirier commun, qui est sauvage en Mongolie et Manchourie[346] et qu’on cultive soit en Chine soit en Japon.

Son fruit, plus beau que bon, est employé pour compotes. Il est trop nouveau dans les jardins européens pour qu’on ait cherché à le croiser avec nos espèces, ce qui arrivera peut-être sans qu’on le veuille.

Pommier. — Pyrus Malus, Linné.

Le Pommier se présente à l’état sauvage dans toute l’Europe (à l’exception de l’extrême nord), dans l’Anatolie, le midi du Caucase et la province persane de Ghilan[347]. Près de Trébizonde, le botaniste Bourgeau en a vu toute une petite forêt[348]. Dans les montagnes du nord-ouest de l’Inde, il parait sauvage (apparently wild), selon l’expression de sir J. Hooker, dans sa flore de l’Inde anglaise. Aucun auteur ne le mentionne en Sibérie, en Mongolie ou au Japon[349].

En Allemagne, on trouve deux formes spontanées, l’une à feuilles et ovaires glabres, l’autre à feuilles lameuses en dessous, et Koch ajoute que cette pubescence varie beaucoup[350]. En France, des auteurs très exacts signalent aussi deux variétés spontanées, mais avec des caractères qui ne concordent pas complètement avec ceux de la flore d’Allemagne[351]. Cette diversité s’expliquerait si les arbres spontanés dans certaines provinces proviennent de variétés cultivées, dont les pépins auraient été dispersés. La question qui se présente est donc de savoir jusqu’à quel degré l’espèce est probablement ancienne et originelle en divers pays, et s’il n’y a pas une patrie plus ancienne que les autres, étendue graduellement par des semis accidentels de formes altérées par des croisements et par la culture.

Si l’on demande dans quel pays on à trouvé le Pommier avec l’apparence la plus indigène, c’est la région de Trébizonde au Ghilan qu’il faut citer. La forme qu’on y rencontre sauvage est à feuilles laineuses en dessous, à pédoncule court et fruit doux[352], qui répond au Malus communis de France, décrit par Boreau. Voilà un indice que la patrie préhistorique s’étendait de la mer Caspienne jusque près de l’Europe.

Piddington citait, dans son Index, un nom sanscrit pour le Pommier, mais Adolphe Pictet[353] nous apprend que ce nom, Seba, est industani et provient du persan Sêb, Sêf, L’absence de nom plus ancien dans l’Inde fait présumer que la culture, actuellement fréquente, dans le Cachemir et le Thibet, et surtout celle dans les provinces du nord-ouest ou du centre de l’Inde sont plus anciennes. Le Pommier n’était probablement connu que des Aryas occidentaux.

Ceux-ci ont eu, selon toute probabilité, un nom basé sur Ab, Af, Av, Ob, car on remarque ce radical dans plusieurs langues européennes d’origine aryenne. Ad. Pictet cite : en irlandais Aball, Ubhal ; en cymrique, Afal ; en armoricain, Aval ; en ancien allemand, Aphal ; en anglo-saxon, Appel ; en Scandinave, Apli ; en lithuanien, Obolys ; en ancien slave, Iabluko ; en russe, Iabloko. Il semble, d’après cela, que les Aryas occidentaux, ayant trouvé le Pommier sauvage ou déjà naturalisé dans le nord de l’Europe, auraient conservé le nom sous lequel ils le connaissaient. Les Grecs ont dit Mailea ou Maila, les Latins Malus, Malum, mots d’une origine fort incertaine, dit Ad. Pictet. Les Albanais, qui remontent aux Pélasges, disent Molé[354]. Théophraste[355] mentionne des Maila sauvages et cultivés. Je citerai enfin un nom tout particulier des Basques (anciens Ibères ?), Sagara, qui fait supposer une existence en Europe antérieure aux invasions aryennes.

Les habitants des « terramare » de Parme et des palafittes des lacs de Lombardie, de Savoie et de Suisse faisaient grand usage des pommes. Ils les coupaient toujours en long et les conservaient desséchées, comme provisions pour l’hiver. Les échantillons sont souvent carbonisés, à la suite d’incendies, mais on reconnaît d’autant mieux alors la structure interne du fruit. M. Heer[356], qui a montré une grande sagacité dans l’observation de ces détails, distingue dans les pommes des lacustres suisses, d’une époque où ils n’avaient pas de métaux, deux variétés quant à la grosseur. Les plus petites ont un diamètre longitudinal de 15 à 24 millimètres et environ 3 millimètres de plus en travers (à l’état séché et carbonisé) ; les plus grosses, 29 à 32 millimètres sur 36 de large (à l’état séché, non carbonisé). Ces dernières répondent à une pomme des vergers de la Suisse allemande appelée aujourd’hui Campaner. Les pommes sauvages en Angleterre, figurées dans l’English botany, pl. 179, ont 17 millimètres de hauteur sur 22 millimètres de largeur. Il est possible que les petites pommes des lacustres fussent sauvages ; cependant leur abondance dans les provisions peut en faire douter. M. le Dr  Gross m’a communiqué deux pommes des palafittes moins anciens du lac de Neuchâtel, qui ont (à l’état carbonisé) l’une 17, l’autre 22 millimètres de diamètre longitudinal. À Lagozza, en Lombardie, M. Sordelli[357] indique pour une pomme 17 millimètres de long sur 19 de large, et pour une autre 19 sur 27. Dans un dépôt préhistorique du lac de Varèse, à Bardello, M. Ragazzoni a trouvé une pomme un peu plus grosse que les autres parmi celles d’une provision.

D’après l’ensemble de ces faits, je regarde l’existence du Pommier en Europe, à l’état sauvage et à l’état cultivé, comme préhistorique. Le défaut de communications avec l’Asie avant les invasions aryennes fait supposer que l’arbre était aussi indigène en Europe que dans l’Anatolie, le midi du Caucase et la Perse septentrionale, et que la culture a commencé partout anciennement.

Cognassier. — Cydonia vulgaris, Persoon.

Il est spontané, dans les bois, au nord de la Perse, près de la mer Caspienne, dans la région au midi du Caucase et en Anatolie[358]. Quelques botanistes l’ont recueilli aussi en Crimée et dans le nord de la Grèce, avec des apparences de spontanéité[359], mais on peut déjà soupçonner d’anciennes naturalisations dans ces parties orientales de l’Europe, et plus on avance vers l’Italie, surtout vers le sud-ouest de l’Europe et l’Algérie, plus il est probable que l’espèce y est naturalisée, d’ancienne date, autour des villages, dans les haies, etc.

On ne connaît pas de nom sanscrit pour le Cognassier, d’où l’on peut inférer que l’habitation ne s’étendait pas vers le centre de l’Asie. Il n’y a pas non plus de nom hébreu, quoique l’espèce soit sauvage sur le mont Taurus[360]. Le nom persan est Haivah[361], mais je ne sais s’il remonte au zend. Le même nom existe en russe, Aiva, pour le Cognassier cultivé, tandis que le nom de la plante sauvage est Armud, qui vient de l’arménien Armuda[362]. Les Grecs avaient greffé sur une variété commune, Strution, une qualité supérieure venant de Cydon, dans l’île de Crète, d’où est venu le nom de χυδωνιον (kudônion), traduit par Malum cotoneum des Latins, par Cydonia et tous les noms européens tels que Codogno en italien, Coudougner et plus tard Coing en français, Quitte en allemand, etc. Il y a des noms polonais, Pigwa, slave, Tunja[363], et albanais (pélasge ? ) Ftua[364], qui diffèrent totalement des autres. Cette variété de noms fait présumer une connaissance ancienne de l’espèce à l’ouest de sa patrie originelle, et le nom albanais peut même indiquer une existence antérieure aux Hellènes.

Pour la Grèce, l’ancienneté résulte aussi des superstitions, mentionnées par Pline et Plutarque, que le fruit du Cognassier éloignait les mauvaises influences, et de ce qu’il entrait dans les rites du mariage prescrits par Solon. Quelques auteurs ont été jusqu’à soutenir que la pomme disputée par Junon, Vénus et Minerve était un coing. Les personnes que ces questions peuvent intéresser trouveront des indications détaillées dans le mémoire de M. Comès sur les végétaux figurés dans les peintures de Pompeia[365]. Le Cognassier y est représenté deux fois. Ce n’est pas surprenant puisque cet arbre était déjà connu du temps de Caton[366].

La probabilité me paraît être une naturalisation dans l’Europe orientale avant l’époque de la guerre de Troie.

Le coing est un fruit que la culture a peu modifié. Il est aussi acerbe et acide à l’état frais que du temps des anciens Grecs.

Grenadier. — Punica Granatum, Linné.

Le Grenadier est sauvage dans les endroits rocailleux de la Perse, du Kurdistan, de l’Afghanistan et du Béloutchistan[367]. Burnes en a vu des bois entiers dans le Mazanderan, au midi de la mer Caspienne[368]. Il parait également spontané au midi du Caucase[369]. Vers l’ouest, c’est-à-dire dans l’Asie Mineure, la Grèce, en général dans la région de la mer Méditerranée, dans l’Afrique septentrionale et à Madère, l’apparence est plutôt que l’espèce se serait naturalisée à la suite des cultures et de la dispersion des pépins par les oiseaux. Beaucoup de flores du midi de l’Europe en parient comme d’une espèce « subspontanée » ou « naturalisée ». Desfontaines, dans sa Flore atlantique, l’indiquait comme spontanée en Algérie, mais les auteurs subséquents la disent plutôt naturalisée[370]. Je doute de la qualité spontanée dans le Béloutchistan, où le voyageur Stocks l’a récoltée[371], car les botanistes anglo-indiens n’admettent pas comme certain l’indigénat à l’est de l’Indus, et je remarque l’absence de l’espèce dans les collections du Liban et de la Syrie que M. Boissier cite toujours avec soin.

En Chine, le Grenadier n’est qu’à l’état cultivé. Il y a été introduit, de Samarkande, par Chang-Kien, un siècle et demi avant l’ère chrétienne[372].

La naturalisation dans la région de la mer Méditerranée est si commune qu’on peut l’appeler une extension de l’ancienne habitation. Probablement elle date d’un terme reculé, car la culture de l’espèce remonte à une époque très ancienne dans l’Asie occidentale.

Voyons si les documents historiques et linguistiques peuvent apprendre quelque chose à cet égard.

Je note d’abord l’existence d’un nom sanscrit, Darimba, d’où viennent plusieurs noms de l’Inde moderne[373]. On peut en conclure que l’espèce était connue depuis longtemps dans les pays qui ont été traversés par les Aryas, lors de leur marche vers l’Inde.

Le Grenadier est mentionné plusieurs fois dans l’Ancien Testament sous le nom de Rimmon[374], qui est l’origine du nom arabe Rummân ou Rumân, C’était un des arbres fruitiers de la Terre promise, et les Hébreux l’avaient apprécié dans les jardins d’Égypte. Beaucoup de localités de la Palestine avaient reçu leur nom de cet arbuste, mais les textes n’en parlent que comme d’une espèce cultivée. Les Phéniciens faisaient figurer la fleur et le fruit du Grenadier dans leurs cérémonies religieuses, et la déesse Aphrodite l’avait planté elle-même dans l’île de Chypre[375], ce qui fait supposer qu’il ne s’y trouvait pas alors. Les Grecs avaient connaissance de l’espèce déjà à l’époque d’Homère. Il en est question deux fois dans l’Odyssée, comme d’un arbre des jardins des rois de Phæacie et Phrygie. Ils l’appelaient Roia ou Roa, que les érudits disent venir du nom syriaque et hébreu[376], et aussi Sidai[377], qui paraît venir des Pelasges, car le nom albanais actuel est Sège[378]. Rien ne peut faire supposer que l’espèce fut spontanée en Grèce, où maintenant Fraas et Heldreich affirment qu’elle est uniquement naturalisée[379].

Le Grenadier entrait aussi dans les légendes et les cérémonies du culte des plus anciens Romains[380]. Caton parle de ses propriétés vermifuges. Selon Pline[381], les meilleures grenades étaient de Carthage. Le nom de Malum punicum en avait été tiré ; mais on n’aurait pas dû croire, comme cela est arrivé, que l’espèce fût originaire de l’Afrique septentrionale. Très probablement les Phéniciens l’avaient introduite à Carthage, longtemps avant les rapports des Romains avec cette ville, et sans doute elle y était cultivée, comme en Égypte.

Si le Grenadier avait été jadis spontané dans l’Afrique septentrionale et le midi de l’Europe il aurait eu chez les Latins des noms plus originaux que Granatum (venant de granum ?) et Malum punicum. On aurait peut-être à citer quelques noms locaux, dérivés d’anciennes langues occidentales, tandis que le nom sémite Rimmon a prévalu soit en grec, soit en arabe, et se trouve même, par l’influence arabe, chez les berbères[382]. Il faut admettre que l’origine africaine est une des erreurs causées par les mauvaises désignations populaires des Romains.

On a trouvé dans le terrain pliocène des environs de Meximieux des feuilles et fleurs d’un Grenadier que M. de Saporta[383] décrit comme une variété du Punica Granatum actuel. Sous cette forme, l’espèce a donc existé, antérieurement à notre époque, avec plusieurs espèces les unes éteintes, les autres existant encore aujourd’hui dans le midi de l’Europe et d’autres enfin restées aux îles Canaries, mais la continuité d’existence jusqu’à nos jours n’en est pas pour cela démontrée.

En résumé, les arguments botaniques, historiques et linguistiques s’accordent à faire considérer l’espèce actuelle comme originaire de la Perse et de quelques pays adjacents. La culture en a commencé dans un temps préhistorique, et son extension dans l’antiquité, vers l’occident d’abord et ensuite en Chine, a causé des naturalisations qui peuvent tromper sur la véritable origine, car elles sont fréquentes, anciennes et durables.

J’étais arrivé à ces conclusions en 1855[384], ce qui n’a pas empêché de reproduire dans quelques ouvrages l’erreur de l’origine africaine. Pomme rose. — Eugenia Jambos, Linné. — Jambosa vulgaris, de Candolle

Petit arbre, de la famille des Myrtacées. Il est cultivé aujourd’hui dans les régions tropicales de l’ancien et du nouveau monde pour l’élégance de son feuillage, autant peut-être que pour son fruit, dont la chair, qui sent la rose, est par trop mince. On peut en voir une figure excellente et une bonne description dans le Botanical magazine, pl. 3356. La graine renferme une matière vénéneuse[385].

Comme la culture de cette espèce était ancienne en Asie, on ne pouvait pas douter qu’elle ne fût asiatique, mais on ne savait pas bien où elle existe à l’état sauvage. L’assertion de Loureiro, qui la disait habiter en Cochinchine et dans plusieurs localités de l’Inde, méritait confirmation. Quelques documents modernes viennent à l’appui[386]. Le Jambos est spontané à Sumatra et ailleurs dans les îles hollandaises de l’archipel Indien. Kurz ne l’a pas rencontré dans les forêts de la Birmanie anglaise, mais lorsque Rheede vit cet arbre dans les jardins du Malabar il remarqua qu’on l’appelait Malacca-Schambu, ce qui montre bien une origine de la péninsule malaise. Enfin Brandis le dit spontané dans le Sikkim, au nord du Bengale. L’habitation naturelle s’étend probablement des îles de l’archipel Indien à la Cochinchine, et même au nord-est de l’Inde, où cependant il s’est peut-être naturalisé à la suite des cultures et par l’action des oiseaux. La naturalisation s’est en effet opérée ailleurs, par exemple à Hong-Kong, dans les îles Seychelles, Maurice et Rodriguez, ainsi que dans plusieurs des îles Antilles[387].

Jamalac ou Jambosier de Malacca. Eugenia malaccensis, Linné. — Jambosa malaccensis, de Candolle.

Espèce voisine de l’Eugenia Jambos, mais différente par la disposition de ses fleurs et par son fruit obovoïde, au lieu d’être ovoïde, c’est-à-dire ayant la partie la plus étroite près de son point d’attache, comme serait un œuf sur son petit bout. Le fruit est plus charnu et sent aussi la rose, mais on l’estime beaucoup[388], ou assez peu[389] suivant les pays et les variétés. Celles-ci sont nombreuses. Elles diffèrent par la couleur rosée ou rouge des fleurs et la grosseur, la forme et la couleur des fruits.

Cette multiplicité de variétés montre une ancienne culture dans l’archipel Indien, d’où l’espèce est originaire. Comme confirmation, il faut noter que Forster la trouva établie dans les îles de la mer Pacifique, de Taïti aux Sandwich, lors du voyage de Cook[390].

Le Jambosier de Malacca est spontané dans les forêts de l’archipel asiatique et de la presqu’île de Malacca[391].

D’après Tussac, il a été apporté de Taïti à la Jamaïque en 1793. Maintenant il s’est répandu et naturalisé dans plusieurs des îles Antilles, de même qu’aux îles Maurice et Seychelles[392].

Goyavier. — Psidium Guayava, Raddi.

Les anciens auteurs, Linné et après lui quelques botanistes ont admis deux espèces dans cet arbre fruitier de la famille des Myrtacées, l’une ayant les fruits ellipsoïdes ou sphériques à chair rouge, Psidium pomiferum ; l’autre à fruit pyriforme et chair blanche ou rosée, plus agréable au goût. De semblables diversités sont analogues à ce que nous voyons dans les poires, les pommes et les pêches ; aussi a-t-on soupçonné de bonne heure qu’il valait mieux considérer tous ces Psidium comme une seule espèce. Raddi a pour ainsi dire constaté l’unité lorsqu’il a vu, au Brésil, des fruits pyriformes et d’autres presque ronds sur le même arbre[393]. Aujourd’hui, la majorité des botanistes, surtout de ceux qui ont observé les Goyaviers dans les colonies, suit l’opinion de Raddi[394], vers laquelle j’inclinais déjà, en 1855, par des raisons tirées de la distribution géographique[395].

Low[396], qui a conservé dubitativement, dans sa flore de Madère, la distinction en deux espèces, assure que chacune se conserve par les graines. Ce sont, par conséquent, des races, comme dans nos animaux domestiques et dans beaucoup de plantes cultivées. Chacune de ces races comprend des variétés[397].

Les Goyaviers, lorsqu’on veut étudier leur origine, présentent au plus haut degré une difficulté qui existe dans beaucoup d’arbres fruitiers de cette nature : leurs fruits charnus, plus ou moins aromatiques, attirent les animaux omnivores, qui rejettent leurs graines dans les endroits les plus sauvages. Celles des Goyaviers germent rapidement et fructifient dès la troisième ou quatrième année. La patrie s’est donc étendue et s’étend encore par des naturalisations, principalement dans les contrées tropicales qui ne sont pas très chaudes et humides.

Pour simplifier la recherche des origines, j’éliminerai d’abord l’ancien monde, car il est assez évident que les Goyaviers sont venus d’Amérique. Sur une soixantaine d’espèces du genre Psidium, toutes celles qu’on peut regarder comme suffisamment étudiées sont américaines. Les botanistes, depuis le XVIe siècle, ont trouvé, il est vrai, des Psidium Guayava (variétés pomiferum et pyriferum), plus ou moins spontanés dans les îles de l’Archipel Indien et l’Asie méridionale[398], mais tout fait présumer que c’était le résultat de naturalisations peu anciennes. On admettait pour chaque localité une origine étrangère ; seulement on hésitait sur la provenance asiatique ou américaine. D’autres considérations justifient cette idée. Les noms vulgaires en malais sont dérivés du mot américain Guiava, Les anciens auteurs chinois ne parlent pas des Goyaviers, bien que Loureiro les ait dits sauvages en Cochinchine il y a un siècle et demi. Forster ne les mentionne pas comme cultivés dans les îles de la mer Pacifique lors du voyage de Cook, ce qui est assez significatif quand on pense à la facilité de cultiver ces arbres et à leur dispersion inévitable. Aux îles Maurice et Seychelles, personne ne doute de leur introduction et naturalisation récentes[399].

Nous aurons plus de peine à découvrir de quelles parties de l’Amérique les Goyaviers sont sortis.

Dans le siècle actuel, ils sont certainement spontanés, hors des cultures, aux Antilles, au Mexique, dans l’Amérique centrale, le Venezuela, le Pérou, la Guyane et le Brésil[400], mais depuis quelle époque ? Est-ce depuis que les Européens en ont répandu la culture ? Est-ce antérieurement, à la suite des transports par les indigènes et surtout par les oiseaux ? Ces questions ne paraissent avoir fait aucun progrès depuis que j’en ai parlé en 1855[401]. Cependant, aujourd’hui, avec un peu plus d’expérience dans ces sortes de problèmes, et l’unité spécifique des deux Goyaviers étant reconnue, j’essayerai d’indiquer ce qui me paraît le plus vraisemblable.

J. Acosta[402], un des premiers auteurs sur l’histoire naturelle du nouveau monde, s’exprime sur le Goyavier pomiforme de la manière suivante : « Il y a en Saint-Domingue et ès autres îles, des montagnes toutes pleines de Goyavos, et disent, qu’il n’y avait point de telle sorte d’arbres avant que les Espagnols y arrivassent, mais qu’on les y a apportés de je ne sais où. » Ce serait donc plutôt du continent que l’espèce serait originaire. Acosta dit bien qu’elle croit en terre ferme, et il ajoute que les goyaves du Pérou ont une chair blanche bien préférable à celle des fruits rouges. Ceci fait présumer une culture ancienne sur le continent. Hernandez[403] avait vu les deux formes spontanées au Mexique, dans les endroits chauds des plaines et des montagnes, près de Quauhnaci. Il donne une description et une figure très reconnaissable du Ps. pomiferum, Pison et Marcgraf[404] avaient aussi trouvé les deux Goyaviers sauvages au Brésil dans les plaines ; mais ils notent qu’ils se répandent facilement. Marcgraf dit qu’on les croyait originaires du Pérou, ou de l’Amérique septentrionale, ce qui peut s’entendre des Antilles ou du Mexique. Évidemment l’espèce était spontanée dans une grande partie du continent lors la découverte de l’Amérique. Si l’habitation a été une fois plus restreinte, il faut croire que c’était à une époque bien plus ancienne.

Les noms vulgaires différaient chez les peuples indigènes. Au Mexique, on disait Xalxocotl ; au Brésil, l’arbre s’appelait Araca-Iba et le fruit Araca-Guacu ; enfin le nom Guajavos ou Guajava est cité par Acosta et Hernandez à l’occasion des Goyaviers du Pérou et de Saint-Domingue, sans que l’origine en soit indiquée exactement. Cette diversité de noms confirme l’hypothèse d’une très ancienne et vaste habitation.

D’après ce que disent les premiers voyageurs. d’une origine étrangère à Saint-Domingue et au Brésil, — assertion dont il est permis cependant de douter, — je soupçonne que l’habitation la plus ancienne était du Mexique à la Colombie et au Pérou, et qu’elle s’est peut-être agrandie du côté du Brésil avant la découverte de l’Amérique, et dans les îles Antilles après cette époque. L’état de l’espèce le plus ancien, qui se montre le plus à l’état sauvage, serait la forme à fruit sphérique, âpre et fortement coloré. L’autre forme est peut-être un produit de la culture.

Gourde[405], Cougourde, Calebasse. — Lagenaria vulgaris, Seringe. — Cucurbita lagenaria, Linné.

Le fruit de cette Cucurbitacée a pris différentes formes dans les cultures ; mais, d’après l’ensemble des autres parties de la plante, les botanistes n’admettent qu’une espèce, divisée en plusieurs variétés[406]. Les plus remarquables sont la Gourde des pèlerins, en forme de bouteille ; la Cougourde, dont le goulot est allongé ; la Gourde massue ou trompette, et la Calebasse, ordinairement grande et peu étranglée. D’autres variétés moins répandues ont le fruit turbiné ou déprimé et fort petit, comme la Gourde tabatière. On reconnaît toujours l’espèce à sa fleur blanche, et à la dureté de la partie extérieure du fruit, qui permet de l’employer comme vase pour les liquides ou réservoir d’air, propre à soutenir les nageurs novices. La chair intérieure est tantôt douce et mangeable, tantôt amère et même purgative.

Linné[407] disait l’espèce américaine. De Candolle[408] l’a considérée comme probablement d’origine indienne, et la suite a confirmé cette opinion.

On a trouvé, en effet, le Lagenaria vulgaris sauvage au Malabar et dans les forêts humides de Deyra Doon[409] Roxburgh[410] le considérait bien comme spontané dans l’Inde, quoique les flores subséquentes l’aient dit seulement cultivé. Enfin Rumphius[411] indique des pieds sauvages, sur le bord de la mer, dans une localité des îles Moluques. Les auteurs mentionnent ordinairement la pulpe comme amère dans ces individus auvages, mais elle l’est quelquefois aussi dans les formes cultivées. La langue sanscrite distinguait déjà la Gourde ordinaire, Ulavou, et une autre, amère, Kutou-Toumbi, à laquelle A. Pictet attribue aussi le nom Tiktaka ou Titkikâ[412]. Seemam[413] a vu l’espèce « cultivée et naturalisée » aux îles Fidji. Thozet l’a recueillie sur la côte de Queensland, en Australie[414], mais c’était peut-être le résultat de cultures dans le voisinage. Les localités de l’Inde continentale paraissent plus sûres et plus nombreuses que celles des îles du midi de l’Asie.

L’espèce a été trouvée, également sauvage, en Abyssinie, dans la vallée de Hieha, par Dillon, et parmi des buissons et des rocailles d’une autre localité, par Schimper[415].

De ces deux régions de l’ancien monde, elle s’est répandue dans les jardins de tous les pays tropicaux et des pays tempérés ayant une chaleur estivale suffisante. Parfois elle s’est naturalisée hors des cultures, comme on l’a observé en Amérique[416].

Le plus ancien ouvrage chinois mentionnant la Gourde est celui de Tchong-tchi-chou, du Ier siècle avant Jésus-Christ, cité dans un ouvrage du Ve ou VIe siècle, selon le Dr  Bretschneider[417]. Il s’agit dans ce cas de plantes cultivées. Les formes actuelles des jardins de Peking sont la Gourde massue, qui est mangeable, et la Gourde bouteille.

Les auteurs grecs n’ont pas mentionné cette plante, mais les Romains en ont parlé depuis le commencement de l’empire. Elle est assez clairement désignée par des vers souvent cités[418] du livre X de Columelle. Après avoir décrit les différentes formes du fruit :


..................... dabit illa capacem,
Nariciæ picis. aut Actæi mellis Hymetti,
Aut habilem lymphis hamulam, Bacchove lagenam,
Tum pueros eadem fluviis innare docebit.


Pline[419] parle d’une Cucurbitacée dont on faisait des vases et des barriques pour le vin, ce qui ne peut s’appliquer qu’à celle-ci.

Il ne parait pas que les Arabes en aient eu connaissance de bonne heure, car Ibn Alawâm et Ibn Baithar n’en ont rien dit[420]. Les commentateurs des livres hébreux n’ont pu attribuer aucun nom d’une manière positive à cette espèce, et cependant le climat de la Palestine était bien de nature à populariser l’usage des Gourdes, si on les avait connues. Il me parait assez douteux, d’après cela, que les anciens Égyptiens aient possédé cette plante, malgré une figure unique de feuilles, vue dans une tombe, qui lui a été attribuée quelquefois[421]. Alexandre Braun, Ascherson et Magnus, dans leur savant mémoire sur les restes de plantes égyptiennes du musée de Berlin[422], indiquent plusieurs Cucurbitacées sans mentionner celle-ci. Les premiers voyageurs modernes, comme Rauwolf[423], en 1574, l’ont vue dans les jardins de Syrie, et la Gourde dite des pèlerins, figurée, en 1539, par Brunfels, était probablement connue dès le moyen âge en Terre sainte.

Tous les botanistes du XVIe siècle ont donné des figures de cette espèce, plus souvent cultivée alors, en Europe, qu’elle ne l’est aujourd’hui. Le nom ordinaire dans ces vieux ouvrages était Cameraria, et l’on distinguait trois formes de fruits. A la couleur blanche de la fleur, toujours mentionnée, on ne peut douter de l’espèce. Je remarque aussi une figure, très mauvaise, il est vrai, où la fleur manque, mais où le fruit est exactement la gourde des pèlerins, qui présente ce grand intérêt d’avoir paru avant la découverte de l’Amérique. C’est la planche 46 de l’Herbarius Pataviæ impressus, in-4o, 1485, ouvrage rare.

