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Page:Émilie Toulongeon - Lettres de la Vendée, 1801, I.djvu/17

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lever, et avoient peine à contenir une douzaine de femmes en phrénésie, qui, parmi un torrent d’injures grossières, s’empressoient, avec des masques de furies, de nous apprendre notre sort : on ne nous l’avoit pas laissé ignorer sur le chemin, et le délai seul nous étonnoit. Ton cœur palpite, ma bonne Clémence ! eh bien, le mien étoit assez tranquille ; soit affaissement, égarement, ou lassitude de la vie ; je crois même que la vue de cinq ou six mères de famille, à qui on arrachoit leurs enfans, me fit m’oublier moi-même. Il est sûr, et je me le rappelle, j’allois, pour sortir de la vie, comme on quitteroit un lieu d’ennui, de douleur et de dégoût ; tout ce qui m’entouroit me sembloit faire partie de toutes les choses dont j’allois être délivrée. Le souvenir de