quelle atmosphère de tables tournantes, il y a des fantômes de tous les côtés, le grand être blanc d’Arthur Gordon Pym vous attire. Quand les savants iront dire que les sirènes sont des dugongs, je leur rirai au nez, puisque c’est vrai : il y en a à tous les coins des vagues, dans toutes les cachettes de l’écume, et aussi Nausicaa, voire les Lotophages, voire Circé et ses merveilleux charmes. Impossible d’entendre les voix des machines parlantes de la famille, de saluer les gens avec lesquels on avait un commerce de colère, de méfiance, d’hypocrisie. On dort : les idées, les pressentiments usés jusqu’à la trame, les ruses attachées aux objets des départements français s’enfoncent comme les derniers îlots du pays de Galles au fond d’une distance qu’on n’aurait pas le courage de franchir deux fois.
Personne enfin pour réprouver ces omissions et ces absences : essayez donc d’oublier vos souvenirs civiques et filiaux, vos devoirs fraternels, dans vos arrondissements et vos sous-préfectures.
Tous les aliments qui nourrissent l’homme d’une autre manière que les albumines et les hydrates de carbone, tous les détails de son régime sont renouvelés. Les alentours n’ont plus de squelettes. Des surfaces qui glissent, des pans qui se décalent, se rident, s’enroulent vers le zénith, une boule se dilatant par surprise à l’intérieur de laquelle se passe un échange de fumées, de fusions, de signaux, d’ondes électriques. Où accrocher les vieilles habitudes terribles ?
Plus de solides que ce navire moins solide qu’on ne croit, poisson facile à délivrer de ses repères. Sur les planches de la terre tout est lié à des objets résistants assez fidèles pour qu’on ne regrette pas d’avoir appris à l’école la géométrie dans l’espace et la mécanique des solides. Les jambes mêmes n’ont pas de soucis avec des histoires d’équilibre. Tout est soudain perdu.