Newton, elles sont d’ailleurs plus importantes que l’histoire de l’œuf et le calcul des fluxions. Car elles prophétisent la ruine du monde. Si quelqu’un va sur une place de Paris déclarer qu’il faut que les hommes vivent comme des humains, qu’ils ont le droit, depuis le temps que la terre est solidifiée, de faire comme les plantes qui vivent comme des plantes, il sera couvert sous des tas noirs de policiers. Elles sont simples : puisqu’il suffit de renvoyer les fables à ceux qui les inventent et de laisser prospérer les puissances qui ne demandent qu’à exister sans fournir toutes les cinq minutes des justifications dialectiques.
Va-t-il falloir me contenter d’imaginer seulement la vie humaine de mon lit, hors du temps, retomber dans les farces intérieures ? Qu’on ne me demande pas comment elle est faite ni à quoi elle ressemble ? Je ne l’ai pas accomplie, je tâtonne, c’est comme lorsqu’on veut attraper le soir à la campagne un pigeon qui vole dans le colombier. Mais je sais qu’elle est là, qu’il faut écarter ses voiles. Le désert des pierres et des pensées s’efface. J’annonce qu’il y a malgré les faux prophètes des objets et des actes aussi naturels que les chevaux, qui sont situés dans des temps et dans des lieux accessibles aux mouvements humains. Les plus grandes ruses de ce que vous appelez votre âme ne sauraient même les imiter. Ils rejettent aux fous que vous êtes ce qui n’est que possible. Il va falloir par exemple manier des outils, s’occuper des vivants, annuler les morts, connaître enfin nos corps, tuer nos ennemis, inventer des objets, faire marcher des enfants, rire, apprendre le monde.
L’action met en avant de bien autres complices que toutes vos algèbres, des pouvoirs, des besoins, des possessions. Tout doit viser à la conciliation de ces complices naturels dont vous essayez d’étouffer les