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tiés, la douce espérance de la posséder encore ; mais elle se rira de vos tourmens, de vos pleurs, elle aiguise vos desirs, et ne veut point les satisfaire ; l’ingrate ! elle a oublié les plaisirs qu’elle a goûtés dans vos bras ; d’autres lui sont ouverts, elle y vole, et vous verrez bientôt ce fortuné rival aussi malheureux, mais non moins amoureux que vous-même.

L’audacieuse Eléonore dédaigne le manège des femmes ordinaires, qui croient que c’est seulement par des refus qu’on peut conserver des adorateurs, qui une fois vaincues, n’ont plus de défense. Elle se rend à qui sait lui plaire ; elle se rend à celui qu’elle veut enchaîner ; sûre de ses charmes, sûre de l’enivrante volupté de ses embrassemens, elle ne craint point d’être oubliée, elle ne craint point d’être délaissée : après avoir