Malgré certains synonymes des auteurs, je ne crois pas que la Gourde ait existé en Amérique avant l’arrivée des Européens. Le Taquera de Piso[424] et le Cucurbita lagenæforma de Marcgraf[425] sont peut-être bien le Lagenaria vulgaris, comme le disent les monographes[426], et les échantillons du Brésil cités par eux doivent être certains, mais cela ne prouve pas que l’espèce fût dans le pays avant le voyage d’Americ Vespuce, en 1504. Depuis lors jusqu’aux voyages de ces deux botanistes, en 1637 et 1638, il s’est écoulé un temps bien plus long qu’il ne faut le supposer pour l’introduction et la diffusion d’une espèce annuelle, curieuse de forme, facile à cultiver et dont les graines conservent longtemps la faculté de germer. Elle peut même s’être naturalisée à la suite des cultures, comme cela s’est vu ailleurs. A plus forte raison le Cucurbita Siceratia Molina, attribué tantôt à l’espèce actuelle et tantôt au Cucurbita maxima[427], peut-il avoir été introduit au Chili, entre 1538, époque de la découverte de ce pays, et 1787, date de l’édition en italien de Molina. Acosta[428] parle aussi de Calebasses dont les Péruviens se servaient comme de coupe ou de vase, mais l’édition espagnole de son livre est de 1591, plus de cent ans après la conquête. Parmi les naturalistes ayant indiqué l’espèce le plus rapprochée de la découverte de l’Amérique (1492) est Oviedo[429], qui avait visité la terre ferme et, après un séjour à Vera-Paz, était revenu en Europe en 1815, mais était retourné à Nicaragua en 1539[430] D’après la compilation de Ramusio[431], il a parlé de zucche, cultivées en quantité aux Antilles et à Nicaragua à l’époque de la découverte de l’Amérique et dont on faisait usage comme de bouteilles. Les auteurs de flores de la Jamaïque, au XVIIe siècle, ont dit l’espèce cultivée dans cette île. P. Browne[432] cependant indique une grande Gourde cultivée et une petite, sauvage, ayant une pulpe amère et purgative.

Enfin, pour les États-Unis méridionaux, Elliott[433] s’exprimait ainsi en 1824 : « Le L. vulgaris se trouve rarement dans les bois et n’est certainement pas indigène. Il paraît avoir été apporté par les anciens habitants de notre pays d’une contrée plus chaude. Maintenant, l’espèce est devenue spontanée autour des habitations, particulièrement dans les îles de la mer. » L’expression : habitants de notre pays, a l’air de signifier les colons plutôt que les indigènes. Entre la découverte de la Virginie, par Cabot en 4497, ou les voyages de W. Raleigh en 4584, et les flores des botanistes modernes, il s’est écoulé plus de deux siècles, et les indigènes auraient eu le temps de répandre la culture de l’espèce, s’ils l’avaient reçue des Européens. Mais le fait même de la culture par les Indiens à l’époque des premières relations sur leur compte est douteux. Torrey et Gray[434] l’avaient mentionné comme certain dans leur flore, publiée en 1830-40, et plus tard le second de ces habiles botanistes[435], dans un article sur les Cucurbitacées connues des indigènes, ne cite pas le Calabash ou Lagenaria. Je remarque la même omission dans un autre article spécial, sur le même sujet, publié plus récemment[436].

Potiron. — Cucurbita maxima, Duchesne.

En commençant l’énumération des espèces du genre Cucurbita, je dois expliquer que la distinction, autrefois très difficile, des espèces, a été fondée par M. Naudin[437] d’une manière scientifique, au moyen d’une culture assidue des variétés et d’expériences sur leur fécondation croisée. Il nomme espèces les groupes de formes qui ne peuvent pas se féconder mutuellement ou dont les produits n’ont pas été féconds et stables, et races ou variétés les formes qui se croisent entre elles et donnent des produits féconds et variés. La suite des expériences[438] l’a averti que l’établissement des espèces sur cette base n’est pas sans exceptions, mais dans le genre Cucurbita les faits physiologiques concordent avec les différences extérieures. M. Naudin a établi les véritables caractères distinctifs des Cucurbita maxima et C. Pepo, La première a les lobes de la feuille arrondis, les pédoncules à surface unie et les lobes de la corolle recourbés à l’extérieur ; la seconde a les lobes de la feuille aigus, les pédoncules marqués de côtes et sillons, la corolle rétrécie à la base, avec les lobes presque toujours dressés.

Les principales formes du Cucurbita maxima sont le Potiron jaune, qui atteint quelquefois un poids énorme[439], le Potiron turban ou Giraumon, le Courgeron, etc.

Les noms vulgaires et des anciens auteurs ne cadrant pas avec les définitions botaniques, il faut se défier des assertions répandues autrefois sur les origines et sur l’introduction de la culture de telle ou telle courge à certaine époque ou dans certaines contrées. C’est une des raisons pour lesquelles, quand je me suis occupé du sujet, en 1855, la patrie de ces plantes était restée pour moi inconnue ou très douteuse. Aujourd’hui, on peut scruter mieux la question.

D’après sir Joseph Hooker[440], le Cucurbita maxima a été trouvé par Barter sur les bords du Niger, en Guinée, « avec l’apparence indigène » (apparently indigenous), et par Welwitsch dans l’Angola, sans affirmation de la qualité spontanée. Je ne vois aucune indication de spontanéité dans les ouvrages sur l’Abyssinie, l’Égypte ou autres pays africains dans lesquels on cultive communément l’espèce. Les Abyssins se servent du mot Dubba, qui s’applique, en arabe, aux Courges, dans un sens très général.

Longtemps on a soupçonné une origine indienne, en s’appuyant sur des noms tels que Courge d’Inde, donnés par des botanistes du XVIe siècle, et, en particulier, sur le Pepo maximus indicus, figuré par Lobel[441], qui rentre bien dans l’espèce actuelle ; mais c’est un genre de preuve bien faible, car les indications vulgaires d’origine sont souvent fausses. Le fait est que si les Potirons sont cultivés dans l’Asie méridionale, comme ailleurs entre les tropiques, on n’a pas rencontré la plante à l’état sauvage[442]. Aucune espèce semblable ou analogue n’est indiquée dans les anciens ouvrages chinois, et les noms modernes des Courges et Potirons cultivés actuellement en Chine montrent une origine étrangère méridionale[443]. Il est impossible de savoir à quelle espèce s’appliquait le nom sanscrit Kurkarou, attribué par Roxburgh au Cucurbita Pepo, et l’incertitude n’est pas moins grande au sujet des Courges, Potirons et Melons cultivés par les Grecs et les Romains. On n’a pas constaté la présence d’un Potiron dans l’ancienne Égypte. Peut-être en cultivait-on dans ce pays et dans le monde gréco-latin ? Les Pepones dont Charlemagne ordonnait la culture dans ses fermes[444] étaient ou l’espèce actuelle ou le Cucurbita Pepo ; mais aucune figure ou description reconnaissable de ces plantes n’a été donnée avant le XVIe siècle.

Ceci pourrait faire présumer une origine américaine. L’existence, à l’état spontané, en Afrique, est bien une objection, car les espèces de la famille des Cucurbitacées sont très locales ; mais il y a des arguments en faveur de l’Amérique, et je dois les examiner avec d’autant plus de soin qu’on m’a reproché aux États-Unis de n’en avoir pas tenu suffisamment compte.

D’abord, sur dix espèces connues du genre Cucurbita, six sont certainement spontanées en Amérique (au Mexique ou en Californie), mais ce sont des espèces vivaces, tandis que les Courges cultivées sont annuelles.

La plante nommée Jurumu par les Brésiliens, figurée par Pison et Marcgraf[445], est rapportée par les modernes au Cucurbita maxima. La planche et les courtes explications des deux auteurs conviennent assez, mais il parait que c’était une plante cultivée. Elle peut avoir été apportée d’Afrique ou d’Europe par les Européens, entre la découverte du Brésil, en 1504, et les voyages des auteurs sus-mentionnés, qui ont eu lieu en 1637 et 1638. Personne n’a trouvé l’espèce sauvage dans l’Amérique méridionale ou septentrionale. Je ne rencontre dans les ouvrages sur le Brésil, la Guyane, les Antilles aucun indice de culture ancienne ou d’existence spontanée, soit d’après les noms, soit d’après des traditions ou opinions plus ou moins précises. Aux États-Unis, les savants qui connaissent le mieux les langues et les usages des indigènes, par exemple le Dr  Harris autrefois, et M. Trumbull plus récemment[446], ont soutenu que les Cucurbitacées appelées Squash par les Anglo-Américains et Macock ou Cashaw, Cushaw par d’anciens voyageurs en Virginie, répondent à des Courges. M. Trumbull dit que Squash est un mot indien. Je n’en doute pas, d’après son assertion, mais ni les plus habiles linguistes ni les voyageurs du XVIIe siècle[447] qui ont vu les indigènes pourvus de fruits appelés dans leurs livres Citrouilles, Courges, Pompions, Gourdes, n’ont pu donner la preuve que ce fût telle ou telle des espèces reconnues distinctes aujourd’hui par les botanistes. Cela nous apprend seulement que les indigènes, un siècle après la découverte de la Virgime, vingt à quarante ans après la colonisation par W. Raleigh, faisaient usage de certains fruits de Cucurbitacées. Les noms vulgaires sont encore si confus aux États-Unis que le Dr  Asa Gray, en 1868, indique Pumpkin et Squash comme répondant à des espèces de Cucurbita[448], tandis que Darlington[449]. attribue le nom de Pumpkin à la Courge ordinaire (Cucurbita Pepo), et celui de Squash aux variétés de celle-ci qui rentrent dans les formes Melopepo des anciens botanistes. Ils n’attribuent pas un nom vulgaire, particulier et certain, au Potiron (Cucurbita maxima).

En définitive, sans ajouter une foi implicite à l’indigénat sur les bords du Niger, fondé sur le dire d’un seul voyageur, je persiste à croire l’espèce originaire de l’ancien monde et introduite en Amérique par les Européens.

Courge Pépon. — Citrouille. — Cucurbita Pepo et C. Melopepo, Linné.

Les auteurs modernes comprennent dans le Cucurbita Pepo la plupart des formes désignées sous ce nom par Linné et en outre celles qu’il nommait C. Melopepo. Ces formes sont excessivement variées quant aux fruits, ce qui montre une très ancienne culture. On remarque dans leur nombre : la Courge ou Citrouille des Patagons, à fruits cylindriques énormes ; la Courge sucrière, dite du Brésil ; la Courge à la moelle ou Vegetable marrow des Anglais, à petits fruits allongés ; les Barbérines, à fruits bosselés ; le Patisson ou Bonnet d’électeur, à fruit conique, surbaissé et lobé d’une manière bizarre, etc. Il ne faut attacher aucune valeur aux noms de pays dans ces désignations de variétés, car nous avons vu souvent qu’ils expriment autant d’erreurs que de vérités. Les noms botaniques rapportés à l’espèce par M. Naudin et M. Gogniaux sont nombreux, par suite de la mauvaise habitude qui existait il n’y a pas longtemps de décrire comme espèces des formes uniquement de jardins, sans tenir compte des effets prodigieux de la culture et de la sélection sur l’organe pour lequel on cultive une plante.

La plupart des variétés existent dans les jardins des régions chaudes ou tempérées de l’ancien et du nouveau monde. L’origine de l’espèce est regardée comme douteuse. J’hésitais, en 1855[450], entre l’Asie méridionale et la région de la mer Méditerranée. MM. Naudin et Cogniaux[451] admettent comme probable l’Asie méridionale, et les botanistes des États-Unis, de leur côté, ont donné des motifs pour croire à une origine américaine. La question mérite d’être examinée d’une manière précise.

Je chercherai d’abord quelles formes, rapportées aujourd’hui à l’espèce, ont été indiquées comme croissant quelque part à l’état spontané.

La variété ovée, Cucurbita ovifera, Linné, avait été recueillie jadis par Lerche, près d’Astrakhan ; mais aucun botaniste du siècle actuel n’a confirmé ce fait, et il est probable qu’il s’agissait d’une plante cultivée. D’ailleurs Linné n’affirme pas la qualité spontanée. J’ai consulté toutes les flores asiatiques et africaines sans trouver la moindre indication d’une variété qui fût sauvage. De l’Arabie, ou même de la côte de Guinée au Japon, l’espèce ou les formes qu’on lui rapporte sont toujours dites cultivées. Pour l’Inde, Roxburgh l’avait remarqué jadis, et ce n’est sûrement pas sans de bons motifs que M. Clarke, dans la flore récente de l’Inde anglaise, n’indique aucune localité hors des cultures.

Les faits sont tout autres en Amérique.

Une variété texana, Cucurbita texana, Asa Gray[452], très voisine de l’ovata, d’après cet auteur, et qu’on rapporte sans hésitation aujourd’hui au C. Pepo, a été trouvée par Lindheimer « au bord des fourrés et dans les bois humides, sur les rives du Guadalupe supérieur, avec les apparences de plante indigène. » Le Dr  Asa Gray ajoute que c’est peut-être un effet de naturalisation. Cependant, comme il existe plusieurs espèces du genre Cucurbita sauvages au Mexique et dans le sud-ouest des États-Unis, on est amené naturellement à tenir l’assertion du collecteur pour bonne. Il ne paraît pas que d’autres botanistes aient trouvé cette plante au Mexique ou aux États-Unis. Elle n’est mentionnée ni dans la Biologia centrali-americana de Hemsley, ni dans la flore récente de la Californie du Dr  Asa Gray.

Quelques synonymes ou échantillons de l’Amérique méridionale, attribués au C. Pepo, me paraissent bien douteux. Il est impossible de savoir ce que Molina[453] a entendu sous les noms de C. Siceratia et C. mammeata, qui paraissent d’ailleurs avoir été des plantes cultivées. Deux espèces décrites brièvement dans le voyage de Spix et Martius (2, p. 536) et rapportées aussi au C. Pepo[454], sont indiquées, à l’occasion de plantes cultivées, sur les bords du Rio Francisco. Enfin l’échantillon de Spruce, 2716, du Rio Uaupès, affluent du Rio Negro, que M. Cogniaux[455] ne dit pas avoir vu et qu’il a rapporté d’abord au C. Pepo, ensuite au C. moschata, était peut-être cultivé ou naturalisé à la suite de quelque transport ou culture, malgré la rareté des habitants de cette contrée.

Les indications botaniques sont donc en faveur d’une origine mexicaine ou du Texas. Voyons si les documents historiques sont conformes ou contraires à cette idée.

Il est impossible de savoir si tel nom sanscrit, grec ou latin de Courge, s’applique à l’une des espèces plutôt qu’à une autre. La forme du fruit est souvent la même, et les caractères distinctifs ne sont jamais mentionnés par les anciens.

Aucune Courge n’est figurée dans l’Herbarius Pataviæ impressus, de 1485, antérieur à la découverte de l’Amérique ; mais les auteurs du XVIe siècle ont publié des planches qui s’y rapportent. Je citerai les trois formes de Pepones figurées à la page 406 de Dodoens, édition de 1557. Une quatrième, Pepo rotundus major, ajoutée dans l’édition de 1616, me paraît rentrer dans le C. maxima. Dans la figure du Pepo oblongus de Lobel, Icones, 641, le caractère du pédoncule est nettement accusé. Les noms donnés à ces plantes expriment une origine étrangère ; mais les auteurs ne pouvaient rien affirmer à cet égard, d’autant plus que le nom Inde signifiait ou l’Asie méridionale ou l’Amérique.

Ainsi les données historiques ne contredisent pas l’opinion d’une origine américaine, sans l’appuyer cependant.

Si l’habitation spontanée se confirme en Amérique, on pourra dire désormais que les Courges cultivées par les Romains et dans le moyen âge étaient le Cucurbita maxima et celles des indigènes de l’Amérique du Nord, dans le XVIIe siècle, vues par divers voyageurs, le Cucurbita Pepo.

Courge masquée, ou melonnée. — Cucurbita moschata, Duchesne.

Le Bon jardinier cite comme principales formes de cette espèce les Courges muscade de Provence, pleine de Naples et de Barbarie. Il va sans dire que ces noms ne signifient rien pour l’origine. L’espèce est facile à reconnaître par sa pubescence légère et douce, le pédoncule du fruit pentagone, épaté au sommet, le fruit plus ou moins couvert d’une efflorescence glauque, à chair copieuse, plus ou moins musquée. Les lobes du calice sont souvent terminés par un limbe foliacé[456]. Cultivée dans tous les pays tropicaux, elle s’avance moins que les autres Courges dans les pays tempérés.

M. Cogniaux[457] soupçonne qu’elle est du midi de l’Asie, sans en donner la preuve. J’ai parcouru les flores de l’ancien et du nouveau monde et n’ai pu découvrir nulle part la mention d’un état vraiment spontané. Les indications qui en approchent le plus sont : 1o en Asie, dans l’île de Bangka, un échantillon vérifié par M. Cogniaux et que Miquel[458] ne dit pas cultivé ; 2o en Afrique, dans l’Angola, des échantillons que Welwitsch dit tout à fait spontanés, mais « à la suite probablement d’une introduction[459] » ; 3o en Amérique, cinq échantillons du Brésil, de la Guyane ou de Nicaragua, mentionnés par M. Cogniaux, sans qu’on sache s’ils étaient cultivés, naturalisés ou spontanés. Ce sont des indices tout à fait légers, et l’opinion des auteurs le confirme. Ainsi, pour l’Asie, Rumphius, Blume, Clarke (dans Flora of brit. India), et, pour l’Afrique, Schweinfurth (dans Baker, Tropical flora), n’ont vu la plante absolument que cultivée. En Chine, la culture n’est pas ancienne[460]. En Amérique, les flores mentionnent très rarement l’espèce.

On ne connaît aucun nom sanscrit, et les noms indiens, malais et chinois ne sont ni très nombreux ni bien originaux, quoique la culture paraisse plus répandue dans l’Asie méridionale que dans les autres régions entre les tropiques. Elle l’était déjà au XVIIe siècle, d’après l’Hortus Malabaricus, où l’on voit une bonne planche (vol. 8, pl. 2).

Il ne paraît pas que les botanistes du XVIe siècle aient connu cette espèce, car la figure de Dalechamp (Hist., 1, p. 616), que Seringe lui a attribuée, n’en a pas les caractères, et je ne puis découvrir aucune autre figure qui lui ressemble.

Courge à feuilles de figuier. — Cucurbita ficifolia, Bouché. — Cucurbita melanosperma, Braun.

Il s’est introduit, depuis une trentaine d’années, dans les jardins, une Courge à graines noires ou quelquefois brunes, qui diffère des autres espèces cultivées en ce qu’elle est vivace. On l’appelle quelquefois Melon de Siam. Le Bon jardinier dit qu’elle vient de Chine. Le Dr  Bretschneider ne m’en a pas parlé dans la lettre de 4881, où il énumère les Courges cultivées par les Chinois.

Jusqu’à présent, aucun botaniste ne l’a trouvée à l’état spontané. Je doute beaucoup qu’elle soit originaire d’Asie, car toutes les espèces connues de Cucurbita vivaces sont du Mexique ou de Californie.

Melon. — Cucumis Melo, Linné.

La question de l’origine du Melon a changé complètement depuis les travaux de M. Naudin. Le mémoire qu’il a publié, en 1859, dans les Annales des sciences naturelles, série 4, volume 11, sur le genre Cucumis, est aussi remarquable que celui sur le genre Cucurbita, Il rend compte d’observations et d’expériences, suivies pendant plusieurs années, sur la variabilité des formes et la fécondation croisée d’une multitude d’espèces, races ou variétés venant de toutes les parties du monde. J’ai parlé ci-dessus (p. 199) du principe physiologique sur lequel il croit pouvoir distinguer des groupes de formes qu’il nomme des espèces, quoique certaines exceptions se soient manifestées et rendent le critère de la fécondation moins absolu. Malgré ces cas exceptionnels, il est évident que si des formes voisines se croisent facilement et donnent des produits féconds, comme cela se voit, par exemple, dans l’espèce humaine, on est obligé de les regarder comme constituant une seule espèce.

Dans ce sens, le Cucumis Melo, d’après les expériences et observations faites par M. Naudin sur environ deux mille individus vivants, constitue bien une espèce, laquelle comprend un nombre extraordinaire de variétés et même de races, c’est-à-dire de formes qui se conservent par hérédité. Ces variétés ou races peuvent se féconder entre elles et donnent des produits variés et variables. Elles sont classées par l’auteur dans dix groupes, qu’il appelle Cantaloups, Melons brodés, Sucrins, Melons d’hiver, serpents, forme de concombre, Chito, Dudaïm, rouges de Perse et sauvages, chacun contenant des variétés ou races voisines les unes des autres. Celles-ci ont été nommées de 25 à 30 manières différentes par des botanistes qui, sans s’inquiéter des transitions de forme, de la faculté de croisement ou du peu de fixité dans la culture, ont désigné comme espèces tout ce qui diffère plus ou moins dans un temps et un lieu donnés.

Il résulte de là que plusieurs formes qu’on avait trouvées à l’état sauvage et qu’on décrivait comme espèces doivent être les types ou souches des formes cultivées, et M. Naudin fait la réflexion très juste que ces formes sauvages plus ou moins différentes l’une de l’autre ont pu donner des produits cultivés différents. C’est d’autant plus probable qu’elles habitent quelquefois des pays assez éloignés, comme l’Asie méridionale et l’Afrique tropicale, de sorte que les diversités de climat, combinées avec l’isolement, ont pu créer et consolider les différences.

Voici les formes que M. Naudin énumère comme sauvages :

1o  Celles de l’Inde, qui ont été nommées par Willdenow Cucumis pubescens, et par Roxburgh C. turbinatus ou C. Maderaspatanus. Leur habitation naturelle est l’Inde anglaise dans toute son étendue et le Belouchistan. La qualité spontanée est évidente, même pour des voyageurs non botanistes[461]. Les fruits varient de la grosseur d’une prune à celle d’un citron. Ils sont unis, rayés ou bariolés à l’extérieur, parfumés ou sans odeur. La chair en est sucrée, fade ou aigrelette, différences qui rappellent beaucoup celles des Cantaloups cultivés. D’après Roxburgh, les Indiens récoltent les fruits du turbinatus et du Maderaspatanus, qu’ils ne cultivent pas, mais dont ils aiment la saveur.

Si l’on consulte la flore la plus récente de l’Inde anglaise, où M. Clarke a décrit les Cucurbitacées (2, p. 619), il semble que cet auteur ne s’accorde pas avec M. Naudin sur les formes indiennes spontanées, quoique tous deux aient examiné les nombreux échantillons de l’herbier de Kew. La différence d’opinion, plus apparente que réelle, tient à ce que l’auteur anglais rapporte à une espèce voisine, Cucumis trigonus, Roxburgh, certainement sauvage, les formes que M. Naudin classe dans le Cucumis Melo. M. Cogniaux[462], qui a vu depuis les mêmes échantillons, attribue seulement le C. turbinatus au trigonus. La distinction spécifique des C. Melo et C. trigonus est malheureusement obscure, d’après les caractères donnés par les trois auteurs. La principale différence est que le Melo est annuel, l’autre vivace, mais cette durée ne parait pas bien constante. M. Clarke lui-même dit que le C. Melo est peut-être dérivé par la culture du C. trigonus, c’est-à-dire, selon lui, des formes attribuées par Naudin au C. Melo.

Les expériences faites pendant trois années consécutives par M. Naudin[463] sur des produits du Cucumis trigonus fécondé par le Melo paraissent appuyer l’opinion d’une diversité spécifique admissible, car, si la fécondation a eu lieu, les produits ont été divers de formes et sont revenus souvent à l’un des ancêtres primitifs.

2o  Les formes africaines. M. Naudin n’a pas eu des échantillons en assez bon état et assez certains sous le rapport de la spontanéité, pour affirmer d’une manière positive l’habitation en Afrique. Il l’admet avec hésitation. Il attribue à l’espèce des formes cultivées ou d’autres spontanées, dont il n’a pas vu les fruits. Après lui, sir Joseph Hooker[464] a eu des échantillons plus probants. Je ne parle pas de ceux de la région du Nil, qui sont probablement cultivés[465], mais de plantes recueillies par Barter, en Guinée, dans les sables au bord du Niger. Thonning[466] avait déjà trouvé dans les sables, en Guinée, un Cucumis, qu’il avait nommé arenarius, et M. Cogniaux[467], après avoir vu un échantillon rapporté par ce voyageur, l’a classé dans le C. Melo, comme le pensait sir Joseph Hooker. Les nègres mangent le fruit de la plante recueillie par Barter. L’odeur est celle d’un melon vert frais. Dans la plante de Thonning, le fruit est ovoïde, de la grosseur d’une prune. Ainsi, en Afrique, comme dans l’Inde, l’espèce a des petits fruits à l’état spontané, ce qui n’est pas extraordinaire. Le Dudaïm s’en rapproche, parmi les variétés cultivées.

La majorité des espèces du genre Cucumis est en Afrique ; une faible minorité se trouve en Asie ou en Amérique. D’autres espèces de Cucurbitacées sont disjointes entre l’Asie et l’Afrique, quoique les habitations soient ordinairement dans cette famille continues et restreintes. Le Cucumis Melo a peut-être été une fois spontané de la côte occidentale d’Afrique jusque dans l’Inde, sans intervalle, comme la Coloquinte (Citrullus Colocynthis), de la même famille.

J’ai parlé jadis de la spontanéité douteuse du Melon au midi du Caucase, d’après d’anciens auteurs. Les botanistes subséquents ne l’ont pas confirmée. Hohenacker, qui avait trouvé, disait-on, l’espèce autour d’Elisabethpol, n’en fait aucune mention dans son opuscule sur les plantes de la province de Talysch. M. Boissier n’admet pas le Cucumis Melo dans sa flore orientale. Il dit seulement qu’il se naturalise avec facilité dans les décombres et les terrains abandonnés. La même chose a été observée ailleurs, par exemple dans les sables de l’Ussuri, dans l’Asie orientale. Ce serait une raison pour se défier de la localité des sables du Niger, si la petitesse des fruits dans cet endroit ne rappelait les formes spontanées de l’Inde.

La culture du Melon, ou de diverses variétés du Melon, a pu commencer séparément dans l’Inde et en Afrique.

Son introduction en Chine parait dater seulement du VIIIe siècle de notre ère, d’après l’époque du premier ouvrage qui en ait parlé[468]. Comme les relations des Chinois avec la Bactriane et le nord-ouest de l’Inde, par l’ambassade de Chang-Kien, remontent au IIe siècle avant Jésus-Christ, il est possible que la culture de l’espèce ne fût pas alors très répandue en Asie. La petitesse du fruit spontané n’encourageait pas. On ne connaît aucun nom sanscrit, mais un nom tamoul, probablement moins ancien, Molam[469], qui ressemble au nom latin Melo.

Il n’est pas prouvé que les anciens Égyptiens aient cultivé le Melon. Le fruit figuré par Lepsius[470] n’est pas reconnaissable. Si la culture avait été usuelle et ancienne dans ce pays, les Grecs et les Romains en auraient eu connaissance de bonne heure. Or il est douteux que le Sikua d’Hippocrate et de Théophraste, ou le Pepôn de Dioscoride, ou le Melopepo de Pline fussent le Melon. Les textes sont brefs et insignifiants ; Galien[471] est moins obscur, lorsqu’il dit qu’on mange l’intérieur des Melopepones, mais non des Pepones. On a beaucoup disserté sur ces noms[472], mais il faudrait des faits plutôt que des mots. La meilleure preuve que j’aie pu découvrir de l’existence du Melon chez les Romains est un fruit figuré très exactement dans la belle mosaïque des fruits au musée du Vatican. Le Dr  Comes certifie, en outre, que la moitié d’un Melon est représentée dans un dessin d’Herculanum[473]. L’espèce s’est introduite dans le monde gréco-romain probablement à l’époque de l’empire, au commencement de l’ère chrétienne. La qualité en était, je suppose, médiocre, vu le silence ou les éloges modérés des auteurs, dans un pays où les gourmets ne manquaient pas. Depuis la Renaissance, une culture plus perfectionnée et des rapports avec l’Orient et l’Égypte ont amené de meilleures variétés dans les jardins. Nous savons cependant qu’elles dégénèrent assez souvent, soit par des intempéries ou de mauvaises conditions du sol, soit par un croisement avec des variétés inférieures de l’espèce.

Pastèque. — Citrullus vulgaris, Schrader — Cucurbita Citrullus, Linné.

L’origine de la Pastèque, appelée aussi Melon d’eau, a été longtemps méconnue ou inconnue. D’après Linné, c’était une plante du midi de l’Italie[474]. L’assertion était tirée de Matthiole, sans faire attention que cet auteur disait l’espèce cultivée. Seringe[475], en 1828, la supposait d’Afrique et de l’Inde, mais il n’en donnait aucune preuve. Je l’ai crue de l’Asie méridionale, à cause de sa culture très commune dans cette région. On ne la connaissait pas à l’état spontané. Enfin on l’a trouvée indigène dans l’Afrique intertropicale, en deçà et au delà de l’éguateur[476], ce qui tranche la question. Livingstone[477] a vu des terrains qui en étaient littéralement couverts. L’homme et plusieurs espèces d’animaux recherchaient ces fruits sauvages avec avidité. Ils sont ou ne sont pas amers, sans que rien le montre à l’extérieur. Les nègres frappent le fruit avec une hache et goûtent le suc pour savoir s’il est bon ou mauvais. Cette diversité dans des plantes sauvages, végétant sous le même climat et dans le même sol, est propre à faire réfléchir sur le peu de valeur du caractère dans les Cucurbitacées cultivées. Du reste, l’amertume fréquente de la Pastèque n’a rien d’extraordinaire, puisque l’espèce la plus voisine est la Coloquinte (Citrullus Colocynthis), M. Naudin a obtenu des métis féconds d’un croisement entre une Pastèque amère, spontanée au Cap, et une Pastèque cultivée, ce qui confirme l’unité spécifique accusée par les formes extérieures.

