Page:Éléonore ou l’Heureuse personne, 1799.djvu/14

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dre en antipathie ; et puis, toutes ces apparitions, ces prodiges qui me font presque peur, finissent par être du vent, des trappes, des portes, des illusions assez mal combinées ; et après un tissu d’événemens plus invraisemblables qu’extraordinaires, des aventures plus tristes qu’intéressantes, il se trouve au dénouement que les héros sont des nigauds qui ne voient pas ce qui les touche, et que le lecteur n’est guère plus sage de s’en laisser imposer par de grands apprêts, de grands mots, des poignards, du sang, des flammes et un air de mystère qui ne cache pas grand chose. Pour moi, j’aimerais mieux tout uniment de beaux et bons revenans, des esprits, des diables ; ce n’est pas que je croie à tout cela, mais. — Et pourquoi n’y croyez-vous pas ? — Parce que je n’en ai jamais vu, parce que je n’ai jamais rencontré personne qui en eût vu. — Comment savez-vous cela ? — Parce que personne ne m’en a jamais parlé, et que certes si j’avais vu un esprit, diable ou revenant, à moins qu’il ne m’eût étranglé ou rendu, muette je n’au-