P. Cornelii rothomagensis, ad illustrissimi Francisci, archiepiscopi, Normaniæ primatis, invitationem, qua gloriosissimum regem, eminentissimumque cardinalem-ducem versibus celebrare jussus est, excusatio

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P. Cornelii rothomagensis, ad illustrissimi Francisci, archiepiscopi, Normaniæ primatis, invitationem, qua gloriosissimum regem, eminentissimumque cardinalem-ducem versibus celebrare jussus est, excusatio
Poésies diverses, Texte établi par Charles Marty-LaveauxHachettetome X (p. 64-72).

XX

P. Cornelii rothomagensis, ad illustrissimi Francisci[1], archiepiscopi, Normaniæ primatis, invitationem, qua gloriosissimum regem, eminentissimumque cardinalem-ducem versibus celebrare jussus est,
excusatio
.

Dans un excellent mémoire intitulé : Louis XIII et sa cour aux eaux de Forges[2], M. F. Bouquet raconte en grand détail le séjour du Roi dans cette localité depuis le mercredi 15 juin 1633 jusqu’au dimanche 3 juillet de la même année : « Forges, dit-il en résumant son travail, avait vu se rendre auprès du Roi et de la Reine l’illustre cardinal, des ambassadeurs étrangers, les plus hauts dignitaires de l’État, tous les représentants de l’autorité souveraine dans la province de Normandie, la noblesse des environs et les corps de cavalerie et d’infanterie attachés au service de Leurs Majestés et du Cardinal. Il avait eu un théâtre[3], des comédiens illustres, enfin tout l’éclat et tout le mouvement inséparables d’un voyage de la cour, même dans une aussi modeste bourgade. » M. Bouquet suppose avec beaucoup de vraisemblance que l’archevêque de Rouen ne dut pas manquer d’aller aussi présenter ses devoirs au Roi, et que ce fut en cette circonstance qu’il engagea Corneille à célébrer dans ses vers Louis XIII et Richelieu. S’il en est ainsi, notre poëte ne répondit pas immédiatement et ne satisfit qu’un peu plus tard au désir du prélat, en paraissant s’excuser de ne le pouvoir faire. Quoi qu’il en soit, cette pièce de vers latins est assurément postérieure au 24 septembre 1633, date de la prise de Nancy, dont il est question au vers 54. Elle a été publiée en 1634, et forme les pages 248-251 d’un recueil intitulé : Epinicia Musarum Eminentissimo Cardinali Duci de Richelieu, Parisiis, apud Sebastianum Cramoisy.... M.DC.XXXIV, in-4o. Ce recueil latin est habituellement relié à la suite d’un recueil français intitulé : les Sacrifices des Muses au grand Cardinal de Richelieu, à Paris, chez Sebastien Cramoisy…. M.DC.XXXV. Le tout correspond à un autre volume semblable de disposition et d’aspect, publié chez le même libraire et intitulé, pour la première partie : le Parnasse royal, où les immortelles actions du très-chrestien et très-victorieux Monarque Louis XIII sont publiées par les plus célèbres Esprits de ce temps..., et pour la seconde : Palmæ regiæ invictissimo Ludovico XIII, regi christianissimo, a præcipuis nostri ævi poetis in trophæum erectæ. Comme dans le volume dont nous avons parlé d’abord, le titre de la première partie porte pour date M.DC.XXXV, et celui de la seconde M.DC.XXXIV. Le privilège de ces volumes a été accordé à Boisrobert le 23 avril 1633, et transporté à Cramoisy le 10 mai ; toutefois l’Achevé d’imprimer n’est que du 14 août 1634 ; mais cela se trouve fort bien expliqué par les avis de l’imprimeur au lecteur, qui nous apprennent que les recueils se formaient pour ainsi dire au fur et à mesure de l’impression, et qu’on mettait les pièces entre les mains des compositeurs aussitôt qu’elles arrivaient, sans observer aucun ordre[4]. — Ces vers latins de Corneille sont fort curieux pour l’histoire de ses premiers ouvrages ; nous y trouvons même un peu tardivement le moyen de rectifier une légère erreur que les divers éditeurs de Corneille avaient commise quant à la date de la Galerie du Palais, erreur dans laquelle nous étions nous-même tombé à leur exemple[5]. — Au bas des pages, nous donnons, selon notre coutume, la traduction française[trad 1].