On n’a pas trouvé l’espèce sauvage en Asie. Les anciens Égyptiens cultivaient la Pastèque. Elle est figurée dans leurs dessins[478]. C’est déjà un motif pour croire que les Israélites connaissaient l’espèce et l’appelaient Abbatitchim, comme on le dit ; mais en outre le mot arabe Battich, Batteca, qui dérive évidemment du nom hébreu, est le nom actuel de la Pastèque. Le nom français vient de l’hébreu, par l’arabe. Une preuve de l’ancienneté de la plante dans la culture du nord de l’Afrique est le nom berbère, Tadellaât[479], trop différent du nom arabe pour n’être pas antérieur à la conquête. Les noms espagnols Zandria, Cindria et de l’île de Sardaigne Sindria[480], que je ne puis rapprocher d’aucun autre, font présumer aussi une ancienne culture dans la région méditerranéenne occidentale. En Asie, la culture s’est répandue de bonne heure, car on connaît un nom sanscrit, Chaya-pula[481], mais les Chinois n’ont reçu la plante qu’au Xe siècle de l’ère chrétienne. Ils la nomment Si kua, qui veut dire melon de l’ouest[482].

La Pastèque étant annuelle mûrit, au delà des tropiques, dans les pays où l’été est suffisamment chaud. Les Grecs modernes la cultivent beaucoup et la nomment Carpousea ou Carpousia[483], mais on ne trouve pas ce mot dans les auteurs de l’antiquité, ni même dans le grec de la décadence et du moyen âge[484]. C’est un mot commun avec le Karpus des Turcs de Constantinople[485], qui se trouve aussi en russe sous la forme de Arbus[486] et en bengali et hindoustani sous celle de Tarbuj, Turbouz[487]. Un autre nom de Constantinople, cité par Forskal, Chimonico, se trouve en albanais, Chimico[488]. L’absence d’un ancien nom grec qu’on puisse attribuer avec sûreté à l’espèce fait présumer qu’elle s’est introduite dans le monde gréco-romain à peu près au commencement de l’ère chrétienne. Le poème Copa, attribué à Virgile et Pline, en a peut-être parlé (livre 49, cap. 5), comme le présume Naudin, mais c’est douteux.

Les Européens ont transporté le Melon d’eau en Amérique, où maintenant on le cultive du Chili jusqu’aux États-Unis. Le Jacé des Brésiliens, figuré dans Pison et Marcgraf, est évidemment introduit, car le premier de ces auteurs dit la plante cultivée et quasi naturalisée[489].

Concombre. — Cucumis sativus, Linné.

. Malgré la différence bien visible du Melon et du Concombre, ou Cornichon, qui appartiennent tous deux au genre Cucumis, les cultivateurs supposent que des croisements de ces espèces peuvent avoir lieu et nuisent quelquefois aux qualités du Melon. M. Naudin[490] s’est assuré par expérience que cette fécondation n’est pas possible, et il a montré ainsi que la distinction des deux espèces est bien fondée.

Le pays d’origine du Cucumis sativus était réputé inconnu par Linné et de Lamarck. En 1805, Willdenow[491] a prétendu que c’était la Tartarie et l’Inde, sans en fournir aucune preuve. Les botanistes subséquents n’ont pas confirmé cette indication. Lorsque j’ai examiné la question, en 1855, on n’avait trouvé l’espèce sauvage nulle part. D’après divers motifs, tirés de son ancienne culture en Asie et en Europe, et surtout de l’existence d’un nom sanscrit, Soukasa[492] je disais : « La patrie est probablement le nord-ouest de l’Inde, par exemple le Caboul ou quelque pays adjacent. Tout fait présumer qu’on la découvrira un jour dans ces régions encore mal connues. »

C’est bien ce qui s’est réalisé, si l’on admet, avec les auteurs actuels les mieux informés, que le Cucumis Hardwickii, Royle rentre dans les formes du Cucumis sativus. On peut voir dans l’ouvrage intitulé Illustrations of Himalayan plants de Royle, p. 220, pl. 47, une figure coloriée de ce Concombre récolté au pied des monts Himalaya. Les tiges, feuilles et fleurs sont tout à fait celles du C. sativus. Le fruit, ellipsoïde et lisse, a une saveur amère ; mais dans le Concombre cultivé il y a des formes analogues, et l’on sait que dans d’autres espèces de la famille, par exemple dans la Pastèque, la pulpe est douce ou amère. Sir Joseph Hooker, après avoir décrit la variété remarquable de Concombre dite de Sikkim[493], ajoute que la forme Hardwickii, spontanée de Kumaon à Sikkim, et dont il a recueilli des échantillons, ne diffère pas plus des plantes cultivées que certaines variétés de celles-ci ne diffèrent les unes des autres, et M. Cogniaux, après avoir vu les plantes de Therbier de Kew, adopte cette opinion[494].

Le Concombre, cultivé depuis au moins trois mille ans dans l’Inde, a été introduit en Chine seulement au deuxième siècle avant Jésus-Christ, lors du retour de Chang-Kien, envoyé en Bactriane[495]. Du côté occidental, la propagation de l’espèce a marché plus vite. Les anciens Grecs cultivaient le Concombre sous le nom de Sikuos[496], qui est resté dans la langue moderne, sous la forme de Sikua. Les Grecs actuels disent aussi Aggouria, d’une ancienne racine des langues aryennes, appliquée quelquefois à la Pastèque, et qui se retrouve pour le Concombre dans le bohème Agurka, l’allemand Gurke, etc. Les Albanais (Pélasges ? ) ont un tout autre nom, Kratsavets[497], qu’on reconnaît dans le slave Krastavak, Les Latins appelaient le Concombre Cucumis. Ces noms divers montrent l’ancienneté de l’espèce en Europe. Je citerai même un nom esthonien, Uggurits, Ukkurits, Urits[498]. Il ne semble pas finnois, mais plutôt emprunté à la même racine aryenne que Aggouria, Si le Concombre était parvenu en Europe avant les Aryens on aurait peut-être quelque nom particulier dans la langue basque, ou l’on aurait trouvé des graines dans les habitations lacustres de Suisse et Savoie, mais cela ne s’est pas présenté. Les peuples voisins du Caucase ont des noms tout différents du grec : en tartare Kiar, en Kalmouk Chaja, en arménien Karan[499]. Le nom Chiar existe aussi en arabe pour quelque variété de Concombre[500]. Ce serait donc un nom touranien, antérieur au sanscrit, par où la culture dans l’Asie occidentale aurait plus de 3000 ans.

On dit communément que le Concombre était le Kischschuim, un des fruits d’Égypte regrettés par les Israélites dans le désert[501]. Je ne vois cependant aucun nom arabe, parmi les trois cités par Forskal, qui se rattache à celui-ci, et jusqu’à présent on n’a pas trouvé d’indication de la présence du Concombre dans l’ancienne Égypte.

Concombre Anguria. — Cucumis Anguria, Linné.

Cette petite espèce de Concombre est désignée dans le Bon jardinier sous le nom de Concombre Arada. Le fruit, de la grosseur d’un œuf, est très épineux. On le mange cuit ou conservé au vinaigre. Comme la plante est productive, sa culture est fréquente dans les colonies américaines. Descourtilz et sir J. Hooker en ont publié de bonnes figures coloriées, et M. Cogniaux une planche contenant des analyses détaillées de la fleur[502].

L’indigénat aux Antilles est affirmé par plusieurs botanistes. P. Browne[503], dans le siècle dernier, appelait la plante Petit Concombre sauvage (à la Jamaïque). Descourtilz s’est servi des expressions suivantes : « Le Concombre croit partout naturellement, et principalement dans les savanes sèches et près des rivières dont les rives offrent une riche végétation. » Les habitants l’appellent Concombre marron. Grisebach[504] a vu des échantillons de plusieurs autres îles Antilles et parait admettre leur qualité spontanée. M. E. André a trouvé l’espèce sur le bord de la mer, dans les sables, à Porto-Cabello, et Burchell, dans le même genre de stations, au Brésil, dans une localité non désignée, ainsi que Riedel, près de Rio-de-Janeiro[505]. Pour une infinité d’autres échantillons recueillis dans l’Amérique orientale, du Brésil à la Floride, on ne sait s’ils étaient spontanés ou cultivés.

Une plante spontanée, du Brésil, fort mal dessinée dans Piso[506], est citée comme appartenant à l’espèce, mais j’en doute beaucoup.

Les botanistes, depuis Tournefort jusqu’à nos jours, ont considéré l’Anguria comme originaire d’Amérique, en particulier de la Jamaïque. M. Naudin[507], le premier, a fait observer que tous les autres Cucumis sont de l’ancien monde, principalement d’Afrique. Il s’est demandé si celui-ci n’aurait point été introduit en Amérique par les nègres, comme beaucoup d’autres plantes qui s’y sont naturalisées. Cependant, n’ayant pu trouver aucune plante africaine qui fût semblable, il s’est rangé à l’opinion des auteurs. Sir Joseph Hooker, au contraire, incline à croire le C. Anguria une forme cultivée et modifiée de quelque espèce africaine voisine des C. prophetarum et C. Figarei, bien que ceux-ci soient vivaces. En faveur de cette hypothèse, j’ajouterai que : 1o  le nom de Concombre marron, donné dans les Antilles françaises, indique une plante devenue sauvage, car tel est le sens pour les nègres marrons ; 2o  la grande extension en Amérique, du Brésil aux Antilles, toujours sur la côte où la traite des nègres a été le plus active, parait un indice d’origine étrangère. Si l’espèce était américaine, antérieure à la découverte, avec une habitation d’une pareille étendue elle se serait trouvée aussi sur la côte occidentale d’Amérique et dans l’intérieur, ce qui n’est pas.

La question ne sera résolue que par une connaissance plus complète des Cucumis d’Afrique, et par des expériences de fécondation, si quelqu’un a la patience et l’habileté nécessaires pour opérer sur le genre Cucumis comme M. Naudin sur les Cucurbita.

En terminant, je ferai remarquer la bizarrerie du nom vulgaire des États-Unis pour l’Anguria : Jerusalem Cucumber, Concombre de Jérusalem[508]. Prenez ensuite les noms populaires pour guide dans la recherche des origines !

Benincasa. — Benincasa hispida, Thunberg. — Benincasa cerifera, Savi.

Cette espèce, qui constitue à elle seule le genre Benincasa, ressemble tellement aux Courges que d’anciens auteurs l’avaient prise pour la Courge Pépon[509], malgré l’efflorescence cireuse de la surface du fruit. Elle est d’une culture générale dans les pays tropicaux. On a peut-être eu tort de la négliger en Europe après l’avoir essayée, car M. Naudin et le Bon jardinier s’accordent à la recommander.

C’est le Cumbalam de Rheede, le Camolenga de Rumphius, qui l’avaient vue au Malabar et dans les îles de la Sonde seulement cultivée, et en avaient donné des figures.

D’après plusieurs ouvrages, même récents[510], on pourrait croire que jamais elle n’a été trouvée à l’état spontané ; mais, si l’on fait attention aux noms divers sous lesquels on l’a décrite, il en est autrement. Ainsi les Cucurbita hispida, Thunberg, et Lagenaria dasystemon, Miquel, d’après des échantillons authentiques vus par M. Cogniaux[511], sont des synonymes de l’espèce, et ce sont des plantes sauvages au Japon[512], Le Cucurbita littoralis, Hasskarl[513], trouvé dans des broussailles au bord de la mer, à Java, et le Gymnopetatum septemlobum, Miquel, aussi à Java, sont le Benincasa, d’après M. Cogniaux. De même le Cucurbita vacua, Mueller[514] et le Cucurbita pruriens, Forster, dont il a vu des échantillons authentiques trouvés à Rockhingham, en Australie et aux îles de la Société. M. Nadeaud[515] ne parle pas de cette dernière. On peut soupçonner des naturalisations temporaires dans les îles de la mer Pacifique et le Queensland, mais les localités de Java et du Japon paraissent très certaines. Je crois d’autant plus à cette dernière que la culture du Benincasa en Chine remonte à une haute antiquité[516].

Luffa cylindrique. — Momordica cylindrica, Linné. — Luffa cylindrica, Rœmer.

M. Naudin[517] s’exprime ainsi : « Le Luffa cylindrica, auquel on a conservé dans quelques-unes de nos colonies le nom indien de Pétole, est probablement originaire de l’Asie méridionale, mais peut être il l’est aussi de l’Afrique, de l’Australie et des îles de l’Océanie. On le trouve cultivé par la plupart des peuples des pays chauds, et il paraît s’être naturalisé dans beaucoup de lieux où sans doute il n’existait pas primitivement. » M. Cogniaux[518] est plus affirmatif. « Espèce indigène, dit-il, dans toutes les régions tropicales de l’ancien monde ; souvent cultivée et subspontanée en Amérique, entre les tropiques. »

En consultant les ouvrages cités par ces deux monographes et les herbiers, on trouve la qualité de plante sauvage certifiée quelquefois d’une manière positive.

En ce qui concerne l’Asie[519], Rheede l’a vue dans les sables, les forêts et autres lieux du Malabar ; Roxburgh la dit spontanée dans l’Hindoustan, Kurz dans les forêts du pays des Birmans ; Thwaites à Ceylan. J’en possède des échantillons de Ceylan et de Khasia. On ne connaît aucun nom sanscrit, et le Dr  Bretschneider, dans son opuscule On the study, etc., et dans ses lettres ne mentionne aucun Luffa cultivé ou spontané en Chine. Je présume par conséquent que la culture n’est pas ancienne, même dans l’Inde.

En Australie, l’espèce est spontanée au bord des rivières du Queensland[520], et d’après cela il est probable qu’on la trouvera spontanée dans l’archipel asiatique, où Rumphius, Miquel, etc., en parlent seulement comme d’une plante cultivée.

Les herbiers renferment un grand nombre d’échantillons recueillis dans l’Afrique tropicale, de Mozambique à la côte de Guinée, et jusqu’au pays d’Angola, mais les collecteurs ne paraissent pas avoir indiqué si c’étaient des échantillons spontanés ou cultivés. Dans l’herbier Delessert, Heudelot a indiqué les environs de Galam, dans les terrains fertiles. Sir Joseph Hooker[521] les cite, sans rien affirmer. MM. Schweinfurth et Ascherson[522], toujours attentifs à ces questions, donnent l’espèce pour uniquement cultivée dans la région du Nil. Ceci est assez curieux, parce que la plante ayant été vue, dans le XVIIe siècle, dans les jardins d’Égypte, sous le nom arabe de Luff[523], on a nommé le genre Luffa et l’espèce Luffa ægyptiaca. Les monuments de l’ancienne Égypte n’en ont offert aucune trace. L’absence de nom hébreu est encore une raison de croire que la culture s’est introduite en Égypte au moyen âge. On la pratique aujourd’hui dans le Delta, non seulement pour le fruit, mais encore pour expédier les graines, dites de courgettes, dont la décoction sert à adoucir la peau.

L’espèce est cultivée au Brésil, à la Guyane, au Mexique, etc. ; mais je n’aperçois aucun indice qu’elle soit indigène en Amérique. Il paraît qu’elle s’est naturalisée çà et là, par exemple dans le Nicaragua, d’après un échantillon de Levy.

En résumé l’origine asiatique est certaine, l’africaine fort douteuse, celle d’Amérique imaginaire, ou plutôt l’effet d’une naturalisation.

Luffa anguleux. — Papengay. — Luffa acutangula, Roxburgh.

L’origine de cette espèce, cultivée, comme la précédente, dans tous les pays tropicaux, n’est pas bien claire, d’après MM. Naudin et Cogniaux[524]. Le premier indique le Sénégal, le second l’Asie et, avec doute, l’Afrique. Il est à peine besoin de dire que Linné[525] se trompait en indiquant la Tartarie et la Chine.

L’indigénat dans l’Inde anglaise est donnée, sans hésitation, par M. Clarke, dans la flore de sir J. Hooker. Rheede[526] avait vu la plante autrefois dans les sables du Malabar. L’habitation naturelle parait limitée, car Thwaites à Ceylan, Kurz dans la Birmanie anglaise et Loureiro pour la Cochinchine et la Chine[527], ne citent l’espèce que comme cultivée, ou venant dans les décombres, près des jardins. Rumphius[528] l’appelle une plante du Bengale. Aucun Luffa n’est cultivé depuis longtemps en Chine, d’après une lettre du Dr  Bretschneider. On ne connaît pas de nom sanscrit. Ce sont autant d’indices d’une mise en culture pas très ancienne en Asie.

Une variété à fruit amer est commune dans l’Inde anglaise[529] à l’état spontané, car on n’a aucun intérêt à la cultiver. Elle existe aussi dans les îles de la Sonde. C’est le Luffa amara, Roxburgh, et le L. sylvestris, Miquel. Le L. subangulata, Miquel, est une autre forme, croissant à Java, que M. Cogniaux réunit également, sur la vue d’échantillons certains.

M. Naudin n’explique pas d’après quel voyageur la plante serait sauvage en Sénégambie ; mais il dit que les nègres l’appellent Papengaye, et, comme ce nom est celui des colons de l’île de France[530], il est probable qu’il s’agit au Sénégal d’une plante cultivée, peut-être naturalisée autour des habitations. Sir Joseph Hooker, dans le Flora of tropical Africa, indique l’espèce, sans donner la preuve qu’elle soit spontanée en Afrique, et M. Cogniaux est encore plus bref. MM. Schweinfurth et Ascherson[531] ne l’énumèrent pas, soit comme spontanée, soit comme cultivée, dans la région de l’Égypte, la Nubie et l’Abyssinie. Il n’y a aucune trace d’ancienne culture en Égypte.

L’espèce a été envoyée souvent des Antilles, de la Nouvelle-Grenade, du Brésil et autres localités d’Amérique ; mais on n’a pas d’indice qu’elle y soit ancienne, ni même qu’elle s’y trouve à distance des jardins, dans un état vraiment spontané.

Les conditions ou probabilités d’origine et de date de culture sont, comme on voit, semblables pour les deux Luffa cultivés. À l’appui de l’hypothèse que ces derniers ne sont pas originaires d’Afrique, je dirai que les quatre autres espèces du genre sont ou asiatiques ou américaines, et, comme indice de plus que la culture des Luffa n’est pas très ancienne, j’ajoute que la forme du fruit a varié beaucoup moins que dans les autres Cucurbitacées cultivées.

Trichosanthes serpent. — Trichosanthes anguina, Linné.

Cucurbitacée annuelle, grimpante, remarquable par sa corolle frangée. On l’appelle dans l’Île Maurice Petole, d’un nom usité à Java. Le fruit, allongé en quelque sorte comme un légume charnu de Légumineuse, est recherché dans l’Asie tropicale pour être mangé cuit, comme des concombres.

Les botanistes du XVIIe siècle l’ayant reçu de Chine, se sont figurés que la plante y est indigène, mais elle y était probablement cultivée. Le Dr  Bretschneider[532] nous apprend que le nom chinois, Mankua, signifie Concombre des barbares au sud. La patrie doit être l’Inde ou l’archipel indien. Aucun auteur cependant n’affirme l’avoir trouvée dans un état clairement spontané. Ainsi M. Clarke se borne à dire dans la flore de l’Inde anglaise (2, p. 610) : « Inde, cultivé. » M. Naudin[533], avant lui, disait : « Habite l’Inde orientale, où on la cultive beaucoup pour ses fruits. Elle se présente rarement à l’état sauvage. » Rumphius[534] n’est pas plus affirmatif pour Amboine. Loureiro et Kurz en ce qui concerne la Cochinchine et le pays des Birmans, Blume et Miquel pour les îles au midi de l’Asie, n’ont vu que la plante cultivée. Les 39 autres espèces du genre sont toutes de l’ancien monde, entre la Chine ou le Japon, l’Inde occidentale et l’Australie. Elles sont surtout dans l’Inde et l’archipel. Je regarde l’origine indienne comme la plus probable.

L’espèce a été portée à l’île Maurice, où elle se sème autour des cultures. Ailleurs elle s’est peu répandue. On ne lui connaît aucun nom sanscrit.

Chayote. — Sechium edule, Swartz.

On cultive cette Cucurbitacée, dans l’Amérique intertropicale, pour ses fruits, qui ont une forme de Poire et le goût d’un Concombre. Ils ne contiennent qu’une graine, de sorte que la chair est abondante.

L’espèce constitue à elle seule le genre Sechium. On en trouve des échantillons dans tous les herbiers, mais ordinairement les collecteurs n’ont pas indiqué s’ils étaient cultivés, naturalisés ou vraiment spontanés, avec l’apparence d’être originaires du pays. Sans parler d’ouvrages dans lesquels on prétend que cette plante vient des Indes orientales, ce qui est tout à fait faux, plusieurs des plus estimés mentionnent pour origine la Jamaïque[535]. Cependant P. Browne[536], dans le milieu du siècle dernier, disait positivement qu’elle y est à l’état de culture, et avant lui Sloane n’en a pas parlé. Jacquin[537] dit qu’elle « habite et qu’on la cultive à Cuba », et Richard a copié cette phrase dans la flore de R. de La Sagra, sans ajouter quelque preuve. M. Naudin[538] a dit : « Plante du Mexique », mais il ne donne pas les motifs de son assertion. M. Cogniaux[539], dans sa récente monographie, cite un grand nombre d’échantillons recueillis du Brésil aux Antilles, sans dire qu’il en ait vu aucun qualifié de spontané. Seemann[540] a vu la plante cultivée à Panama, et il ajoute une remarque importante, si elle est exacte : c’est que le nom de Chayote, usité dans l’isthme, est une corruption d’un nom atztec, Chayotl. Voilà un indice d’ancienne existence au Mexique, mais je ne trouve pas ce nom dans Hernandez, l’auteur classique sur les plantes mexicaines antérieures à la conquête. La Chayote n’était pas encore cultivée à Cayenne il y a dix ans[541]. Au Brésil, rien ne fait présumer une ancienne culture. L’espèce n’est pas mentionnée dans les anciens auteurs, tels que Piso et Marcgraf, et le nom Chuchu, donné comme brésilien[542], me paraît venir de Chocho, usité à la Jamaïque, lequel est peut-être une corruption du mot mexicain.

Les probabilités sont, en résumé : 1o  une origine du Mexique méridional et de l’Amérique centrale ; 2o  un transport aux Antilles et au Brésil à peu près dans le XVIIIe siècle.

On a introduit plus tard l’espèce dans les jardins de l’île Maurice et récemment en Algérie, où elle réussit à merveille[543].

Opuntia Figue d’Inde. — Opuntia Ficus indica, Miller.

La plante grasse, de la famille des Cactacées, sur laquelle vient le fruit appelé dans le midi de l’Europe Figue d’Inde, n’a aucun rapport avec les Figuiers, ni le fruit avec la figue. Il n’est pas originaire de l’Inde, mais d’Amérique. Tout est faux et ridicule dans ce nom vulgaire. Cependant Linné en ayant fait un nom botanique, Cactus Ficus indica, rapporté ensuite au genre Opuntia, il a fallu conserver le nom spécifique, pour éviter les changements, sources de confusion, et rappeler la dénomination populaire. Les formes épineuses et plus ou moins dépourvues d’épines ont été désignées par quelques auteurs comme des espèces distinctes, mais un examen attentif porte à les réunir[544].

L’espèce existait, à l’état spontané et cultivé, au Mexique, avant l’arrivée des Espagnols. Hernandez[545] en décrit neuf variétés, ce qui montre l’ancienneté de la culture. L’une d’elles, à peu près sans épines, paraît avoir nourri plus spécialement que les autres l’insecte appelé cochenille, qu’on a transporté avec la plante aux îles Canaries et ailleurs. On ne peut pas savoir jusqu’où s’étendait l’habitation en Amérique avant que l’homme eût transporté les fragments de la plante, en forme de raquette, et les fruits, qui sont deux moyens faciles de propagation. Peut-être les individus sauvages dans la Jamaïque et autres îles Antilles dont parlait Sloane[546], en 1725, étaient-ils le résultat d’une introduction par les Espagnols. Assurément l’espèce s’est naturalisée dans cette direction aussi loin que le climat le lui permet, par exemple jusqu’à la Floride méridionale[547].

C’est une des premières plantes que les Espagnols aient transportées dans le vieux monde, soit en Europe, soit en Asie. Son apparence singulière frappait d’autant plus l’attention qu’aucune espèce de la famille n’avait encore été vue[548]. Tous les botanistes du XVIe siècle en ont parlé, et en même temps la plante s’est naturalisée dans le midi de l’Europe et en Afrique à mesure qu’on se mettait à la cultiver. C’est en Espagne que l’Opuntia a d’abord été connu sous le nom américain de Tuna, et probablement se sont les Maures qui l’ont porté en Barbarie, quand on les a chassés de la Péninsule. Ils le nommaient Figue de chrétien[549]. L’usage d’entourer les propriétés de Figuiers d’Inde, comme clôture, et la valeur nutritive des fruits, assez fortement sucrés, ont déterminé l’extension autour de la mer Méditerranée et en général dans les pays voisins des tropiques.

L’élève de la cochenille, qui nuisait à la production des fruits[550], est en pleine décadence depuis la fabrication des matières colorantes par des procédés chimiques.

Groseillier à maquereaux. — Ribes Grossularia et R. Uva-crispa, Linné.

Les formes cultivées présentent ordinairement un fruit lisse ou qui porte quelques gros poils raides, tandis que le fruit de la forme sauvage (R. Uva-crispa) a des poils mous et moins longs ; mais on a constaté souvent des intermédiaires, et il a été prouvé, par expérience, qu’en semant des graines du fruit cultivé on obtient des pieds ayant des poils ou sans poils[551]. Il n’y a, par conséquent, qu’une seule espèce, qui a donné par la culture une variété principale et plusieurs sous-variétés quant à la grosseur, la couleur ou la saveur du fruit.

Ce Groseillier croît spontanément dans toute l’Europe tempérée, depuis la Suède méridionale jusque dans les parties montueuses de l’Espagne centrale, de l’Italie et de la Grèce[552]. On le mentionne aussi dans l’Afrique septentrionale, mais le dernier catalogue publié des plantes d’Algérie[553] l’indique seulement dans les montagnes d’Aurès, et M. Ball en a trouvé une variété assez distincte dans l’Atlas du Maroc[554]. Il existe dans le Caucase[555] et, sous des formes plus ou moins différentes, dans l’Himalaya occidental[556].

Les Grecs et les Romains n’ont pas parlé de cette espèce, qui est rare dans le midi et qu’il ne vaut guère la peine de planter là où les raisins mûrissent. C’est surtout en Allemagne, en Hollande et en Angleterre qu’on l’a cultivée, depuis le XVIe siècle[557], principalement pour assaisonnement, d’où viennent les noms de Gooseberry en anglais et de Groseille à maquereaux en français. On en fait aussi une sorte de vin.

La fréquence de la culture dans les îles Britanniques et les lieux où on le trouve, qui sont souvent près des jardins, ont fait naître chez plusieurs botanistes anglais l’idée d’une naturalisation accidentelle. C’est assez probable pour l’Irlande[558] ; mais, comme il s’agit d’une espèce essentiellement européenne, je ne vois pas pourquoi en Angleterre, où la plante sauvage est plus commune, elle n’aurait pas existé depuis l’établissement de la plupart des espèces de la flore britannique, c’est-à-dire depuis la fin de l’époque glaciaire, avant la séparation de l’île d’avec le continent. Phillips cite un vieux nom anglais tout particulier, Feaberry ou Feabes, qui vient à l’appui d’une ancienne existence, de même que deux noms gallois[559], dont je ne puis cependant pas attester l’originalité.

Groseillier rouge. — Ribes rubrum, Linné.

Le Groseillier ordinaire, rouge, est spontané dans l’Europe septentrionale et tempérée, de même que dans toute la Sibérie[560] jusqu’au Kamtschatka, et en Amérique du Canada et du Vermont à l’embouchure de la rivière Mackensie[561].

