Page:Émilie Toulongeon - Lettres de la Vendée, 1801, II.djvu/81

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usé par les chagrins, au commencement de mes beaux jours, ne me laissera plus qu’un vuide affreux, que la comparaison me rendra plus cruel. Seroit-il donc vrai que les ames aimantes soient nées pour souffrir ? et tout ce qui est digne de la vie, et qui sait en sentir le prix, doit-il être malheureux ? êtres tranquiles et froids, qui n’avez jamais versé de larmes, dont l’existence inanimée ne vit que pour elle, et n’a jamais su s’intéresser à rien, serois-je donc forcée d’envier votre néant ; non, mon amie, non, j’aime mieux mes douleurs ; et dussent-elles me conduire jusqu’à la fin de ma vie, je trouverai des charmes à penser que ceux que j’ai aimé, pour qui j’ai vécu, me donneront des regrets, me plaindront ; ah ! le tendre intérêt que j’ai su t’inspirer,