Neustriacæ lux alma plagæ, quo nostra superbit

Infula, et Aonii laurus opaca jugi[6],
Heroum ad laudes, dignosque Marone triumphos
Parce, precor, tenuem sollicitare chelyn.
Non ingrata canit, sed et impar fortibus ausis, 5
Quæ canat, exiguis viribus apta legit.
Ad scenam teneros deducere gaudet amores,
Et vetus insuetis drama novare jocis.
Regnat in undanti non tristis musa theatro,
Atque hilarem populum tædia nosse vetat. 10
Hanc doctique rudesque, hanc mollis et aulicus[7], et jam
Exeso mitis Zoïlus ungue stupet.
Nil tamen hic fortes opus alte intendere nervos,
Nostraque nil duri scena laboris eget.
Vulgare eloquium, sed quo improvisus amator 15

Occurrens dominæ fundere vota velit[8].
Obvius hoc blandum compellet amicus amicum[9] ;
Hoc subitum excipiat læta puella procum[10].
Ars artem fugisse mihi est, et sponte fluentes
Ad numeros facilis pleraque rhythmus obit. 20
Nec, solis addicta jocis risuque movendo,
Semper in exiguo carmine vena jacet :
Sæpius et grandes soccis miscere cothurnos,
Et simul oppositis docta placere modis.
In lacrimas natam pater[11], aut levis egit amator 25
Sæpius[12], aut lusu sæviit ira proci[13] ;
Atque ubi pene latus venalis pergula rumpit,

Hic aliquid dignum laude, Lysandre, furis[14] ;
Nec minus Angelicæ dolor et suspiria spretæ[15],
Quam placuere tui, Phylli jocosa, sales[16] ; 30
Et quorum in patulos solvis lata ora cachinnos,
Multa his Angelica lacrima flente cadit.
Sed tamen hic scena est, et gestu et voce juvamur,
Forsitan et mancum Roscius[17] implet opus.
Tollit si qua jacent, et toto corpore prodest, 35
Forsan et inde ignis versibus, inde lepos.
Vix sonat a magno divulsa camœna theatro,
Blæsaque nil proprio sustinet ore loqui.
Hi mihi sunt fines, nec me quæsiveris extra :
Carminibus ponent clausa theatra modum ; 40

Nec, Lodoïce, tuos ausim temerare triumphos,
Richeliumve humili dedecorare lyra.
Regis ad adventum fusos Rhea protinus Anglos
Tundere spumantes libera vidit aquas.
Victa sibi nullo Rupella[18] cruore madendum 45
Mirata est, iram vicerat ille prius :
Victores dominum, victi sensere parentem[19],
Mœnibus admisit cum benesuada fames.
Quem sprevit socium, dominum tulit inde Sabaudus,
Quique fide pGouit cedere, cessit agris ; 50
Cessit et obsesso pugnax a Cazale Iberus,
Jamque suo servit Mantua læta duci.
Arx quoque totius non impar viribus orbis,

Nanceium, viso vix bene Rege, patet.
Richelius tanto ingentes sub principe curas 55
Explicat, et tantis pars bona rebus adest ;
Nec pretiosam animam Lodoïci impendere palmis,
Aut patriæ dubitet postposuisse bonis.
Tempora rimatur, pavidum ruiturus in hostem,
Et ruit, et solo nomine sæpe domat. 60
Nestora Richelius, Rex vincere possit Achillem[20].
Hæc levibus metris credere, quale nefas !
Tanta canant quorum præcordia Cynthius urget
Plenior, et mentem grandior æstus agit :
Sit satis ad nostros plausisse utrumque lepores ; 65
Forsitan et nomen novit uterque meum.
Laudibus apta minus, curis fuit apta levandis

Melpomene, et longos sit ; precor, apta dies.
Hos gestit versare modos hic nescia vinci
Nostra coronato vertice laurus ovat : 70
Me pauci hic fecere parem, nullusque secundum[21],
Nec spernenda fuit gloria pone sequi.
Desipiat nota forsan qui primus in arte,
Ultimus ignotis artibus esse velit.
Suspicio vates, et carmina pronus adoro 75
Materiam queis Rex, Richeliusve dédit ;
Sed neque Godæis[22] accedat musa tropæis,
Nec Capellanum[23] fas mihi velle sequi,