Comme le précédent, il était inconnu aux Grecs et aux Romains, et la culture s’en est introduite dans le moyen âge seulement. La plante cultivée diffère à peine de la plante sauvage. L’origine étrangère pour le midi de l’Europe est attestée par le nom Groseille d’outremer, donné en France[562] au XVIe siècle. A Genève, la Groseille se nomme encore vulgairement Raisin de mare, et, dans le canton de Soleure, Meertrübli. Je ne sais pourquoi on s’est imaginé, il y a trois siècles, que l’espèce venait d’outremer. Peut-être doit-on l’entendre dans ce sens, qu’elle aurait été importée par les Danois et les Normands, ou que ces peuples du nord, venus par mer, en auraient introduit la culture. J’en doute, cependant, car le Ribes rubrum est spontané dans presque toute la Grande-Bretagne[563] et en Normandie[564] ; les Anglais, qui ont eu des rapports fréquents avec les Danois, ne le cultivaient pas encore en 1557, d’après une liste des fruits de cette époque rédigée par Th. Tusser et publiée par Phillips[565], et même du temps de Gerarde, en 1597[566], la culture en était rare et la plante n’avait pas de nom particulier[567] ; enfin, il y a des noms français et bretons qui font supposer une culture antérieure aux Normands dans l’ouest de la France.

Les vieux noms de cette contrée nous sont indiqués dans le Dictionnaire de Ménage. Selon lui, on appelait les groseilles rouges, à Rouen Gardes, à Caen Grades, dans la basse Normandie Gradilles, et dans son pays, en Anjou, Castilles, Ménage fait venir tous ces noms de rubius, rubicus, etc., par une suite de transformations imaginaires, du mot ruber, rouge. Legonidec[568] nous apprend que les Groseilles rouges se nomment aussi Kastilez (avec l mouillée) en Bretagne, et il fait venir ce nom de Castille, comme si un fruit fort peu connu en Espagne et abondant dans le nord pouvait venir de la péninsule. Ces mots, répandus à la fois en Bretagne et hors de Bretagne, me semblent d’une origine celte, et à l’appui je dirai que, dans le Dictionnaire de Legonidec lui-même, gardiz signifie en breton rude, âpre, piquant, aigre, etc., ce qui fait deviner l’étymologie. Le nom générique Ribes a donné lieu à d’autres erreurs. On avait cru reconnaître une plante appelée ainsi par les Arabes ; mais ce mot vient plutôt d’un nom très répandu dans le nord pour le Groseillier, Ribs en danois[569], Risp et Resp en suédois[570].. Les noms slaves sont tout différents et assez nombreux.

Groseillier noir. — Cassis. — Ribes nigrum, Linné.

Le Cassis existe à l’état spontané dans l’Europe septentrionale, depuis l’Écosse et la Laponie jusque dans le nord de la France et de l’Italie ; en Bosnie[571]. en Arménie[572], dans toute la Sibérie, et la région du fleuve Amour, et dans l’Himalaya occidental[573]. Il se naturalise souvent, par exemple, dans le centre de la France[574].

Les Grecs et les Romains ne connaissaient pas cet arbuste, qui est propre à des pays plus froids que les leurs. D’après la diversité de ses noms dans toutes les langues, même antérieures aux Aryens, du nord de l’Europe, il est clair qu’on en recherchait les fruits à une époque ancienne, et qu’on a probablement commencé à le cultiver avant le moyen âge. J. Bauhin[575] dit qu’on le plantait dans les jardins en France et en Italie, mais la plupart des auteurs du XVIe siècle n’en parlent pas.— On trouve dans l’Histoire de la vie privée des Français, par Le Grand d’Aussy, publiée en 1782, vol. 1, p. 232, cette phrase assez curieuse : « Le Cassis n’est guère cultivé que depuis une quarantaine d’années, et il doit cette sorte de fortune à une brochure intitulée Culture du cassis, dans laquelle l’auteur attribuait à cet arbuste toutes les vertus imaginables. » Plus loin (vol. 3, p. 80), l’auteur revient sur l’usage fréquent du ratafia de cassis depuis la brochure en question. Bosc, toujours exact dans ses articles du Dictionnaire d’agriculture, parle bien de cet engouement, au nom Groseillier, mais il a soin de dire : « On le cultive de très ancienne date, pour son fruit, qui a une odeur particulière, agréable aux uns, désagréable aux autres et passe pour stomachique et diurétique. » Il est employé dans la fabrication des liqueurs appelées ratafia et cassis[576].

Olivier. — Olea europæa, Linné.

L’Olivier sauvage, désigné dans les livres de botanique comme variété sylvestris ou Oleaster, se distingue de l’arbre cultivé par un fruit plus petit, dont la chair est moins épaisse. On obtient de meilleurs fruits par le choix des graines, les boutures ou les greffes de bonnes variétés.

L’Oleaster existe aujourd’hui dans une vaste région à l’est et à l’ouest de la Syrie, depuis le Punjab et le Belouchistan[577], jusqu’en Portugal et même à Madère, aux lies Canaries et au Maroc[578] ; et, dans la direction du midi au nord, depuis l’Atlas jusqu’au midi de la France, l’ancienne Macédoine, la Crimée et le Caucase[579]. Si l’on compare ce que disent les voyageurs et les auteurs de flores, il est aisé de voir que sur les frontières de cette habitation on a souvent des doutes à l’égard de la qualité spontanée et indigène, c’est-à-dire très ancienne, de l’espèce. Tantôt, elle se présente à l’état de buissons, qui fructifient peu ou point, et tantôt, par exemple en Crimée, les pieds sont rares, comme s’ils avaient échappé, par exception, aux effets destructeurs d’hivers trop rigoureux qui ne permettent pas un établissement définitif. En ce qui concerne l’Algérie et le midi de la France, les doutes se sont manifestés dans une discussion, entre des hommes très compétents, au sein de la Société botanique[580]. Ils reposent sur le fait incontestable que les oiseaux transportent fréquemment les noyaux d’olives dans les endroits non cultivés et stériles, où la forme sauvage de l’Oleaster se produit et se naturalise.

La question n’est pas bien posée lorsqu’on se demande si les Oliviers de telle ou telle localité sont vraiment spontanés. Dans une espèce ligneuse qui vit aussi longtemps et qui repousse du pied quand un accident l’a atteinte, il est impossible de savoir l’origine des individus qu’on observe. Ils peuvent avoir été semés par l’homme ou les oiseaux à une époque très ancienne, car on connaît des Oliviers de plus de mille ans. L’effet de ces semis est une naturalisation, qui revient à dire une extension de l’habitation. Le point à examiner est donc de savoir quelle a été la patrie de l’espèce dans les temps préhistoriques très anciens, et comment cette patrie est devenue de plus en plus grande à la suite des transports de toute nature. Ce n’est pas la vue des Oliviers actuels qui peut résoudre cette question. Il faut chercher dans quels pays a commencé la culture et comment elle s’est propagée. Plus elle a été ancienne dans une région, plus il est probable que l’espèce s’y trouvait à l’état sauvage depuis les événements géologiques antérieurs aux faits de l’homme préhistorique.

Les plus anciens livres hébreux parlent de l’Olivier, Sait ou Zeit, sauvage et cultivé[581]. C’était un des arbres promis de la terre de Canaan. La plus ancienne mention est dans la Genèse, où il est dit que la colombe lâchée par Noé rapporta une feuille d’Olivier. Si l’on veut tenir compte de cette tradition accompagnée de détails miraculeux, il faut ajouter que, d’après les découvertes de l’érudition moderne, le mont Ararat de la Bible devait être à l’orient du mont Ararat actuel d’Arménie, qui s’appelait anciennement Masis. En étudiant le texte de la Genèse, François Lenormand[582] reporte la montagne en question jusqu’à l’Hindoukousch, et même aux sources de l’Indus. Mais alors il la suppose près du pays des Aryas, et cependant l’Olivier n’a pas de nom sanscrit, pas même du sanscrit dont les langues indiennes sont dérivées[583]. Si l’Olivier avait existé dans le Punjab, comme maintenant, les Aryo-Indiens, dans leurs migration, vers le midi, l’auraient probablement nommé, et s’il avait existé dans le Mazandéran, au midi de la mer Caspienne, comme aujourd’hui, les Aryens occidentaux l’auraient peut-être connu. À ces indices négatifs, on peut objecter seulement que l’Olivier sauvage n’attire pas beaucoup l’attention et que l’idée d’en extraire de l’huile est peut-être venue tardivement dans cette partie de l’Asie.

D’après Hérodote[584], la Babylonie ne produisait pas d’Oliviers et ses habitants se servaient d’huile de Sésame. Il est certain qu’un pareil pays, souvent inondé, n’était pas du tout favorable à l’Olivier. Le froid l’exclut des plateaux supérieurs et des montagnes du nord de la Perse.

J’ignore s’il existe un nom zend, mais le nom sémitique Sait doit remonter à une grande ancienneté, car il se retrouve à la fois en persan moderne, Seitun[585], et en arabe, Zeitun, Sjetun[586] ; il est même dans le turc et chez les Tartares de Crimée, Seitun[587], ce qui pourrait faire présumer une origine touranienne ou de l’époque très reculée du mélange des peuples sémitiques et touraniens.

Les anciens Égyptiens cultivaient l’Olivier, qu’ils appelaient Tat[588]. Plusieurs botanistes ont constaté la présence de rameaux ou de feuilles d’Olivier dans les cercueils de momies[589]. Rien n’est plus certain, quoique M. Hehn ait dit récemment le contraire, sans alléguer aucune preuve à l’appui de son opinion[590]. Il serait intéressant de savoir sous quelle dynastie avaient été déposés les cercueils les plus anciens dans lesquels on a trouvé des rameaux d’Olivier. Le nom égyptien, tout différent du nom sémite, indique une existence plus ancienne que les premières dynasties. Je citerai tout à l’heure un fait à l’appui de cette grande antiquité.

Selon Théophraste[591], il y avait beaucoup d’Oliviers et l’on récoltait beaucoup d’huile dans la Cyrénaïque, mais il ne dit pas que l’espèce y fût sauvage, et la circonstance qu’on récoltait beaucoup d’huile fait présumer une variété cultivée. La contrée basse et très chaude entre l’Égypte à l’Atlas n’est guère favorable à une naturalisation de l’Olivier hors des plantations. M. Krahk, botaniste très exact, dans son voyage à Tunis et en Égypte, ne l’a vu nulle part à l’état sauvage[592], bien qu’on le cultive dans les oasis. En Égypte, il est seulement cultivé, d’après MM. Schweinfurth et Ascherson, dans leur résumé de la flore de la région du Nil[593].

La patrie préhistorique s’étendait probablement de la Syrie vers la Grèce, car l’Olivier sauvage est très commun sur la côte méridionale de l’Asie Mineure. Il y forme de véritables forêts[594]. C’est sans doute là et dans l’Archipel que les Grecs ont pris de bonne heure connaissance de cet arbre. S’ils ne l’avaient pas vu chez eux, s’il l’avaient reçu des peuples sémites, ils ne lui auraient pas donné un nom spécial, Elaia, dont les Latins ont fait Olea, L’Iliade et l’Odyssée mentionnent la dureté du bois d’Olivier et l’usage de s’oindre le corps avec son huile. Celle-ci était d’un emploi habituel pour la nourriture et l’éclairage. La mythologie attribuait à Minerve la plantation de l’Olivier dans l’Attique, ce qui signifie probablement l’introduction de variétés cultivées et de procédés convenables pour l’extraction de l’huile. Aristée avait introduit ou perfectionné la manière de presser le fruit.

Ce même personnage mythologique, du nord de la Grèce, avait porté, disait-on, l’Olivier en Sicile et en Sardaigne. Les Phéniciens, à ce qu’il semble, ont pu s’en acquitter comme lui et de très bonne heure, mais, à l’appui de l’introduction de l’espèce ou d’une variété perfectionnée par les Grecs, je dirai que dans les îles de la Méditerranée le nom sémite Zeit n’a laissé aucune trace. C’est le nom gréco-latin qui existe comme en Italie[595], tandis que sur la côte voisine d’Afrique et en Espagne ce sont des noms égyptien ou arabe, comme je l’expliquerai dans un instant.

Les Romains ont connu l’Olivier plus tard que les Grecs. D’après Pline[596], ce serait seulement à l’époque de Tarquin l’Ancien, en 627 avant J.-C., mais probablement l’espèce existait déjà dans la Grande Grèce, comme en Grèce et en Sicile. D’ailleurs Pline voulait parler peut-être de l’Olivier cultivé.

Un fait assez singulier, qui n’a pas été remarqué et discuté par les philologues, est que le nom berbère de l’Olivier et de l’olive a pour racine Taz ou Tas, analogue au Tat des anciens Égyptiens. Les Kabaïles de la division d’Alger, d’après le Dictionnaire français-berbère, publié par le gouvernement français, appellent l’Olivier sauvage Tazebboujt, Tesettha Ou’ Zebbouj et l’Olivier greffé Tazemmourt, Tasettha Ou’ zemmour. Les Touaregs, autre peuple berbère, disent Tamahinet[597]. Ce sont bien des indices d’ancienneté de l’Olivier en Afrique. Les Arabes ayant conquis cette contrée et refoulé les Berbères dans les montagnes et le désert, ayant également soumis l’Espagne à l’exception du pays basque, les noms dérivés du sémitique Zeit ont prévalu même dans l’espagnol. Les Arabes d’Alger disent Zenboudje pour l’Olivier sauvage, Zitoun pour l’olivier cultivé[598], Zit pour l’huile d’olive. Les Andalous appellent l’olivier sauvage Azebuche et le cultivé Aceytuno[599]. Dans d’autres provinces, on emploie concuremment le nom d’origine latine, Olivio, avec les noms arabes[600]. L’huile se dit en espagnol aceyte, qui est presque le nom hébreu ; mais les huiles saintes s’appellent oleos santos, parce qu’elles se rattachent à Rome. Les Basques se servent du nom latin de l’Olivier.

D’anciens voyageurs aux îles Canaries, par exemple Bontier, en 1403, mentionnent l’Olivier dans cet archipel, où les botanistes modernes le regardent comme indigène[601]. Il peut avoir été introduit par les Phéniciens, s’il n’existait pas antérieurement. On ignore si les Guanches avaient des mots pour olivier et huile. Webb et Berthelot n’en indiquent pas dans leur savant chapitre sur la langue des aborigènes[602]. On peut donc se livrer à différentes conjectures. Il me semble que l’huile aurait joué un rôle important chez les Guanches s’ils avaient possédé l’Olivier, et qu’il en serait resté quelque trace dans la langue actuelle populaire. À ce point de vue, la naturalisation aux Canaries n’est peut-être pas aussi ancienne que les voyages des Phéniciens.

Aucune feuille d’Olivier n’a été trouvée jusqu’à présent dans les tufs de la France méridionale, de la Toscane et de la Sicile, où l’on a constaté le laurier, le myrte et autres arbustes actuellement vivants. C’est un indice, jusqu’à preuve contraire, de naturalisation subséquente.

L’Olivier s’accommode bien des climats secs, analogues à celui de la Syrie ou de l’Algérie. Il peut réussir au Cap, dans plusieurs régions de l’Amérique, en Australie, et sans doute il y deviendra spontané quand on le plantera plus souvent. La lenteur de sa croissance, la nécessité de le greffer ou de choisir des rejetons d’une bonne variété, surtout la concurrence d’autres espèces oléifères ont retardé jusqu’à présent son expansion, mais un arbre qui donné des produits sur les sols les plus ingrats ne peut pas être négligé indéfiniment. Même dans notre vieux monde, où il existe depuis tant de milliers d’années, on doublera sa production quand on voudra prendre la peine de greffer les pieds sauvages, à l’imitation des Français en Algérie.

Caïnitier. — Chrysophyllum Caïnito, Linné.

Le Caïnitier ou Caïmitier, Star apple des Anglais, appartient à la famille des Sapotacées. Il donne un fruit assez estimé dans l’Amérique tropicale, quoique les Européens ne l’aiment pas beaucoup. Je ne vois pas qu’on se soit occupé de l’introduire dans les colonies d’Afrique ou d’Asie. De Tussac en a donné une bonne figure dans sa flore des Antilles, vol. 2, pl. 9.

Seemann[603] a vu le Chysophyllum Caïnito sauvage dans plusieurs endroits de l’isthme de Panama. De Tussac, colon de Saint-Domingue, le regardait comme spontané dans les forêts des Antilles, et Grisebach[604] le dit spontané et cultivé à la Jamaïque, Saint-Domingue, Antigoa et la Trinité. Avant lui, Sloane le considérait comme échappé des cultures à la Jamaïque, et Jacquin s’est servi d’une expression vague en disant : « Habite à la Martinique et à Saint-Domingue[605]. »

Caïmito. — Lucuma Caïmito, Alph. de Candolle.

Il ne faut pas confondre ce Caïmito, du Pérou, avec le Chrysophyllum Caïnito des Antilles. Tous deux appartiennent à la famille des Sapotacées, mais leurs fleurs et leurs graines diffèrent. Celui-ci est figuré dans Ruiz et Pavon, Flora peruviana, vol. 3, pl. 240.

Cultivé au Pérou on l’a transporté à Ega, sur le fleuve des Amazones, et à Para, où communément on le nomme Abi ou Abiu[606].

D’après Ruiz et Pavon, il est sauvage dans les parties chaudes du Pérou, au pied des Andes.

Mammei ou Mammei-Sapote. — Lucuma mammosa, Gsertner.

Cet arbre fruitier, de l’Amérique tropicale et de la famille des Sapotacées, a donné lieu dans les ouvrages de botanique à plusieurs méprises[607]. Il n’a pas encore été figuré d’une manière complète et satisfaisante, parce que les colons et les voyageurs le croient trop connu pour en envoyer des échantillons bien choisis, qu’on puisse décrire dans les herbiers. C’est du reste une négligence assez fréquente lorsqu’il s’agit de plantes cultivées.

Le Mammei est cultivé aux Antilles et dans certaines régions chaudes du continent américain. M. Sagot nous dit qu’il ne l’est pas à Cayenne, mais bien dans le Venezuela[608]. Je ne vois pas qu’on l’ait transporté en Afrique ou en Asie, si ce n’est aux îles Philippines[609]. C’est à cause, probablement, de la saveur trop fade de son fruit.

Humboldt et Bonpland l’ont trouvé sauvage dans les forêts des missions de l’Orénoque[610]. Tous les auteurs l’indiquent dans les Antilles, mais comme cultivé, ou sans affirmer qu’il soit spontané. Au Brésil il est uniquement dans les jardins.

SapotillierSapota Achras, Miller.

Le fruit du Sapotiller est le plus estimé de la famille des Sapotacées et l’un des meilleurs des régions intertropicales. Une Sapotille plus que mûre, dit Descourtilz dans sa flore des Antilles, est fondante et offre les doux parfums du miel, du jasmin et du muguet. L’espèce est très bien figurée dans le Botanical Magazine, pl. 3111 et 3112, ainsi que dans Tussac, Flore des Antilles, 1, pi. 5. On l’a introduite dans les jardins de l’île Maurice, de l’archipel asiatique et de l’Inde, depuis l’époque de Rumphius et Rheede, mais personne ne doute de son origine américaine.

Plusieurs botanistes l’ont vue à l’état spontané dans les forêts de l’isthme de Panama, de Campêche[611], du Venezuela[612] et peut-être de la Trinité[613]. A la Jamaïque, du temps de Sloane, elle existait seulement dans les jardins[614]. Il est bien douteux qu’elle soit sauvage dans les autres Antilles, quoique peut-être des graines jetées çà et là l’aient naturalisée jusqu’à un certain degré. Dans les plantations, les jeunes pieds ne sont pas faciles à élever, d’après Tussac.

Aubergine. — Solanum Melongena, Linné. — Solarium esculentum, Dunal.

L’Aubergine a un nom sanscrit, Vartta, et plusieurs noms que Piddington, dans son Index, regarde comme à la fois sanscrits et bengalis, tels que Bong, Bartakou, Mahoti, Hingoli. Wallich, dans son édition de la flore indienne de Roxburgh, indique Vartta, Varttakou, Varttaka, Bunguna, d’où l’industani Bungan.

On ne peut douter, d’après cela, que l’espèce ne fût connue dans l’Inde depuis un temps très reculé. Rumphius l’avait vue dans les jardins des îles de la Sonde et Loureiro dans ceux de la Cochinchine. Thunberg ne la mentionne pas au Japon, quoique maintenant on en cultive plusieurs variétés dans ce pays. Les Grecs et les Romains n’en avaient pas connaissance, et aucun botaniste n’en a parlé en Europe avant le commencement du XVIIe siècle[615], mais la culture a dû se propager vers l’Afrique avant le moyen âge. Le médecin arabe Ebn Baithar[616], qui écrivait au XIIIe siècle, en a parlé, et il cite Rhasès, qui vivait dans le IXe siècle. Rauwolf[617] avait vu la plante dans les jardins d’Alep, à la fin du XVIe siècle. On l’appelait Melanzana et Bedengiam. Ce nom arabe, que Forskal écrit Badindjan, est commun avec l’hindustani Badanjan, donné par Piddington. Un indice d’ancienneté dans l’Afrique septentrionale est l’existence chez les Berbères ou Kabyles de la province d’Alger[618] d’un nom, Tabendjalts, qui s’éloigne assez du nom arabe. Les voyageurs modernes ont trouvé l’Aubergine cultivée dans toute la région du Nil et sur la côte de Guinée[619]. On l’a transportée en Amérique.

La forme cultivée du Solanum Melongena n’a pas été trouvée jusqu’à présent à l’état sauvage, mais les botanistes sont assez d’accord pour considérer les Solanum insanum, Roxburgh, et S. incanum, Linné, comme appartenant à la même espèce. On ajoute même d’autres synonymes, conformément à une étude faite par Nees d’Esenbeck sur de nombreux échantillons[620]. Or le S. insanum parait avoir été trouvé sauvage dans la province de Madras et à Tong-Dong, chez les Birmans. La publication prochaine des Solanées dans la flore de l’Inde anglaise de sir J. Hooker donnera probablement sur ce point des détails plus précis.

Piments. — Poivre de Cayenne. — Capsicum.

Le genre Capsicum, dans les meilleurs ouvrages de botanique, est encombré d’une multitude de formes cultivées, qu’on n’a pas vues à l’état sauvage et qui diffèrent surtout par la durée de la tige — chose assez variable — ou par la forme du fruit, caractère de peu de valeur dans des plantes cultivées précisément pour les fruits. Je parlerai des deux espèces le plus souvent cultivées, mais je ne puis m’empêcher d’émettre l’opinion qu’aucun Capsicum n’est originaire de l’ancien monde. Je les crois tous d’origine américaine, sans pouvoir le démontrer d’une manière complète. Voici mes motifs.

Des fruits aussi apparents, aussi faciles à obtenir dans les jardins, et d’une saveur si agréable aux habitants des pays chauds se seraient répandus très vite dans l’ancien monde s’ils avaient existé au midi de l’Asie, comme on le suppose quelquefois. Ils auraient des noms dans plusieurs des langues anciennes. Cependant les Romains, les Grecs et même les Hébreux n’en avaient pas connaissance. Ils ne sont pas mentionnés dans les anciens livres chinois[621]. Les insulaires de la mer Pacifique ne les cultivaient pas lors du voyage de Cook[622], malgré leur proximité des îles de la Sonde, où Rumphius mentionnait leur emploi très habituel. Le médecin arabe Ebn Baithar, qui a recueilli au XIIIe siècle tout ce que les Orientaux avaient dit sur les plantes officinales, n’en parle pas.

Roxburgh ne connaissait aucun nom sanscrit pour les Capsicum. Plus tard, Piddington a cité pour le C. frutescens un nom, Bran-maricha, qu’il dit sanscrit[623] ; mais ce nom, qui roule sur comparaison avec le poivre noir (Muricha, Murichung), est-il vraiment ancien ? Comment n’aurait-il laissé aucune trace dans les noms des langues indiennes dérivées du sanscrit[624] ?

La qualité spontanée, ancienne, des Capsicum est toujours incertaine, à cause de la fréquence des cultures ; mais elle me parait plus souvent douteuse en Asie que dans l’Amérique méridionale. Les échantillons indiens décrits par les auteurs les plus dignes d’attention viennent presque tous des herbiers de la compagnie des Indes, dans lesquels on ne sait jamais si une plante paraissait vraiment sauvage, si elle était loin des habitations, dans les forêts, etc. Pour les localités de l’archipel asiatique, les auteurs indiquent souvent les décombres, les haies, etc.

Examinons de plus près chacune des espèces ordinairement cultivées.

Piment annuel. — Capsicum annuum, Linné.

Cette espèce a reçu dans nos langues européennes une infinité de noms différents[625], qui indiquent tous une origine étrangère et la ressemblance de saveur avec le poivre. En français, on dit souvent Poivre de Guinée, mais aussi Poivre du Brésil, d’Inde, etc., dénominations auxquelles il est impossible d’attribuer de l’importance. La culture s’en est répandue en Europe dès le XVIe siècle. C’est un des Piments que Piso et Marcgraf[626] avaient vus cultivés au Brésil sous le nom de Quija ou Quiya. Ils ne disent rien sur sa provenance. L’espèce paraît avoir été cultivée d’ancienne date aux Antilles, où elle est désignée par plusieurs noms caraïbes[627].

Les botanistes qui ont le plus étudié les Capsicums[628] ne paraissent pas avoir rencontré dans les herbiers un seul échantillon qu’on puisse croire spontané. Je n’ai pas été plus heureux.

Selon les probabilités, la patrie originaire est le Brésil.

Le C. grossum Willdenow paraît une forme de la même espèce. On le cultive dans l’Inde, sous le nom de Kafree-murick et Kaffree-chilly, mais Roxburgh ne le regardait pas comme d’origine indienne[629].

Piment arbrisseau. — Capsicum frutescens, Willdenow.

Cette espèce, plus élevée et plus ligneuse à la base que le C. annuum, est généralement cultivée dans les régions chaudes du nouveau et de l’ancien monde. On en tire la plus grande partie du Poivre de Cayenne à l’usage des Anglais, mais ce nom s’étend quelquefois aux produits d’autres Piments.

L’auteur le plus attentif à l’origine des plantes indiennes, Roxburgh, ne le donne point pour spontané dans l’Inde. Selon Blume, il s’est naturalisé dans l’archipel indien, dans les haies[630]. Au contraire, en Amérique, où la culture est ancienne, on l’a trouvé plusieurs fois dans des forêts, avec l’apparence indigène. De Martius l’a apporté des bords de l’Amazone, Pœppig de la province de Maynas du Pérou oriental, et Blanchet de la province de Bahia[631]. Ainsi la patrie s’étend de Bahia au Pérou oriental, ce qui explique la diffusion dans l’Amérique méridionale en général.

Tomate. — Lycopersicum esculentum, Miller.

La Tomate ou Pomme d’amour appartient à un genre de Solanées dont toutes les espèces sont américaines[632]. Elle n’a point de nom dans les anciennes langues d’Asie, ni même dans les langues modernes indiennes[633]. Elle n’était pas encore cultivée au Japon du temps de Thunberg, c’est-à-dire il y a un siècle, et le silence des anciens auteurs sur la Chine montre que l’introduction y est moderne. Rumphius[634] l’avait vue dans les jardins de l’archipel asiatique. Les Malais l’appelaient Tomatte ; mais c’est un nom américain, car C. Bauhin désigne l’espèce comme Tumatle Americanorum. Rien ne fait présumer qu’elle fût connue en Europe avant la découverte de l’Amérique.

Les premiers noms donnés par les botanistes, au XVIe siècle, font supposer qu’on avait reçu la plante du Pérou[635]. Elle a été cultivée sur le continent américain avant de l’être aux Antilles, car Sloane ne la mentionne pas à la Jamaïque, et Hughes[636] dit qu’elle a été apportée du Portugal à la Barbade, il n’y a guère plus d’un siècle. Humboldt regardait la culture des Tomates comme ancienne au Mexique[637]. Je remarque cependant que le premier ouvrage sur les plantes de ce pays (Hernandez, Historia) n’en fait pas mention. Les premiers auteurs sur le Brésil, Piso et Marcgraf, n’en parlent pas non plus, quoique l’espèce soit aujourd’hui cultivée dans toute l’Amérique intertropicale. Nous revenons ainsi, par exclusion, à l’idée d’une origine péruvienne, au moins pour la culture.

De Martius[638] a trouvé la plante spontanée dans les environs de Rio-de-Janeiro et de Para, mais échappée peut-être des jardins. Je ne connais aucun botaniste qui l’ait trouvée vraiment sauvage, dans l’état que nous connaissons, avec ses fruits plus ou moins gros, bosselés et à côtes renflées ; mais il n’en est pas de même de la forme à petits fruits sphériques, appelée L. cerasiforme dans certains ouvrages de botanique et considérée, ce me semble[639], avec raison, dans d’autres ouvrages, comme appartenant à la même espèce. Celle-ci est sauvage sur le littoral du Pérou[640] à Tarapoto, dans le Pérou oriental[641] et sur les confins du Mexique et des États-Unis vers la Californie[642]. Elle se naturalise quelquefois dans les déblais, près des jardins[643]. C’est ainsi probablement que l’habitation s’est étendue, du Pérou, au nord et au midi.

Avocatier. — Persea gratissima, Gærtner.

