Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/406

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une dette de rigueur ; et au lieu de la restreindre aux cérémonies d’un triomphe, on la demandait aux différentes provinces et aux villes de l’empire, toutes les fois que le monarque daignait annoncer ou son avénement, ou son consulat, ou la création d’un César, ou une victoire sur les Barbares, ou enfin quelque autre événement réel ou imaginaire qu’il jugeait propre à décorer les annales de son règne. Le don volontaire du sénat romain, en particulier, était fixé, par l’usage, à seize cents livres d’or, environ soixante-quatre mille livres sterling. Les citoyens opprimés se félicitaient de l’indulgence avec laquelle le souverain daignait accepter ce faible témoignage de leur reconnaissance et de leur fidélité[1].

Un peuple enflammé par l’orgueil ou aigri par le malheur est rarement susceptible de juger sainement de sa propre situation. Les sujets de Constantin étaient incapables d’apercevoir cette décadence du génie et de la vertu, qui les dégradait si entièrement de la dignité de leurs ancêtres ; mais ils sentaient et savaient déplorer les fureurs de la tyrannie, le relâchement de la discipline, et l’augmentation énorme des impôts. L’historien impartial, en reconnaissant la justice de leurs plaintes, observera avec plaisir quelques cir-

    ronne d’or qui pesait sept cents livres, et la Gaule lui en offrit une seconde qui en pesait neuf cents. J’ai suivi la correction raisonnable de Lipse.

  1. Cod. Théodos., l. XII, tit. 13. Les sénateurs passaient pour affranchis de l’aurum coronarium ; mais l’auri oblatio, qu’on exigeait d’eux, était précisément de la même nature.