Page:Ésope - Fables - Émile Chambry.djvu/238

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sacrifié un mouton et l’invita au festin ; son intention était de le tuer, quand il serait couché à table. Le taureau vint ; mais apercevant force bassins, de grandes broches, mais de mouton nulle part, il s’en alla sans mot dire. Le lion lui en fit des reproches et lui demanda pourquoi, n’ayant souffert aucun mal, il s’en allait sans raison. Il répondit : « Ce n’est pas sans raison que j’en use ainsi ; car je vois des ustensiles comme on en prépare non pour un mouton, mais pour un taureau. »

Cette fable montre que les gens sensés ne se laissent pas prendre aux artifices des méchants.



212


LE LION ENRAGÉ ET LE CERF


Un lion était enragé. Un cerf l’ayant vu de la forêt s’écria : « Hélas ! malheur à nous ! Que ne fera pas ce lion dans sa fureur, lui qui, même de sang-froid, nous était insupportable ? »

Évitons les hommes emportés et habitués à faire du mal, quand ils ont pris le pouvoir et qu’ils règnent.



213


LE LION QUI A PEUR D’UNE SOURIS ET LE RENARD


Un lion dormait ; une souris courut tout le long de son corps. Le lion s’éveilla et se tourna dans tous les sens, cherchant celui qui l’avait affronté. Un renard, le voyant faire, le gourmanda d’avoir peur, lui lion, d’une souris. À quoi le lion répondit : « Ce n’est pas que j’aie eu peur de la souris, mais j’ai été surpris que quelqu’un ait osé courir sur le corps du lion endormi. »

Cette fable montre que les hommes sensés ne dédaignent pas même les petites choses.