L’Avocat, Alligator pear des Anglais, est un des fruits les plus estimés dans les pays tropicaux. Il appartient à la famille des Lauracées. Son apparence est celle d’une poire contenant un gros noyau, comme cela se voit bien dans les figures de Tussac, Flore des Antilles, 3, pl. 3, et du Botanical Magazine, pl. 4580.

Rien de plus ridicule que les noms vulgaires. Celui d’Alligator vient on ne sait d’où. Celui d’Avocat est une corruption d’un nom mexicain, Ahuaca ou Aguacate. Le nom botanique Persea n’a rien de commun avec le Persea des Grecs, qui était un Cordia.

D’après Clusius[644], en 1601, l’Avocatier était un arbre fruitier d’Amérique, introduit en Espagne, dans un jardin ; mais, comme il s’est beaucoup répandu dans les colonies de l’ancien monde et que parfois il devient presque spontané[645], on peut se tromper sur l’origine. Cet arbre n’existait pas encore dans les jardins de l’Inde anglaise au commencement du XIXe siècle. On l’avait apporté dès le milieu du XVIIIe dans l’archipel de la Sonde[646] et en 1750 aux îles Maurice et Bourbon[647].

En Amérique, l’habitation actuelle, à l’état spontané, est singulièrement vaste. On a trouvé l’espèce dans les forêts, au bord des fleuves et sur le littoral de la mer depuis le Mexique et les Antilles jusqu’à la région des Amazones[648]. Elle n’a pas toujours eu cette grande extension. P. Browne dit formellement que l’Avocatier a été introduit du continent à la Jamaïque, et Jacquin pensait de même pour les Antilles en général[649]. Piso et Marcgraf ne l’ont pas mentionnée au Brésil, et de Martius n’indique aucun nom brésilien.

Lors de la découverte de l’Amérique, l’Avocatier était certainement cultivé et indigène au Mexique, d’après Hernandez. Au Pérou, d’après Acosta[650], on le cultivait sous le nom de Palto, qui était celui d’un peuple du Pérou oriental, chez lequel il abondait[651]. Je ne connais pas de preuve qu’il fût spontané sur le littoral péruvien.

Papayer. — Carica Papaya, Linné. — Papaya vulgaris, de Candolle.

Le Papayer est une grande espèce vivace, plutôt qu’un arbre. Il a une sorte de tronc juteux, terminé par une touffe de feuilles dans le genre des choux-cavaliers, et les fruits, qui ressemblent aux melons, sont suspendus au-dessous des feuilles[652] On le cultive maintenant dans tous les pays tropicaux, même jusqu’aux 30°-32° degrés de latitude. Il se naturalise facilement hors des plantations. C’est une des causes pour lesquelles on l’a dit et on persiste à le dire originaire d’Asie ou d’Afrique, tandis que Robert Brown et moi avons démontré, en 1818 et 1855, son origine américaine[653]. Je répéterai les arguments contre l’origine supposée de l’ancien monde.

L’espèce n’a pas de nom sanscrit. Dans les langues modernes de l’Inde, on la nomme d’après le nom américain Papaya, qui dérive du nom caraïbe Ababai[654]. D’après Rumphius[655], les habitants de l’archipel indien la regardaient comme d’origine exotique, introduite par les Portugais, et lui donnaient des noms exprimant l’analogie avec d’autres plantes ou une importation de l’étranger. Sloane[656], au commencement du XVIIIe siècle, cite plusieurs de ses contemporains d’après lesquels on l’avait transportée des Indes occidentales en Asie et en Afrique, Forster ne l’avait pas aperçue dans les plantations des îles de la mer Pacifique lors du voyage de Cook. Loureiro[657], au milieu du XVIIIe siècle, l’avait vue dans les cultures de la Chine, de la Cochinchine et du Zanguebar. Une plante aussi avantageuse et aussi particulière d’aspect se serait répandue depuis des milliers d’années dans l’ancien monde si elle y avait existé. Tout porte à croire qu’elle a été introduite sur les côtes occidentales et orientales d’Afrique et en Asie, depuis la découverte de l’Amérique.

Toutes les espèces de la famille sont américaines. Celle-ci doit avoir être cultivée du Brésil aux Antilles et au Mexique avant l’arrivée des Européens, puisque les premiers auteurs sur les productions du nouveau monde en ont parlé[658].

Marcgraf avait vu souvent des pieds mâles (toujours plus nombreux que les femelles) dans les forêts du Brésil, tandis que les pieds femelles étaient dans les jardins. Clusius, qui a donné le premier une figure de la plante[659], dit qu’elle avait été dessinée en 1607 à la « baie des Todos Santos » (province de Bahia). Je ne connais pas d’auteur moderne qui ait confirmé l’habitation au Brésil. De Martius ne mentionne pas l’espèce dans son dictionnaire sur les noms de fruits en langue des Tupis[660]. On ne la cite pas comme spontanée à la Guyane et dans la Colombie. P. Browne[661] affirme, au contraire, la qualité spontanée à la Jamaïque, et avant lui Ximenes et Hemandez l’avaient affirmée pour Saint-Domingue et le Mexique. Oviedo[662] parait avoir vu le Papayer dans l’Amérique centrale, et il cite pour Nicaragua le nom vulgaire Olocoton, Cependant MM. Correa de Mello et Spruce, dans leur mémoire important sur les Papayacées, après avoir beaucoup herborisé dans la région des Amazones, au Pérou et ailleurs, regardent le Papayer comme originaire des îles Antilles et ne pensent pas qu’il soit sauvage nulle part sur le continent. J’ai vu[663] des échantillons rapportés des bouches de la rivière Manate en Floride, de Puebla au Mexique et de Colombie ; mais les étiquettes ne portent aucune remarque sur la qualité spontanée. Les indices, comme on voit, sont nombreux pour les bords du golfe du Mexique et les Antilles. L’habitation au Brésil, fort isolée, est suspecte.

Figuier. — Ficus Carica, Linné.

L’histoire du Figuier présente beaucoup d’analogie avec celle de l’Olivier en ce qui concerne l’origine et les limites géographiques. Son habitation, comme espèce spontanée, a pu s’étendre par un effet de la dispersion des graines à mesure que la culture s’étendait. Cela parait probable, car les graines traversent intactes les organes digestifs de l’homme et des animaux. Cependant on peut citer des pays dans lesquels on cultive le figuier depuis au moins un siècle sans qu’il se soit naturalisé de cette manière. Je ne parle pas de l’Europe au nord des Alpes, où l’arbre exige des soins particuliers et mûrit mal ses fruits, même ceux de la première portée, mais par exemple de l’Inde, du midi des États-Unis, de l’Ile Maurice et du Chili, où, d’après le silence des auteurs de flores, les faits de quasi spontanéité paraissent rares.

De nos jours, le Figuier est spontané ou presque spontané dans une vaste région dont la Syrie est à peu près le milieu, savoir de la Perse orientale ou même de l’Afghanistan, au travers de toute la région de la Méditerranée, jusqu’aux îles Canaries[664]. Du midi au nord, cette zone varie de 25° à 40-42° de latitude environ, suivant les circonstances locales. En général, le Figuier s’arrête, comme l’Olivier, au pied du Caucase et des montagnes de l’Europe qui bordent le bassin de la mer Méditerranée, mais il se montre à l’état presque spontané, sur la côte sud-ouest de la France, grâce à la douceur des hivers[665].

Voyons si les documents historiques et linguistiques font présumer dans l’antiquité une habitation moins vaste.

Les anciens Égyptiens appelaient la figue Teb[666], et les plus anciens livres des Hébreux parlent du Figuier, soit sauvage, soit cultivé, sous le nom de Teenah[667], qui a laissé sa trace dans l’arabe Tin[668]. Le nom persan est tout autre, Unjir ; mais je ne sais s’il remonte au zend. Piddington mentionne, dans son Index, un nom sanscrit, Udumvara, que Roxburgh, très soigneux dans ces sortes de questions, n’indique pas, et qui n’aurait laissé aucune trace dans les langues modernes de l’Inde, à en juger d’après quatre noms cités par ces auteurs. L’ancienneté d’existence à l’orient de la Perse me semble un peu douteuse jusqu’à ce que le nom attribué au sanscrit ait été vérifié. Les Chinois ont reçu le Figuier de Perse, mais seulement au huitième siècle de notre ère[669]. Hérodote[670] dit que les Perses ne manquaient pas de figues, et Reynier, qui a fait des recherches scrupuleuses sur les usages de cet ancien peuple, ne mentionne pas le Figuier. Cela prouve seulement que l’espèce n’était pas utilisée et cultivée, mais elle existait peut-être à l’état sauvage.

Les Grecs appelaient le Figuier sauvage Erineos et les Latins Caprificus. Homère mentionne dans l’Iliade un pied de cet arbre qui existait près de Troie[671]. M. Hehn affirme[672] que le Figuier cultivé ne peut pas être venu du Figuier sauvage, mais tous les botanistes sont d’une opinion contraire[673], et, sans parler des détails floraux sur lesquels ils s’appuyent, je dirai que Gussone a obtenu des mêmes graines des pieds de la forme Caprificus et de l’autre[674]. La remarque faite par plusieurs érudits qu’il n’est pas question dans l’Iliade de la figue cultivée, Sukai, ne prouve donc pas l’absence du Figuier en Grèce à l’époque de la guerre de Troie. C’est dans l’Odyssée que la figue douce est mentionnée par Homère, et encore d’une manière assez vague. Hésiode, dit M. Hehn, n’en parle pas, et Archilochus (700 ans avant J.-C.) est le premier qui en ait mentionné clairement la culture chez les Grecs, à Paros. D’après cela, l’espèce existait à l’état sauvage en Grèce, au moins dans l’Archipel, avant l’introduction de variétés cultivées originaires d’Asie. Théophraste et Dioscoride mentionnent des Figuiers sauvages et cultivés[675].

Remus et Romulus, selon la tradition, auraient été nourris sous un pied de Ficus qu’on appelait ruminalis, de rumen, mamelle[676]. Le nom latin Ficus, que M. Hehn, par un effort d’érudition, fait venir du grec Sukai[677], fait aussi présumer une existence ancienne en Italie, et l’opinion de Pline est positive à cet égard. Les bonnes variétés cultivées ont été introduites plus tard chez les Romains. Elles venaient de Grèce, de l’Asie Mineure et de Syrie. Du temps de Tibère, comme aujourd’hui, les meilleures figues venaient de l’Orient.

Nous avons appris au collège comment Caton avait exhibé en plein sénat des figues de Carthage encore fraîches, comme preuve de la proximité du pays qu’il détestait. Les Phéniciens avaient dû transporter de bonnes variétés sur la côte d’Afrique et dans les autres colonies de la mer Méditerranée, même jusqu’aux îles Canaries, mais le Figuier sauvage peut avoir existé antérieurement dans ces pays.

Pour les Canaries, nous en avons une preuve par des noms guanches, Arahormaze et Achormaze, figues vertes, Taharemenen et Tehahunemen, figues sèches. Les savants Webb et Berthelot[678], qui ont cité ces noms et qui avaient admis l’unité d’origine des Guanches et des Berbères, auraient vu avec plaisir chez les Touaregs, peuples berbères, le mot Tahart pour Figuier[679], et dans le dictionnaire français-berbère, publié depuis eux, les noms Tabeksist pour figue fraîche et Tagrourt pour Figuier. Ces vieux noms, d’origine plus ancienne et plus locale que l’arabe, parlent en faveur d’une habitation très ancienne dans le nord dé l’Afrique jusqu’aux Canaries.

Le résultat de notre enquête est donc de donner pour habitation préhistorique du Figuier la région moyenne et méridionale de la mer Méditerranée, depuis la Syrie jusqu’aux îles Canaries.

On peut avoir du doute sur l’ancienneté des Figuiers maintenant dans le midi de la France ; mais un fait bien curieux doit être mentionné. M. Planchon a trouvé dans les tufs quaternaires de Montpellier et M. le marquis de Saporta[680] dans ceux des Aygalades, près de Marseille, et dans le terrain quaternaire de La Celle, près de Paris, des feuilles et même des fruits du Ficus Carica sauvage avec des dents d’Elephas primigenius, et des feuilles de végétaux, dont les uns n’existent plus, et d’autres comme le Laurus canariensis, sont restés aux îles Canaries. Ainsi le Figuier a peut-être existé sous sa forme actuelle, dans un temps aussi reculé. Il est possible qu’il ait péri dans le midi de la France, comme cela est arrivé certainement à Paris ; après quoi il serait revenu à l’état sauvage dans les localités du midi. Peut-être les Figuiers dont Webb et Berthelot avaient vu de vieux individus dans les endroits les plus sauvages des Canaries descendaient-ils de ceux qui existaient à l’époque quaternaire.

Arbre à pain. — Artocarpus incisa, Linné.

L’Arbre à pain était cultivé dans toutes les îles de l’archipel asiatique et du grand Océan voisines de l’équateur, depuis Sumatra jusqu’aux îles Marquises, lorsque les Européens ont commencé de les visiter. Son fruit est constitué, comme dans l’Ananas, par un assemblage de feuilles florales et de fruits soudés en une masse charnue plus ou moins sphérique, et, comme dans l’Ananas encore, les graines avortent dans les variétés cultivées les plus productives[681]. On fait cuire des tranches de cette sorte de fruit pour les manger.

Sonnerat[682] avait transporté l’Arbre à pain à l’île Maurice, où l’intendant Poivre avait eu soin de le répandre. Le capitaine Bligh avait pour mission de le transporter dans les Antilles anglaises. On sait qu’une révolte de son équipage l’empêcha de réussir la première fois, mais dans un second voyage il fut plus heureux. En janvier 1793, il débarqua 150 pieds dans l’île de Saint-Vincent, d’où l’on a répandu l’espèce dans plusieurs localités de l’Amérique équinoxiale[683].

Rumphius[684] avait vu l’espèce à l’état sauvage dans plusieurs des îles de la Sonde. Les auteurs modernes, moins attentifs ou n’ayant observé que des pieds cultivés, ne s’expliquent pas à cet égard. Pour les îles Fidji, Seemam[685] dit : « Cultivé et selon toutes les apparences sauvage dans quelques localités ». Sur le continent du midi de l’Asie il n’est pas même cultivé, le climat n’étant pas assez chaud.

Évidemment, l’Arbre à pain est originaire de Java, Amboine et îles voisines ; mais l’ancienneté de sa culture dans toute la région insulaire, prouvée par la multitude des variétés, et la facilité de sa propagation par des drageons et des boutures empêchent de connaître exactement son histoire. Dans les îles de l’extrémité orientale, comme 0-Taïti, certaines fables et traditions font présumer une introduction qui ne serait pas très ancienne, et l’absence de graines le confirme[686].

Jacquier ou Jack. — Artocarpus integrifolia, Linné.

Le fruit du Jacquier, plus gros que celui de l’Arbre à pain, car il pèse jusqu’à 80 livres, est suspendu aux branches d’un arbre de 30 à 50 pieds de hauteur[687]. Si le bon La Fontaine l’avait connu, il n’aurait pas écrit sa fable du gland et de la citrouille.

Le nom vulgaire est tiré des noms indiens Jaca ou Tsjaka.

Le Jacquier est cultivé depuis longtemps dans l’Asie méridionale, du Punjab à la Chine, de l’Himalaya aux îles Moluques. Il ne s’est pas introduit encore dans les petites îles plus à l’orient, comme 0-Taïti, ce qui fait présumer une date moins ancienne dans l’archipel indien que sur le continent asiatique. Du côté nord-ouest de l’Inde, la culture ne date peut-être pas non plus d’une époque très reculée, car on n’est pas certain de l’existence d’un nom sanscrit. Roxburgh en cite un, Punusa, mais après lui Piddington ne l’admet pas dans son Index. Les Persans et les Arabes ne semblent pas avoir connu l’espèce. Son fruit énorme les aurait pourtant frappés si l’espèce avait été cultivée près de leurs frontières. Le Dr  Bretschneider ne parle pas d’Artocarpus dans son opuscule sur les plantes connues des anciens Chinois, d’où l’on peut inférer que vers la Chine, comme dans les autres directions, le Jacquier n’est pas un arbre répandu depuis une époque très ancienne.

La première notion sur son existence à l’état sauvage est donnée par Rheede dans des termes contestables : « Cet arbre croit partout au Malabar et dans toute l’Inde. » Le vénérable auteur confondait peut-être l’arbre planté et l’arbre spontané. Après lui cependant, Wight a trouvé l’espèce, à plusieurs reprises, dans la péninsule indienne, notamment dans les Ghats occidentaux, avec toute l’apparence d’un arbre indigène sauvage. On le plante beaucoup à Ceylan ; mais Thwaites, la meilleure autorité pour la flore de cette île, ne le reconnaît pas comme spontané. Dans l’archipel au midi de l’Inde, il ne l’est pas non plus, selon l’opinion générale. Enfin, Brandis en a trouvé des pieds dans les forêts du district d’Attaran, pays des Birmans, à l’est de l’Inde, mais il ajoute que c’est toujours à proximité d’établissements abandonnés. Kurz ne l’a pas trouvé spontané dans le Burman anglais[688].

Ainsi l’espèce est originaire du pied des montagnes occidentales de la péninsule indienne, et son extension dans le voisinage, à l’état cultivé, ne remonte probablement pas plus haut que l’ère chrétienne. Il a été apporté à la Jamaïque en 1782, par l’amiral Rodney, et de là à Saint-Domingue[689]. On l’a introduit aussi au Brésil, dans les îles Maurice, Seychelles et Rodriguez[690].

Dattier. — Phœnix dactylifera, Linné.

Le Dattier existe, depuis les temps préhistoriques, dans la zone sèche et chaude qui s’étend du Sénégal au bassin de l’Indus, principalement entre les 15e et 30e degrés de latitude. On le voit çà et là plus au nord, en raison de circonstances exceptionnelles et du but qu’on se propose en le cultivant. En effet, au delà du point où les fruits mûrissent chaque année, il y a une zone dans laquelle ils mûrissent mal ou rarement, et une dernière limite jusqu’à laquelle l’arbre vit encore, mais sans fructifier ni même fleurir. Le tracé de ces limites a été donné d’une manière complète par de Martius, Carl Ritter et moi-même[691]. Il est inutile de les reproduire ici, le but du présent ouvrage étant d’étudier les origines.

En ce qui concerne le Dattier, nous ne pouvons guère nous appuyer sur l’existence plus ou moins constatée d’individus vraiment sauvages ou, comme on dit, aborigènes. Les dattes se transportent facilement ; leurs noyaux germent quand on les sème dans un terrain humide, près d’une source ou d’une rivière, et même dans des fissures de rochers. Les habitants des oasis ont planté ou semé des Dattiers dans des localités favorables où l’espèce existait peut-être avant les hommes, et quand un voyageur rencontre des arbres isolés, à distance des habitations, il ne peut pas savoir s’ils ne viennent pas de noyaux jetés par les caravanes. Les botanistes admettent bien une variété sylvestris, c’est-à-dire sauvage, à baies petites et acerbes ; mais c’est peut-être l’effet d’une naturalisation peu ancienne dans un sol défavorable. Les faits historiques et linguistiques auront plus de valeur dans le cas actuel, quoique sans doute, vu l’ancienneté des cultures, ils ne puissent donner que des indications probables.

D’après les antiquités égyptiennes et assyriennes, ainsi que les traditions et les ouvrages les plus anciens, le Dattier existait en abondance dans la région qui s’étend de l’Euphrate au Nil. Les monuments égyptiens contiennent des fruits et des dessins de cet arbre[692]. Hérodote, à une époque moins reculée (Ve siècle avant Jésus-Christ), parle des bois de Dattiers qui existaient en Babylonie ; plus tard Strabon s’est exprimé d’une manière analogue sur ceux d’Arabie, par où il semble que l’espèce était plus commune qu’à présent et plus dans les conditions d’une essence forestière naturelle. D’un autre côté Carl Ritter fait la remarque ingénieuse que les livres hébreux les plus anciens ne parlent pas des Dattiers comme donnant un fruit recherché pour la nourriture de l’homme. Le roi David, vers l’an 1000 avant Jésus-Christ, environ sept siècles après Moïse, n’énumère pas le Dattier au nombre des arbres qu’il convient de planter dans ses jardins. Il est vrai qu’en Palestine, sauf à Jéricho, les dates ne mûrissent guère. Plus tard, Hérodote dit des Dattiers de Babylonie, que la majorité seulement des pieds donnait de bons fruits, dont on faisait usage. Ceci paraît indiquer le commencement d’une culture perfectionnée au moyen de la sélection des variétés et du transport des fleurs mâles au milieu des branches de pieds femelles, mais cela signifie peut-être aussi qu’Hérodote ne connaissait pas l’existence des pieds mâles.

A l’occident de l’Égypte, le Dattier existait probablement depuis des siècles ou des milliers d’années quand Hérodote les a mentionnés. Il parle de la Libye. Aucun document historique n’existe pour les oasis du Sahara, mais Pline[693] mentionne les Dattiers des îles Canaries.

Les noms de l’espèce témoignent d’une grande ancienneté soit en Asie, soit en Afrique, attendu qu’ils sont nombreux et fort différents. Les Hébreux appelaient le Dattier Tamar et les anciens Égyptiens Beq[694]. L’extrême diversité de ces mots, d’une grande antiquité, fait présumer que les peuples avaient trouvé l’espèce indigène et peut-être déjà nommée dans l’Asie occidentale et en Égypte. La multiplicité des noms persans, arabes et berbères, est incroyable[695]. Les uns dérivent du mot hébreu, les autres de sources inconnues. Ils s’appliquent souvent à des états différents du fruit ou à des variétés cultivées différentes, ce qui montre encore d’anciennes cultures dans divers pays. Webb et Berthelot n’ont pas découvert un nom du Dattier dans la langue des Guanches, et c’est bien à regretter. Le nom grec, Phœnix, se rapporte simplement à la Phénicie et aux Phéniciens, possesseurs du Dattier[696]. Les noms Dactylus et Datte sont des dérivés de Dachel, dans un dialecte hébreu[697]. On ne cite aucun nom sanscrit, d’où l’on peut inférer que les plantations de Dattiers ne sont pas très anciennes dans l’Inde occidentale. Le climat indien ne convient pas à l’espèce[698]. Le nom hindustani, Khurma, est emprunté au persan.

Plus à l’est, le Dattier a été longtemps inconnu. Les Chinois l’ont reçu de Perse, au IIIe siècle de notre ère, et plus tard à différentes reprises, mais aujourd’hui ils l’ont abandonné[699]. En général, hors de la région aride qui s’étend de l’Euphrate au midi de l’Atlas et aux Canaries, le Dattier n’a pas réussi sous des latitudes analogues, ou du moins il n’est pas devenu un objet important de culture. Il aurait de bonnes conditions d’existence en Australie et au Cap, mais les Européens, qui ont colonisé ces pays, ne se contentent pas, comme les Arabes, de figues et de dattes pour leur nourriture. J’estime, en définitive, que dans les temps antérieurs aux premières dynasties égyptiennes le Dattier existait déjà, spontané ou semé çà et là par des tribus errantes, dans la zone de l’Euphrate aux Canaries, et qu’on s’est mis à le cultiver plus tard jusqu’au nord-ouest de l’Inde, d’un côté, et aux îles du Cap-Vert[700], de l’autre, de sorte que l’habitation naturelle est restée à peu près la même environ 5000 ans. Qu’était-elle à une époque antérieure ? C’est ce que des découvertes paléontologiques apprendront peut-être un jour.

Bananier. — Musa sapientum et M. paradisiaca, Linné. — M. sapientum, Brown.

On regardait assez généralement le Bananier, ou les Bananiers, comme originaires de l’Asie méridionale et comme transportés en Amérique par les Européens, lorsque M. de Humboldt est venu jeter des doutes sur l’origine purement asiatique. Il a cité, dans son ouvrage sur la Nouvelle-Espagne[701], d’anciens auteurs d’après lesquels le Bananier aurait été cultivé en Amérique avant la découverte.

Il convient que, d’après Oviedo[702], le Père Thomas de Berlangas aurait transporté, en 1516, des îles Canaries à Saint-Domingue, les premiers Bananiers, introduits de là dans d’autres îles et sur la terre ferme[703]. Il reconnaît que, dans les relations de Colomb, Alonzo Negro, Pinzon, Vespuzzi et Cortez, il n’est jamais question de Bananier. Le silence de Hernandez, qui vivait un demi-siècle après Oviedo, l’étonne et lui paraît une négligence singulière, « car, dit-il[704], c’est une tradition constante au Mexique et sur toute la terre ferme que le Platano arton et le Dominico y étaient cultivés longtemps avant l’arrivée des Espagnols. » L’auteur qui a marqué avec le plus de soin les différentes époques auxquelles l’agriculture américaine s’est enrichie de productions étrangères, le Péruvien Garcilasso de la Vega[705], dit expressément que, du temps des Incas, le maïs, le quinoa, la pomme de terre, et dans les régions chaudes et tempérées les bananes faisaient la base de la nourriture des indigènes. Il décrit le Musa de la vallée des Andes ; il distingue même l’espèce plus rare, à petit fruit sucré et aromatique, le Dominico, de la banane commune ou Arton. Le Père Acosta[706] affirme aussi, quoique moins positivement, que le Musa était cultivé par les Américains avant l’arrivée des Espagnols. Enfin M. de Humboldt ajoute d’après ses propres observations : « Sur les rives de l’Orénoque, du Cassiquaire ou de Béni, entre les montagnes de l’Esmeralda et les rives du fleuve Carony, au milieu des forêts les plus épaisses, presque partout où l’on découvre des peuplades indiennes qui n’ont pas eu des relations avec les établissements européens, on rencontre des plantations de Manioc et de Bananiers. » M. de Humboldt, en conséquence, a émis l’hypothèse qu’on aurait confondu plusieurs espèces ou variétés constantes de Musa, dont quelques-unes seraient originaires du nouveau monde.

Desvaux s’empressa d’examiner la question spécifique, et dans un travail vraiment remarquable publié en 1814[707] il a regardé tous les Bananiers cultivés pour leurs fruits comme une seule espèce. Dans cette espèce, il distingue 44 variétés, qu’il dispose en deux séries, les Bananes à gros fruits (7 à 15 pouces de longueur) et celles à petits fruits (1 à 6 pouces) appelées vulgairement figues bananes, R. Brown en 1818, dans son ouvrage sur les plantes du Congo, p. 51, soutient aussi qu’aucune circonstance dans la structure des Bananiers cultivés en Asie et en Amérique n’empêche de les considérer comme appartenant à

une seule espèce. Il adopte le nom de Musa sapientum, qui me paraît effectivement préférable à celui de M. paradisiaca, adopté par Desvaux, parce que les variétés à petits fruits fertiles rapportées au M. sapientum L. semblent plus près de l’état des Musa spontanés qu’on a trouvés en Asie.

Brown remarque, sur la question d’origine, que toutes les autres espèces du genre Musa sont de l’ancien monde ; que personne ne dit avoir trouvé en Amérique, dans l’état sauvage, des variétés à fruits fertiles, comme cela est arrivé en Asie ; enfin, que Piso et Marcgraf ont regardé le Bananier comme introduit du Congo au Brésil. Malgré la force de ces trois arguments, M. de Humboldt, dans la seconde édition de son Essai sur la Nouvelle-Espagne (2, p. 397), n’a pas renoncé complètement à son opinion. Il dit que le voyageur Caldcleugh[708] a trouvé chez les Puris la tradition établie que, sur les bords du Prato, on cultivait, longtemps avant les communications avec les Portugais, une petite espèce de banane. Il ajoute qu’on trouve dans les langues américaines des mots, non importés, pour distinguer le fruit du Musa, par exemple Paruru en tamanaque, etc., Arata en maypure. J’ai lu aussi dans le voyage de Stevenson[709] qu’on aurait trouvé dans les huacas, ou tombeaux péruviens antérieurs à la conquête, des lits de feuilles des deux Bananiers cultivés habituellement en Amérique ; mais, comme ce voyageur dit avoir vu dans ces huacas des fèves[710] et que la fève est certainement de l’ancien monde, ses assertions ne méritent guère confiance. M. Boussingault[711] pensait que le Platano arton au moins est originaire d’Amérique, mais il n’en a pas donné de preuve. Meyen, qui avait aussi été en Amérique, n’ajoute aucun argument à ceux qui étaient connus avant lui[712]. Il en est de même du géographe Ritter[713], qui reproduit simplement pour l’Amérique les faits indiqués par de Humboldt.

D’un autre côté, des botanistes qui ont visité l’Amérique plus récemment n’hésitent pas sur l’origine asiatique. Je citerai Seemann pour l’isthme de Panama, Ernst pour le Venezuela et Sagot pour la Guyane[714]. Les deux premiers insistent sur l’absence de noms pour le Bananier dans les langues du Pérou et du Mexique. Piso ne connaissait aucun nom brésilien. De Martius[715] a indiqué depuis, dans la langue tupi du Brésil, les noms Pacoba ou Bacoba. Ce même nom Bacove est usité, selon M. Sagot, par les Français à la Guyanne. Il a peut-être pour origine le nom Bala ou Palan, du Malabar, à la suite d’une introduction par les Portugais, depuis le voyage de Piso.

