Un chameau que son propre maître contraignait à danser dit : « Ce n’est pas seulement quand je danse que je manque de grâce, j’en manque même lorsque je marche. »
Cette fable peut se dire à propos de tout acte dépourvu de grâce.
Lorsqu’ils virent le chameau pour la première fois, les hommes eurent peur, et, frappés de sa grande taille, ils s’enfuirent. Mais quand avec le temps ils se furent rendu compte de sa douceur, ils s’enhardirent jusqu’à l’approcher. Puis s’apercevant peu à peu que la bête n’avait pas de colère, ils en vinrent à la mépriser au point de lui mettre une bride et de la donner à conduire à des enfants.
Cette fable montre que l’habitude calme la peur qu’inspirent les choses effrayantes.
Un taureau paissait dans une petite île, et deux escarbots se nourrissaient de sa bouse. À l’arrivée de l’hiver, l’un dit à l’autre qu’il voulait passer sur le continent, afin que, étant seul, son camarade eût de la nourriture en suffisance, tandis que lui s’en irait là-bas pour y passer l’hiver. Il ajouta que, s’il y trouvait de la pâture en abondance, il lui en apporterait. Or, arrivé sur le continent, il y rencontra des bouses nombreuses et fraîches; il s’y établit et s’en nourrit. L’hiver