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Page:Ésope - Fables - Émile Chambry.djvu/322

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et le vaisseau fut sur le point de sombrer. L’un des passagers déchirant ses vêtements invoquait les dieux de son pays avec larmes et gémissements et leur promettait des offrandes en actions de grâces, s’ils sauvaient le vaisseau. Mais la tempête ayant cessé et le calme étant revenu, ils se mirent à faire bonne chère, à danser, à sauter, comme des gens qui viennent d`échapper à un danger inattendu. Alors le pilote, esprit solide, leur dit : « Mes amis, réjouissons-nous, mais comme des gens qui reverront peut-être la tempête. »

La fable enseigne qu’il ne faut pas trop s’enorgueillir de ses succès, et qu’il faut songer à l’inconstance de la fortune.

309


LE RICHE ET LE TANNEUR


Un homme riche vint demeurer près d’un tanneur. Comme il ne pouvait supporter la mauvaise odeur, il le pressait sans cesse de déménager. Le tanneur le remettait toujours, promettant de déménager dans quelque temps. Comme leur débat se renouvelait sans cesse, il advint à la longue que l’homme riche s’habitua à l’odeur et cessa d’importuner le tanneur.

Cette fable montre que l’habitude adoucit les désagréments.

310


LE RICHE ET LES PLEUREUSES


Un homme riche avait deux filles. L’une d’elles étant morte, il loua des pleureuses à gages. L’autre fille dit à sa mère : « Nous sommes bien malheureuses : c’est nous que regarde le deuil et nous ne savons pas faire les lamentations, tandis que ces femmes, qui ne nous sont rien, se frappent et pleurent avec tant de violence. » La mère lui répondit : « Ne t’étonne pas, mon enfant, si ces femmes font des lamentations si pitoyables : elles les font pour de l’argent. »