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dans leurs veines, ils auront augmenté leurs desirs, et ils seront encore tout aussi incertains du succès de leurs vœux. Insensés, il eût bien mieux valu fuir et ne pas connaître tant de bonheur, puisqu’il ne devait pas toujours durer !

Eléonore a trop d’expérience, elle est trop savante dans l’art d’aimer, elle est persuadée que les hommes abandonnent bientôt l’amante constante et fidèle ; elle sait qu’une femme a plus de moyens d’aimer, plus de certitude de vaincre, et qu’ainsi c’est folie de se contenter d’un seul bonheur et d’une seule victoire. Fuyez donc, car il est impossible de la voir sans l’aimer, impossible de la conserver, et plus impossible encore de l’oublier quand on s’est enivré de volupté dans ses bras.