Page:Éléonore ou l’Heureuse personne, 1799.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 137 )


tait point encore calmé, et le délire se prolongeait toujours. Il n’était plus à lui. Cet amant n’aguères si ardent, si empressé, si soigneux de me plaire, n’était pas en état de me rendre le plus petit service. La plus légère complaisance était au-dessus de ses forces.

» Tu sais, ma chère, qu’une femme, même bien sûre de son fait, ne dit guères à un homme ce qu’elle desire. Tu juges si j’étais disposée à dévoiler le fond de ma pensée. Je me tus donc. Il me quitta à peine remis, et me laissa bien persuadée que l’amour et la délicatesse peuvent quelquefois être portés trop loin.

» Cependant je ne savais quelle conduite tenir désormais avec lui. J’étais trop sûre qu’il m’aimait, qu’il m’aimait avec idolâtrie, pour me

  
M 3