Page:Éléonore ou l’Heureuse personne, 1799.djvu/13

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AVANT-PROPOS.


Madame de L.... était depuis trois mois dans son vieux château ; sa seule compagnie était un renfrogné parent, antiquaire infatigable, ne s’occupant que de médailles et de vieux livres ; épiant les secrets de la nature ; physicien, botaniste, naturaliste, chimiste, passant pour sorcier dans le pays ; mais amusant fort peu sa cousine, qui, jeune et jolie, en voulait beaucoup à son mari de l’avoir relégué en si maussade lieu, en si triste compagnie. En vérité, mon cher cousin, disait-elle, je ne sais comment vous pouvez vivre ici ; pour moi encore un mois et je suis morte infailliblement. J’avais, pour me distraire, apporté tous les romans du jour ; mais les vieux châteaux, les sombres forêts, les humides marais, les solitaires déserts m’y persécutent de toutes parts. Je ne parle pas des éternels voleurs et de leurs simpiternelles cavernes ; il n’y a pas jusqu’à la lune et aux étoiles que je commence à pren-

  
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