Ut taceam reliquos quorum sonat undique fama
Non minor, et grandi pectore vena salit. 80
Hos ego sperarim[24] nequicquam æquare canendo :
Hos sua perpetuum, me mea palma juvet.
Tu modo, quem meritis dudum minor infula cingit,
Neustricæ, præsul, gloria luxque plagæ,
Heroum ad laudes, dignosque Marone triumphos 85
Parce, precor, tenuem sollicitare chelyn.



  1. Bienfaisante lumière de la plage neustrienne, toi dont s’enorgueillit notre mitre épiscopale et l’épais laurier du mont d’Aonie, épargne, je t’en prie, mon faible luth, et ne le sollicite pas de célébrer les louanges des héros et des triomphes dignes d’un Virgile. Ses chants ne sont pas sans charme ; mais ne pouvant suffire aux entreprises audacieuses, il choisit ce qui convient à ses modestes forces. Il se plaît à introduire sur la scène les tendres amours, et à renouveler l’ancienne poésie dramatique par des jeux inaccoutumés. Ma muse enjouée règne au théâtre où ondoie la foule ; égayant le peuple elle l’empêche de connaître l’ennui. Les doctes et les ignorants, et le courtisan délicat, tous, jusqu’au Zoïle adouci, qui se ronge les ongles en silence, l’écoutent avec étonnement. Mais ici il n’est pas besoin de tendre fortement les cordes, et notre scène n’exige pas un dur labeur. Le style est familier, mais tel qu’il suffit à l’amant improvisé pour offrir ses vœux à la dame qu’il rencontre, à l’ami qui interpelle un aimable ami survenant, à la jeune-fille qui accueille avec joie un prétendant inattendu. Pour moi l’art consiste à éviter l’art ; et la plupart du temps, mes vers coulant comme d’eux-mêmes, le rhythme vient sans peine seconder la pensée. Toutefois ma veine n’est pas seulement consacrée aux jeux et à exciter le rire ; elle ne se borne pas toujours à ces humbles accords : souvent elle sait joindre le haut cothurne au brodequin, et plaire en même temps par des tons opposés. Parfois un père arrache des pleurs à sa fille, ou un amant léger à son amante, ou bien encore un prétendant se livre à une plaisante fureur. Au moment même où les marchands de la Galerie font éclater de rire les spectateurs, tu t’abandonnes, Lysandre, à un courroux qui fait quelque honneur au poëte. La douleur et les soupirs d’Angélique dédaignée n’ont pas moins plu que tes brocards, maligne Phylis ; et ceux que tu fais rire à gorge déployée ne peuvent retenir leurs larmes en voyant pleurer Angélique. Mais du moins la scène est là : le geste, la diction nous viennent en aide, et Roscius peut compléter l’œuvre imparfaite. Il relève au besoin ce qui languit ; toute sa personne contribue au succès, et de là peut-être le feu de mes vers, de là leur grâce. Arrachée à son grand théâtre, c’est à peine si ma muse parvient à se faire entendre ; elle bégaye et ne se risque point à parler par sa propre bouche. Là sont mes limites, ne me cherchez pas en dehors : le théâtre fermé, il ne faut plus attendre de vers de moi ; et je n’oserais, Louis, ni profaner tes triomphes, ni déshonorer Richelieu en le célébrant sur mon humble lyre.

