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LA MOUCHE


Une mouche était tombée dans une marmite remplie de viande. Sur le point d’être noyée dans la sauce, elle se dit à elle-même : « J’ai mangé, j’ai bu, j’ai pris un bain ; la mort peut venir : il ne m’en chaut. »

Cette fable montre que les hommes supportent facilement la mort, quand elle survient sans douleur.



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LES MOUCHES


Du miel s’étant répandu dans un cellier, des mouches y volèrent et se mirent à le manger. C’était un régal si doux qu’elles ne pouvaient s’en détacher. Mais leurs pattes s’y étant engluées, elles ne purent prendre l’essor, et se sentant étouffer, elles dirent : « Malheureuses que nous sommes, nous périssons pour un instant de plaisir. »

C’est ainsi que la gourmandise est souvent la cause de bien des maux.



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LA FOURMI


La fourmi d’à présent était autrefois un homme qui, adonné à l’agriculture, ne se contentait pas du produit de ses propres travaux ; il regardait d’un œil d’envie ceux des autres et ne cessait de dérober les fruits de ses voisins. Zeus indigné de sa cupidité le changea en l’animal que nous appelons fourmi. Mais pour avoir changé de forme, il n’a pas changé de caractère ; car aujourd’hui encore il parcourt les champs, ramasse le blé et l’orge d’autrui, et les met en réserve pour son usage.