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LE CODICILLE.


Un salon. — Porte au fond. — Portes latérales. — À gauche un canapé, à droite, une table, avec ce qu’il faut, pour écrire. — Fauteuils, chaises, jardinières.

Scène I.

PONTGOUIN, MARIE, puis PITOU.

Marie. Et voilà, mon cher notaire, pourquoi je reste veuve. Parce que les hommes sont personnels, égoïstes, intéressés, et que le mariage n’est rien autre chose pour eux qu’une spéculation ! Parce que la beauté, l’esprit et le cœur ne tiennent pas, dans leur balance, contre le poids d’une dot, et qu’il n’en est pas un, je dis un seul, assez aimant, assez généreux, assez chevaleresque pour se vouloir embarrasser d’une femme sans fortune !

Pontgouin. Une veuve d’un Malabar… pour cause de misanthropie !…

Marie. Le Malabar… moins le bûcher !…

Pontgouin. Vous êtes terriblement sceptique !…

Marie. À qui la faute ?… À cette double expérience que les hasards de ma vie m’ont permis de faire en quelques années… Jeune fille, j’avais, faute d’une dot, couru le risque de coiffer la terrible sainte. Veuve, et parée de la fortune que M. de Chantenay m’a laissée, c’est tout autre chose. J’avais vu la règle, je vois la preuve ! Quelle contre-