Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/405

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frandes accidentelles des couronnes d’or, conservèrent toujours le nom et l’apparence de dons volontaires. [Dons gratuits.]C’était une ancienne coutume que ceux des alliés de la république qui devaient ou leur délivrance ou leur sûreté aux armées romaines, ou même que les villes d’Italie, qui admiraient les vertus de leurs généraux, enrichissent la pompe de leur triomphe par le don volontaire d’une couronne d’or, que l’on plaçait, après la cérémonie, dans le temple de Jupiter, comme un monument durable qui rappelait à la postérité le souvenir de la victoire et celui du vainqueur[1]. Ce zèle et l’adulation en multiplièrent bientôt le nombre et en augmentèrent le poids. Le triomphe de César fut orné de deux mille huit cent vingt-deux couronnes d’or massif, dont le poids montait à vingt mille quatre cent quatorze livres d’or. Le prudent dictateur fit fondre immédiatement ce trésor, convaincu que ses soldats en tireraient plus d’usage que les dieux. Son exemple fut suivi par ses successeurs, et l’usage s’introduisit de substituer à ces magnifiques ornemens le don beaucoup plus utile d’une somme en or, au coin de l’empire[2]. L’offrande libre fut à la fin exigée comme

  1. Cet usage datait encore de plus loin ; les Romains l’avaient emprunté de la Grèce. Qui ne connaît la fameuse harangue de Démosthènes pour la couronne d’or que ses concitoyens avaient voulu lui décerner, et dont Eschine voulait le priver ? (Note de l’Éditeur.)
  2. Voyez Lipse, De magnitudine romanâ, liv. II, c. 9. L’Espagne tarragonaise offrit à l’empereur Claude une cou-