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Page:Élémir Bourges, Les Oiseaux s'envolent et les fleurs tombent, 1893.djvu/10

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Les oiseaux s’envolent
et
les fleurs tombent

PROLOGUE



LE MÉMOIRE D’IVAN MANÈS[1]

Paris, avril 1871.

Puisque l’enlèvement du fils aîné de Mme Maria-Pia, grande duchesse de Russie, a paru à Votre Excellence mériter assez de curiosité pour qu’elle souhaitât d’en lire le récit, plutôt que de l’entendre dans le cours d’un entretien, souvent diffus et mal en ordre, j’obéirai d’autant plus volontiers aux désirs de Votre Excellence que, s’agissant d’une princesse à laquelle je suis dévoué depuis vingt ans, par le respect et le plus profond attachement, tout ce que j’ai à raconter ne fera que mettre en lumière ses hautes vertus : comme aussi, j’ose me flatter que la narration que j’entreprends, en dissipant tous vos doutes, vous intéressera par là plus fortement à celui dont elle retrace la naissance et la déplorable aventure[2].

  1. Ce mémoire a été trouvé dans les papiers de M. Thiers.
  2. Le sieur Manès est venu plusieurs fois à Versailles. Il est le frère du fameux savant russe, Vassili Manès, à qui l’Europe a décerné, depuis longtemps, la renommée due à ses beaux talents. Le sieur Manès cherche