Page:Éléonore ou l’Heureuse personne, 1799.djvu/113

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ou leur adresse leur a dévoilé le secret de notre faiblesse, ne nous faisait pas fuir machinalement ; croyez-moi, disait-elle, il n’y a point de femme sur la terre qui n’eût succombé, et les hommes seraient obligés d’être sur leur garde pour se conserver, plus que nous n’y sommes à présent pour conserver notre honneur.

Pendant que le changement de sexe faisait ainsi renaître la pudeur au cœur d’Eléonore, cette même pudeur avait abandonné la pauvre tante, et la laissait en proie aux plus vifs desirs aiguillonnés par la douce espérance de les voir bientôt satisfaits. Elle monta de bonne heure dans sa chambre, fit tous les préparatifs possibles de toilette extérieure et intérieure, ne négligeant rien de ce qu’elle crut capable de plaire à son joli amant. Passant devant sa glace,