Page:Ésope - Fables - Émile Chambry.djvu/296

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le saisissant par la queue, essaya de le faire retourner ; mais comme l’âne tirait vigoureusement en sens inverse, l’ânier le lâcha et dit : « Je te cède la victoire : car c’est une mauvaise victoire que tu remportes. »

La fable s’applique au querelleur.

278


L’ANE ET LES CIGALES


Un âne, ayant entendu chanter des cigales, fut charmé de leur voix harmonieuse et leur envia leur talent. « Que mangez-vous, leur demanda-t-il, pour faire entendre un tel chant ? — De la rosée », dirent-elles. Dès lors l’âne attendit la rosée, et mourut de faim.

Ainsi, quand on a des désirs contraires à la nature, non seulement on n’arrive pas à les satisfaire, mais encore on encourt les plus grands malheurs.

279


L’ANE QUI PASSAIT POUR ÊTRE UN LION


Un âne revêtu d’une peau de lion passait aux yeux de tous pour un lion et il faisait fuir les hommes, il faisait fuir les bêtes. Mais le vent, ayant soufflé, enleva la peau, et l’âne resta nu. Alors tout le monde lui courut sus et le frappa à coups de bâton et de massue.

Es-tu pauvre et simple particulier, ne prends pas modèle sur les riches : ce serait t’exposer au ridicule et au danger ; car nous ne pouvons nous approprier ce qui nous est étranger.

280


L’ANE QUI BROUTE DES PALIURES ET LE RENARD


Un âne broutait la chevelure piquante d’un paliure. Un renard l’ayant aperçu lui adressa ces railleuses paroles : « Comment avec une langue si tendre et si molle peux-tu mâcher et manger un mets si dur ? »

Cette fable s’adresse à ceux dont la langue profère des propos durs et dangereux.