Page:Émile Faguet - L'Art de lire.djvu/65

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Que vous ne m’aurez rien persuadé du tout.
— Je ne vous dis plus mot.

De même et d’une façon prolongée, dans la Critique de l’École des Femmes : « Tu ferais mieux de te taire… Je ne veux pas seulement t’écouter…. La, la, la, lare, la, la, la », etc. Toutes les fois que l’auteur montre le personnage B réduit à quia c’est qu’il déclare et qu’il proclame que celui qui a parlé par la bouche de A est l’auteur lui-même.

C’est pour cela que, de son temps, on a accusé Molière de donner raison à l’athéisme de Don Juan. Et pourquoi donc ? mais parce qu’il a montré comme représentant de la cause de Dieu un imbécile et particulièrement parce que, tout en raisonnant, Sganarelle tombe par terre et que Don Juan lui dit : « Voilà ton raisonnement qui se casse le nez ». Et certainement les apparences ici sont contre Molière.

De même on l’a accusé de louer, d’autoriser et de recommander « la plus infâme complaisance chez les maris », parce que c’est le personnage raisonnable de l’École des Femmes qui, à un certain moment, vante à Arnolphe les délices de l’état de mari trompé. On n’a pas compris ou point voulu comprendre, qu’au premier acte Chrysalde est en effet, l’homme raisonnable, et qui ne parle que raison, et qu’au quatrième, il est un bourgeois raillard qui, pour taquiner Arnolphe et le mettre en ébullition, soutient devant lui le paradoxe le plus propre à l’exaspérer. Et sans doute, il y a là, de la