L’ancienneté et la spontanéité du Bananier en Asie sont des faits incontestables. Il a plusieurs noms sanscrits[716]. Les Grecs, les Latins et ensuite les Arabes en ont parlé comme d’un arbre fruitier remarquable de l’Inde. Pline[717] en parle assez clairement. Il dit que les Grecs de l’expédition d’Alexandre l’avaient vu dans l’Inde, et il cite le nom Pala, qui existe encore au Malabar. Les sages se reposaient sous son ombre et en mangeaient les fruits. De là le nom de Musa sapientum des botanistes. Musa est tiré de l’arabe Mouz ou Mauwz, qu’on voit déjà au XIIIe siècle dans Ebn Baithar. Le nom spécifique paradisiaca vient des hypothèses ridicules qui faisaient jouer au Bananier un rôle dans l’histoire d’Ève et du paradis.

Il est assez singulier que les Hébreux et les anciens Égyptiens[718] n’aient pas connu cette plante indienne. C’est un indice qu’elle n’était pas dans l’Inde depuis un temps très reculé, mais plutôt originaire de l’archipel indien.

Le Bananier offre dans le midi de l’Asie, soit sur le continent, soit dans les îles, un nombre de variétés immense ; la culture de ces variétés remonte dans l’Inde, en Chine, dans l’archipel indien à une époque impossible à apprécier ; elle s’était étendue jadis, même dans les îles de la mer Pacifique[719] et sur la côte occidentale d’Afrique[720] ; enfin les variétés portaient des noms distincts dans les langues asiatiques les plus séparées, comme le sanscrit, le chinois, le malais. Tout cela indique une ancienneté prodigieuse de culture, par conséquent une existence primitive en Asie, et une diffusion contemporaine avec celle des races d’hommes ou antérieure.

On dit avoir trouvé le Bananier spontané en plusieurs points. Cela mérite d’autant plus d’être noté que les variétés cultivées ne donnant souvent pas de graines et se multipliant par division, l’espèce ne doit guère se naturaliser par semis hors des cultures. Roxburgh l’avait vu dans les forêts de Chittagong[721], sous la forme du M. sapientum, Rumphius[722] décrit une variété à petits fruits sauvage dans les îles Philippines. Loureiro[723] parle probablement de la même sous le nom de M. seminifera agrestis, qu’il oppose au M. seminifera domestica, et qui serait donc spontanée en Cochinchine. Blanco indique aussi un Bananier sauvage aux Philippines[724], mais sa description est insuffisante. Finlayson[725] a trouvé le Bananier sauvage, en abondance, dans la petite île de Pulo Ubi, à l’extrémité sud du pays de Siam. Thwaites[726] a vu la forme du M. sapientum dans les forêts rocailleuses du centre de l’île de Ceylan et n’hésite pas à dire que c’est la souche des Bananiers cultivés. Sir J. Hooker et Thomson[727] l’ont trouvé sauvage à Khasia.

En Amérique, les faits sont tout autres. On n’y a jamais vu le Bananier sauvage, excepté à la Barbade[728], mais là c’est un arbre qui ne mûrit pas ses fruits et qui est par conséquent, selon les probabilités, le résultat de variétés cultivées peu abondantes en semences. Le Wild plantain de Sloane[729] paraît une plante très différente des Musa. Les variétés qu’on prétend pouvoir être indigènes en Amérique sont au nombre de deux seulement, et en général on y cultive infiniment moins de variétés qu’en Asie. La culture du Bananier est, on peut dire, récente ans une grande partie de l’Amérique, car elle ne remonte guère à plus de trois siècles. Piso[730] dit positivement que la plante a été importée au Brésil et n’avait pas de nom brésilien. Il ne dit pas d’où elle venait. Nous avons vu que, d’après Oviedo, l’espèce a été apportée des Canaries à Saint-Domingue. Ceci, joint au silence de Hernandez, généralement si exact pour les plantes utiles, spontanées ou cultivées, du Mexique, me persuade que le Bananier manquait lors de la découverte de l’Amérique à toute la partie orientale de ce continent.

Existait-il dans la partie occidentale, sur les bords de la mer Pacifique ? C’est très invraisemblable quand on pense aux communications qui existaient entre les deux côtes, vers l’isthme de Panama, et à l’activité avec laquelle les indigènes avaient répandu dans toute l’Amérique les plantes utiles, comme le manioc, le maïs, la pomme de terre, avant l’arrivée des Européens. Le Bananier, dont ils font tant de cas depuis trois siècles, qui se multiplie si aisément par les drageons, qui a une apparence si frappante pour le vulgaire, n’aurait pas été oublié dans quelques villages au milieu des forêts ou sur le littoral.

Je conviens que l’opinion de Garcilasso, descendant des Incas, auteur qui a vécu de 1530 à 1568, est d’une certaine importance lorsqu’il dit que les indigènes connaissaient le Bananier avant la conquête. Écoutons cependant un autre écrivain très digne d’attention, Joseph Acosta, qui avait été au Pérou et que M. de Humboldt invoque à l’appui du précédent. Ses expressions me conduisent plutôt à une opinion différente[731]. Il s’exprime ainsi dans la traduction française de 1598[732] : « La cause pour laquelle les Espagnols l’ont appelé plane (car les naturels n’avaient point de tel nom) a été, comme ès autres arbres, pour autant qu’ils ont trouvé quelque ressemblance de l’un à l’autre ». Il montre combien le plane (Platanus) des Anciens était différent. Il décrit très bien le Bananier, et ajoute que cet arbre est très commun aux Indes (ici, cela veut dire en Amérique], « quoiqu’ils disent (les Indiens) que son origine soit venue d’Éthiopie… Il y a une espèce de petits planes blancs et fort délicats, lesquels ils appellent en l’Espagnolle[733] Dominique. Il y en d’autres qui sont plus forts et plus gros, et d’une couleur rouge. Il n’en croît point au Pérou, mais on les y apporte des Indes[734], comme au Mexique de Cuernavaca et des autres vallées. En la terre ferme et en quelques îles, il y a des grandes planares, qui sont comme bosquetaux (bosquets) très épais. » Assurément, ce n’est pas ainsi que s’exprimerait l’auteur pour un arbre fruitier d’origine américaine. Il citerait des noms américains, des usages américains. Il ne dirait surtout pas que les indigènes les regardent comme d’origine étrangère. La diffusion dans les terres chaudes du Mexique pourrait bien avoir eu lieu entre l’époque de la conquête et celle où écrivait Acosta, puisque Hernandez, dont les recherches consciencieuses remontent aux premiers temps de la domination espagnole à Mexico (quoique publiées plus tard à Rome), ne dit pas un mot du Bananier[735]. L’historien Prescott a vu d’anciens ouvrages ou manuscrits, selon lesquels les habitants de Tumbez auraient apporté à Pizarre des bananes lorsqu’il débarqua sur la côte du Pérou, et il croit aux feuilles trouvées dans les huacas, mais il ne cite pas ses preuves[736].

Quant à l’argument des cultures faites par les indigènes, à l’époque actuelle, dans des contrées de l’Amérique très séparées des établissements européens, il m’est difficile d’admettre que depuis trois siècles des peuplades soient restées absolument isolées et n’aient pas reçu un arbre aussi utile, par l’intermédiaire des pays colonisés.

En résumé, voici ce qui me parait le plus probable : une introduction faite de bonne heure par les Espagnols et les Portugais à Saint-Domingue et au Brésil, ce qui suppose, j’en conviens, une erreur de Garcilasso quant aux traditions des Péruviens. Si cependant des recherches ultérieures venaient à prouver que le Bananier existait dans quelques parties de l’Amérique avant la découverte par les Européens, je croirais à une introduction fortuite, pas très ancienne, par l’effet d’une communication inconnue avec les îles de la mer Pacifique ou avec la côte de Guinée, plutôt qu’à l’existence primitive et simultanée du Bananier dans les deux mondes. La géographie botanique tout entière rend cette dernière hypothèse improbable, je dirai presque impossible à admettre, surtout dans un genre non partagé entre les deux mondes.

Enfin, pour terminer ce que j’ai à dire du Bananier, je remarquerai combien la distribution des variétés est favorable à l’opinion de l’espèce unique, adoptée, dans des vues de botanique pure, par Roxburgh, Desvaux et R. Brown. S’il existait deux ou trois espèces, probablement l’une serait représentée par les variétés qu’on a soupçonnées originaires de l’Amérique ; une autre serait sortie, par exemple, de l’archipel indien ou de la Chine, et la troisième de l’Inde. Au contraire, toutes les variétés sont géographiquement mélangées. En particulier, les deux qui sont le plus répandues en Amérique diffèrent sensiblement l’une de l’autre et se confondent chacune avec des variétés asiatiques, ou s’en rapprochent beaucoup.

Ananas. — Ananassa sativa, Lindley. — Bromelia Ananas, Linné.

Malgré les doutes énoncés par quelques auteurs l’Ananas doit être une plante d’Amérique, introduite de bonne heure, par les Européens, en Asie et en Afrique.

Nana était le nom brésilien[737], d’où les Portugais avaient fait Ananas. Les Espagnols avaient imaginé le nom de Pinas, à cause de l’analogie de forme avec le cône du Pin pignon[738]. Tous les premiers écrivains sur l’Amérique en parlent[739]. Hernandez dit que l’Ananas habite les endroits chauds de Haïti et du Mexique. Il mentionne un nom mexicain, Matzatli, On avait apporté un fruit d’Ananas à Charles-Quint, qui s’en défia et ne voulut pas le goûter.

Les ouvrages des Grecs, des Romains et des Arabes ne font aucune allusion à cette espèce, introduite évidemment dans l’ancien monde depuis la découverte de l’Amérique. Rheede[740], au XVIIe siècle, en était persuadé ; mais ensuite Rumphius[741] a contesté, parce que, disait-il, l’Ananas était cultivé de son temps dans toutes les parties de l’Inde, et qu’on en trouvait de sauvages aux Célèbes et ailleurs. Il remarque cependant l’absence de nom asiatique. Celui indiqué par Rheede au Malabar est tiré évidemment d’une comparaison avec le fruit du Jacquier et n’a rien d’original. C’est sans doute par erreur que Piddington attribue un nom sanscrit à l’Ananas, car ce nom même, Anarush, paraît venir d’Ananas. Roxburgh n’en connaissait point, et le dictionnaire de Wilson ne mentionne pas le nom d’Anarush. Royle[742] dit que l’Ananas a été introduit dans le Bengale en 1594. D’après Kircher[743], les Chinois le cultivaient dans le XVIIe siècle, mais on pensait qu’il leur avait été apporté du Pérou.

Clusius[744], en 1599, avait vu des feuilles d’Ananas apportées de la côte de Guinée. Cela peut s’expliquer par une introduction depuis la découverte de l’Amérique. Robert Brown parle de l’Ananas à l’occasion des plantes cultivées du Congo, mais il regarde l’espèce comme américaine.

Quoique l’Ananas cultivé ait ordinairement point ou peu de graines, il se naturalise quelquefois dans les pays chauds. On en cite des exemples aux îles Maurice, Seychelles et Rodriguez[745], dans l’archipel indien, dans l’Inde[746] et dans quelques parties de l’Amérique où probablement il n’était pas indigène, par exemple aux Antilles.

On l’a trouvé sauvage dans les terres chaudes du Mexique (si l’on peut se fier à la phrase d’Hernandez), dans la province de Veraguas[747], près de Panama, dans la vallée du Haut-Orénoque[748], à la Guyane[749] et dans la province de Bahia[750]



