Page:Éléonore ou l’Heureuse personne, 1799.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 102 )


mour pour le premier venu ; le plus, fâcheux encore, c’est que rarement ce sont les bonnes qualités qui nous séduisent. L’homme desire une belle femme ; mais en général il ne devient amoureux que lorsque la vue réitérée de ses charmes, de ses graces, ou les qualités aimables, attachantes, séduisantes de son cœur ou de son esprit l’ont subjugué, dompté. Pour nous un certain mouvement involontaire, étranger à toute raison, à toutes réflexions, nous entraîne, sans discernement ni du bien ni du mal, ni de ce qui peut séduire, ni de ce qui peut déplaire ; nous aimons au premier coup d’œil, au premier moment nous sommes vaincues.

Si la pudeur inhérente à notre sexe ne dérobait pas aux hommes l’effet qu’ils font sur nous ; si cette même pudeur, quand leur amour-propre