Page:Ésope - Fables - Émile Chambry.djvu/316

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’eau peint sur un tableau, crut qu’il était véritable. Aussi, descendant à grand bruit, elle se heurta imprudemment contre le tableau, et se cassa le bout des ailes. Il arriva ainsi qu’elle tomba à terre et fut prise par quelqu’un qui était là.

Pareillement certains hommes, entraînés par la violence de leurs passions, s’engagent inconsidérément dans les entreprises et courent, sans qu’ils s’en doutent, à leur perte.

302


LA COLOMBE ET LA CORNEILLE


Une colombe nourrie dans un pigeonnier faisait grand bruit de sa fécondité. Une corneille ayant entendu ses vanteries, lui dit : « Hé ! l’amie, cesse de te vanter de cela ; car plus tu feras d’enfants, plus tu auras d’esclavages à déplorer. »

Il en est de même des serviteurs : les plus malheureux sont ceux qui ont le plus d’enfants dans la servitude.

303


LES DEUX BESACES


Jadis Prométhée, ayant façonné les hommes, suspendit à leur cou deux sacs, l’un qui renferme les défauts d’autrui, l’autre, leurs propres défauts, et il plaça par devant le sac des défauts d’autrui, tandis qu’il suspendit l’autre par derrière. Il en est résulté que les hommes voient d’emblée les défauts d’autrui, mais n’aperçoivent pas les leurs.

On peut appliquer cette fable au brouillon, qui, aveugle dans ses propres affaires, se mêle de celles qui ne le regardent aucunement.