  1. Le mot fruit est employé ici.dans le sens vulgaire, pour toute partie charnue qui grossit après la floraison. Dans le sens strictement botanique, les Anones, Fraises, Pommes d’Acajou, Ananas et le fruit de l’Arbre à pain ne sont pas des fruits.
  2. Dans l’Inde anglaise Custard apple ; mais c’est le nom de l’Anona muricata en Amérique. L’A squamosa est figuré dans Descourtilz, Flore des Antilles, 2, pl. 83 ; Hooker, Botanical magazine, t. 3095, et Tussac, Flore des Antilles, 3, pl. 4.
  3. A. de Candolle, Géographie botanique raisonnée, p. 859.
  4. Aug. de Saint-Hilaire, Plantes usuelles des Brésiliens, 6e livr., p. 5.
  5. Alph. de Candolle, dans Mém. Soc. phys. et d’hist. nat. de Genève.
  6. Mém. Soc. phy. et d’hist. nat. de Genève, p. 19 du mém. tiré à part.
  7. Voyez Botany of Congo et la traduction allemande "des œuvres de Brown, qui a des tables alphabétiques.
  8. Royle, Ill. Himal., p. 60.
  9. Webb, dans Fl. Nigr., p. 97.
  10. Ibid., p. 204.
  11. Thonning, Pl. Guin.
  12. Brown, Congo, p. 6.
  13. Guillemin, Perrottet et Richard, Tentamen fl. Seneg.
  14. Sloane, Jam., II, p. 168.
  15. P. Brown, Jam., p. 257.
  16. Mac-Fadyen, Fl. Jam., p. 9.
  17. De Martius, Fl. Bras., fesc. 2, p. 15.
  18. Splitgerber, Nederl. Kruidk. Arch., 1, p. 230.
  19. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, chap. X.
  20. Rumphius, 1, p. 139.
  21. Forster, Plantæ esculentæ.
  22. Rheede, Malab., III, p. 22.
  23. Loureiro, Fl. coch., p. 427.
  24. Blanco, Fl. Filip.
  25. Cela dépend de l’opinion qu’on se formera sur l’A. glabra, Forsk. (A. asiatica B. Dun., Anon., p. 71 ; A. Forskalii, DC., Syst., 1, p. 472), qui était cultivé quelquefois dans les jardins de l’Égypte, lorsque Forskal visita ce pays, sous le nom de Keschta, c’est-à-dire lait coagulé. La rareté de sa culture et le silence des anciens auteurs montrent que c’était une introduction moderne en Égypte. Ebn Baithar (trad. allem. de Sontheimer, 2 vol., 1840) médecin arabe du XIIIe siècle, ne parle d’aucune Anonacée et ne mentionne pas de nom de Keschta. Je ne vois pas comment la description et la figure de Forskal (Descr., p. 102, ic. tab. 15) diffèrent de l’A. squamosa. L’échantillon de Coquebert, cité dans le Systema, concorde assez avec la planche de Forskal ; mais, comme il est en fleur et que la planche donne le fruit, l’identité ne peut être bien prouvée.
  26. Roxburgh, Fl. Ind., éd. 1832, v. 2. p. 657.
  27. Piddington, Index, 6 p.
  28. Royle, Ill. Him., p. 60.
  29. Rheede et Rumphius, 1, p. 139.
  30. Hernandez, p. 348 et 454.
  31. Dunal, Mém. Anon., p. 70.
  32. De Martius, Fl. bras., fasc. 2, p. 15.
  33. De là vient le nom de genre Anona, que Linné a changé en Annona, (provision), parce qu’il ne voulait aucun nom des langues barbares et qu’il ne craignait pas les jeux de mots.
  34. De Martius, l. c.
  35. Marcgraf, Brasil, p. 94.
  36. Voir Baker, Flora of Mauritius, p. 3. L’identité admise par M. Oliver, Flora of trop. Africa, 1, p. 16, de l’A. palustris d’Amérique avec celui de Sénégambie, me paraît très extraordinaire, quoiqu’il s’agisse d’une espèce croissant dans des marais, c’est-à-dire offrant peut-être une habitation vaste.
  37. Hooker, Flora of brit. India, 1, p. 78 ; Miquel, Flora indo-batava, 1, part. 2, p. 33 ; Kurz, forest flora of brit. Burma, 1, p. 46 ; Stewart et Brandis, Forest of India, p. 6.
  38. Grisebach, Flora of brit. W. India, p. 5.
  39. Eggers, Flora of St-Croix and Virgin islands, p. 23.
  40. Triana et Planchon, Prodr. fl. novo-granatensis, p. 29 ; Sagot, Journ. soc. d’hortic., 1872.
  41. Warming, Symbolæ ad fl. bras., 16, p. 434.
  42. Figuré dans Descourtilz, Fl. méd. des Antilles, 2, pl. 87, et dans Tussac, Fl. des Antilles, 2, pl. 24.
  43. Richard, Plantes vasculaires de Cuba, p. 29 ; Swartz, Obs., p, 221 : P. Brown, Jamaïque, p. 255 ; Mac-Fadyen, Fl. Jamaïq., p. 7 ; Eggers, Fl. of Sainte-Croix, p. 23 ; Grisebach Fl. brit. W. India, p. 4.
  44. Martius, Fl. brasil., fasc. 2, p. 4 ; Splitgerber, Plant. de Surinam, dans Nederl. Kruidk. Arch., 1, p. 226.
  45. Richard, l. c. ; Mac-Fadyen, l. c. ; Grisebach, l. c. ; Eggers, l. c. ; Swartz, Obs., p. 222 ; Maycock, Fl. Barbad., p. 233.
  46. Seeman, Botany of Herald, p. 75.
  47. Triana et Planchon, Prodr. Fl. Novo-granatensis, p. 29.
  48. Oliver, Flora of tropical Africa, 1, p. 15.
  49. Sir J. Hooker, Flora brit. India, 1, p. 78.
  50. De Candolle, Géogr. bot. rais., p. 863.
  51. Feuillée, Obs., III, p. 23, t. 17.
  52. Mac-Fadyen, Fl. Jam., p. 10.
  53. De Martius, Fl. brasil., fasc. 3, p. 15.
  54. Hooker, Fl. Nigr., p. 205.
  55. Nov. act. nat. cur., XIX, suppl. 1.
  56. Richard, Plant. vasc. de Cuba ; Grisebach, Fl. brit. W. Ind. islands ; Hemsley, Biologia centrali-amer., p. 118 ; Kunth, in Humb. et Bonpland. Nova Gen., 5, p. 57 ; Triana et Planchon., Prodr. fl. Novo-Granat., p. 28.
  57. Gay, Flora chil., 1, p. 66.
  58. Molina, traduction française.
  59. Gallesio, Traité du Citrus, in-8, Paris, 1811 ; Risso et Poiteau, Histoire naturelle des Orangers, 1818, in-folio, 109 planches.
  60. Hooker, Flora of british India, 1, p. 515.
  61. Stewart et Brandis, The forest of north-west and central India, 1 vol. in-8, p. 50.
  62. Pour arriver à un travail de ce genre, le premier pas serait de publier de bonnes figures des espèces spontanées, montrant en particulier leurs fruits, qu’on ne voit pas dans les herbiers. On pourrait alors dire quelles sont, dans les planches de Risso, de Duhamel et autres, celles qui s’approchent le plus des types sauvages.
  63. Bretschneider, On the study and value of chinese botanical works, p. 55.
  64. Acosta, Hist. nat. des Indes, traduction française, 1598, p. 187.
  65. Roxburgh, Flora indica, éd. 1532, 3, p. 393.
  66. Rumphius, Hortus amboinensis, 2, p. 98.
  67. Miquel, Flora indo-batava, 1, part. 2, p. 526.
  68. Bretschneider, l. c.
  69. Loureiro, Fl. Cochinch., 2, p. 572. Pour une autre espèce du genre il sait bien dire qu’elle est cultivée et non cultivée, p. 569.
  70. Forster, De plantis esculentis oceani australis, p. 35.
  71. Seemann, Flora Vitiensis, p. 33.
  72. Plukenet, Almagestes, p. 239 ; Sloane, Jamaïque, 1, p. 41.
  73. Cédrat à gros fruit du nouveau Duhamel, 7, p. 68, pl. 22.
  74. Royle, Ill. Himalaya, p. 129 ; Brandis, Forest flora, p. 52 ; Hooker, Flora of brit. India, 1, p. 514.
  75. Franchet et Savatier, Enum. plant. Japoniæ, p. 129.
  76. Miquel, Flora indo-bat., 1, part. 2, p. 528.
  77. Theophrastes, l. 4, c. 4.
  78. Bodæus dans Theophrastes, éd. 1644, p. 322, 343 ; Risso, Traité du Citrus, p. 198 ; Targioni, Cenni storici, p. 196.
  79. Dioscorides, 1, p. 166.
  80. Targioni, l. c.
  81. Targioni, l. c. p. 217.
  82. Gallesio, Traité du Citrus, p. 32, 67, 355, 357.
  83. Mac-Fadyen, Flora of Jamaica, p. 129 et 130.
  84. Cité dans Grisebach, Veget. Karaiben, p. 34.
  85. Ernst, dans Seeman, Journ. of bot., 1867, p. 272.
  86. Roxburgh, Fl. ind., éd. 1832, v. 2, p. 392 ; Piddington, Index.
  87. Gallesio, p. 122.
  88. Dans les langues modernes de l’Inde, le nom sanscrit a été appliqué à l’orange douce, selon le témoignage de Brandis, par une de ces transpositions qui sont fréquentes dans le langage populaire.
  89. Gallesio, p. 122, 247, 248.
  90. Gallesio, p. 240. M. Goeze, Beitrag zur Kenntniss der Orangengewachse, 80, 1874, p. 13, cite d’anciens voyageurs portugais pour le même fait.
  91. Wallich, List, n° 6384.
  92. Hooker, Fl. of brit. India, 1, p. 515.
  93. Loureiro, Fl. cochinch., p. 571.
  94. Royle, Illustr. of Himalaya, p. 160. Il cite Turner, Voyage au Thibet, p. 20 et 387.
  95. Loureiro, Fl. cochinch., p. 569.
  96. Gallesio, p. 321.
  97. La date de ce Statuto est donnée par Targioni à la page 205 des Cenni storici comme étant l’année 1379, et à la page 213 comme 1309. L’errata ne dit rien sur cette différence.
  98. Goeze, Ein Beitrag zur Kenntniss der Orangengewächse, Hambourg, 1874, p. 26.
  99. Rumphius, Amboin., 2, c. 42.
  100. Forster, Plantæ esculentæ, p. 35.
  101. Bretschneider, On the value of chinese bot. works, p. 11.
  102. Rumphius, Amboin., 2, pl. 34, 35, où cependant la forme du fruit n’est pas celle de notre Mandarine.
  103. Loureiro, Fl. cochinch., p. 570.
  104. Kurz, Forest flora of brith Burma.
  105. Royle, Ill. Himalaya, p. 133, et Roxburgh, Flora indica, 2, p. 6l8.
  106. Mac-Fadyen, Flora of Jamaïca, p. 134.
  107. Rumphius, Amboin., 1, p. 133 ; Miquel, Plantæ Junghun., 1, p. 290 ; Flora indo-batava, 1, part. 2, p. 506.
  108. Hooker, Fl. of british India, 1 p. 260.
  109. Ernst, dans Seemann, Journal of botany, 1867, p. 273 ; Triana et Planchon, Prodr. fl. Novo-Granat., p. 285.
  110. Sloane, Jamaica, 1. p. 123 : Jacquin, Amer., p. 268 ; Grisebach, Fl. of brit. W. India, p. 118.
  111. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 768.
  112. Flora of british India, 1, p. 343.
  113. Jacquin, Observationes, 3, p. 11.
  114. Sloane, Jamaica, 1, p. 223.
  115. Marcgraf, Hist. plant., p. 32, avec figures.
  116. Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung, p. 265, sous le nom d’Abelmoschus.
  117. Oliver, Flora of tropical Africa, 1, p. 207.
  118. Flückiger et Hanbury, Drogues, trad. franc., 1, p. 182. La description est dans Ebn Baithar, trad. de Sondtheimer, 1, p. 118.
  119. Unger, Die Pflanzen des alten Ægyptens, p. 50.
  120. Grisebach, La végétation du globe, traduct. française par de Tchihatcheft, 1, p. 162, 163, 442 ; Munby, Catal. Alger, Bail, Fl. maroccanæ spicilegium, p. 392.
  121. Adolphe Pictet, Les origines indo-européennes, éd. 2, vol. l, p. 295, cite plusieurs voyageurs pour ces régions, entre autres Wood, Journey to the sources of the Oxus.
  122. Elles sont figurées dans Heer, Die Pflanzen der Pfahlbauten, p. 24, f. 11.
  123. Ragazzoni, dans Rivista arch. della prov. di Como, 1880, fasc. 17, p. 30 et suivantes.
  124. Heer, l. c.
  125. Planchon, Étude sur les tufs de Montpellier, 1864, p. 63.
  126. De Saporta, La flore des tufs quaternaires de Provence, 1867, p. 15 et 27.
  127. Kolenati, dans Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 1846, p. 279.
  128. Regel, dans Acta horti imp. petrop., 1873. Dans cette revue abrégée du genre, M. Regel énonce l’opinion que les Vitis vinifera sont le produit hybride et altéré par la culture de deux espèces sauvages, V. vulpina et V. Labrusca ; mais il n’en donne pas de preuves, et ses caractères pour les deux espèces sauvages sont bien peu satisfaisants. Il est fort à désirer que les vignes d’Asie et d’Europe, spontanées ou cultivées, soient comparées dans leurs graines, qui fournissent d’excellentes distinctions, d’après les travaux d’Engelmann sur les Vignes d’Amérique.
  129. Ad. Pictet, Les origines indo-européennes, édition 2, vol. 1, p. 298 à 321.
  130. M. Delchevalerie, dans l’Illustration horticole, 1881, p. 28. Il mentionne surtout le tombeau de Phtah-Hotep, qui vivait à Memphis, quatre mille ans avant Jésus-Christ.
  131. Bretschneider, On the value and study of chinese botanical works, p. 16.
  132. Pline, Hist., l. 15, c. 14.
  133. Bertoloni, Fl. ital., 2, p. 665 ; Gussone, Synopsis Fl. siculæ, 2 p. 276.
  134. Willkomm et Lange, Prodr. Fl. hispanicæ, 3 p. 480 ; Desfontaines, Fl. Atlant., 1, p. 200 ; Boissier, Fl. orient., 2, p. 12 ; J. Hooker, Fl. of brit. India, 1, p. 633 ; Bunge, Enum. plant. chin., p. 14 ; Franchet et Savatier, Enum. plant. Japon., 1, p. 81.
  135. Bretschneider, On the study, etc., p. 11.
  136. Le Zizyphus chinensis de plusieurs auteurs est la même espèce.
  137. Brandis, Forest flora of brit. India, p. 84.
  138. Lenz, Botanik der Alten, p. 651.
  139. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 57.
  140. Munby, Catal., éd. 2, p. 9.
  141. Odyssée, l. 1, v. 84 ; Hérodote, l. 4, p. 177 ; traduits dans Lenz, Botanik der Alten, p. 653.
  142. Théophraste, Hist., l. 4, c. 4, éd. de 1644. L’édition de 1613 ne contient pas les mots relatifs à ce détail.
  143. Schweinfurth et Ascherson, Beitr., zur Flora Æthiopiens, p. 263.
  144. Voir l’article sur le Caroubier.
  145. Desfontaines, Fl. atlant., 1, p. 200 ; Munby, Catal. Alger., éd. 2. p. 9 ; Ball, Spicil. Fl. Maroc, p. 301 ; Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 481 ; Bertoloni, Fl. ital., 2. p. 664.
  146. Ce nom, peu usité, est déjà dans Bauhin, sous la forme de Jujuba indica.
  147. Sir J. Hooker, Flora of brit. India, 1, p. 632 ; Brandis, Forest flora of India, l, p. 87 ; Bentham, Fl. austral., 1, p. 412 ; Boissier, Fl. orient., 2, p. 13 ; Oliver, Fl. of tropical Africa, 1, p. 379.
  148. Venant de Martius, no 1070, du Cabo frio.
  149. Bouton, l. c. ; Baker, Fl. of Mauritius, p. 61 ; Brandis, l. c.
  150. Kurz, Forest flora of Burma, 1, p. 266.
  151. Beddone, Forest flora of India, 1, pl. 149 (représentant le fruit sauvage, plus petit que le cultivé) ; Brandis, l. c.
  152. Rheede, 4, pl. 141.
  153. Piddington, Index.
  154. Rumphius, Amb., 2, pl. 36.
  155. Le Zizyphus abyssinicus, Hochst., paraît une espèce différente.
  156. Tussac, Flore des Antilles, 3, p. 55 (où se trouve une excellente figure, pl. 13), dit que c’est une espèce des Indes orientales, aggravant ainsi l’erreur de Linné, qui l’avait crue d’Amérique et d’Asie.
  157. Géographie botanique raisonnée, p. 873.
  158. Piso et Marcgraf, Historia rerum naturalium Brasiliæ, 1648, p. 57.
  159. Voir Piso et Marcgraf, l. c. ; Aublet, Guyane, p. 392 ; Seeman, Botany of the Herald, p. 106 ; Jacquin, Amériq., p. 124 ; Mac Fadyen, Pl. Jamaïc., p. 119 ; Grisebach, Fl. of brit. W. India, p. 176.
  160. Ernst, dans Seemann, Journal of bot., 1867, p. 273.
  161. Rheede, Malabar, 3, pl. 54.
  162. Rumphius, Herb. Amboin., 1, p. 177, 178.
  163. Beddone, Flora sylvatica, t. 163 ; Hooker, Flora of brit. India, 2, p. 20.
  164. Loureiro, Fl. cochinch., p. 304.
  165. Brown, Congo, p. 12 et 49.
  166. Oliver, Flora of tropical Africa, 1, p. 443.
  167. Voir la planche 4510 du Botanical magazine.
  168. Roxburgh, Flora indica, éd. 2, vol. 2, p. 435 ; Piddington, Index.
  169. Rumphius, Herb. Amboin., 1, p. 95.
  170. Blanco, Fl. filip., p. 181.
  171. Rumphius, l. c. ; Forskal, p. cvii.
  172. Thwaites, Enum. plant. Ceyl., p. 75 ; Stuart et Brandis, Forest flora, p. 126 ; Hooker, Flora of brit. India, 2 p. 13 ; Kurz, Forest flora of brit. Burma, 1, p. 304.
  173. Oliver, Flora of tropical Africa, 1, p. 442 ; Baker, Flora of Mauritius and Seychelles, p. 63.
  174. Hughes, Barbadoes, p. 177.
  175. Mac-Fadyen, Flora of Jamaïca, p. 221 ; sir J. Hooker, Discours à l’Institution royale, traduit dans Ann. sc. nat., série 6, vol. 6, p. 320.
  176. Sagot, Journal de la Soc. centr. d’agric. de France, 1872.
  177. Forster, De plantis esculentis insularum oceani australis, p. 33 ; Seemann, Flora Vitiensis, p. 51 ; Nadaud, Enum. des plantes de Taïti, p. 75.
  178. Voir bonne figure coloriée, dans Tussac, Flore des Antilles, 3, pl. 28.
  179. Bojer, Hortus mauritianus, p. 81.
  180. H.-C. Watson, Compendium Cybele brit., 1 p. 160 ; Fries, Summa veg. Scand., p. 44.
  181. Lowe, Manual fl. of Madeira, p. 246 ; Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp. 3, p. 224 ; Moris, Fl. sardoa, 2, p. 17.
  182. Boissier, l. c.
  183. Ledebour, Fl. rossica, 2, p. 64.
  184. Gay, ibid. ; Hooker, Fl. brit. India, 2, p. 344 ; Franchet et Savatier, Enum. pl. Japon., 1, p. 129.
  185. Perny, Propag. de la foi, cité dans Decaisne, Jardin fruitier du Mus., p. 27 ; J. Gay, ibid., p. 27, n’indique pas la Chine.
  186. Babington, Journal of Linn. soc., 11, p. 303 ; Gay, l. c.
  187. A. Gray, Botany of tne northern States, éd. 1868, p. 156.
  188. Sir W. Hooker, Fl. bor. amer., 1, p. 184.
  189. A. Gray, Bot. of California, 1, p. 176.
  190. J. Gay, dans Decaisne, Jardin fruitier du Muséum, Fraisier, p. 30.
  191. Le Grand d’Aussy, Histoire de la vie privée des Français, 1, p. 233 et 3.
  192. Olivier de Serres, Théâtre d’agric., p. 511 ; Gerara, d’après Phillips, Pomarium britannicum, p. 334.
  193. Purdie, dans Hooker, London journal of botany, 1844, p. 515.
  194. Bojer, Hortus mauritianus, p. 127.
  195. Bory Saint-Vincent, Comptes rendus de l’Acad, des sc., 1836, sem. 2, p. 109.
  196. Asa Gray, Manual of bot. of the north. States, éd. 1868, p. 155 ; Botany of Califomia, 1, p. 177.
  197. Phillips, Pomarium brit., p. 335.
  198. Cl. Gay, Hist. Chili, Botanica, 2, p. 305.
  199. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 6 ; Boissier, Fl. orient., 2, p. 649.
  200. Ledebour, l. c. ; Fries, Summa Scandiv. p. 46 ; Nyman, Conspectus fl. europ. p. 213 ; Boissier, l. c. ; Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 245.
  201. Munby, Catal. Alg., éd. 2, p. 8.
  202. Comme les cerises mûrissent après la saison où les oiseaux émigrent, c’est surtout dans le voisinage des plantations qu’ils dispersent les noyaux.
  203. Sir J. Hooker, Fl. of brit. India.
  204. Lowe, Manual of Madeira, p. 235.
  205. Darlington, Fl. cestrica, éd. 3, p. 73.
  206. Ad. Pictet, Origines indo-européennes, éd. 2, vol. 1, p. 281.
  207. Heer, Pflanzen der Pfahlbauten, p. 24, fig. 17, 18, et p. 26.
  208. Dans Perrin, Études préhistoriques sur la Savoie, p. 22.
  209. Atti Soc. ital. sc. nat., vol. 6.
  210. Pour les variétés si nombreuses et qui ont des noms vulgaires si variables selon les provinces, on peut consulter le nouveau Duhamel, vol. 5, où se trouvent de bonnes figures coloriées.
  211. Hohenacker, Plantæ Talysch., p. 128.
  212. Koch, Dendrologie, 1, p. 110.
  213. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 6.
  214. Grisebach, Spicilegium fl. rumelicæ, p. 86.
  215. Boissier, Fl. orientalis, 2, p. 649 ; Tchihatcheff, Asie Mineure, Bot., p. 198.
  216. Sir J. Hooker, Fl. of brit. India, 2, p. 313.
  217. Steven, Verzeichniss Halbinseln, etc., p. 147.
  218. Rehmann, Verhandl. Nat. Ver. Brunn, X, 1871.
  219. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 69 ; Pflanzen d. attisch. Ebene, p. 477.
  220. Visiani, Fl. Dalmat., 3, p. 258.
  221. Bertoloni, Fl. it., 5, p. 131.
  222. Lecoq et Lamotte, Catal. du plateau central de la France, p. 148.
  223. Theophrastes, Hist. plant., l. 3, c. 13 ; Pline, l. 15, c. 25, et autres cités dans Lenz, Botanik der Alten, p. 710.
  224. Une partie des expressions qui suivent dans Théophraste résulte d’une confusion avec d’autres arbres. Il dit en particulier que le noyau est mol.
  225. Ad. Pictet, l. c., cite des formes du même nom en persan, turc, russe, et fait dériver de là notre nom français de Guigne, transporté à des variétés.
  226. Schouw, Die Erde, p. 44 ; Comes, Ill. delle piante, etc. in-4, p. 56.
  227. Sordelli, Plante della torbiera di Lagozza, p. 40.
  228. Caruel, Flora toscana, p. 48.
  229. Pline, Hist., l. 15, c. 13.
  230. Koch, Synopsis fl. germ., éd. 2, p. 228 ; Cosson et Germain, Flore des environs de Paris, 1, p. 165.
  231. Hudson, Flora anglica (1778), p. 212, les réunit sous le nom de Prunus communis.
  232. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 5 ; Boissier, Fl. orient., 2, p. 652 ; K. Koch, Dendrologie, 1, p. 94 ; Boissier et Buhse, Aufzähl Transcaucas., p. 80.
  233. Dioscorides, l. c., 174 ; Fraas, Fl. class., p. 69.
  234. Bretschneider, On the study, etc., p. 10.
  235. Fraas, Syn. fl. class., p. 69.
  236. Heldreich, Pflanzen attischen Ebene.
  237. Steven, Verzeichniss Halbinseln, 1, p. 472.
  238. Comes, Ill. plante pompeiane.
  239. Insititia veut dire étranger. C’est un nom bizarre, puisque toute plante est étrangère ailleurs que dans son pays.
  240. Wilkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 244 ; Bertoloni, Fl. ital. 5, p. 135 ; Grisebach, Spicilegium fl. Rumel., p. 85 ; Heldreich, Nutzpfl. Griechenlands, p. 68.
  241. Boissier, Fl. orient., 2, p. 651 ; Ledebour, Fl. ross., 2, p. 5 ; Hohenacker, Plantæ Talysch., p. 128
  242. Dioscorides, l. c., 173 ; Fraas, l. c.
  243. De Heldreich, Nutzpflanzen Griechenl., p. 68.
  244. De Heldreich, l. c.
  245. Heer, Pflanzen der Pfahlbauten, p. 27, fig. 16, c.
  246. Dioscorides, 1. 1, c. 165.
  247. Pline, l. 2, c. 12.
  248. Le nom latin a passé dans le grec moderne (Prikokkia). Les noms espagnol (Albaricoque), français {Abricot), etc., paraissent venir d’arbor præcox ou Præcocium, tandis que les mots vieux français, Armègne, italien Armenilli, etc., viennent de Mailon armeniacon. Voir d’autres détails sur les noms de l’espèce dans ma Géographie bot. raisonnée, p. 880.
  249. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 3.
  250. Boissier, Fl. orient., 2, p. 652.
  251. Tchihatcheff, Asie Mineure, Botanique, vol. 1.
  252. K. Koch, Dendrologie, 1, p. 87.
  253. Nouv. ann. des voyages, févr. 1839, p. 176.
  254. E. de Salle, Voyage, 1, p. 140.
  255. Spach, Hist. des vég. phanérog., 1, p. 389.
  256. Boissier et Buhse, Aufzählung der auf eine Reise, etc, in-4, 1860.
  257. Reynier, Économie des Égyptiens, p. 371.
  258. Munby, Catal., Fl. d’Algérie, p. 49 ; éd. 2.
  259. Schweinfurth et Acherson, Beiträge zur flora Æhiopiens, in-4, 1867, p. 259.
  260. Royle, Ill. of Himalaya, p. 205 ; Aitchison, Catal. of Punjab and Sindh, p. 56 ; sir J. Hooker, Fl. of brit. India, 2, p. 313 ; Brandis, Forest flora of N. W. and central India, 191.
  261. Wesmael, dans Bull. Soc. bot. Belgiq., 8, p. 219.
  262. Roxburgh, Fl. ind., éd. 2, v. 2, p. 501.
  263. Bretschneider, On the study and value of chinese works of botany, p. 10 et 49.
  264. Decaisne, Jardin fruitier du Muséum, vol. 8, article Abricotier.
  265. Le Dr  Bretschneider confirme ceci dans son opuscule récent : Notes on botanical questions, p. 3.
  266. Le Prunus Armeniaca de Thunberg est le Pr. Mume de Siebold et Zuccarini. L’Abricotier n’est pas mentionné dans l’Enumeratio, etc, de Franchet et Savatier
  267. Piddington, Index ; Roxburgh, Fl. ind., l. c. ; Forskal, Fl. Egypt. ; Delile, Ill. Egypt.
  268. Bretschneider, On the study and value of chinese botanical works.
  269. Bretschneider, Early european researches. p. 149.
  270. Bretschneider, Study and value, etc., p. 10, et Early researches, p. 149.
  271. Brandis, Forest flora ; sir J. Hooker, Fl. of brit. India, 3, p. 313.
  272. Roxburgh, Fl. ind., éd. 2, vol. 2, p. 500 ; Royle, Ill. Himal., p. 204.
  273. Boissier, Fl. or., 3, p. 641.
  274. K. Koch, Dendrologie, 1, p. 80 ; Tchihatcheff, Asie Mineure, Botanique, 1, p. 108.
  275. Ann. des sc. nat., série 3, vol. 19, p. 108.
  276. Gussone, Synopsis fl. siculæ, 1, p. 552 ; de Heldreich, Nutzpflanzen Griechenland’s, p. 67.
  277. Hiller, Hierophyton, 1, p. 215 ; Rosenmüller, Handb. bibl. Alterk., 4, p. 263.
  278. Théophrastes, Hist., l. 1, c. 11, 18, etc. ; Dioscorides, l. 1, c. 176.
  279. Schouw, Die Erde, etc. ; Comes, Ill. piante nei dipinti pompeiani, p. 13.
  280. Pline, Hist., 1. 16, c. 22.
  281. Moris, Flora Sardoa, 2, p. 5 ; Willkomm et Lange, Prodr. Fl. Hisp., 3, p. 243.
  282. Dictionnaire français-berbère, 1844.
  283. Alph. de Candolle, Géogr. bot. rais., p. 881.
  284. Theophrastes, Hist., IV, c. IV ; Dioscorides, l. 1, c. CLXIV ; Pline, édit. de Genève, 1. XV, c. XIII.
  285. Royle, Ill. Him., p. 204.
  286. Roxburgh, Fl. Ind., 2e édit., II, p. 500 ; Piddington, Index ; Royle, l. c.
  287. Sir Jos. Hooker, Journ. of bot., 1850, p. 54.
  288. Rose, chef du commerce français à Canton, les avait recueillies d’après des manuscrits chinois, et Noisette (Jard. fruit., 1, p. 76) a transcrit textuellement une partie de son mémoire. Ce sont des faits dans le genre de ceux-ci : Les Chinois considèrent les pêches allongées en pointe et bien rouges d’un côté comme le symbole d’une longe vie. En conséquence de cette antique persuasion, ces pêches entrent dans tous les ornements, en peinture et en sculpture, et surtout dans les présents de congratulations, etc. Selon le livre de Chin-noug-king, la pêche Yu prévient la mort ; si l’on n’a pas pu la manger à temps, elle préserve au moins le corps de la corruption jusqu’à la fin du monde. On cite toujours la pêche dans les fruits d’immortalité dont on a bercé les espérances de Tsinchi-Hoang, de Vouty, des Han et autres empereurs qui prétendaient à l’immortalité, etc.
  289. Lindley, Trans. hort. soc., V, p. 121.
  290. Trans. hort. soc. Lond., IV, p. 512, tab. 19.
  291. Roxburgh, l. c.
  292. Loureiro, Fl. coch., p. 386.
  293. Kæmpfer, Amoen., p. 798 ; Thunberg, Fl. Jap., p. 199. Kæmpfer et Thunberg indiquent aussi le nom de Momu, mais M. de Siebold (Fl. Jap., 1, p. 29) attribue un nom assez semblable, Mume, à un Prunier, Prunus Mume, Sieb. et Z.
  294. Noisette, Jard. fr., p. 77 ; Trans. Soc, hort. Lond., IV, p. 513.
  295. Pallas, Fl. ross., p. 13.
  296. Shuft-aloo (prononcez Schouft-alou), est le mot persan de la pêche lisse, d’après Royle (Ill. Him., p. 204).
  297. Ledebour, Fl. ross., 1, p. 3. Voir, p. 181, l’opinion subséquente de Koch.
  298. Bosc, Dict. d’agr., IX, p. 481.
  299. Thouin, Ann. Mus., VIII, p. 433.
  300. Royle, Ill. Him., p. 204.
  301. Bunge, Enum. plant. chin., p. 23.
  302. Thunberg, Fl. Jap., p. 199.
  303. Thunberg, Fl. Jap., p. 199.
  304. Les relations sur la Chine, que j’ai consultées, ne parlent pas de la pêche lisse ; mais, comme elle existe au Japon, il est infiniment probable qu’elle est aussi en Chine.
  305. Noisette, l. c. ; Trans. Soc. hort., IV, p. 512, tab. 19.
  306. Lindley, Trans. hort. Soc., V, p. 122.
  307. J. Bauhin, Hist., 4, p. 162 et 163.
  308. Dalechamp, Hist., 1, p. 295.
  309. Pline, l. XV, ch. 12 et 13.
  310. Pline, De div. gen. malorum, l. 2, c. 14.
  311. Dalechamp, Hist., 1, p. 358.
  312. Dalechamp, l. c. ; Matthioli, p. 122 ; Cæsalpinus, p. 107 ; J. Bauhin, p. 163, etc.
  313. Pline, l. 17, c. 10.
  314. Je n’ai pas pu découvrir un nom italien de fruit glabre ou autre qui dérive de tuber ou tuberes. C’est une chose singulière, car, en général, les anciens noms de fruits se sont conservés sous quelque forme.
  315. Braddick, Trans. hort. Soc. Lond., 2, p. 205.
  316. Ibid., pl. 13.
  317. Bertero, dans Ann. sc. nat., XXI, p. 350.
  318. Bretschneider, On the study and value of chinese botanical work., p. 10.
  319. Sir J. Hooker, Fl. of brit. India, 2, p. 313.
  320. Brandis, Forest flora, etc., p. 191.
  321. Boissier, Flora orientalis, 2, p. 640.
  322. K. Koch, Dendrologie, 1, p. 83.
  323. Decaisne, Jardin fruitier au Muséum, Pêchers, p. 42.
  324. Comes, Illustr. piante nei dipinti Pompeiani, p. 14.
  325. Darwin, On variations, etc., 1, p. 338.
  326. Decaisne, l. c., p. 2.
  327. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 94 ; et surtout Boissier, Fl. orient., 2, p. 653, qui a vérifié plusieurs échantillons.
  328. Sir J. Hooker, Fl. brit. India, 2, p. 374.
  329. Le P. sinensis décrit par Lindley est mal figuré quant aux dentelures des feuilles dans la planche du Botanical register, et au contraire parfaitement bien dans celle du Jardin fruitier du Muséum, de Decaisne. C’est la même espèce que le P. ussuriensis, Maximowicz, de l’Asie orientale.
  330. Il est figuré très bien dans le nouveau Duhamel, 6, pl. 59, et dans Decaisne, Jardin fruitier du Muséum, p. 1, fig. B et C. Le P. Balanaæ, pl. 6, du même ouvrage, paraît semblable, selon l’observation de M. Boissier.
  331. C’est le cas, par exemple, dans les forêts de la Lorraine, d’après les observations de Godron, De l’origine probable des Poiriers cultivés, br. in-8o, 1873, p. 6.
  332. Rosenmüller, Bibl. Altertk., Löw, Aramaeische Pflanzennamen, 1881.
  333. L’orthographe Pyrus, adoptée par Linné, se trouve dans Pline, Historia, ed. 1631, p. 301. Quelques botanistes ont voulu raffiner en écrivant Pirus, et il en résulte que, pour une recherche dans un livre moderne, il faut consulter l’index dans deux endroits, ou risquer de croire que les Poiriers ne sont pas dans l’ouvrage. En tout cas le nom des anciens est un nom vulgaire, mais le nom vraiment botanique est celui de Linné, fondateur de la nomenclature adoptée, et Linné a écrit Pyrus.
  334. Comès, Ill. piante dipinti Pompeiani, p. 59.
  335. Heer, Pfahlbauten, p. 24, 26, fig. 7.
  336. Sordelli, Notizie staz. lacustre di Lagozza, p. 37.
  337. Nemnich, Polyglott. Lexicon Naturgesch. ; Ad. Pictet, Origines indo-européennes, 1, p. 277 ; et mon Dictionnaire manuscrit de noms vulgaires.
  338. D’après une liste de noms de plantes communiquée par M. d’Abadie à M. le professeur Clos, de Toulouse.
  339. Godron, l. c., p. 28.
  340. Jacquin, Flora austriaca, 2, p. 4, pl. 107.
  341. Decaisne, ibid., pl. 18, et introduction, p. 30. Plusieurs variétés de Saugers, dont quelques-unes ont de gros fruits, sont figurées dans le même ouvrage.
  342. Decaisne, Jardin fruitier du Muséum, Poiriers, pl. 21.
  343. Boreau, Flore du centre de la France, éd. 3, v. 2, p. 236.
  344. Palladius, De re rustica, l. 3, c. 25. On employait pour cela « Pira sylvestria, vel asperi generis. »
  345. Le Coignassier de Chine avait été appelé par Thouin Pyrus sinensis. Malheureusement Lindley a donné le même nom à un véritable Pyrus.
  346. Decaisne (Jardin fruitier du Muséum, Poiriers, pl. 5) a vu des échantillons de ces deux pays. MM. Franchet et Savatier l’indiquent, au Japon, seulement comme cultivé.
  347. Nyman, Conspectus floræ europeæ, p. 240 ; Ledebour, Flora rossica, 2, p. 96 ; Boissier, Flora orient., 2, p. 656 ; Decaisne, Nouvelles Arch. Mus., 10, p, 153.
