Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/204

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CHANT XLIV


Argument. — Les cinq guerriers se lient d’une fraternelle amitié. Renaud, tenant Roger en grande estime, et sur les conseils de l’ermite, lui promet la main de sa sœur Bradamante. De là, ils s’en vont à Marseille, où arrive en même temps Astolphe, qui a licencié son armée de Nubiens, et rendu sa flotte à son premier état de feuilles. Les paladins et Sobrin sont magnifiquement accueillis par Charles dans Paris, mais la joie générale est troublée par le refus du duc Aymon et de sa femme Béatrice de consentir à l’union de Roger et de Bradamante, celle-ci ayant été déjà fiancée par eux à Léon, fils de l’empereur des Grecs. Roger prend ses armes et, plein de haine contre Léon, il se transporte au camp des Bulgares qui sont en guerre avec les Grecs. Il défait ces derniers, puis va loger dans une hôtellerie qu’il ignore être située sur les terres de l’empire grec. Il y est dénoncé comme l’auteur du désastre éprouvé par les Grecs.


Souvent dans les pauvres demeures et sous le toit des petits, au milieu des calamités et des disgrâces, les âmes se lient plus étroitement d’amitié qu’au sein des cours et des palais splendides, d’où les richesses envieuses et les intrigues pleines d’embûches et de soupçons ont complètement banni la charité, et où l’on ne voit jamais qu’amitié feinte.

De là vient que les conventions et les traités entre les princes et seigneurs sont si fragiles. Aujourd’hui, rois, papes et empereurs font alliance ; demain, ils seront ennemis mortels. Ils n’ont en effet