Page:Ésope - Fables - Émile Chambry.djvu/306

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et bienveillance ; mais le serpent était toujours sournois et pervers. Le crabe l’exhortait sans cesse à se conduire envers lui avec droiture et à imiter sa manière à lui : il n’était pas écouté. Aussi, indigné, il observa le moment où le serpent dormait, le saisit à la gorge et le tua. En le voyant étendu mort, il dit : « Hé ! camarade, ce n’est pas maintenant que tu es mort, que tu aurais dû être droit, c’est lorsque je t’y exhortais : alors tu n’aurais pas été mis à mort. »

On pourrait justement conter cette fable à propos des hommes qui pendant leur vie sont méchants envers leurs amis et leur rendent service après leur mort.

291


LE SERPENT FOULÉ AUX PIEDS


Un serpent, souvent foulé aux pieds par les hommes, alla s’en plaindre à Zeus. Zeus lui dit : « Si tu avais frappé le premier qui t’a marché dessus, le deuxième n’aurait pas essayé d’en faire autant. »

Cette fable montre que ceux qui tiennent tête aux premiers qui les attaquent se rendent redoutables aux autres.

292


L’ENFANT QUI MANGE DE LA FRESSURE


Des bergers sacrifiant une chèvre à la campagne invitèrent leurs voisins. Parmi eux se trouvait une pauvresse qui amena son enfant avec elle. Comme le festin s’avançait, l’enfant qui avait l’estomac gonflé de viande, se sentant mal, s’écria : « Mère, je vomis mes entrailles. — Non pas les tiennes,mon petit, dit la mère, mais celles que tu as mangées. »

Cette fable s’adresse au débiteur, qui est toujours prêt à prendre le bien d’autrui ; vient-on à le lui réclamer, il s’en afflige autant que s’il payait de son bien propre.