    À l’arrivée du Roi Rhé libre vit aussitôt les Anglais mis en fuite fendre les flots écumeux. Vaincue, la Rochelle s’étonna de n’avoir pas à ruisseler de sang ; mais déjà il avait dompté sa colère : les vainqueurs trouvèrent en lui un maître, les vaincus un père, quand la faim, bonne conseillère, lui ouvrit les portes. La Savoie, pour avoir méprisé son alliance, subit sa domination, et le prince qui avait osé déserter la bonne foi fut contraint de déserter aussi son territoire. Le belliqueux Ibère se retira de Cazal assiégé, et déjà Mantoue se réjouit d’obéir à son duc. Enfin une place capable de résister aux forces du monde entier, Nancy, aperçoit à peine le Roi qu’elle ouvre ses portes. Richelieu, sous un tel prince, dénoue les plus grandes difficultés : il est pour sa bonne part dans de si belles choses, et n’hésite pas à consacrer à la gloire de Louis sa précieuse existence, à laquelle il préfère le bien de la patrie. Prêt à s’élancer sur un ennemi tremblant, il cherche l’occasion favorable, s’élance enfin, et le dompte souvent par le seul prestige de son nom. Richelieu eût pu l’emporter sur Nestor ; le Roi, sur Achille. Confier de tels sujets à une muse légère, quel crime ! Qu’ils les chantent, ceux qu’Apollon dévore d’une flamme plus vive et dont un sublime transport agite l’esprit. Qu’il nous suffise que ces deux héros aient applaudi à nos jeux : peut-être connaissent-ils mon nom l’un et l’autre. Peu propre à célébrer leurs louanges, Melpomène du moins l’a été à calmer leurs soucis, et plaise à Dieu qu’elle le soit de longs jours encore ! Voilà les chants qu’elle aime à méditer : là triomphe, sans craindre la défaite, le laurier qui ceint mon front ; là peu d’hommes m’ont atteint, nul ne m’a dépassé, et me suivre de près n’a point semblé une gloire à mépriser. Il est insensé celui qui, premier, s’il peut l’être, dans un art qu’il connaît, se résigne à être le dernier dans un art inconnu. J’admire les poëtes, et j’adore humblement les vers dont le Roi ou Richelieu ont fourni la matière ; mais ma muse se garde d’approcher des trophées de Godeau ; et il ne m’est pas permis de vouloir suivre Chapelain, pour ne rien dire des autres dont la renommée, non moindre, retentit de toutes parts, et chez qui la veine poétique jaillit dans un grand cœur. En vain j’espérerais les égaler par mes chants : qu’ils soient à jamais contents des palmes qu’ils ont remportées, et moi des miennes. Pour toi, dont la tête est ceinte d’une mitre qui depuis longtemps déjà n’égale plus ton mérite, prélat, gloire et lumière de la plage neustrienne, épargne, je t’en prie, mon faible luth, et ne le sollicite pas de célébrer les louanges des héros et des triomphes dignes d’un Virgile.


