Page:Érasme - Éloge de la folie, trad de Nolhac, 1964.djvu/14

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Comme il prévoyait peu les prochaines batailles, quand il méditait, au trot de son cheval, ses piquantes ironies ! C’était sur les méchantes routes des Alpes et le long de la vallée du Rhin. Il quittait l’Italie, après trois ans de séjour, ivre d’étude et d’antiquité, ayant fréquenté les grands savants de l’heure, goûté les charmes d’une civilisation incomparable, qui semblait unir, pour l’enseignement du monde, la sagesse retrouvée des Anciens à la divine révélation de Jésus-Christ. L’humaniste se promettait de servir cette grande cause et d’instruire les hommes à être mieux chrétiens. Le gai délassement qu’il permettait à sa plume, il l’envoyait à son meilleur ami, l’intègre et pieux Thomas More, qui allait en rire avec lui. C’est là un répondant qui compte. Comment le petit livre n’a-t-il pas désarmé ses censeurs par le seul nom de ce dédicataire illustre, le futur chancelier d’Angleterre, supplicié pour la foi catholique et que l’Église a mis parmi ses saints !