Aller au contenu

Page:Émilie Toulongeon - Lettres de la Vendée, 1801, II.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

moins ma propre estime, que Clémence, à ma place, auroit eu le même cœur ; que sensible comme moi, elle auroit eu les mêmes peines. Hélas ! ma chère, je crois que notre sensibilité est souvent astreinte aux circonstances, aux événémens de notre vie ; elle a plus d’activité et de force dans le malheur ; en cherchant une autre situation, je sens que j’aurois pu supporter tous les maux que je prévois, renoncer à lui, et obéir à une famille dont les droits me sont sacrés ; mais aujourd’hui, combien ce sacrifice me seroit douloureux ; confiance, estime, douce reconnoissance, charme d’être aimée, de faire le bonheur d’une ame honnête, il faudra tout perdre ; si jeune, je verrai le reste de ma vie s’éteindre dans l’ennui et la tristesse ; mon pauvre cœur,