  1. Il s’agit ici de François de Harlay de Champvallon, archevêque de Rouen du 8 octobre 1615 au 27 décembre 1651, oncle et prédécesseur de François de Harlay de Champvallon dont Corneille parle dans la dédicace de l’Imitation de Jésus-Christ. Voyez tome VIII, p. 3.
  2. Revue des Sociétés savantes des départements, 2e série, tome I, 1859, 1er semestre, p. 611-642.
  3. Voyez tome II, p. 218, note 2.
  4. « Ne mirere, lector, si nullam hic nec rerum, nec temporum, nec personarum servatam seriem vides ; nam ut singula in manus nostras venere, ea prælo subjecimus. »
  5. Voyez ci-dessus la Notice, p. 6 et 7.
  6. François de Harlay était fort instruit. On raconte qu’il prêcha un jour en grec à Paris chez les Franciscains. Il avait composé divers ouvrages, parmi lesquels on compte quelques poëmes. Voyez le Gallia christiana, tome XI, colonnes 108 et 109.
  7. Corneille a dit de même dans l’Excuse à Ariste (vers 47) :
    Je satisfais ensemble et peuple et courtisans.
  8. Voyez la scène où Tircis est présenté par Éraste à Mélite dans la pièce de ce nom (acte I, scène ii).
  9. Voyez la rencontre de Lysandre et de Dorimant dans la Galerie du Palais (acte 1, scène vii), et celle d’Alidor et de Cléandre dans la Place Royale (acte I, scène iv).
  10. Voyez dans Mélite la scène viii de l’acte II, entre Tircis et Mélite, et dans la Place Royale la scène vii de l’acte II, où Cléandre rencontre Phylis avec Lysis.
  11. Voyez dans la Galerie du Palais la scène x de l’acte IV, dans laquelle Pleirante intime à Célidée l’ordre d’épouser Dorimant, et le monologue de Célidée qui forme la scène suivante.
  12. Voyez dans la Galerie du Palais la scène v et la scène x de l’acte III.
  13. Voyez à la fin de l’acte IV de Mélite et au commencement de l’acte V les fureurs comiques d’Éraste.
  14. Voyez le monologue de Lysandre, qui forme la scène i de l’acte V de la Galerie du Palais et succède immédiatement à la dispute de la Lingère et du Mercier.
  15. Voyez diverses scènes de la Place Royale, entre autres les scènes i, ii et iii de l’acte II.
  16. Voyez le rôle de Phylis dans la Place Royale, dès la première scène.
  17. Allusion flatteuse au talent avec lequel Mondory remplissait les principaux rôles dans ces premières pièces de Corneille. Voyez tome I, p. 130, 131 et 258.
  18. Sur cette victoire et sur celles auxquelles il est fait allusion dans le morceau suivant jusqu’au vers 54 inclusivement, voyez ci-après dans les Triomphes de Louis le Juste, p. 108-110, les inscriptions qui ont pour titre : la Rochelle ; le pas de Suze forcé ; Cazal ; la protection de Mantoue ; Nancy.
  19. Dans les Triomphes de Louis le Juste (vers 36 ; voyez ci-après, p. 106) Corneille s’est rappelé ce vers et l’a ainsi traduit :
    Et père des vaincus, et maître des vainqueurs.
    Et dans les Victoires du Roi en l’année 1667, il a dit (vers 311 et 312) :
    Il entre, mais d’un air qui ravit tous les cœurs,
    En père des vaincus, en maître des vainqueurs.
  20. C’est ici un des lieux communs habituels des compliments adressés à Richelieu et à Louis XIII. On lit à la page 76 des Sacrifices des Muses, dans une pièce de vers de Faret intitulée : Pour Monseigneur le cardinal-duc de Richelieu, ode :
    L’un pèse tout exactement,
    L’autre exécute en un moment ;
    L’un sait plus que Nestor, l’autre fait plus qu’Achille.
  21. Corneille a encore traduit ce vers dans l’Excuse à Ariste (vers 52 et 53) ; mais si, comme tout porte à le croire, cette pièce de vers n’a été composée qu’après le succès du Cid, notre poète était alors beaucoup mieux fondé à dire :
    Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée,
    Et pense toutefois n’avoir point de rival
    À qui je fasse tort en le traitant d’égal.
  22. Antoine Godeau, né le 24 septembre 1605, mort le 21 avril 1672, nommé évêque de Grasse le 21 juin 1636, était alors connu par le discours qu’il avait placé en tête des Œuvres de Malherbe (voyez l’édition de M. Lud. Lalanne, tome I, p. xcii), par la préface du Dialogue des causes de la corruption de l’éloquence, traduit par Giry, et surtout par ses Œuvres chrétiennes, publiées en 1633. Il avait composé aussi un grand nombre de poésies diverses, et entre autres une Ode au Roi, qui forme les pages 1-13 du Parnasse royal.
  23. Jean Chapelain, né le 4 décembre 1595, mort en 1674, n’avait encore publié que la lettre qui parut en 1623 en tête de l’Adone du cavalier Marin, et quelques poésies. Il avait composé une Ode à Monseigneur le cardinal-duc de Richelieu, publiée d’abord à Paris, chez Iean Camusat, M.DC.XXXIII, in-folio, et ensuite aux pages 1-18 du volume intitulé les Sacrifices des Muses.
  24. On peut voir que Corneille n’a aucun égard au conseil que donnent nos prosodies latines, qui veulent qu’on évite de placer après une finale brève un mot commençant par sp, st, et généralement par deux consonnes dont la seconde n’est pas une liquide. Il y a dans cette pièce quatre exemples de cette licence, aux vers 12, 29, 44 et 81. Voyez la Nouvelle Prosodie latine de M. L. Quicherat, chapitre v, règle ii, 5°. Au reste, les poëtes latins du dix-septième siècle ne tenaient en général nul compte de cette règle. On verra d’assez nombreux exemples de la même licence dans les pièces du P. de la Rue, de Santeul, etc., que nous donnerons dans la suite de ce volume.