  348. Boissier, l. c.
  349. Maximowicz, Primitiæ ussur. ; Regel, Opit flori, etc., sur les plantes de l’Ussuri, de Maak ; Schmidt, Reisen Amur ; Franchet et Savatier, Enum. Jap., n’en parlent pas. Bretschneider cite un nom chinois qu’il dit s’appliquer à d’autres espèces.
  350. Koch, Synopsis fl. germ., 1, p. 261.
  351. Boreau, Flore du centre de la France, éd. 3, vol. 2, p, 236.
  352. Boissier, l. c.
  353. Ad. Pictet, Origines indo-européennes, 1, p. 276.
  354. De Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 64
  355. Théophraste, De causis, l. 6, cap. 24.
  356. Heer, Pfahlbauten, p. 24. f. 1-7.
  357. Sordelli, Sulle piante della stazione della Lagozza, p. 35.
  358. Boissier, Fl. orient., 2, p. 656 ; Ledebour, Fl. ross., 2, p. 55.
  359. Steven, Verzeichniss Taurien, p. 150 ; Sibthorp, Prodr. fl. græcæ, 1, p. 344.
  360. Boissier, l. c.
  361. Nemnich, Polygl. Lexicon.
  362. Nemnich, Polygl. Lexicon.
  363. Nemnich, l. c.
  364. De Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 64.
  365. In-4° Napoli, 1879.
  366. Cato, De re rustica, 7, c. 2.
  367. Boissier, Fl. orient., 2, p. 737 ; sir Joseph Hooker, Fl. of british India, 2, p. 581.
  368. Cité d’après Royle, Ill. Himal., p. 208.
  369. Ledebour, Fl. rossica, 2, p. 104.
  370. Munby, Fl. d’Alger, p. 49 ; Ball, Spicilegium floræ maroccanæ, p. 58.
  371. Boissier, l. c.
  372. Bretschneider, On study, etc., p. 16.
  373. Piddington, Index.
  374. Rosenmüller, Biblische Naturgeschichte, 1, p. 273 ; Hamilton, La botanique de la Bible, Nice, 1871, p. 48.
  375. Hehn, Cultur und Hausthiere aus Asien, éd. 3, p. 106.
  376. Hehn, ibid.
  377. Lenz, Botanik d. alten Griechen und Rœmer, p. 681.
  378. De Heldreich, Die Nutzpflanzen Griechenlands, p. 64.
  379. Fraas, F. class., p. 79 ; Heldreich, l. c.
  380. Hehn, l. c.
  381. Pline, l. 13, c. 19.
  382. Dictionnaire français-berbère, publié par le gouvernement français.
  383. De Saporta, Bull. soc. géol. de France du 5 avril 1869, p. 767, 769.
  384. Géogr. bot. raisonnée, p. 891.
  385. Descourtilz, Flore médicale des Antilles, 5, pl. 315.
  386. Miquel, Sumatra, p. 118 ; Flora Indiæ batavæ, 1, p. 425 ; Blume, Museum Lugd.-Bat., 1, p. 93.
  387. Hooker, Flora of brit. India, 2, p. 474 ; Baker, Flora of Mauritius, etc. p. 115 ; Grisebach, Fl. of brit. W. Indian islands, p. 235.
  388. Rumphius, Amboin., 1, p. 121, t. 37.
  389. Tussac, Flore des Antilles, 3, p. 89, pl. 25.
  390. Forster, Plantæ esculentæ, p. 36.
  391. Blume, Museum Lugd.-Bat., 1, p. 91 ; Miquel, Fl. Indiæ batavæ, 1, p. 411 ; Hooker, Fl. brit. India, 2, p. 412.
  392. Grisebach, Fl. of brit. W. India, p. 235 ; Baker, Fl. of Mauritius, p. 115.
  393. Raddi, Di alcune specie di Pero indiano, in-4, Bologna, 1821, p. 1.
  394. Martius, Syst. mat. medicæ bras., p. 32 ; Blume, Museum Lugd.-Bat., 1, p. 71 ; Hasskarl, dans Flora, 1844, p. 589 ; sir J. Hooker, Flora of brit. India, 2, p. 468.
  395. Géogr. bot. raisonnée, p. 893.
  396. Low, A manual flora of Madeira, p. 266.
  397. Voir Blume, l. c. ; Descourtilz, Flore médicale des Antilles, 2, p. 20, où se trouve une figure du Goyavier pyriforme ; Tussac, Flore des Antilles, 2, p. 92, qui contient une bonne planche de la forme arrondie. Ces deux derniers ouvrages renferment des détails intéressants sur la manière d’employer les goyaves, sur la végétation de l’espèce, etc.
  398. Rumphius, Amboin., 1, p. 141, 142 ; Rheede, Hort. malab., 3, t. 34.
  399. Bojer, Hortus mauritianus ; Baker, Flora of Mauritius, p. 112.
  400. Toutes les flores, et Berg, dans Flora brasiliensis, vol. 14, p. 196.
  401. Géogr. bot. raisonnée, p. 894 et 895.
  402. Acosta, Hist. nat, et morale des Indes orient. et occid., traduction française, 1598, p. 175, au verso.
  403. Hernandez, Novæ Hispaniæ Thesaurus, p. 85.
  404. Pison, Hist. brasil., p. 74 ; Marcgraf, ibid., p. 105.
  405. En anglais, le mot Gourd s’applique au Potiron (Cucurbita maxima). C’est un des exemples de la confusion des noms vulgaires, et de la précision supérieure des noms scientifiques.
  406. Naudin, Annales des sc. nat., série 4 ; vol. 12, p. 91 ; Cogniaux, dans nos Mon. Phan., 3, p. 417.
  407. Linné, Species plantarum, p. 1434, sous Cucurbita.
  408. A. P. de Candolle, Flore française (1805), vol. 3, p. 692.
  409. Rheede, Malabar, 8, pl. 1, 5 ; Royle, Ill. Himal., p. 218.
  410. Roxburgh, Flora indica, éd. 1832, v. 3, p. 719.
  411. Rumphius, Amboin., vol. 5, p. 397, t. 144.
  412. Piddmgton, Index, au mot Cucurbita lagenaria (en changeant la cacographie anglaise) ; Ad. Pictet, Origines indo-europ., éd. 3, vol. 1, p. 386.
  413. Seemann, Flora Vitiensis, p. 106.
  414. Bentham, Flora australiensis, 3, p. 316.
  415. Décrite d’abord sous le nom de Lagenaria idolatrica, A. Richard, Tentamen fl. abyss., 1, p. 293, et ensuite Naudin et Cogniaux ont reconnu l’identité avec le L. vulgaris.
  416. Torrey et Gray, Flora of North America, 1, p. 543 ; Grisebach, Flora of british W. India islands, p. 288.
  417. Bretschneider, lettre du 23 août 1881.
  418. Tragus, Stirp., p. 285 ; Ruellius, De natura stirpium, p. 498 ; Naudin, l. c.
  419. Pline, Hist. plant., l. 19, c. 5.
  420. Ibn Alawâm, d’après E. Meyer, Geschichte der Botanik, 3, p. 60 ; Ibn Baithar, trad. de Sondtheimer.
  421. Unger, Pflanzen des alten Ægyptens, p. 59 ; Pickering, Chronol. arrangement, p. 137.
  422. In-8, 1877, p. 17.
  423. Rauwolf, Flora orient., p. 125.
  424. Piso, Indiæ utriusque. etc., éd. 1658, p. 264.
  425. Marcgraf. Hist nat. Brasiliæ, 1648, p. 44.
  426. Naudin, l. c. ; Cogniaux, dans Flora brasil., fasc, 78, p. 7, et dans de Candolle, Monogr. Phaner., 3, p. 418.
  427. Cl. Gay, Flora Chilena, 2, p. 403.
  428. Ios, Acosta, trad. française, p. 167.
  429. Pickering, Chronol. arrang., p. 861.
  430. Pickering, l. c.
  431. Ramusio, vol. 3, p. 112.
  432. P. Brown, Jamaica, éd. 2, p. 354.
  433. Elliott, Sketch of the botany of S. Carolina and Georgia, 2, p. 663.
  434. Torrey et Gray, Flora of N. America, 1, p. 544.
  435. A. Gray, dans American journal of science, 1857, vol. 24, p. 442.
  436. Trumbull, dans Bulletin of the Torrey club of botany, vol. 6, ann. 1876, p. 69.
  437. Naudin, dans Annales des sc. nat., série 4, vol. 6, p. 5 ; vol. 12, p. 84.
  438. Ann. sc. nat., série 4, vol. 18, p. 160, vol. 19, p. 180.
  439. Jusqu’à 100 kilogr., d’après Le bon jardinier, 1850, p. 180.
  440. Hooker, Flora of tropical Africa, 2, p. 555.
  441. Lobel, Icones, t. 641. La figure est reproduite dans Dalechamp, Hist., 1, p. 626.
  442. Clarke, dans Hooker, Flora of british India, 2, p. 622.
  443. Bretschneider, lettre du 23 août 1881.
  444. La liste est dans E. Meyer, Geschichte der Botanik, 3, p. 401. Les Cucurbita dont il parle également devaient être la Gourde, Lagenaria.
  445. Piso, Brasil., éd. 1658, p. 264 ; Marcgraf, éd. 1648, p. 44.
  446. Harris, American Journal, 1857, vol. 24, p. 441 ; Trumbull, Bull. of Torreys Club, 1876, vol. 6, p. 69.
  447. Champlain, en 1604 ; Strachey, en 1610 ; etc.
  448. Asa Gray, Botany of the northem states, éd. 1868, p. 186.
  449. Darlington, Flora cestrica, 1853. p. 94
  450. Géogr. bot. raisonnée, p. 902.
  451. Naudin, Ann. sc. nat., série 5, vol. 6, p. 9 ; Cogniaux, dans de Candolle, Monogr. Phaner., 3, p. 546.
  452. A. Gray, Plantæ Lindheimerianæ, part. 2, p. 193.
  453. Molina, Hist. nat. du Chili, p. 377.
  454. Cogniaux, l. c. et Flora brasil., fasc. 78, p. 21.
  455. Cogniaux, Fl. bras. et Monogr. Phan., 3, p. 547.
  456. Voir l’excellente planche de Wight, Icones, t. 507, sous le nom faux de Cucurbita maxima.
  457. Cogniaux, dans Monogr. Phaner., 3, p. 547.
  458. Miquel, Sumatra, sous le nom de Gymnopetalum, p. 332.
  459. Cogniaux, Ibid.
  460. Bretschneider, lettre du 23 août 1881.
  461. Gardener’s chronicle, articles signés : J. H. H., 1857, p. 153 : 1858, p. 130.
  462. Cogniaux, dans Monogr. Phaner., 3, p. 485.
  463. Naudin, Ann. sc. nat., série 4, vol. 18, p. 171.
  464. Hooker, dans Flora of tropical Africa, 2, p. 546.
  465. Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung, p. 267.
  466. Schumacher et Thonning, Guineiske planten, p. 426.
  467. Cogniaux, l. c. p. 483.
  468. Bretschneider, lettre du 26 août 1881.
  469. Piddington, Index.
  470. Voir la copie dans Unger, Pflanzen des alten Ægyptens, fig. 25.
  471. Galien, De alimentis, 1. 2, c. 5.
  472. Voir toutes les Flores de Virgile, et Naudin, Ann. sc., nat., série 4 vol. 12, p. 111.
  473. Comes, Ill. piante nei dipinti pompeiani, in-4, p. 20, d’après Museo nazion., vol. 3, pl. 4.
  474. Habitat in Apulia, Calabria, Sicilia. (Linné, Species, ed. 1763, p. 1435.)
  475. Seringe, dans Prodromus, 3, p. 301.
  476. Naudin, Ann. sc. nat., série 4, vol. 12, p. 101 ; sir J. Hooker, dans Oliver, Flora of tropical Africa. 2, p. 549.
  477. Traduction française, p. 56.
  478. Unger a copié les figures de l’ouvrage de Lepsius, dans son mémoire Die Pflanzen des alten Ægyptens, fig. 30, 31, 32.
  479. Dictionnaire français-berbère, au mot Pastèque.
  480. Moris, Flora sardoa.
  481. Piddington, Index
  482. Bretschneider, Study and value, etc., p. 17.
  483. Heldreich, Pflanzen d. attischen Ebene, p. 591 ; Nutzpflanzen Griechenlands, p. 50.
  484. Langkavel. Botanik der späteren Griechen.
  485. Forskal, Flora ægypto-arabica, part. 1, p. 34.
  486. Nemnich, Polygl. Lexicon, 1, p. 1309.
  487. Piddington, Index ; Pickering, Chronological arrangement, p. 72.
  488. Heldreich, Nutzpflanzen, p. 50.
  489. « Sativa planta et tractu temporis quasi nativa facta, » (Piso, éd. 1658, p. 233.)
  490. Naudin, dans Ann. sc. nat., série 4, vol. 11, p. 31.
  491. Willdenow, Species, 4, p. 615.
  492. Piddington, Index.
  493. Botanical magazine, pl. 6206.
  494. Cogniaux, dans de Candolle, Monogr. Phanér., 3, p. 499.
  495. Bretschneider, lettres des 23 et 26 août 1881.
  496. Theophrastes, Hist., 1. 7, c, 4 ; Lenz, Botanik der alten Griechen und Roemer, p. 492.
  497. De Heldreich, Nutzpflanzen Griechenland’s, p. 50.
  498. Nemnich, Polygl. Lexicon, 1, p. 1306.
  499. Nemnich, ibid.
  500. Forskal, Flora æypt., p. 76.
  501. Rosenmüller, Biblische Alterthunskunde, p. 97 ; Hamilton, Botanique de la Bible, p. 34.
  502. Descourtilz, Flore médicale des Antilles, 5, pi. 329 ; Hooker, Botanical magazine, t. 5817 ; Cogniaux, dans Flora brasiliensis, fasc. 78, pl. 2.
  503. Browne, Jamaïca, éd. 2, p. 353.
  504. Grisebach, Flora of british W. India islands, p. 288.
  505. Cogniaux, l. c.
  506. Guanerva-oba, dans Piso, Brasil., éd. 1658, p, 264 ; Marcgraf, éd. 1648, p. 44, sans figure, en parle sous le nom de Cucumis sylvestris Brasiliæ.
  507. Naudin, Ann. sc. nat., série 4, vol. H, p. 12.
  508. Darlington, Agricultural botany, p. 58.
  509. C’est le Cucurbita Pepo de Loureiro et de Roxburgh.
  510. Clarke, dans Flora of british India, 2, p. 616.
  511. Cogniaux, dans de Candolle, Monogr. Phaner., 3, p. 513.
  512. Thunberg, Fl. jap. p. 322 ; Franchet et Savatier, Enum. plant. Jap., 1, p. 173.
  513. Hasskarl, Catal. horti bogor. alter, p. 190 ; Miquel, Flora indo-batava.
  514. Mueller, Fragm., 6, p. 186 ; Forster, Prodr. (sans descr, ) ; Seemann, Journal of botany, 2, p. 50.
  515. Nadeaud, Plantes usuelles des Tahitiens ; Énumération des plantes indigènes à Taïti.
  516. Breitschneider, lettre du 26 août 1881.
  517. Naudin, dans Ann. sc. nat., série 4, vol. 12, p. 121,
  518. Cogniaux, dans Monogr. Phanerog., 3, p. 458.
  519. Rheede, Hort. malabar., 8, p. 15, t. 8 ; Roxburgh, Fl. ind., 3, p. 714, 715, sous le nom de L. clavata ; Kurz, Contrib., 2, p. 100 ; Thwaites, Enum.
  520. Mueller, Fragmenta, 3, p. 107 ; Bentham, Flora austral., S, p, 317, sous des noms synonymes de L. cylindrica d’après Naudin et Cogniaux.
  521. Hooker, dans Flora of tropical Africa, 2, p. 530.
  522. Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung, p. 268.
  523. Forskal, Fl. ægypt., p. 75.
  524. Naudin, Ann. sc. nat., sér. 4, v. 12, p. 122 ; Cogniaux, dans Monogr. Phaner., 3, p. 459.
  525. Linné, Species, p. 1436, sous le nom de Cucumis acutangulus.
  526. Rheede, Hort. malab., 8, p. 13, t. 7.
  527. Thwaites, Enum. Ceylan., p. 126 ; Kurz, Contrib., 2, p. 101 ; Loureiro, Fl. Cochinch., p. 727.
  528. Rumphius, Amboin., 5, p. 408, t. 149
  529. Clarke, dans Flora of british India, 2, p. 614.
  530. Bojer, Hortus mauritianus.
  531. Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung, p. 268.
  532. Bretschneider, On study, etc., p. 17.
  533. Naudin, Ann. sc. nat., série 4, vol. 18, p 190.
  534. Rumphius, Amboin., 5, pl. 148.
  535. Grisebach, Flora of brit. W. India Islands, p. 286.
  536. Browne, Jamaica, p. 355.
  537. Jacquin, Stirp. amer. hist., p. 259.
  538. Naudin, Ann. sc. nat., série 4, vol. 18, p. 205.
  539. Dans Monogr. Phaner., 3. p. 902.
  540. Seemann, Bot. of Herald, p. 128.
  541. Sagot, Journal de la Soc. d’hortic. de France, 1872.
  542. Cogniaux, Flora brasil., fasc. 78.
  543. Sagot, l. c., 19.
  544. Webb et Berthelot, Phytographia canariensis, sect. I, p. 208.
  545. Hernandez, Thesaurus Novæ Hispaniæ, p.78.
  546. Sloane, Jamaica, 2, p. 150.
  547. Chapman, Flora of south. United states, p. 144.
  548. Le Cactos des Grecs était tout autre chose.
  549. Steinheil, dans Boissier, Voyage bot. en Espagne, 1, p. 25.
  550. Webb et Berthelot, Phyt. canar.
  551. Robson, cité dans English botany, planche 2057.
  552. Nyman, Conspectus fl. europeæ, p. 266 ; Boissier, Fl. or., 2, p. 815.
  553. Munby, Catal., éd. 2, p. 15.
  554. Ball, Spicilegium fl. marocc., p. 449.
  555. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 194 ; Boissier, l. c.
  556. Clarke, dans Hooker, Fl. brit. India, 2, p. 410.
  557. Phillips, Account of fruits, p. 174.
  558. Moore et More, Contrib. to the Cybebe hibernica, p. 113.
  559. Davies, Welsh botanology, p. 24.
  560. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 199.
  561. Torrey et Gray, Fl. N. Am., 1, p. 150.
  562. Dodoneus, p. 748.
  563. Watson, Cybele brit.
  564. Brebisson, Flore de Normandie, p. 99.
  565. Phillips, Account of fruits, p. 136.
  566. Gérard, Herbal, p. 1143.
  567. Celui de Currant est venu plus tard, par suite de l’analogie avec les raisins de Corinthe (Phillips, ib.).
  568. Legonidec, Diction. celto-breton.
  569. Moritzi, Dict. inéd. des noms vulgaires.
  570. Linné, Flora suecica, n. 197
  571. Watson, Compend. Cybele, 1, p. 177 ; Fries, Summa veg. Scandinaviæ, p. 39 ; Nyman, Conspectus floræ europeæ, p. 266.
  572. Boissier. Fl. or., 2, p. 815.
  573. Ledebour, Fl. ross., p. 200 ; Maximovicz, Primitiœ fl. Amur., p. 119 ; Clarke, dans Hooker, Fl. brit. India, 2, p. 411.
  574. Boreau, Flore du centre de la France, éd. 3, p. 262.
  575. Bauhin, Hist. plant., 2, p. 99.
  576. Ce nom de cassis est assez singulier. Littré, dans son Dictionnaire, dit qu’il semble être entré tardivement dans la langue et qu’il n’en connaît pas l’origine. Je ne l’ai pas trouvé dans les livres de botanique avant le milieu du XVIIIe siècle. Mon recueil manuscrit de noms vulgaires ne présente pas, sur plus de quarante noms de cette espèce dans différentes langues ou patois, un seul nom analogue. Buchoz, dans son Dictionnaire des plantes, 1770, 1, p. 289, appelle la plante le cassis ou cassetier des Poitevins. L’ancien nom français était poivrier ou groseillier noir. Le Dictionnaire de Larousse dit qu’on fabriquait des liqueurs estimées à Cassis, en Provence. Serait-ce l’origine du nom ?
  577. Aitchison, Catalogue, p. 86.
  578. Lowe, Manual flora of Madeira, 2, p. 20 ; Webb et Berthelot, Hist. nat. des Canaries, Géogr. bot., p. 48 ; Ball, Spicilegium floræ maroccanæ p. 565.
  579. Cosson, Bull. Soc. bot. France, 4, p. 107, et 7, p. 31 ; Grisebach, Spicilegium floræ rumelicæ, 2, p. 71 ; Steven, Verzeichniss d. taurischen Halbinseln, p. 248 ; Ledebour, Fl. ross., p. 38.
  580. Bulletin, 4, p. 107.
  581. Rosenmüller, Handbuch der biblischen Alterthumskunde, vol. 4, p. 208, et Hamilton, Botanique de la Bible, p. 80, où les passages sont indiqués.
  582. Fr. Lenormand, Manuel de l’histoire ancienne de l’Orient, 1869, vol. 1, p. 31.
  583. Fick, Wörterbuch. — Piddingion, Index, ne mentionne qu’un nom hindoustani, Julpai.
  584. Hérodote, Hist., l. 1, c. 193.
  585. Boissier, Flora or., 4, p. 36.
  586. Ebn Baithar/trad. allem., p. 569 ; Forskal, Plant. Egypt., p. 49.
  587. Boissier, l. c. ; Steven, l. c.
  588. Unger, Die Pflanzen d. alten Ægyptens, p. 45.
  589. De Candolle, Physiol. végét., p. 696 ; Al. Braun, l. c., p. 12 ; Playte, cité par Braun et par Ascherson, Sitzber. Naturfor. Ges., 15 mai 1877.
  590. Hehn, Kulturpflanzen, éd. 3, p. 88, ligne 9.
  591. Theophrastes, Hist. plant., l. 4, c. 3, à la fin.
  592. Kralik, dans Bull. Soc. bot. Fr., 4, p. 108.
  593. Schweinfurth et Ascherson, Beiträge zur flora Æthiopiens, p. 281.
  594. Balansa. Bull. Soc. bot. de France, 4, p. 107.
  595. Moris, Flora sardoa, 3, p. 9 ; Bertoloni, Flora ital., 1, p. 46.
  596. Pline, Hist., l. 15, c. 1.
  597. Duveyrier. Les Touaregs du nord (1864), p. 179.
  598. Munby, Flore de l’Algérie, p. 2 ; Debeaux, Catal. Boghar, p. 68.
  599. Boissier, Voyage bot. en Espagne, éd. 1, 2, p. 407.
  600. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hispan., 2, p. 672.
  601. Webb et Bertbelot, Hist. nat. des Canaries, Géog. bot., p. 47 et 48.
  602. Webb et Berthelot, Ibid., Ethnographie, p. 18S.
  603. Seemann, Botany of Herald, p, 166.
  604. Grisebach. Flora of british W. Ind. islands, p. 398.
  605. Sloane, Jamaïque, 2, p. 170 ; Jacquin, Amer., p. 52.
  606. Flora brasil., vol. 7, p. 88.
  607. Voir la synonymie dans Flora brasiliensis, vol. 7, p. 66.
  608. Sagot, dans Journal Soc. d’hort. de France, 1872, p. 347.
  609. Blanco, Fl. de Filipinas, sous le nom d’Achras Lucuma.
  610. Nova genera, 3, p. 240.
  611. Dampier et Lussan, dans Sloane, Jamaïca, 2, p. 172 ; Seemann, Bot. of Herald, p. 166.
  612. Jacquin, Amer., p. 59 ; Humboldt et Bonpland, Nova genera, 3, p. 239.
  613. Grisebach, Flora of brit. W. Ind., p. 399.
  614. Sloane, l. c.
  615. Dunal, Histoire des Solanum, p. 209.
  616. Ebn Baithar, trad. allemande, 1, p. 116.
  617. Rauwolf, Flora orient., édit. Groningue, p. 26.
  618. Dictionn. français-berbère, publié par le gouvernement français.
  619. Thonning, sous le nom de S. edule ; Hooker. Niger Flora, p. 473
  620. Transactions of the Linnean society, 17, p. 48 ; Baker, Flora of Mauritius, p. 215.
  621. Bretschneider, On the study, etc., p. 17.
  622. Forter, De plantis esculentis insularum, etc.
  623. Piddington, Index.
  624. Piddington, au mot Capsicum.
  625. Nemnich, Lexicon, indique douze noms français et huit allemands.
  626. Piso, p. 107 ; Marcgraf, p 39.
  627. Descourtilz, Flore médicale des Antilles, 6, pl. 423.
  628. Fingerhuth, Monographia gen. Capsici, p. 12 ; Sendtner, dans Flora brasil., vol. 16, p. 147.
  629. Roxburgh. Fl. ind., éd. Wall., 2, p. 260 ; éd., 1822, 2, p. 574.
  630. Blume, Bijdr. 2, p. 704.
  631. Sendtner, dans Flora bras., 10, p. 143.
  632. Alph. de Candolle. Prodr., 13, s. 1. p. 26.
  633. Roxburgh, Fl. Indica, éd. 1832, vol. 1, p. 565 ; Piddington, Index.
  634. Rumphius, Amboin., 5, p. 416.
  635. Mala peruviana, Pomi del Peru, dans Bauhin, Hist., 3, p. 621.
  636. Hughes, Barbadoes, p. 148.
  637. Humboldt, Nouv.-Espagne, éd. 2, vol. 2, p. 472.
  638. Flora brasil., vol. 10, p. 126.
  639. Les proportions du calice et de la corolle sont les mêmes que dans la Tomate cultivée, mais elles sont différentes dans l’espèce voisine, L. Humboldtii, dont on mange aussi le fruit, d’après de Humboldt, et qu’il a trouvée sauvage dans le Venezuela.
  640. Ruiz et Pavon, Flor. peruv., 2, p. 37.
  641. Spruce, n. 4143, dans l’Herbier Boissier.
  642. Asa Gray, Bot. of California, 1, p. 538.
  643. Baker, Flora of Mauritius, p. 216.
  644. Clusius, Historia, p. 2.
  645. Par exemple à Madère, d’après Grisebach, Fl. of brit. W. India, p. 280 ; aux îles Maurice, Seychelles et Rodriguez, d’après Baker, Flora, p. 290.
  646. Il n’est pas dans Rumphius.
  647. Aublet, Guyane, 1, p. 364.
  648. Meissner, dans Prodromus, vol. 15, sect. 1, p. 52, et Flora brasil., vol. 5, p. 158. Pour le Mexique : Hernandez, p. 89. Pour le Venezuela et Para : Nées, Laurineæ, p. 129. Pour le Pérou oriental : Pœppig, Exsicc., vu par Meissner.
  649. P. Browne, Jamaïca, p. 214 ; Jacquin, Obs., 1, p. 38.
  650. Acosta, Hist. nat. des Indes, édit. 1598, p. 176.
  651. Laet, Hist. nouv. monde, 1, p. 325 ; 341.
  652. Voir les belles planches de Tussac, Flore des Antilles, 3, p. 45, pl. 10 et 11. Le Papayer appartient à la petite famille des Papayacées, réunie par quelques Botanistes aux Passiflorées et par d’autres aux Buxacées.
  653. R. Brown, Botany of Congo, p. 52 ; A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 917.
  654. Sagot, Journal de la Société centrale d’horticulture de France, 1872.
  655. Rumphius, Amboin., 1, p. 147.
  656. Sloane, Jamaïca, p. 165.
  657. Loureiro, Flora Cochinch., p. 772.
  658. Marcgraf, Brasil., p. 103, et Piso, p. 159, pour le Brésil ; Ximenes, dans Marcgraf et Hernandez, Thesaurus, p. 99, pour le Mexique ; ce dernier pour Saint-Domingue et le Mexique.
  659. Clusius, Curæ posteriores, p. 79, 80.
  660. Martius, Beitr. z. Ethnographe, 2, p. 418.
  661. P. Browne, Jamaïca, éd. 2, p. 360. La première édition, que je n’ai pas vue, est de 1756.
  662. Le passage d’Oviedo est traduit en anglais par Correa de Mello et Spruce, dans leur mémoire. Journal of the proceedings of the Linnean Society, 10, p. 1.
  663. Prodr., 15, s. 1, p. 414.
  664. Boissier, Flora orientalis, 4, p. 1154 ; Brandis, Forest flora of India, p. 418 ; Webb et Berthelot, Hist. nat. des Canaries, Botanique, 3, p. 257.
  665. M. le comte de Solms-Laubach, dans une savante dissertation (Herkunft, Domestication, etc, des Feigenbaums, in-4, 1882), a constaté sur place des faits de ce genre, déjà indiqués par divers auteurs. Il n’a pas trouvé les graines pourvues d’embryons (p. 64), ce qu’il attribue à l’absence de l’insecte (Blastophaga), qui vit ordinairement dans la figue sauvage et favorise la fécondation d’une fleur à l’autre dans l’intérieur du fruit. On assure cependant que la fécondation s’opère quelquefois sans le secours de l’insecte.
  666. Chabas, Mélanges egyptol., série 3 (1873), vol. 2, p. 92.
  667. Rosenmüller, Bibl. Alterthumskunde, 1, p. 285 ; Reynier, Économie publique des Arabes et des Juifs, p. 470 (pour la Michna).
  668. Forskal. Fl. ægypto-arab., p. 125. M. de Lagarde (Revue crit. d’hist., 27 février 1882) dit que ce nom sémite est très ancien.
  669. Bretschneider, dans Solms, l. c., p. 51.
  670. Hérodote, 1, 71.
  671. Lenz, Botanik der Griechen, p. 421, cite quatre vers d’Homère. Voir aussi Hehn, Culturpflanzen, éd. 3, p. 84.
  672. Hehn, Culturpflanzen, éd. 3, p. 513.
  673. Il ne faut pas s’attacher aux divisions exagérées faites par Gasparini dans le Ficus Carica, Linné. Les botanistes qui ont étudié le Figuier après lui conservent une seule espèce et énumèrent dans le Figuier sauvage plusieurs variétés. Elles sont innombrables pour les formes cultivées.
  674. Gussone, Enum. plant. Inarimensium, p. 301.
  675. Pour l’ensemble de l’histoire du Figuier et de l’opération, d’une utilité douteuse, qui consiste à répandre des Caprificus à insectes parmi les pieds cultivés (caprification), voir la dissertation de M. le comte de Solms.
  676. Pline, Hist., l. 15, c. 18.
  677. Hehn, l. c., p. 512.
  678. Webb et Berthelot, l. c., Ethnographie, p. 186, 187 ; Phytographie, 3, p. 257.
  679. D’après Duveyrier, Les Touaregs du nord, p. 193.
  680. Planchon, Étude sur les tufs de Montpellier, p. 63 ; de Saporta, La flore des tufs quaternaires en Provence, dans les Comptes rendus de la 33e session du Congrès scientifique de France, et à part, p. 27, Bull. Soc. geolog., 1873-74, d. 442.
  681. Voir les belles planches publiées dans Tussac, Flore des Antilles, vol. 2, pl. 2 et 3 ; et Hooker, Botanical magazine, t. 2869-2871.
  682. Voyage à la Nouvelle-Guinée, p. 100.
  683. Hooker, l. c.
  684. Rumphius, Herb. Amboin., 1, p. 112, pl. 33.
  685. Seemann, Flora Vitiensis, p. 255.
  686. Seemann, l. c. ; Nadeaud, Enum, des plantes indigènes de Taïti, p. 44 ; Id., Plantes usuelles des Tahitiens, p. 24.
  687. Voir les planches de Tussac, Flore des Antilles, pl. 4, et Hooker, Botanical magazine, t. 2833, 2834.
  688. Rheede, Malabar, 3, p. 18 ; Wight, Icones, 2, num. 678 ; Brandis, Forest flora of India, p. 426 ; Kurz, Forest flora of brit. Burma, p. 432.
  689. Tussac, l. c.
  690. Baker, Flora of Mauritius, etc., p 282.
  691. De Martius, Genera et species Palmarum, in-folio, vol. 3, p. 257 ; G. Ritter, Erdkunde, 13, p. 760 ; Alph. de Candolle, Géographie botanique raisonnée, p. 343.
  692. Unger, Pflanzen d. alt. Ægyptens, p. 38.
  693. Pline, Hist., 6, c. 37.
  694. Unger, l. c.
  695. Voir C. Ritter, l. c.
  696. Hehn, Cullurpflanzen, éd. 3, p. 234.
  697. C. Ritter, l. c., p. 828.
  698. D’après Roxburgh, Royle, etc.
  699. Bretschneider, On study, etc., p. 31.
  700. D’après Schmidt, Flora d. Cap-Verd Inseln, p. 168, le Dattier est rare dans ces îles et n’y est certainement pas sauvage. Au contraire, dans quelques-unes des îles Canaries, il a toutes les apparences d’un arbre indigène, d’après Webb et Berthelot, Hist. nat. des Canaries, Botanique, 3, p. 289.
  701. De Humboldt, Nouvelle-Espagne, 1re édit., II, p. 360.
  702. Oviedo, Hist. nat., 1556, p. 112-114. Le premier ouvrage d’Oviedo est de 1526. C’est le plus ancien voyageur naturaliste cité par Oryander (Bibl. banks.) pour l’Amérique.
  703. J’ai lu ce passage également dans la traduction d’Oviedo par Ramusio, vol. 3, p. 115.
  704. De Humboldt, Nouvelle-Espagne, 2e édit., p. 385.
  705. Garcilasso de la Vega, Commentarios reales, 1, p. 282.
  706. Acosta, Hist. nat. de Indias, 1608, p. 250.
  707. Desvaux, Journ. bot., IV, p. 5.
  708. Caldcleugh, Trav. in S. Amer., 1825, 1, p. 23.
  709. Stevenson, Trav. in S. Amer., 1, p. 328.
  710. Stevenson, Trav. in S. Amer., 1, p. 363.
  711. Boussingault, dans C. r. Acad. sc. Paris, 9 mai 1836.
  712. Meyen, Pflanz. geog., 18.36, p. 383.
  713. Ritter, Erdkunde, 4, p. 870 et suiv.
  714. Seemann, Botany of Herald, p. 213 ; Ernst, dans Seemann, Journal of botany, 1867, p. 289 ; Sagot, dans Journal de la Société d’hortic. de France, 1872, p. 226.
  715. Martius, Ethnogr. Sprachenkunde America’s, p. 123.
  716. Roxburgh et Wallich, Fl. ind., 2, p. 485 ; Piddington, Index.
  717. Pline, Hist., 1. 12, c. 6.
  718. Unger, l. c., et Wilkinson, 2, p. 403, ne le mentionnent pas. Le Bananier se cultive aujourd’hui en Égypte.
  719. Forster, Plant. esc., p. 28.
  720. Clusius, Exot., p. 229 ; Brown, Bot. Congo, p. 51.
  721. Roxburgh, Corom., tab. 275 ; Fl. ind., l. c.
  722. Rumphius, Amb., 5, p. 139.
  723. Loureiro, Fl. coch., p. 791.
  724. Blanco, Fl., 1re édit., p. 247.
  725. Finlayson, Journ. to Siam, 1826, p. 86, d’après Ritter, Erdk., 4, p. 878.
  726. Thwaites, Enum. plant. Ceylan, p. 321.
  727. D’après Aitchison, Catal. of Punjab, p. 147.
  728. Hughes, Barb., p. 182 ; Maycock, Fl. Barb., p. 396.
  729. Sloane, Jamaica, 2, p. 148.
  730. Piso, édit. 1648, Hist. nat., p. 75.
  731. De Humboldt a cité l’édition espagnole de 1608. La première édition est de 1591. Je n’ai pu consulter que la traduction française de Regnault, qui est de 1598 et qui a tous les caractères de l’exactitude, indépendamment du mérite au point de vue de la langue française.
  732. Acosta, traduction, l. 4, c. 21.
  733. C’est-à-dire probablement à Hispaniola, soit Saint-Domingue, car, s’il avait voulu dire en langue espagnole, on aurait traduit par castillan et sans lettre capitale. Voyez d’ailleurs la page 168 de l’ouvrage.
  734. Il y a ici probablement une faute d’impression pour Andes, car le mot Indes n’a pas de sens dans ce passage. Le même ouvrage dit, page 166, qu’il ne vient pas d’Ananas au Pérou, mais qu’on les y apporte des Andes, et, page 173, que le cacao vient des Andes. Cela signifiait donc les régions chaudes. Le mot Andes a été appliqué ensuite à la chaîne des montagnes, par une transposition bizarre et malheureuse.
  735. J’ai parcouru l’ouvrage en entier pour m’en assurer.
  736. Prescott, Conquête au Pérou, édit. de Baudry, 164, 183. L’auteur a consulté des sources précieuses, entre autres un manuscrit de Montesinos, de 1527, mais il ne cite pas ses autorités pour chaque fait, et se borne à des indications vagues et collectives qui sont loin de suffire.
  737. Marcgraf, Brasil., p. 33.
  738. Oviedo, trad. de Ramusio, 3, p. 113 ; Jos. Acosta, Hist. nat. des Indes, trad. franc., p. 166.
  739. Thevet, Pison, etc. ; Hernandez, Thes, p. 341.
  740. Rheede, Hort. malab., 11, p. 6.
  741. Rumphius, Amboin., 5, p. 228.
  742. Royle, Ill., p. 376.
  743. Kircher, Chine illustrée, trad. de 1670, p. 253.
  744. Clusius, Exotic., cap. 44.
  745. Baker, Flora of Mauritius.
  746. Royle, l. c.
  747. Seemann, Bot. of Herald, p. 215.
  748. Humboldt, Nouv.-Esp. ; 2e édit., 2, p. 478.
  749. Gardener’s chron., 1881, vol. 1, p. 657.
  750. Martius, lettre à A. de Candolle, Géogr. bot. rais., p. 927.