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souvenirs d’une actrice.

Et au président Fouquier-Tinville, qui lui ôtait la parole : « Ah ça, ne plaisantez pas, c’est qu’il n’y a pas moyen de se faire remplacer comme dans la garde nationale. »

Quelques temps avant d’être arrêté, il disait d’un député, envoyé en mission dans les Pyrénées : « Il va y faire des cachots en Espagne. »

Je revins à Amiens, où Saint-Georges et Lamothe m’attendaient pour organiser leurs concerts.

Saint-Georges et Lamothe étaient Oreste et Pylade ; on ne les voyait jamais l’un sans l’autre. Lamothe, célèbre cor de chasse de cette époque, eût été aussi le premier tireur d’armes, disait-on, s’il n’y avait pas eu un Saint-Georges. La supériorité de Saint-Georges au tir, au patin, à cheval, à la danse, dans tous les arts enfin, lui avait assuré cette brillante réputation dont il a toujours joui depuis son arrivée en France. Il était un modèle pour tous les jeunes gens d’alors, qui lui formaient une cour ; on ne le voyait jamais qu’entouré de leur cortège. Saint-Georges donnait souvent des concerts publics ou de souscription ; on y chantait plusieurs mor-